ENTRETIEN. Pour la réalisatrice Stéphanie Pillonca, « le documentaire, c’est la vie »
Stéphanie Pillonca a suivi des couples voulant adopter, des enfants nés sous X et des femmes ayant accouché sous X.
Avec son documentaire C’est toi que j’attendais, la réalisatrice Stéphanie Pillonca propose une plongée dans l’intimité de couples souhaitant adopter. Elle répond à quelques-unes de nos questions, à propos des coulisses de ce projet.
Comment a été fabriqué ce documentaire ?
J’ai fait une grosse enquête en amont en voyant 400 personnes. Des couples désireux d’adopter, certains tout près d’y arriver. Et puis c’est un hashtag « né sous X », sur les réseaux sociaux, qui m’a vraiment donné envie de faire ce film. J’ai alors rencontré une centaine de personnes nées sous x et une centaine de femmes de l’ombre, des mères qui ont accouché sous X.
Une sorte de casting est sortie de cette enquête ?
Tout à fait. Et je les ai suivis pendant des heures, au fil de leurs rendez-vous, de leurs espoirs, attentes…
Un travail d’investigation
C’est parfois tellement intense qu’on se demande si c’est vraiment un documentaire, sans scénarisation ?
C’est encore plus fort. Rien n’a été rejoué. Tout s’est passé miraculeusement. Alfred Hitchcock disait que, dans les documentaires, c’est Dieu le réalisateur. Ce n’est pas le réalisateur qui décide.
Comme quand ce couple en attente d’adoption regarde des enfants dans la rue…
À l’époque, ils avaient un masque de souffrance. Depuis qu’ils ont leur enfant, ils ne sont pas pareils. Maintenant, ils sont radieux, heureux…
Pourquoi un documentaire et pas une fiction ?
En fiction, on arrive jamais à cette vérité. Ce sont de vraies vies, de vrais individus.
Donc une équipe très légère pour filmer ?
Trois personnes et, en amont, un énorme travail d’investigation fort en émotion et, après, un long montage.
Pourquoi associer adoption et naissance sous X ?
C’est indissociable. Il n’y a pas d’adoption sans enfant confié. Et si une femme n’a pas pu le garder, il y a un enfant qui cherchera plus tard qui est cette femme. Je pense que les adoptions qui se passent bien sont liées à un couple adoptant qui a en tête qu’il y a eu un avant.