Vers la fin de l�ann�e 1982, Ronald Reagan traverse une p�riode sombre. Les mesures de redressement adopt�es pour l��conomie am�ricaine peinent � porter leurs fruits et l�ancien acteur de s�rie B est d�savou� par l�opinion publique. Il lui est reproch� d�op�rer � contre-courant des id�es re�ues. Le pr�sident s�est fait remarqu� par quelques d�clarations originales qui traduisent sa philosophie comme : �le gouvernement n�est pas la solution du probl�me, le gouvernement est le probl�me.� Pourtant, bien des options adopt�es par la Maison Blanche sont mal v�cues par une partie de la population. Le temps joue en sa faveur mais en attendant, le barom�tre est � l�orage.
Seul dans le Bureau Ovale, Ronald ronge son frein.
Le comble, c�est que sa propre fille Patti est devenue l�une des plus farouches opposantes.
Elle participe � des meetings publics de d�nonciation ouverte de la politique du pr�sident, s�illustre par ses prises de positions en faveur de l�avortement ou contre les armes nucl�aires.
La fille de Ronald est sa principale d�nonciatrice, tout au moins la plus voyante, celle qui fait le plus parler d�elle.
Pour Patti, il semble que rien n�ait jamais �t� simple. Elle est n�e le 22 octobre 1952 � la suite d�une grossesse difficile : sa m�re Nancy est all� jusqu�� affirmer que Patti s�accrochait � ses c�tes ! Il a fallu une c�sarienne pour que le b�b� consente � s�extraire du giron maternel.
Les deux femmes ont entretenu tr�s t�t des relations conflictuelles, tout du moins si l�on s�en tient � la version relat�e par Patti dans son autobiographie (The way I see it � 1992). Elle aurait r�colt� son lot de gifles et de brimades de la part de Nancy.
Certes, son t�moignage a pu sembler exag�r�, mais � en l�en croire, sa m�re lui tenait rancune de sa grossesse difficile et quoi qu�il en soit, elle aurait pr�f�r� avoir un gar�on. L��pouse de Ronald r�primandait Patti pour la moindre raison : manger un biscuit alors que sa m�re estimait qu�elle prenait du poids, mettre du rouge � l�vres alors qu�elle n�avait que 11 ans�
� Elle avait la sensation que, si elle pouvait tout contr�ler � y compris mon corps � elle serait en contr�le de l�univers, � a �crit Patti.
Nancy aurait m�me frapp� Patti en d�couvrant que sa fille avait d�sormais ses r�gles :
� J�ai essay� de le lui cacher, j�avais peur qu�elle soit en col�re et m�humilie �.
Toujours selon elle, Nancy Reagan, celle qui a plus tard milit� sans r�serve pour une Am�rique lib�r�e des drogues, absorbait une dose peu catholique de tranquillisants et autres psychotropes, sans que cela ait d�ailleurs eu d�effet pond�rateur sur sa nervosit�.
Ronald Reagan venait-il parfois compenser cette duret� par des sermons d�indulgence ? Pas vraiment. � en croire Patti, l�acteur �tait plut�t enclin � mettre de l�huile sur le feu. Maigre consolation : Patti attribuait les d�faillances de ses g�niteurs au fait que durant leur propre jeunesse, le p�re de Ronald �tait un alcoolique et que celui de Nancy l�avait abandonn�e.
Patti Davis disait tout de m�me conserv� quelques bons souvenirs de moments privil�gies avec son p�re.
� Nous faisions du cheval ensemble, il me parlait de la terre et de l�oc�an. �
Ces moments paraissaient toutefois rares dans son souvenir.
Ronald Reagan, l�homme que l�on a connu comme un pr�sident ultra lib�ral de 1981 � 1988 a d�abord brill� par ses principes humanistes. Il �t� jusqu�� d�missionner d�un club de golf qui se vantait de ne pas accueillir de juifs parmi ses membres.
Pourtant, durant son adolescence, Patti n�avait qu�une h�te : �chapper au plus vite au carcan familial. La culture hippie qui a �merg� en 1967, l�ann�e o� Reagan est devenu gouverneur de Californie avait tout pour la s�duire. Celle qui approchait de ses quinze ans est entr�e en r�sistance, au niveau de ses id�es comme de son look.
