Florence Portelli, la franche culture de Valérie Pécresse

Florence Portelli, la franche culture de Valérie Pécresse

Florence Portelli, maire LR de Taverny dans le Val-d'Oise et porte-parole de Valérie Pécresse. ©Radio France - Julie Pacaud
Florence Portelli, maire LR de Taverny dans le Val-d'Oise et porte-parole de Valérie Pécresse. ©Radio France - Julie Pacaud
Florence Portelli, maire LR de Taverny dans le Val-d'Oise et porte-parole de Valérie Pécresse. ©Radio France - Julie Pacaud
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Maire de Taverny, dans le Val-d'Oise, Florence Portelli est l'une des six porte-paroles de Valérie Pécresse. Proche de la candidate LR à l'élection présidentielle, elle est en charge de l'élaboration de son programme culture. Mais l'élue cultive une liberté de ton qu'elle entend bien conserver.

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  • Florence Portelli Maire de Taverny dans le Val-d'Oise, candidate à la présidence de "Les Républicains"

Au dernier étage de l'Hôtel de Ville de Taverny, le bureau du maire est baigné de soleil en cette matinée de mars, contrastant avec l'ambiance studieuse qui règne dans la pièce. Autour de Florence Portelli, son directeur de cabinet Loïc Drouin et son équipe tentent d'organiser l'agenda de la semaine et de répondre à une priorité : l'accueil des premières familles ukrainiennes. Plusieurs Tabernaciens se proposent d'accueillir les Ukrainiens fuyant la guerre et Florence Portelli veut d'emblée anticiper : "Il faut organiser des cours de français pour les enfants, et ceux qui pratiquaient une activité culturelle ou sportive, j'aimerais absolument que ceux qui pratiquaient une activité culturelle ou sportive puissent continuer".

Plus militante que son père, mais la politique n'est pourtant "qu'un petit bout" d'elle

Théâtre, cinéma, musique classique, rock ou chanson française : la culture, c'est l'ADN de l'élue qui reconnait "avoir trop de passions". "Mon problème quand j'écoute un air que j'aime beaucoup c'est que je peux arriver en retard parce que je ne veux pas le couper," confie-t-elle. Née dans une famille de mélomane_s, "où il y avait de la musique tous les jours à la maison,"_ elle commence le piano à cinq ans et dévore les livres durant l'enfance, raconte-elle. Parallèlement, Florence Portelli est biberonnée à la politique. Fille d'Hugues Portelli, ancien sénateur UMP du Val d'Oise et maire d'Ermont, commune voisine. "C'était un intellectuel, professeur de droit et de science politique, et à la maison défilaient les politologues, les juristes." "Plus militante que son père", dit-elle, Florence Portelli commence le militantisme à l'âge de 13 ans parce "qu'elle était fan de Philippe Séguin," confie-t-elle, "subjuguée par son niveau intellectuel". A la mort de l'ancien ministre et président du RPR, comme beaucoup de Séguinistes, elle rejoint le camp de François Fillon dont elle devient la porte-parole lors de campagne présidentielle de 2017. Une campagne "cauchemardesque" qui semble l'avoir marquée au fer rouge. "Entre les affaires découvertes en cours de campagne, et les défections organisées au delà des affaires, sur le plan humain, tout ce qui peut être laid et sale, je l'ai vu. Si on était pas marqué par une campagne pareille on serait cynique comme certains."

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Réunion de travail autour Florence Portelli et de son cabinet, à l'Hôtel de Ville de Taverny.
Réunion de travail autour Florence Portelli et de son cabinet, à l'Hôtel de Ville de Taverny.
© Radio France - Julie Pacaud

Pourtant, les coups durs en politique, Florence Portelli les connait. Lorsqu'elle débute au RPR, elle a alors une vingtaine d'années. Elle traverse "quelques épisodes assez violents qui marquent une vie" relate-t-elle, sans donner plus de détails. En 2014, elle conquiert la mairie de Taverny, réputée "ville imprenable" et son élection a "l'effet d'un séisme" dans la ville aux mains de la gauche depuis 1989.

J'avais le droit à des sobriquets et des qualificatifs du type Falbala, la blonde très sexy d'Astérix.

