Da Vinci Code

Ah, le fameux Da Vinci Code ! Qu'ajouter d'un peu original � toutes ces critiques amoncel�es depuis tant de temps ? Pas grand-chose, j'en ai peur...
Personnellement, je l'ai lu en une seule nuit, une nuit bien blanche. Fut-ce un bien, fut-ce un mal ? Cela d�montre de l'addiction que peut provoquer ce thriller de bonne facture tout d'abord, mais cela peut aussi pr�sager d'une faible qualit� de style. Beaucoup se focalisent sur le contenu, entre soci�t�s secr�tes et contre-sens bibliques, mais est-ce si important de pr�ciser que les aspects historiques sont plus ou moins d�tourn�s (plut�t plus que moins, c'est �vident) ? Il faut surtout reconna�tre que Dan Brown n'a pas son pareil (ou peu en tout cas) pour appuyer ses r�cits mystico-historiques sur des faits tendancieux, sur ce qu'on pourrait appeler des angles morts de l'Histoire. On passe un tr�s bon moment, il me semble, � suivre les p�r�grinations hasardeuses de ce Robert Langdon moins faiblard qu'il ne pourrait y laisser para�tre et de sa jeune co�quipi�re du moment.

De monuments c�l�bres en ruelles sombres, on court, on court et on ne s'arr�te qu'� la fin pour reprendre son souffle ( et son cerveau par la m�me occasion) et uniquement se rendre compte que le voyage fut trop court, car plus que la fin c'est bien le voyage qui m�rite un bon point. C'est bien l� l'essentiel pour un thriller de bonne facture.

C'�tait donc �a, le livre qui fait trembler le Vatican ? Ce roman policier construit comme un t�l�film o� un type, beau, et une fille, bonne, s'�vertuent � r�soudre des �nigmes de potaches pour d�couvrir le secret scandaleux que tout le monde conna�t d�j�, le fait que J�sus �tait un homme, qu'il a bais� Marie-Madeleine et qu'il l'a engross� (pourquoi pas ?) et qu'ainsi donc il n'�tait pas le fils de Dieu, Dan Brown faisant fi, dans un roman qui use et abuse de la notion de myst�re, du myst�re de l'identit� du Christ, vrai dieu et vrai homme.

Passons. Da Vinci Code n'est rien d'autre qu'une nouvelle version d'Indiana Jones, � la sauce am�ricaine, avec le meurtre initial, l'erreur de la police, la fuite (si peu) rocambolesque des h�ros, la trahison du bon bougre devenu machiav�lique, les micros cach�s, deux ou trois morts qui tra�nent, la retrouvaille de la grand-m�re et du fr�re perdus de vue (tout juste si Jacques Pradel n'est pas l� avec sa cam�ra) et le baiser final, prude, sans la moindre trace d'�rotisme, alors que le livre entier s'applique � magnifier le F�minin Sacr�.

Comment comprendre alors le succ�s fulgurant de ce roman ? Avouons la chose : moi-m�me je me suis laiss� prendre. Il y a cette impression de collaborer � la d�couverte d'une v�rit� qui bouleverse l'ordre du monde en d�chiffrant des anagrammes, cette satisfaction de se sentir soi-m�me le d�couvreur, comme si la solution d'un sodoku pouvait faire s'effondrer une civilisation enti�re. A ce petit jeu-l�, la fin du livre ne peut que d�cevoir. Rien. Cette �cume. Vierge vers. A n'en d�signer que la coupe, le calice, le Saint-Graal. le vrai myst�re est sans doute l� : par quel miracle un petit roman policier de rien du tout peut-il devenir une affaire mondiale ? le d�voilement de ce secret-l� me para�t beaucoup plus complexe que le jeu de piste de Dan Brown.

Je ne souhaite pas alimenter outre mesure le d�bat qui se fait depuis bien longtemps sur ce livre. N�anmoins, ses d�tracteurs sont bien durs avec lui, il me semble : soit on ouvre ce livre en sachant qu'il s'agit l� d'une oeuvre de fiction et on accepte les libert�s prises par l'auteur par rapport � L Histoire ; soit on a des convictions incompatibles avec cette fiction et, dans ce cas, on n'ouvre pas ce livre.

Toujours est-il qu'il sera difficile de reprocher � Dan Brown d'�tre un mauvais narrateur : excellent policier, son livre garde en haleine son lecteur jusqu'au bout et ceci malgr� ses quelques 600 pages ; les ficelles, certes, sont ultra-classiques, mais elles fonctionnent parfaitement.