Tous les enfants de Reagan n�ont pas marqu� leur existence une pareille hostilit� � leur concepteur. N�e en 1941 d�un premier mariage avec l�actrice Jane Wyman, elle avait pour atout d��tre encore plus r�publicaine que son p�re.
� l��ge de 11 ans, un �v�nement particulier avait chang� la vie de Maureen. La t�l�vision diffusait les conventions des D�mocrates et des R�publicains. Elle avait �t� instantan�ment captiv�e de voir l�Histoire se cr�er sous ses yeux. D�s lors, Maureen demeurait couramment des heures devant le poste, oubliant de d�ner. Alors que sa m�re Jane l�enjoignait � sortir jouer � l�ext�rieur, elle pr�f�rait suivre le d�roulement des campagnes et d�clarait : �je suis occup�e�. Durant cet �t� 1952, Maureen avait fait son choix, devenant une R�publicaine. H�las pour elle, � cette �poque, son p�re Ronald �tait D�mocrate !
Pour le bonheur de Maureen, et le d�sarroi de Patti, en 1969, un d�nomm� Richard Nixon a demand� � Ronald de diriger un groupe baptis� �les D�mocrates pour Nixon�. Reagan allait bient�t basculer dans l�autre camp et l�on conna�t la suite.
Durant la fin de son adolescence, soucieuse de demeurer fr�le, Patti avait d�velopp� une addiction aux pilules amaigrissantes � il �tait fr�quent qu�elle les obtienne en les �changeant contre les tranquilisants de sa m�re. De cette d�pendance, elle avait fini par devenir anorexique.
Que l�on n�aille pas croire que la guerre permanente contre ses g�niteurs l�enchantait particuli�rement. � l�universit�, elle manqua de se tailler les veines, tant elle se sentait malheureuse. D�boussol�e, elle se laissa glisser dans l�enfer du LSD, s�adonna � diverses substances hallucinog�nes et m�me � la coca�ne.
Patti en vint � abandonner les �tudes. Elle caressait l�ambition de devenir actrice et d�laissa le nom de Reagan pour prendre le nom d�artiste Davis � du nom du premier �poux de sa m�re.
En 1972, alors que Ronald Reagan est gouverneur de Californie depuis cinq ann�es d�j�, Patti devient la petite amie de Bernie Leadon, le guitariste moustachu et boucl� du groupe les Eagles.
Dans sa propre autobiographie, Nancy Reagan a �crit que �Ronnie� et elle-m�me avaient marqu� leur nette opposition � cette relation.
� Il faut vous rappeler que nous sommes d�une autre g�n�ration et que l�id�e de vivre ensemble sans �tre mari�s nous �tait �trang�re. Durant les ann�es o� Patti a �t� la compagne de Bernie Leadon, nous n�avons pratiquement eu aucun contact. Ce n��tait pas le fait qu�elle vive avec un musicien de rock, m�me si les Eagles n��taient pas exactement le r�ve d�une m�re� C��tait juste que je ne pouvais accepter le fait qu�ils vivaient ensemble. �
Si la g�n�ration Woostock est favorable � la libert� amoureuse. Nancy Reagan ne mange pas de ce pain l�. Cette �nouvelle moralit� lui fait perdre ses gonds
� Nos fils et nos filles se voient dire qu�il ne devrait plus y avoir de r�gles� Sur les campus, on leur dit qu�il est bien d��tre �cool� et �dans le coup�, qu�ils ne doivent pas avoir de complexes vis-�-vis du sexe et des liaisons avant le mariage. Je pense qu�il est temps pour la majorit� d�entre nous de dire : stop ! �
Autant dire que les deux femmes vivent en complet d�calage.
Patti va co-�crire avec Bernie Leadon la lente chanson �I wish you peace� (je te souhaite de trouver la paix) qui sort en 1975 sur l�album des Eagles One of these nights. Les paroles semblent d�crire un peu du parcours tourment� qu�elle a pu suivre :
�Je te souhaite du confort lorsque tu es seul
Des bras pour te serrer lorsque tu souffres � l�int�rieur
De l�espoir quand les choses semblent aller mal
Des mots de gentillesse quand tu es triste�
Certains ont estim� qu�il y aurait eu dans cette chanson un message de Bernie Leadon � l�intention de Glenn Frey, leader des Eagles � il a quitt� le groupe peu de temps apr�s. Il est toutefois probable que Patti ait mis un peu d�elle-m�me dans ces mots.
