Découvrir "L'Invitation à la valse" : https://bit.ly/2GWWNAq
Découvrir "Intempéries" : https://bit.ly/3nKuFkO
Paru en 1932, "L'Invitation à la valse" dresse le portrait tendrement féministe d'Olivia Curtis, une jeune fille sur le point d'entrer dans l'âge adulte. Plusieurs décennies plus tard, nous redécouvrons ce roman d'apprentissage, drôle et poignant, de Rosamond Lehmann, auteure culte en Angleterre.
Dix ans après ce premier volet, nous retrouvons Olivia Curtis, notre héroïne dans "Intempéries", une suite plus dense, plus grave et plus haletante !
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J�ai envie de faire quelque chose de tout diff�rent, ou rien, peut-�tre : rester simplement o� je suis, dans ma maison, m�emplir de chaque heure, de chaque jour, �tre seule ; et lire, et r�fl�chir, et me promener dans le jardin, le soir ; et attendre...
Quand les gens ne sont pas comme on les aime, il faut les aimer comme ils sont.
Nager seule, sous le clair de lune, �tait un myst�re sacr� qui la passionnait. L'eau �tait amoureuse de son corps : elle s'abandonnait, tout en y r�sistant, � sa mordante �treinte. Elle la subissait, bient�t elle la d�sira ; elle �tait amoureuse de l'eau. Peu � peu, elle n'en sentit plus la rigueur, mais seulement l'appui et la caresse qui suivaient ses mouvements.
Le village, situ� plus bas que la maison, dans un creux, est pittoresque, insalubre, il a plus d'atmosph�re que de contours, que de lignes ; des formes ind�cises, en brique d'un rose doux, d�valent confus�ment vers des jardins regorgeant de tournesols, d'oeillets de po�te, de campanules.
On ne r�siste pas au d�sir de jeter un coup d'oeil sur ce qu'on appelle la grande vie.
Mais � quoi bon m�diter sur les souffrances, sur l'injuste destin des l�gumes ? C'est bien assez de se faire du souci � cause de tous les chiens, tous les chats et tous les chevaux maigres qu'on rencontre, d'�tre d�vor�e de tristesse pour l'oiseau qu'on met en cage, le b�tail qu'on m�ne au march� ; d'�tre incapable de tuer une gu�pe ou d'�craser un perce-oreille ; de recevoir un coup au coeur m�me pour les fleurs, qui souffrent peut-�tre d'�tre cueillies, arrach�es � leurs compagnes.
"Avis aux jeunes r�dactrices de journaux intimes.
Soyez indulgentes envers vous-m�mes. Cachez vos pires d�fauts, laissez de c�t� vos plus honteuses pens�es, actions et tentations. Accordez-vous toutes les bonnes et int�ressantes qualit�s que vous voudriez avoir, et que vous n'avez pas. S'il vous arrivait de mourir jeunes, quelle consolation serait-ce pour vos parents de conna�tre la v�rit�, et d'avoir � se dire "Ce n'est pas une perle que nous avons perdue, c'est un pourceau" ?"
La guerre : une ombre jet�e sur son enfance , mais sans trop l'obscurcir, un voile depuis longtemps lev�. La mort d'un cousin aviateur ; des rumeurs fun�bres concernant les fils des voisins ( y compris l' a�n� des fr�res de Marigold ) et parmi les figures famili�res du village, une douzaine environ qu'on n'avait plus revues...et le rationnement du pain et de la viande ; et la pelouse labour�e pour planter des pommes de terre ( la r�colte avait manqu� ) , et le tricot, les mitaines et les cache-nez en laine r�che ; et papa nomm� constable sp�cial ( ce qui lui avait valu une bronchite ) ; c'�tait � peu pr�s tout ce que la guerre avait repr�sent� pour elle.
Rien d�extraordinaire n�allait se produire. Il n�y avait � aller nulle part, personne � attendre, rien � faire.
Encore cinq minutes, se dit Olivia ; et elle ferma les yeux. Non pour se rendormir ; mais afin de reprendre, pour ainsi dire, du commencement, et de faire la chose peu � peu, en se d�tachant avec douceur de ces bords sombres, en �mergeant avec tranquillit� de ces enveloppements souples et d�lectables. � c�leste sommeil ! Pourquoi faut-il s'arracher � lui, sans pr�paration et contre son gr� ?