Susannah York, la disparition d’une douce effrontée
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Susannah York, la disparition d’une douce effrontée

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© DR
Clément Mathieu

Connue comme la mère de Superman pour les générations les plus jeunes, Susannah York était l'une des plus talentueuses actrices britanniques de sa génération. Elle s'est éteinte samedi.

Malgré des prestations bouleversantes de fragilité, l’actrice était tristement tombée au fil des années dans l’oubli du grand public. Susannah York s’est éteinte. La comédienne anglaise, prix d’interprétation à Cannes en 1972, est décédée samedi, entourée des siens, au Royal Marsden Hospital de Londres , a annoncé son fils, l’acteur Orlando Wells. Susannah luttait depuis des années contre un cancer de la moelle osseuse. Elle avait 72 ans. Susannah York était l’une des vedettes des grandes comédiennes de la génération britannique de l’après-guerre. Et l’«English rose», traits discrets et peau de nacre, était horrifiée qu’on la réduise à son regard doux au bleu acier et à sa blondeur pale.

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Née Susannah Yolande Fletcher en janvier 1939 à Londres, Susannah passe une partie de son enfance en Ecosse, suivant sa mère après le divorce de ses parents. Après avoir étudié à la prestigieuse Royal Academy of Dramatic Art, elle tient son premier grand rôle au cinéma en 1960 dans «Les fanfares de la gloire», face à Alec Guinness et John Mills. En 1963, elle tourne sous la direction de Tony Richardson – mari de Vanessa Redgrave et père de la regrettée Natasha Richardson – dans «Tom Jones». L’adaptation du classique de littérature anglaise – «L'histoire de Tom Jones, enfant trouvé», 1749 – décroche quatre Oscars aux Etats-Unis (dont le meilleur film), et un Bafta. Elle apparaît ensuite en 1966 dans «Un homme pour l'éternité» de Fred Zinnemann, qui emportera en 1967, cinq Oscars (dont le meilleur film), deux Golden Globes et deux Bafta.

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«Dans mes premiers films, j'étais terrifiée à l’idée d'être cataloguée comme très propre, très sage. J'avais peur que les gens pensent que j'étais fade. La vérité était que j'étais un peu rebelle», expliquait il y a quelques années au Sunday Telegraph, celle qui fut exclue du collège à 13 ans pour un bain de minuit dénudé dans la piscine de l’établissement… La fin tumultueuse des années 1960 donnera à Susannah York l’occasion de montrer son audace. En 1968, elle tourne dans «Faut-il tuer Sister George ?» de Robert Aldrich. Le film met en scène un couple de lesbiennes pris dans une relation de domination malsaine. Alors que le sujet est encore tabou à l’époque, une scène d’érotisme saphique déclencha les foudres des bien–pensants.

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Prix d'interprétation à Cannes

En 1969, Susannah York apparaît dans «Ah Dieu ! Que la guerre est jolie», réalisé par Richard Attenborough. La même année, elle interprète l’un de ses plus grands rôles. Dans «On achève bien les chevaux» de Sydney Pollack, Susannah interprète Alice, prise, face à Jane Fonda, dans un marathon de la danse de la Grande Dépression. Le film bouleversant lui donnera l’occasion de montrer toute la fragilité et la versatilité de son jeu. Nominée pour l’Oscar du meilleur second rôle féminin, la rebelle s’étonna qu’on ne lui ait pas demandé son avis avant… Trois ans plus tard, elle remportait le prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes, pour son rôle de femme au bord de la crise de nerf dans «Images» de Robert Altman.

Pour l’anecdote, elle est l'auteure du conte pour enfant que lit son personnage dans ce dernier film. Elle en écrira plusieurs au cours de sa carrière variée. Elle joua très souvent au théâtre – elle avait commencé sur les planches avant de vite passer au grand écran – mais également à la télévision, notamment pour les productions de la BBC, et ce jusqu’à récemment. Mariée au comédien anglais Michael Wells, jusqu’en 1976, elle a eu deux enfants avec lui. Au cinéma, après «Images», celle qui fut faite officier des Arts et Lettres en 1991, ne connaitra plus de grands rôles, si ce n’est un. Susannah York est la mère biologique de Superman dans la superproduction de Richard Donner avec Christopher Reeves – rôle qu’elle interprète dans les suites II et IV.

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