Apr�s sa s�paration de Bernie Leadon, Patti tente de s�imposer comme actrice. Elle obtient de petits r�les dans la s�rie La Croisi�re s�amuse et L��le Fantastique. Toujours amatrice de rockstars, elle va entretenir une liaison avec Dennis Wilson du groupe les Beach Boys et le chanteur Kris Kristofferson. � un moment, elle fera m�me l�exp�rience du m�nage � trois. En 1977, Patti se fait st�riliser et invoquera plus tard ladite raison :
� J��tais terrifi�e � l�id�e que, si je devenais m�re, je deviendrais comme ma m�re et abuserait d�un enfant comme elle l�a fait avec moi. �
Lorsque Ronald Reagan d�croche la pr�sidence des USA � la fin de 1980, Patti appara�t aux c�t�s du couple victorieux, avec un look sexy, mais sans exc�s.
Les ann�es Reagan, celles du lib�ralisme � tout crin d�marrent. Elles vont colorer la d�cennie d�une curieuse flamboyance. Au travers de l�acteur-pr�sident, l�Am�rique affaiblie par le bourbier du Vietnam et l��pisode des otages retenus en Iran, reprend du poil de la b�te, r�affirme sa position dominatrice, son affection pour le capitalisme. De son c�t�, Patti Davis marque de plus en plus ouvertement son opposition au chantre du lib�ralisme. Elle milite notamment contre la politique militaire pr�n�e par son p�re.
Durant les premi�res ann�es de la pr�sidence, Patti ne d�sesp�re pas d�influer sur les choix du ma�tre de l�Am�rique. � partir de 1982, Reagan annonce son intention d�accro�tre le nombre d�armes nucl�aires. La physicienne Helen Caldicott qui pr�side une organisation soucieuse d�emp�cher la prolif�ration rde ces rmes re�oit bient�t le soutien de Patti.
La fille du pr�sident parvient � convaincre son p�re de recevoir Caldicott en d�cembre 1982. La physicienne sort favorablement impressionn�e car elle reconna�t sa bonne volont� � pr�ter l�oreille � ses opposants. Il demeure qu�ils ont des vues diam�tralement oppos�es :
� Il m�a dit : vous avez peur qu�une guerre nucl�aire puisse se produire. Je lui ai dit : �oui, c�est exact.� Il m�a dit : �moi, aussi j�ai peur de la guerre nucl�aire, mais je veux l�emp�cher en fabricant davantage de bombes nucl�aires. �
Il a �t� entendu que ni Reagan, ni Caldicott ne parleraient de cette entrevue � qui que ce soit. Pourtant, un journaliste a insist� pour que la physicienne se confie � lui �off the record�. Ce reporter du Chicago Sun Times a ensuite imprim� ce qu�elle lui a dit. Reagan se voit alors critiqu� de toutes parts.
� J�ai �crit � Reagan pour m�excuser de cette violation de l��thique journalistique, � raconte Caldicoot.
Pour ce faire, elle confie une lettre � Patti afin qu�elle la relaye � son p�re. La fille accepte de servir de messager et, dans la mesure o� elle a elle-m�me favoris� la rencontre, plaide pour la bonne foi de la physicienne. Dans les faits, le pr�sident prend la chose avec humour :
� Ronald Reagan m�a r�pondu par une lettre gentille pour me dire qu�il y �tait habitu� � ce genre de coup bas, � �voque Caldicott. � Selon lui, les gens de la presse n��taient pas des gentlemen et ils ne respectaient plus les r�gles et obligations de leur m�tier. Il disait regretter l��poque o� il existait une sorte de code d�honneur chez les gens de presse. �
Reagan a tenu � informer Patti de ce qu�il a envoy� cette lettre gentille � Mme Caldicott et il peut alors sembler que leurs rapports demeurent cordiaux. Pourtant, au fil des mois, l�attitude de Patti va se durcir, et elle va muter en opposante de tous les instants.
