«Emmanuel 2» : Manu Payet, quel conteur hors pair ! - Le Parisien

«Emmanuel 2» : Manu Payet, quel conteur hors pair !

Le troisième one-man-show du comédien de 47 ans, à l’affiche du Théâtre de l’Œuvre (Paris IXe) dès le 19 janvier prochain, enchante par sa fluidité et sa bonne humeur de tous les instants, même au moment de raconter des épisodes très intimes de sa vie. Savoureux.

Manu Payet revient au Théâtre de l’Œuvre avec «Emmanuel 2», un spectacle jubilatoire. Istock/Rudy Waks
Manu Payet revient au Théâtre de l’Œuvre avec «Emmanuel 2», un spectacle jubilatoire. Istock/Rudy Waks

    Il est fort, quand même. Un « bonsoir », deux ou trois phrases pour se chauffer la voix, et, abracadabra ! le reste de la salle, pleine à craquer pourtant, disparaît comme par enchantement. Manu Payet a ce pouvoir bluffant : nous donner l’illusion de ne parler qu’à nous. Comme un meilleur ami que l’on aurait tous au même moment, une heure et demie dans sa vie.

    Après avoir laissé passer dix ans entre son premier et deuxième one-man-show (le très réussi « Emmanuel »), l’humoriste a eu la bonne idée de ne pas nous faire lanterner aussi longtemps cette fois. Il revient dès à présent avec « Emmanuel 2 », spectacle jubilatoire qui reprend le principe de l’opus précédent : dérouler une savoureuse chronique de quadragénaire dans laquelle toute une génération (et même plus) se retrouvera.

    Ça commence par ce geste, symptomatique du temps qui passe, que tous les « boomers » ont expérimenté sur Internet au moment d’inscrire son profil : faire défiler, encore et encore, les années de naissance avant de trouver la sienne (presque) en bas de la liste. Voilà, Manu a désormais 47 « pigeasses ». « C’est pas un âge, ça, c’est un département ! », tonne le comédien, bientôt à l’affiche du prochain « Astérix ».

    Pour lui, c’est l’heure de chausser ses premières lunettes progressives. Mais l’œil de l’observateur hors pair qu’est Manu Payet n’a rien perdu de son acuité. Conteur de génie, sa façon de trousser des anecdotes nous embarque, qu’il raconte sa trouille de monter dans un avion à 12 euros le billet – « Je vous donne 20 balles et vous resserrez quelques boulons ! » –, ou ses folles tentatives d’arrêter la cigarette (on vous laisse découvrir ses séances chez l’hypnotiseur). Le tout enrobé de savoureux sauts dans le temps qui permettent à l’ancien matinalier de Virgin Radio de piocher dans ses souvenirs d’ado, en colo ou en famille.

    Mais le clou de ce spectacle d’une puissante fluidité, qui percera la carapace des plus pince-sans-rire, réside dans sa façon de raconter sa récente paternité. Son immersion dans « la clinique de la semence » censée déterminer sa fertilité nous a tiré des larmes de rire. Sa façon de raconter un intime épisode du passé qui aurait pu lui empêcher de donner la vie, aussi. Et, une fois sa fille née, son autoportrait de papa gaga mais pas parfait (hilarante, son idée fixe pour les chaussons de son enfant) déculpabilise au moins autant qu’il nous fait marrer. Un vrai moment de détente : on se sent dans ce show comme dans un bain chaud.

    La note de la rédaction :
    4/5
    « Emmanuel 2 », spectacle de Manu Payet, à partir du 19 janvier, du jeudi au samedi à 21 heures au Théâtre de l’Œuvre (Paris IXe). De 25 à 43 euros.