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Une série iranienne, un ballet d’Angelin Preljocaj, le premier roman de Lolita Chammah... La semaine culture de Madame Figaro

Une scène de la série iranienne The Actor.
Une scène de la série iranienne The Actor. HA international.

Une série, un ballet, un roman : l'essentiel à voir et à écouter conseillé par la rédaction cette semaine.

Élémentaire, mon cher Mortez

«Le monde entier est un théâtre, et tous, hommes et femmes, n’en sont que les acteurs. Et notre vie durant, nous jouons plusieurs rôles.» En attaquant avec cette phrase de William Shakespeare, la série iranienne The Actor pose immédiatement son récit. Lauréate du Grand Prix de la compétition internationale à Séries Mania, elle suit Ali et Mortez, deux amis comédiens, qui tentent de joindre les deux bouts en acceptant toutes sortes de missions faisant appel à leurs talents d’acteurs. Demande en mariage, remise de diplôme, réceptions des grandes fortunes du pays…, le duo enchaîne les rôles saugrenus et les travestissements en tout genre. Jusqu’au jour où le tandem est repéré par une agence de détectives privés qui souhaite faire appel à leurs services pour boucler certaines enquêtes complexes. Au-delà de son lancement littéraire, la série s’ouvre sur une première scène remarquable qui donne le ton et où tout est réuni : la comédie, le suspense et l’émotion. Si le scénario de The Actor se distingue par son côté romanesque, le succès repose aussi sur le génie des deux héros : Navid Mohammadzadeh (La Loi de Téhéran, Leïla et ses frères), et Ahmad Mehranfat. Ce Sherlock Holmes version Moyen-Orient est irrésistible. M. L.

The Actor, série créée par Nima Javidi, avec Navid Mohammadzadeh, Ahmad Mehranfar… Actuellement sur arte.tv

Angelin Preljocaj, la force vitale des souvenirs

Requiem (s), un ballet puissant sur le sentiment de perte et le miracle de la vie. A.B / Ballet Preljocaj.

Un requiem, cette messe chantée en latin pour accompagner les morts a inspiré de nombreux compositeurs. Mozart meurt en 1791 laissant son Requiem inachevé, Berlioz écrit le sien en mémoire des soldats de la Révolution de juillet 1830, ceux de Ligeti, de Fauré sont aussi devenus célèbres… Chacun a sa couleur en fonction des époques, des musiciens, des commandes. Cet arc-en-ciel musical a inspiré le chorégraphe Angelin Preljocaj et il crée Requiem(s) : « Je voulais proposer une texture musicale hétéroclite et y ajouter des créations sonores. Il s’agit plutôt de requiem(s) chorégraphique(s), une procession des corps pour tenter de mettre en perspective la mosaïque de sentiments éprouvés à l’aune d’une perte. » Et c’est de la perte de ses parents et d’amis très proches, en 2023, que naît chez le chorégraphe ce désir d’en faire une pièce, de se pencher sur les rituels de mémoire, de mettre en scène dix- neuf danseurs pour faire jaillir la force du groupe, la puissance du «être ensemble» à la fois dans la tristesse, dans la peine, mais aussi dans cette force vitale et solaire qui naît de l’évocation des souvenirs, des bons moments partagés. La danse peut devenir un hymne à la joie, la mort fait partie de la vie et cette création en est un sublime et réconfortant exemple. B. B.

Requiem(s), du 23 mai au 6 juin, à la Grande Halle de la Villette, à Paris, puis en tournée. lavillette.com et preljocaj.org

Une tragédie familiale

J'ai regardé la nuit tomber, de Lolita Chammah, Éditions Stock. Presse.

«J’aime les souvenirs, et je les déteste. Ils sont notre chair et notre souffle, tout comme ils sont notre chaos et notre déchirure», observe Lolita Chammah dans un récit – son premier – consacré à une expérience indicible : la mort de son deuxième enfant. Kolia, grand prématuré, n’aura vécu que le temps de donner l’espoir à ses parents, à son grand frère, Gabriel, et à toute leur famille qu’il demeurerait sur cette terre au lieu de repartir presque aussitôt. C’est pour dire et d’une certaine façon prolonger l’existence fugitive de ce bébé, évoquer la douleur sans nom qu’elle a éprouvée et combien cette épreuve l’a changée, que la comédienne a couché ce texte sur le papier. J’ai regardé la nuit tomber mêle adresses à Kolia et à Gabriel, récit sur l’avant, la dernière d’une pièce de théâtre, la conviction que tout va bien puisque des médecins le lui ont répété pendant plusieurs mois, les signes avant-coureurs du drame ; confidences sur l’après, les vacances d’été suivantes dans la maison d’enfance de Saint-Jean-de-Luz, le deuil impossible et qui se fait pourtant, les mots de soutien et de consolation de proches mais aussi d’inconnus. C’est aussi le compte rendu de la tragédie en elle-même, d’autant plus cruelle qu’on a cru plusieurs fois le bébé sauvé, avant que sa perte ne grave à jamais Kolia dans la mémoire des siens et dans la chair de sa mère, qui écrit pour «toutes ces mères et tous ces pères qui n’ont pas les mots», non parce que cela la sauve, mais parce que «notre société n’offre pas de place au chagrin», et qu’il faut que ce déni cesse. Écrire pour dire que le corps des femmes, depuis des siècles et des siècles, porte la vie mais aussi la mort – ce qu’on passe trop souvent sous silence. M. T. H.

J’ai regardé la nuit tomber, de Lolita Chammah, Éditions Stock, 190 p., 19 €.

Une série iranienne, un ballet d’Angelin Preljocaj, le premier roman de Lolita Chammah... La semaine culture de Madame Figaro

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