Ronald Reagan aura m�me ces mots :
� Patti ne cache aucunement le fait qu�elle pense que j�ai tout faux. Elle est oppos�e � tout ce que je repr�sente. �
En 1983, Patti Davis d�croche un r�le mineur dans le film L�h�ritier de la panth�se rose de Blake Edwards.
Pourtant, tandis que son p�re devient une sorte de h�ros national aupr�s d�une frange de la population am�ricaine, elle-m�me ne d�croche g�n�ralement que des r�les secondaires. Elle va peu � peu laisser tomber le cin�ma pour se consacrer � l��criture.
� la fin de 1984, le boom �conomique est au rendez-vous. Reagan est r��lu triomphalement avec un score record : 58,97 % des suffrages. Le plus �tonnant, c�est qu�il a obtenu la majorit� des votes �jeunes� (de 18 � 29 ans) alors que cet �lectorat penche traditionnellement du c�t� d�mocrate. Pour Patti, le d�saveu est fort.
Le second mandat de Ronald Reagan est plus houleux. � la fin de l�ann�e 1986, le pr�sident va devoir s�expliquer de la vente ill�gale d�armes � l�Iran par plusieurs membres de son gouvernement et cette affaire, l�IranGate, va entacher le reste de son mandat. Peu avant, une autre salve a �t� lanc�e et celle-ci est est venue de Patti.
Le roman que Patti a publi� en mars 1986, Home Front d�crit le parcours d�un p�re distant, gouverneur de Californie, qui en vient � �tre �lui pr�sident de la r�publique. S�il s�agit d�une fiction, celle-ci n�en contient pas moins de nombreux �v�ments romanc�s de sa propre vie. Ainsi, l�h�ro�ne, Beth Canfield manifeste contre le conflit du Vietnam et son p�re, Robert Canfield, fait appel � la Garde Nationale pour mettre au pas les contestateurs. Ce dernier est d�peint comme un anticommuniste primaire, st�r�otyp�. Sa m�re n�est pas davantage � l�honneur : toujours parfaitement coiff�e et maquill�e, la d�nomm�e Harriet brille par sa superficialit�, donnant des conseils � sa fille tels que ; �ne commande jamais de la soupe lors du premier rendez-vous�. Quand bien m�me, Nancy Reagan livre pour seul commentaire qu�il s�agit d�un roman de fiction, cette publication accentue la distance avec sa famille.
Publiquement, Ronald Reagan se montre d�bonnaire vis-�-vis de ce nouvel assaut, se contentant de dire avec un large sourire : � j�esp�re que cela lui rapporte beaucoup �. Il demeure que deux t�l�visions annuleront les interviews qu�ils avaient pr�vu d�effectuer de Patti. Reagan se retrouve forc� de nier qu�il y soit pour quoi que ce soit.
La sortie de Home Front est tr�s mal v�cue par les fr�res et s�urs de Patti. � partir de ce moment, ils ne se parlent plus.
Au d�but de l�ann�e 1989, Ronald Reagan quitte la Maison Blanche. Le temps de la retraite est advenu et il ne d�sesp�re pas de renouer avec sa fille. Un jour de 1989, Patti rend visite � ses parents au bras de son �poux du moment, Paul Grilley, un professeur de yoga - ils vont divorcer l�ann�e suivante. Ronald sort alors un album de photo et clame :
- Regarde, nous sommes une famille heureuse !
Agac�e, Patti r�plique :
- Ces photos ont �t� prises lorsque j�avais 2 ans. � cette �poque, je ne pouvais pas parler !
Trois ans plus tard, au d�but de l�ann�e 1992, Ronald Reagan apprend une nouvelle bien plus angoissante : Patti s�appr�te � publier une autobiographie, The way I see it, sans concession vis-�-vis de ses parents, d�crits, en particulier pour Nancy sous un jour tr�s n�gatif.
Alarm�, Ronald Reagan se fend d�une lettre o� il exhorte Patti � faire la paix.
� Ch�re Patti,
Je vais bient�t avoir 81 ans. Je peux pas rester assis et n�gliger de faire des efforts pour changer notre situation familiale. J�ai lu et entendu des bruits concernant la biographie sur laquelle tu travailles et comment tu envisages d�explorer ce que tu appelles les �checs de ta famille.
