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Paul McCartney au 400e de Québec : un concert « gravé dans l’histoire »

En cet été de pandémie de la COVID-19, il fait bon se rappeler les grands événements qui ont fait vibrer le Québec. Aujourd'hui : le spectacle de Paul McCartney lors des fêtes du 400e de Québec, il y a 12 ans.

Paul McCartney sourit tout en jouant de la guitare lors d'un concert.

Le reportage de Claudia Genel

Photo : AFP/Getty Images / DAVID BOILY

« Bonsoir toute la gang! » C’est avec ces mots que Paul McCartney a enflammé les plaines d’Abraham et marqué d’un point d’exclamation les fêtes du 400e anniversaire de Québec, le 20 juillet 2008. Un moment de communion inégalé dans l’histoire de la capitale, selon les acteurs de l’époque.

À la recherche d’une personnalité artistique internationale pour tenir le haut de l’affiche de la programmation des fêtes du 400e, Daniel Gélinas n’y avait pas réfléchi deux fois quand la possibilité d’accueillir l’ex-Beatle était tombée sur sa table de travail, au printemps 2008.

On n’avait pas pu avoir le pape. La reine ne venait pas non plus [...], alors j’essayais toujours de trouver une personnalité artistique qui nous aurait donné du rayonnement international. Paul McCartney nous est arrivé, parce qu’on était en recherche. Un moment donné, ç’a poppé et on a entamé des discussions sur ce contenu-là, se rappelle l’ancien directeur général de la Société des fêtes du 400e de Québec.

Aujourd’hui, l’embauche de McCartney peut sembler une évidence, mais à l’époque, Daniel Gélinas avait dû faire face au scepticisme de sa propre équipe. Au cours des 10 années précédentes, l’ancien bassiste des Beatles s'était très peu produit sur scène.

À ce moment-là, plusieurs des gens qui étaient autour de moi n’y croyaient pas. Parce que Paul McCartney était un peu considéré, bizarrement, comme un "has-been", parce qu’il n’avait pas tourné depuis longtemps.

Une citation de Daniel Gélinas, directeur général de la Société des fêtes du 400e de Québec et producteur du spectacle

Et certains disaient : "Non, on pense que ça va être un fiasco". Il y avait toute la question de sa relation par rapport aux phoques, de la controverse autour de la chasse aux phoques. On s’est dit que ça allait resurgir, que ça allait créer de la controverse. Donc, il y avait beaucoup de résistance par rapport à ça, relate-t-il aujourd’hui.

Daniel Gélinas en entrevue sur les plaines d'Abraham.

Daniel Gélinas, directeur général de la Société des fêtes du 400e de Québec et producteur du spectacle

Photo : Radio-Canada

N’écoutant que son instinct, Daniel Gélinas soutient avoir eu à se battre pour rallier son équipe à sa suggestion.

Je me suis quasiment mis la tête sur la bûche un moment donné pour dire : "Écoutez, je le fais. Si ça marche pas, vous me le mettrez sur le nez après. Mais je pense que ça peut être un événement important et le fun." Finalement, tous les gens qui étaient résistants sont tous venus me voir après en me disant : "C’est vrai, Daniel, je pense que tu avais raison".

Il faut dire que les planètes étaient alignées. D’une part, les fêtes du 400e étaient désespérément en quête d’une tête d’affiche, et de l’autre, l’équipe de McCartney recherchait exactement ce type d’événement à grand déploiement pour son artiste. Seulement deux autres rendez-vous étaient d’ailleurs inscrits à son agenda cette année-là, soit le 60e anniversaire de la ville de Tel-Aviv et le spectacle célébrant la nomination de Liverpool comme capitale culturelle de l’Europe.

Nous, on avait une fête, on avait l’intention d’en faire un événement gratuit. Comme c’est ce qu’il voulait aussi, un événement gratuit où il y avait le plus de gens possible qui pouvaient le voir, il avait permis des écrans partout, il avait fait un deal sur la télé. C’était pour eux autres un environnement parfait. [...] Après tout s’est attaché et bang! on a eu cet événement, dont plusieurs vont se rappeler longtemps, longtemps, longtemps... croit Daniel Gélinas, qui n’hésite pas à qualifier le spectacle de plus grande communion artistique jamais présentée dans la région de la capitale.

Paul McCartney s'adresse à la foule en tenant sa basse.

Paul McCartney s'adresse à la foule sur les plaines d'Abraham en 2008.

Photo : Radio-Canada

Frénésie dans la population

Fan de toujours des Beatles, Sébastien Smith emploie la même expression pour décrire l’atmosphère unique qui régnait en ville après l’arrivée de McCartney, la veille du spectacle. Dans les heures suivantes, on l’avait vu à la une des journaux, à vélo sur les Plaines, à la table du Saint-Amour…

Rien pour atténuer la frénésie qui habitait les plaines d’Abraham, par cette belle journée ensoleillée de juillet 2008. Une foule exaltée et estimée à 200 000 personnes s’était alors massée sur le site principal des Plaines, derrière la grande scène, sur la Grande Allée et à Lévis, où des écrans géants relayaient le spectacle.