Par ailleurs, loin de donner cr�dit � toutes les th�ories historiques �voqu�es dans Da Vinci Code, reconnaissons-lui le m�rite de nous faire r�flechir sur l'�vidence et sur la fa�on dont notre Histoire se fait et se transmet. Cette lecture, associ�e � celle des Falsificateurs d'Antoine Bello, a de quoi nous poser des questions sur la v�racit� de nos convictions et sur la fa�on dont les "m�dias" ont fabriqu� et continuent de fabriquer l'information.

Et bien, si cela d�range certain de remettre en question les certitudes, est-ce vraiment la faute de Dan Brown ?

Des ann�es apr�s sa sortie, on se demande tout de m�me pourquoi ce livre a fait tant couler d'encre. Je me souviens aussi que les documentaires, parfois farfelus, parfois int�ressants, affluaient � la t�l� sur les Templiers et autres sujets vaguement abord�s dans le roman. Bon, y'a pas de quoi crier au g�nie, et dire que c'est un bon roman me para�t assez exag�r�. Pour autant, pas de quoi crier au scandale non plus. Les succ�s de librairie sont rarement des chefs-d'oeuvre. Celui-l� n'est pas sp�cialement bien �crit, mais il se lit. A condition de faire fi des ridicules �nigmes qu'un enfant de huit ans serait en mesure de r�soudre, d'oublier que Dan Brown, qui a d� voir des marchands de marrons chauds � Paris en hiver, s'imagine qu'il s'agit l� d'un m�tier � l'ann�e (on en voit ici au mois d'avril, ce qui est assez peu courant, m�me chez moi qui habite � l'Est de la France). A condition �galement d'oublier que Dan Brown ne poss�de pas la moindre notion de phon�tique historique du fran�ais (l'explication consacr�e � l'�volution phon�tique de l'expression Saint Graal vaut son pesant d'or). Si on respecte une derni�re condition, � savoir lire ce bouquin au second degr� - m�me si c'est probablement aller contre l'intention premi�re de l'auteur -, alors tout va mieux. On d�couvre une oeuvre d'un humour d�capant. Du coup, je me suis pas mal amus�e � suivre les p�r�grinations des personnages et les th�ories d�lirantes de l'auteur sur le Graal. C'est assez stupide dans l'ensemble, mais c'est un livre dr�le - et incroyablement m�connu en tant que tel !

Enfin, je me suis d�cid�e � lire ce roman !
Il �tait temps ! le tapage m�diatique qu'avait suscit� ce livre � sa sortie m'avait quelque peu rebut�e � l'�poque. Mais aujourd'hui je peux enfin partager mon ressenti sur cette lecture.

J'ai eu la chance de d�couvrir cette histoire � travers le magnifique livre illustr� des �ditions JC Latt�s. On y trouve des photos des lieux d�crits, des images d'objets d'art, des tableaux, des esquisses de Leonardo Da Vinci, des portraits, des plans... j'ai pris beaucoup de plaisir � observer tous ces pr�cieux clich�s tout en lisant l'histoire.

J'ai �t� agr�ablement surprise par les nombreux jeux de pistes dans lesquels l'auteur nous entra�ne. On s'engage dans un rythme effr�n� qui tient notre attention jusqu'au bout.
On sent que l'auteur est passionn� par les domaines qu'il traite: l'art, les chiffres, les symboles, l'histoire, les �nigmes, les l�gendes... j'en ai appris des choses en lisant ce roman! En plus d'�tre captivant, il a �t� pour ma part tr�s enrichissant.
J'ai aim� suivre nos deux personnages, Robert Langton et Sophie Neveu � travers leur qu�te pour d�couvrir le myst�re qui se cache derri�re le meurtre de Jacques Sauni�re.
Tout est bien ficel�. L'histoire est palpitante et pas uniquement centr�e sur l'aspect biblique comme je le craignais. Les changements de d�cors sont nombreux et les petites anecdotes autour des diff�rents lieux sont � chaque fois instructives.
En plus de son savoir, Dan Brown poss�de un r�el talent d'�criture, c'est ind�niable.

Un roman que j'ai tard� � lire malgr� les encouragements de mon entourage, mais m�me si la vague est retomb�e avec le temps, j'ai pris �norm�ment de plaisir � le d�couvrir.
A pr�sent, je vais aller voir du c�t� de l'adaptation cin�matographique afin de pouvoir comparer!