Patti, tu nous heurtes � nous, tes parents � mais tu te fais encore plus de mal � toi-m�me. Nous n�avons pas �t� une famille � probl�me. Est-ce qu�il �tait anormal de pr�voir un stand de hot dog pour chaque f�te annuelle � ton �cole ? Est-ce qu�il �tait anormal de t�emmener en vacances chaque ann�es � Coronado et � Frances Beach ? J�aurais voulu que tu t�assois avec moi et regarde un peu les photos que nous avons prises alors. Est-ce que ta m�re n�a pas fait ce qu�il fallait lorsqu�elle a planifi� ton mariage ?
Patti, lorsque tu es venue au bureau, tu as dit que ta m�re ne t�aimait pas. Ce n�est pas vrai. C�est s�r, elle est malheureuse de voir la tournure actuelle des choses, mais l� encore, je peux te montrer des photos dans lesquelles l�amour qui passe entre vous est ind�niable. Et nous avons de telles images � chaque �poque de notre vie. Les photographies ne mentent pas.
Je pourrais continuer comme cela, Patti, mais les ann�es qui me restent � vivre sont limit�es. Je peux te dire ce que c�est que d�avoir des regrets � propos de choses que j�ai faites ou n�ai pas faites avant que mes parents ne quittent cette terre. Je ne souhaite pas que tu ais � affronter cela. Avant tout, Patti, il faut que tu r�alis�s que ton P�re et ta M�re conservent de bons souvenirs de notre �premi�re n�e� � une merveilleuse petite fille qui venait dans notre chambre, t�t le matin, pour se glisser dans le lit entre nous. Ce n�est que l�un des nombreux souvenirs que je ch�ris.
S�il te plait, Patti, ne nous retire pas nos souvenirs d�une fille que nous aimons sinc�rement et qui nous manque. �
Pourtant, quand bien m�me Patti aurait des regrets, elle est li�e par contrat � il se dit que Putnam lui aurait offert plus d�un demi million de dollars pour ses m�moires.
Le livre The way I see it (la fa�on dont je vois les choses) sort en avril 1992 et constitue une attaque en r�gle de ses parents. Patti y parle de la d�pendance de Nancy aux tranquillisants et somnif�res tels que le Quaaludes ou le Valium. Sa m�re est d�peinte comme une femme cruelle et froide capable de hurler sur le personnel de maison.
Si Ronald, pour sa part, semble excessivement insouciant, bien des anecdotes personnelles ne sont pas bien reluisantes pour l�ancien pr�sident. En voyant Jackie Kennedy appara�tre sur le petit �cran peu apr�s l�assassinat de son mari, Reagan se serait permis de dire : �Elle n�aurait pas pu changer de costume ? Il y a plein de sang dessus�. Lorsque l�affaire du Watergate s�est produite en 1972, il aurait dit : � Nixon aurait d� d�truire ces satan�es bandes �. Pendant l�affaire des otages d�Iran en 1980, les Reagan auraient exprim� leur crainte que ceux-ci soient lib�r�s � une date qui serait inappropri�e, � m�me de faire gagner Carter, son opposant.
Lors d�une interview � la radio de Santa Monica, Davis, alors �g�e de 39 ans, pr�tend vouloir apporter une autre perception que celle habituellement v�hicul�e sur sa famille.
� Je ne suis pas en train de lancer un quelconque message � mes parents � travers ce livre. Il serait vain d�agir ainsi. J�ai �crit ce livre parce que j�estimais qu�il �tait temps de raconter la v�rit�. �
Les Reagan r�agissent � la publication du livre de Patti par une d�claration officielle :
� Nous sommes attrist�s et pein�s par ces histoires� qui sont absolument fausses. Nous avons toujours aim� tous nos enfants, Patti compris. Nous esp�rons que le jour viendra o� elle rejoindra la famille. Jusqu�� ce que ce jour advienne, nous ne voyons pas d�int�r�t � apporter le moindre commentaire. �
Les trois autres enfants du couple s�abstiennent pareillement de tout commentaire.