Le sentiment de communion était inégalé pour Québec et pour moi. C’est le plus gros spectacle auquel j’ai assisté. [...] Et puis, il y avait l’effervescence, le côté unique aussi de la chose, puisque c’était l’un des seuls spectacles que McCartney faisait cette année-là...

Une citation de Sébastien Smith, fan des Beatles
Sébastien Smith en entrevue.

Sébastien Smith est un fan des Beatles.

Photo : Radio-Canada

Daniel Gélinas n’est pas près, lui non plus, d’oublier la vision de Plaines noires de monde, confirmation qu’il avait, en tant que producteur du spectacle, remporté son pari.

Le terrain était plein, à pleine capacité. On avait installé des écrans un peu partout sur Grande Allée, backstage, à Lévis. Et en plus, on était en location de vidéo ce soir-là, où il y a eu un record de 72 000 locations du show en direct. Ça fait en sorte qu’on avait réuni, autour de cet événement-là, peut-être 250, 300, voire 350 000 personnes, qui, en même temps, ont vécu la même chose, ont vécu un moment extraordinaire, s’étonne-t-il encore.

La généreuse prestation s’était amorcée avec une salutation en français et avait parcouru la carrière de l’artiste de ses débuts avec les Beatles à son dernier album solo, en passant par la parenthèse de Wings. L’interprétation de Live and Let Die, accompagnée d’un concert de feux d’artifice, restera longtemps imprimée dans les mémoires. McCartney avait tout donné!

C’est un homme d’une grande générosité, qui s’est exprimé en français. C’était un geste très symbolique et aussi une marque de respect pour notre culture et notre communauté francophone en Amérique du Nord. Et c’était une super belle expérience, affirme Sébastien Smith, qui était conquis d’avance.

Trois spectatrices s'adressent au micro de Radio-Canada.

Les spectateurs étaient comblés après la performance de Paul McCartney sur les plaines d'Abraham en 2008.

Photo : Radio-Canada

L'effet McCartney

Même en coulisses, d’où quelques artistes québécois assistaient à la prestation, la magie a opéré. Thomas Rinfret se sentait comme s’il avait côtoyé Mozart ou Beethoven.

Ce qui m’a marqué au-delà de l’expérience sur la scène, c’est l’attitude des gens autour de l’effet Paul McCartney. Il y avait plusieurs grandes vedettes québécoises qui étaient sur place. On les regarde normalement agir avec une aisance et une grande confiance, mais là, tout d’un coup, on est tous des petits gamins en face de Paul McCartney, se remémore le documentariste, qui suivait alors avec sa caméra le Pascale Picard Band, groupe qui assurait la première partie.

Le cinéaste Thomas Rinfret en entrevue sur les plaines d'Abraham.

Le cinéaste Thomas Rinfret

Photo : Radio-Canada

La mémorable prestation de McCartney, et plus particulièrement sa façon de s'adresser à la foule, avait été savamment préparée, avec l’aide notamment de l’ancienne directrice de communications des fêtes du 400e, Luci Tremblay.

Le "Bonsoir toute la gang!" ça faisait partie des choses qui lui avaient été transmises. Il y a plusieurs expressions qu’il a utilisées ce soir-là, et qui ont tellement fait plaisir au monde! Et évidemment, quand il est arrivé avec le drapeau du Québec sur la scène, c’était aussi un peu une réponse à la controverse qu’il y avait eu dans les semaines précédentes, raconte Daniel Gélinas.

Des critiques selon lesquelles un chanteur britannique ne pouvait participer aux célébrations du 400e de Québec avaient fait couler beaucoup d’encre dans les journaux dans les semaines menant à sa visite. Le responsable des festivités avait une réponse toute prête pour ses détracteurs.

J’ai toujours dit que ce territoire-là était un territoire qui avait peut-être besoin d’un roi britannique et d’une reine québécoise. Et on a eu Céline Dion et Paul McCartney. On a eu le mariage parfait. De toute façon, la musique des Beatles, c’est intemporel et totalement apolitique.

Une citation de Daniel Gélinas, directeur général de la Société des fêtes du 400e de Québec et producteur du spectacle

La vague d’unanimité qui a déferlé sur Québec le 20 juillet 2008 a eu tôt fait d'emporter avec elle les critiques de la veille.

Quand le show a été terminé, les gens sont partis dans les rues. Les gens chantaient des chansons de McCartney. Tout le monde s’en allait lentement, tranquillement. Comme si tout le monde flottait. Le niveau de productivité à Québec le lendemain de ce show-là — parce que c’était un dimanche soir —, devait être nul, parce que les gens avaient ça dans la tête! Et ceux qui n’ont pas été là, l’ont regretté énormément, raconte Daniel Gélinas, qui est convaincu que l’indice du bonheur était très, très, très élevé dans la capitale, ce soir-là.

L’ancien DG de la Société des fêtes du 400e retiendra de cette journée qu’il a participé à écrire, à sa façon, une page d’histoire de la ville de Québec.

Dans 100 ans, comme moi j’ai lu l’histoire du 300e avec toutes les controverses qu’il y avait eu, les gens vont lire ça et vont dire que le grand Paul McCartney, des Beatles, était là. C’est imprimé dans l’histoire. C’est gravé dans l’histoire, conclut-il.

Avec les informations de Claudia Genel

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