Des propos sexistes monnaie courante, des insultes et un début de mandat difficile pour l'édile qui confie avoir connu quelques épisodes remuants : "Parfois, je rentrais chez moi et je pleurais un bon coup mais cela m'a aussi donné une niaque incroyable." Depuis, les relations avec les oppositions municipales qui lui ont réservé un "traitement écœurant" sont restées délétères. A cela s'ajoute le comportement de certains de ses administrés et au-delà. Sur la table de son bureau ce matin là, le courrier d'un admirateur vivant en Ariège à qui le maire a transmis une photo avec Valérie Pécresse. "Là, ce sont des gens normaux, il n'y a pas de problème, explique Florence Portelli. Mais parfois j'ai des dingues qui veulent un autre type de photo, c'est assez glauque. C'est la joie d'être une femme, et le fait d'être blonde… J'en ai un qui m'envoie tous les jours une photo de Marilyn Monroe ou de Grace Kelly et il me dit 'quand allez-vous faire du cinéma ?'. Avec un autre, c'est allé assez loin. Il m'avait envoyé des trucs porno, il voulait venir à la mairie avec des offrandes, des dessous, mais il avait laissé son numéro de téléphone et c'est mon conjoint qui l'a appelé. Ca s'est vite réglé." De ses débuts de mandat "assez durs", elle garde néanmoins un souvenir ému de sa venue à Prato, près de Florence, en Italie, dont une photo est affichée dans son bureau. "Le premier moment de jumelage a été par hasard entre nos deux conservatoires. Et me retrouver en Toscane, ma terre nourricière, en parlant italien autour de la musique et d'un piano dans le cadre de mon job de maire, j'ai eu un trop plein d'émotions. Sur cette photo, je souris comme une cruche mais j'étais très émue."

Empathique et "sans filtres"

C'est en 2015 également qu'elle se rapproche de Valérie Pécresse. Elle lui propose de rejoindre sa liste aux élections régionales en Ile-de-France. "Je n'y avais pas du tout pensé. Mais ce qui m'a attiré vers elle c'est quand j'ai vu qu'elle voulait augmenter le budget de la culture de 20%, c'était à contre-courant à cette époque-là à droite. J'ai vu une énorme bosseuse, quelqu'un d'empathique, qui gagnait à être connue" relate Florence Portelli, qui déplore l'image accolée à la candidate durant cette campagne présidentiell_e, "une femme qui serait distante, c'est faux, elle n'est juste pas le buzz."_ En 2018, Florence Portelli quitte le parti Les Républicains et la rejoint au sein du mouvement Libres ! : "J'étouffais, l'ambiance était horrible au bureau politique des LR. Je me demandais à chaque fois ce que je foutais là. Chacun se prenait un tir de missile dès qu'il ouvrait la bouche." Depuis, Florence Portelli est revenue chez Les Républicains, pour pouvoir voter à la primaire, et elle reconnait que l'atmosphère a changé, que "l'ambiance est meilleure." Avec Valérie Pécresse, Florence Portelli partage un même trait de caractère, l'empathie, "même si cela peut être aussi un handicap" dit-elle, "Je suis sans filtres". Mais Florence Portelli se refuse *à *"débiter des éléments de langage"* et "rêve d'une société plus empathique. Le drame d'aujourd'hui c'est le fait de ne plus ressentir l'autre et l'altérité et c'est effrayant."*

Là, je suis au service d'une campagne, après je serai au service exclusif de mes convictions.

Devenue l'une des porte-paroles de Valérie Pécresse pour l'élection présidentielle, l'édile élabore le programme de la candidate pour la culture. Mais lorsqu'on lui demande si elle serait tentée par un portefeuille ministériel rue de Valois, Florence Portelli ferme la porte : "Non. D'abord parce que ça ne se réclame pas mais j'ai surtout un mandat à terminer." Car la campagne présidentielle n'est pas sa "vraie vie" dit-elle. "Ce que je fais avec Valérie Pécresse à la culture est très épanouissant, ça me correspond beaucoup et la mairie aussi, car je suis dans le cœur de ce que j'aime, mettre son empathie au service des autres et en même temps avoir une vision pour sa commune, c'est génial." L'élue dit avoir envie de se consacrer à d'autres priorités. "Je vous le dis sincèrement, c'est la dernière fois que je suis porte-parole de quelqu'un d'autre que de moi. Ce sont des gens que j'admire à chaque fois, mais il y a toujours des moments frustrants car on est contingenté, on parle à la place de quelqu'un et on ne pas porter ses propres idées. Je me suis beaucoup donnée pour les autres et maintenant je vais faire vivre ma réflexion personnelle au service du collectif mais sans la borner." Et se consacrer aussi à d'autres projets, moins politiques, davantage artistiques, comme l'écriture d'une œuvre théâtre-musique qu'elle a entamée avec son conjoint.

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