En 1993, la demie-s�ur Maureen vit une troublante exp�rience. Un jour, elle �voque � son p�re un film qu�il a tourn� dans les ann�es 1950, Prisoners of War. Il lui r�pond : �Je ne me rappelle absolument pas avoir tourn� dans ce film.�
Maureen comprend alors que quelque chose ne tourne pas rond.
� Aucun acteur n�oublie jamais un r�le qu�il a eu � se surprend elle � penser.
Un an plus tard, Reagan viendra s�exprimer sur la t�l�vision nationale pour annoncer au monde qu�il a �t� diagnostiqu� de la maladie d�Alzheimer.
� Je d�marre � pr�sent un voyage qui va m�amener au coucher de soleil de ma vie � d�clare l�ancien dirigeant.
D�s lors, l�infatigable Maureen Reagan va consacrer une part de son existence � combattre Alzheimer et poursuivra cette action jusqu�� sa propre disparition.
Patti fait une ultime pied de nez � sa famille conservatrice en juillet 1994 lorsqu�elle appara�t, en nudit� frontale et int�grale dans le magazine Playboy. Elle a alors d�j� 41 ans et ne cache rien de sa belle plastique. Sur la couverture, pour mieux pimenter le cocktail, elle appara�t souriante, nue jusqu�au nombril, la poitrine dissimul�e par les mains d�un homme noir.
Elle va �galement participer � une vid�o pour Playboy tout aussi explicite.
La r�bellion est devenue un mode op�ratoire qui ne conna�t plus de limite.
Pourtant, le volcan ne peut demeurer �ternellement en �ruption. La nouvelle de la maladie d�Alzheimer transforme l�attitude de Patti. Au moment o� le patriarche a r�v�l� sa pathologie, elle vit � New York. Il arrive fr�quemment que des gens l�arr�tent dans la rue pour exprimer leur sympathie ou partager leurs exp�riences personnelles en la mati�re. D�s lors, elle reprend contact et une affection rena�t.
Lors des derni�res ann�es d�existence de Ronald Reagan, Patti se rapproche peu � peu de celui qu�elle a longtemps honni. Il lui arrive de se pencher vers ce p�re qui a perdu la m�moire et d�embrasser son front.
Peu avant la disparition de Ronald Reagan, Patti livre un r�cit touchant dans le magazine Times, qui fait appara�tre une v�ritable m�tamorphose . Elle d�voile une facette tendre, attentionn�e, pleine d�admiration pour l�humanit� de cet homme qu�elle avait longtemps rabrou�. Elle d�crit un homme humble, d�une grande bont�.
� Lui et moi allions de temps en temps nous promener. Je passais mon bras autour du sien un apr�s midi et nous avons march� aux alentours de son domicile. Quelques personnes l�ont reconnu et lui ont fait des signes, lan�ant des : �Bonjour, Monsieur le Pr�sident�, �Que Dieu vous b�nisse�� Il leur a souri en retour. Puis, il m�a regard�e, interloqu� et m�a demand� :
- Est-ce que je connais ces gens ?
- Non Papa, ai-je r�pondu. Ils t�ont reconnu et voulaient te dire bonjour.
Il m�a regard� de fa�on encore plus perplexe :
- Mais comment se fait-il qu�ils me connaissent ?
Je savais qu�il n�avait plus le souvenir d�avoir �t� pr�sident. Il se rappelait des moments de patin � glace quand il �tait jeune, ou d�avoir nag� dans le Mississipi durant l��t�, mais pas de son impact sur le pays et sur le monde. Je n�ai pas voulu ajouter � la confusion et lui ai juste dit :
- Ils t�ont vu marcher dans le quartier.
Il a alors souri et ses yeux se sont �clair�s :
- C�est tr�s gentil � eux. Ce sont des gens charmants.
Des moments comme celui l� r�v�laient ce qui �tait le plus essentiel chez mon p�re � sa gr�ce, sa gentillesse envers les autres, sa gratitude et son humilit�. Alzheimer n�avait pas �limin� ces qualit�s. �
Patti exprime alors des regrets pour ces ann�es o� elle sortait volontiers les griffes et celles o� elle n�a pas eu le temps de vivre � ses c�t�s, lorsqu�il avait toute sa conscience.
� Il y a eu un moment o�, au moment de quitter la maison, je lui ai dit �Au revoir, je t�aime�. Ses yeux se sont ouverts dans un expression de surprise et il a dit : �Merci. Merci beaucoup.� Il n�avait pas id�e de qui j��tais.
