Cours d'histoire de l'art

Sciences Po à Orsay · Introduction à l’histoire de l’art

Claude Monet et les caprices de l'histoire des XIXe-XXIe siècles

Du 31 janvier au 24 avril 2024
Laurence Bertrand Dorléac
© AFP photos / JOEL SAGET

Laurence Bertrand Dorléac est professeure d’histoire de l’art à Sciences Po. Elle est aussi l'autrice de Contre-déclin : Monet et Spengler dans les jardins de l'histoire, Ed. Gallimard, Paris, 2012. S'appuyant sur les collections des musées d’Orsay et de l’Orangerie, elle livre à travers ce cours une réflexion sur la perception et la destinée de l'œuvre du maître de l'impressionnisme, Claude Monet.

De son jardin artificiel de Giverny où se mélange la double inspiration de l'Occident et de l'Extrême-Orient, Monet tire ses derniers chefs-d’œuvre. Pourquoi les Nymphéas installés à l’Orangerie des Tuileries, aujourd'hui plébiscités par le public, ont-ils été rejetés jusqu’en 1945 ? Par quelle opération sont-ils sortis du purgatoire et désignés comme des sources d'inspiration de la peinture abstraite ? En s’appuyant sur l'essai du philosophe allemand Oswald Spengler, Le Déclin de l’Occident, Laurence Bertrand Dorléac s’interroge sur la notion de déclin et de progrès appliquée à l’histoire de l’art.

Intervenante

  • Laurence Bertrand Dorléac, professeure d’histoire de l’art à Sciences Po et présidente de la Fondation nationale des sciences politiques.

Programme

  • Introduction

    • Mercredi 31 janvier 2024, 10h15
    • Définition du sujet et exposé des problèmes

  • Le Déclin de l’Occident
    •  Mercredis 7 et 14 février 2024, 10h15 : cours sur 2 séances
    • Pour comprendre les difficultés de réception par le public des dernières peintures de Claude Monet, on s’appuiera sur l’essai du philosophe allemand Oswald Spengler, Le Déclin de l’Occident, publié en 1918. Sorte de modèle du pessimisme européen en vogue dans l’entre-deux guerres, dans lequel le philosophe allemand développe une philosophie cyclique de l’histoire, ce texte et le cycle décoratif des Nymphéas, tous deux commencés en 1914, semblent dialoguer, se retrouver, se contredire et finalement s’exclure l’un et l’autre.

  • Le mal des artistes
    •  Mercredi 28 février 2024, 10h15
    • Dans la dernière partie du XIXe siècle et jusqu’en 1945 s’affirme une obsession de la dégénérescence un peu partout en Europe. Le « génie » artistique, est considéré comme une forme de singularité sociale qui s'accompagne parfois de tares génétiques, physiologiques et psychologiques. Le discours sur l’impuissance des artistes a pu s’appliquer à Monet, qui avait les plus grandes difficultés à peindre.

  • Entre science et rêverie
    • Mercredis 6 et 13 mars 2024, 10h15 : cours sur 2 séances
    • Le contexte scientifique et parascientifique du tournant du siècle, où s’élaborent la pensée et l’œuvre tardives de Monet, en relation avec la théorie de l’évolution de Charles Darwin, relayée en Europe par Ernst Haeckel, fait l’objet de cette séance. Le goût pour la science en même temps que le besoin de rêverie et de mystère, voire d’irrationnel caractérisent l’époque étudiée.

  • Paysage occidental, paysage extrême-oriental
    •  Mercredis 20 et 27 mars 2024, 10h15 : cours sur 2 séances
    • À quel type de paysage renvoient les dernières œuvres de Monet, qui s’inscrit dans une tradition à la fois occidentale et extrême-orientale? La passion de Monet pour les arts japonais, en particulier pour les maîtres de l’estampe que sont Hokusai et Hiroshige, mais aussi la singularité de son approche du paysage occidental, en dehors des voies du romantisme et du naturalisme, fait l’objet de ces séances.

  • Vers l’abstraction
    •  Mercredi 3 avril 2024, 10h15
    • En noyant son objet, Monet semble aller vers l’abstraction. Il a toujours pratiqué la série à partir d’un même motif sans jamais se répéter au risque de rater, sans songer non plus en termes de progrès mais plutôt de variations. Le refus de livrer ses œuvres jusqu’à sa mort (en 1926) doit se comprendre par sa volonté farouche de pouvoir jusqu’au bout les retoucher et surtout les évaluer toutes ensemble.

  • Monument aux morts horizontal
    •  Mercredi 10 avril 2024, 10h15
    • En 1918, Claude Monet fait don à la France via Clemenceau de ses dernières peintures. Cet acte se présente comme un monument aux morts, radicalement différent de tous les autres. Le peintre restera largement incompris jusqu’en 1945, alors qu'il pratique un art aux antipodes des canons valorisés dans l’entre-deux guerres : figuration, monumentalité, verticalité, héroïsation.

  • Les caprices du goût
    •  Mercredi 17 avril 2024, 10h15
    • Depuis 1945, les dernières œuvres de Monet sont non seulement prises comme matrices et comme modèles par de nombreux artistes modernes en Europe et aux États-Unis, mais elles sont appréciées par un public de plus en plus nombreux qui fréquente les salles de l’Orangerie. À l’inverse, on n’entendra plus parler de l'essai de Spengler le Déclin de l’Occident, jusqu’à récemment. Nous reviendrons sur les raisons de ces variations de goût et changement de mentalité.

  • Les étudiants sur la scène
    • Mercredi 24 avril 2024, 10h15 : cette dernière séance est gratuite
    • En relation avec le sujet du cours, cette dernière séance sera consacrée à la création par les étudiants : lecture de textes, de poèmes, théâtre, musique, danse.

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