Pour Jesse Owens, la gloire commence par l’or du 100 m - Actualité Olympique

Pour Jesse Owens, la gloire commence par l’or du 100 m

Après un processus long et crispant ponctué par des appels à un boycott total, Jesse Owens rejoint les 65 autres Américains sélectionnés en athlétisme sur le bateau en partance pour Berlin et les Jeux Olympiques de 1936. Doté de la faculté de pouvoir se concentrer sur ce qu’il fait de mieux, Owens entre en piste pour sa première épreuve, le 100 m. Neuf journées olympiques incomparables vont suivre.

Pour Jesse Owens, la gloire commence par l’or du 100 m
(Getty Images)

On imagine mal la charge qui pèse alors sur les épaules de Jesse Owens, en ce 2 août 1936, au départ des séries du 100 m masculin des Jeux de Berlin. En lice dans un stade orné de drapeaux nazis, tout en étant en proie aux protestations continues de leurs compatriotes américains, choqués que leurs sportifs aient pris la direction du Berlin d’Hitler, Owens et ses partenaires se trouvent dans une situation délicate, unique dans les annales olympiques.

On oublie parfois que par-dessus tout, l’athlète de 22 ans est soumis à une pression sportive considérable.

Gagner le 100 m a été le moment le plus mémorable de tous : être reconnu comme l’être humain le plus rapide du monde Jesse Owens - Jesse Owens

Owens a beau détenir le record du monde du 100 m, après les 10 s 2 qu’il a signés deux mois plus tôt à Chicago, le jeune homme placide originaire de l’Alabama n’est pas pétri de certitudes quant à l’issue de l’épreuve reine de Berlin.

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L’aura surnaturelle qui l’entoure depuis mai 1935, à la faveur de l’un des exploits sportifs les plus extraordinaires de tous les temps – lors d’une compétition universitaire, il a battu cinq records du monde et en a égalé un sixième en l’espace de 45 minutes – a été en effet ébranlée par Eulace Peacock, son compère de l’Alabama. Jadis grand espoir du football américain, Peacock a devancé trois fois Owens sur 100 m fin 1935. Gravement blessé en mai 1936, Peacock n’est toutefois pas présent à Berlin, mais Ralph Metcalfe, un autre Américain, est là.

Owens et Metcalfe se livrent depuis longtemps à une rivalité intense datant de l’université, au sein de laquelle le dernier nommé a connu autant de succès que le premier. Et par-dessus tout, Metcalfe, qui a été médaillé d’argent aux Jeux Olympiques de Los Angeles 1932, a déjà prouvé qu’il pouvait être performant sur la plus grande scène qui soit.

Owens écrira plus tard que la pression était à son comble au départ du 100 m. Le titre d’« être humain le plus rapide du monde » est si près et pourtant si difficile à conquérir. Fait remarquable, il sera impossible d’en déceler le moindre indice sur les images d’archives télévisées des trois tours préliminaires et de la finale disputés par Owens.

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Charles Riley, son entraîneur en sprint au lycée de Fairmont, lui a toujours dit de courir comme s’il y avait le feu sur la piste, et Owens vole donc au-dessus de la piste. Lors du second des deux tours qu’il dispute le premier jour, il est chronométré en 10 sec 2, un temps qui lui aurait permis d’égaler son propre record du monde si le vent n’avait été trop favorable. Aucun de ses adversaires ne s’approche d’ailleurs à moins de deux dixièmes de seconde de l’élégant Owens lors de ces deux premières courses.

Bien qu’il ne reste plus qu’un seul Allemand, Erich Borchmeyer, en demi-finale le 3 août, le modeste Owens a déjà commencé à accaparer l’attention de larges franges du public berlinois. Avant de s’élancer pour sa demi-finale, il peut déjà entendre les cris « Owens » résonner. Par un temps couvert et froid, le sprinter américain remporte sa course en 10 sec 4, tandis que Metcalfe s’impose dans l’autre demi-finale en 10 sec 5.

En finale, les deux hommes occupent des positions diamétralement opposées. Owens est à la corde au couloir deux, alors que Metcalfe court à l’extérieur, au sept.

Habituellement plus que moyen au démarrage, Metcalfe manque de trébucher en quittant les « blocs » - des trous creusés par chaque athlète dans la piste en cendrée – et il est immédiatement distancé par son partenaire à la foulée fluide.

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Jamais en difficulté, Owens est nettement en tête aux 50 m et, malgré une remontée de dernière minute de Metcalfe, il coupe la ligne en 10 sec 3.

Metcalfe décroche sa seconde médaille d’argent au 100 m, en terminant en 10 sec 4, alors que le Néerlandais Tinus Osendarp, troisième, est très loin. L’Allemand Borchmeyer est encore plus loin, en cinquième position, à un peu moins d’une demi-seconde d’Owens.

Les récits, largement mis en avant, selon lesquels Hitler aurait refusé de saluer la première victoire d’Owens, semblent inexacts. En effet, le dirigeant allemand aurait décidé ce jour-là, à mi-parcours de la première journée d’athlétisme, de ne plus serrer la main aux médaillés d’or.

Owens n’en a cure. Le champion olympique du 100 m a de toute façon obtenu ce qu’il voulait.

« Gagner le 100 m a été le moment le plus mémorable de tous : être reconnu comme l’être humain le plus rapide du monde », écrira-t-il plus tard.

Et des moments comme celui-là, il y en aura pourtant d’autres, beaucoup d’autres.

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