Décès en planche à pagaie : une réflexion sur les mesures de sécurité s’impose

La coroner conclut dans son rapport que Caroline Langevin est décédée des suites d’une anoxie cérébrale secondaire à une noyade.

Un accident de planche à pagaie en mai 2023 a été fatal pour une femme de Shawinigan qui est demeurée plusieurs minutes sous l’eau. La coroner Mélanie Ricard conclut à un décès accidentel, mais fait plusieurs recommandations pour mieux encadrer la sécurité de ce sport qui gagne en popularité. Elle pointe notamment le flou sur la réglementation et se questionne sur la pertinence de la laisse de retenue au pied.


«J’espère qu’à la lumière des conclusions et des recommandations contenues à mon rapport, les organismes qui sont en charge de la sécurité lors de la pratique de ce sport vont initier une réflexion concernant l’utilisation de la laisse de cheville. Comme de plus en plus d’adeptes pratiquent ce sport, il est permis de croire que le nombre d’accidents ira lui aussi en augmentant. Il serait important que minimalement, les utilisateurs soient conscients des risques d’être pris au piège avec ce type de laisse», commente la coroner Mélanie Ricard.

Le 6 mai 2023, Caroline Langevin et une amie circulaient en planches à pagaie sur la rivière Shawinigan. Les deux femmes ont traversé sous un pont où des débris s’étaient accumulés. La planche à pagaie de Mme Langevin est demeurée coincée dans des débris végétaux et elle est tombée à l’eau. Elle était attachée à sa planche à pagaie par la sangle de cheville.

L'accident a eu lieu le 6 mai 2023.

«Elle a tenté de se dégager de sa position en cherchant à se libérer de la sangle de cheville qui la retenait, sans succès. Mme Langevin était à ce moment aspirée vers le fond en raison du courant et ne pouvait maintenir sa tête hors de l’eau.»

La femme portait une veste de flottaison et une combinaison isothermique.

La coroner conclut dans son rapport que Caroline Langevin est décédée des suites d’une anoxie cérébrale secondaire à une noyade. Elle note également que les éléments ayant mené à cette noyade sont «principalement le fait de s’aventurer dans un obstacle imprévu et l’incapacité de Mme Langevin de détacher la sangle de cheville».

Plusieurs recommandations ont été émises à l’endroit de l’Association Eau Vive Québec et de la Société de sauvetage du Québec. La coroner les incite à poursuivre et à intensifier leurs efforts de sensibilisation auprès des adeptes sur plusieurs plans, notamment en ce qui a trait aux obstacles et à la façon sécuritaire de les éviter et à l’utilisation de la laisse de retenue «adaptée à leur pratique».

Elle cible particulièrement l’utilisation d’une laisse à dégagement rapide à la taille lorsque l’activité est pratiquée dans un endroit où il y a du courant ou en eau vive.

La coroner recommande à Transports Canada de se pencher sur l’utilisation sécuritaire de la laisse de retenue lors de la pratique de la planche à pagaie et suggère d’en réglementer l’utilisation.

Elle propose également d’émettre des directives claires concernant l’utilisation sécuritaire de ces laisses de retenue et de les diffuser aux différents organismes et commerçants concernés.

«Il s’agit de la deuxième fois en une période d’une année où le Bureau du coroner est face à un décès où l’impossibilité de se libérer de la laisse de retenue semble avoir grandement contribué au décès.»

—  Extrait du rapport de la coroner

Elle fait entre autres référence au décès d’une autre femme en mai 2022 dans des circonstances similaires. Elle avait chaviré et le courant l’avait attirée vers le fond alors que son pied était toujours attaché à la planche.

Même si la coroner dans ce dossier estime qu’il est difficile de savoir si le fait que la femme était attachée à sa planche a fait en sorte qu’elle en est devenue prisonnière, elle avait aussi fait des recommandations à Transports Canada, à la Société de sauvetage du Québec et à l’Association Eau vive Québec concernant les mesures de sécurité.

Dans son rapport publié mercredi, la coroner Mélanie Ricard recommande aussi à Nautisme Québec de produire et de distribuer un guide destiné aux utilisateurs de planches à pagaie, faisant état des bonnes pratiques à adopter ainsi que des risques liés à la pratique de ce sport. Elle leur suggère également de sensibiliser les fabricants et détaillants de planches à pagaie aux risques liés à l’utilisation de la laisse de retenue à la cheville et à les encourager à offrir des alternatives aux utilisateurs, tels que des dispositifs de laisse à dégagement rapide à la taille.