Je suis heureuse d�avoir �t� la fille d�un homme d�une telle gr�ce �
Patti raconte aussi qu�elle le regardait parfois au fond des yeux, cherchant � traverser le voile de l�Alzheimer, avec des mots d�excuse �esp�rant que dans son c�ur, il m�entendrait et me comprendrait.�
Elle s�est aussi r�concili�e ��motionnellement� avec Nancy, selon ses propres dires. Une page est tourn�e. Et le revirement est devenu fort. Durant l�ann�e 2003, la famille apprend qu�une mini-s�rie a �t� tourn�e par CBS, Les Reagans. Patti Davis monte au cr�neau et s�en prend publiquement aux producteurs, accus�s de �cruaut� et de manque de respect�. Elle reproche notamment aux r�alisateurs de n�avoir consult� aucun membre de la famille. La controverse va �tre si forte que CBS renoncera � une diffusion nationale et ne programmer la s�rie que sur une cha�ne du c�ble, Showtime. En apprenant cette d�cision, Patti d�clare que CBS a �agi comme il le fallait�.
Au moment o� l�ancien pr�sident quitte ce monde le 5 juin 2004, Patti demeure � ses c�t�s jusqu�� son dernier souffle.
Avec l��ge, la ranc�ur de Patti s�est donc �mouss�e. La fille s�est mise � parcourir le pays, donnant des conf�rences sur la r�conciliation et le pardon. Elle raconte � qui veut l�entendre comment elle a red�couvert le pouvoir de la famille.
Faudrait-il croire qu�elle en a d�finitivement termin� avec sa tendance � la r�bellion ? Hmm� Pas si vite.
En mai 2011, Patti Davis a fait � nouveau parler d�elle. Alors qu�on ne l�attendait plus au tournant, elle a r�cidiv� en posant une nouvelle fois nue, � l��ge de 58 ans, dans More ! Une fois de plus, elle a surpris par la finesse de son anatomie.
Si l�actrice Helen Mirren est all�e plus loin, en posant nue � 65 ans dans une baignoire, cette s�ance photo a occasionn� des clich�s qui relayent un certain malaise, tant elle paraissait impudique dans ce r�le qui ne lui convenait plus. Patti Davis, pour sa part, � 58 ans, pouvait se vanter d�une plastique irr�prochable.
Il demeure que Patti a fortement chang�. Elle affirme aujourd�hui qu�elle est d��ue de la politique d�Obama. Elle est all�e jusqu�� poster un tweet qui a fait grand bruit, dans lequel elle marque ses distances envers Obamacare, le programme de s�curit� sociale du pr�sident am�ricain. Les r�actions ont �t� telles qu�elle a fini par retirer ce tweet. Il demeure qu�elle a tout de m�me �crit une lettre au Pr�sident Obama, l�appelant � se montrer plus humble et moins partisan. Elle est all�e jusqu�� lui conseiller de s�inspirer de Reagan !
En avril 2013, Patti a de nouveau suscit� la controverse en affirmant que son p�re aurait �t� en faveur du mariage gay. Il n�en fallait pas plus pour qu�une rixe familiale red�marre car Michael Reagan, fils adoptif d�un pr�c�dent mariage, �tait pour sa part persuad� du contraire !
� C��tait un chr�tien convaincu. Est-ce qu�il aurait �t� en faveur du mariage gay ? Non ! �
Pourtant, Patti Davis qui au m�me moment venait de sortir un roman mettant en sc�ne deux lesbiennes amoureuses, affirme que Ronald Reagan aurait �t� ouvert � cette �volution soci�tale :
� Il �tait certes vieux jeu. Est-ce qu�il aurait pu comprendre que deux personnes du m�me sexe soient amoureuses ? Non, bien �videmment. Mais il aurait estim� que le gouvernement n�avait pas son mot � dire quand au d�sir de deux individus de s�engager ensemble. Il �tait partisan de �moins de gouvernement�.
Une chose semble s�re : Patti est loin d�avoir dit son dernier mot !...
Extrait du livre 'De Kennedy � Madonna - 17 destin�es exceptionnelles'
