Mort de l'acteur Jean-Pierre Bacri, à l’âge de 69 ans
Très apprécié du public français, il a marqué le théâtre et le cinéma français en tant qu’acteur, scénariste et dramaturge. Jean-Pierre Bacri est décédé ce lundi 18 janvier d’un cancer. Né en 1951, à Castiglione, en Algérie, il avait 69 ans.
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Il y a cette scène où un personnage est chargé de mener un défunt jusqu’à sa dernière demeure, mais le cimetière reste introuvable… Aujourd’hui, après une longue maladie, le comédien croque la mort autrement et rejoint en quelque sorte son personnage satirique incarné dans le road movie de Gérard Pautonnier, Grand froid.
Un père facteur et cinéphile
Né le 24 mai 1951 dans une famille juive d’Algérie, Jean-Pierre Bacri est fils d’un père facteur. Comme ce dernier s’active le week-end aussi comme ouvreur dans une salle de cinéma, Star de la ville, Jean-Pierre découvre à son plus jeune âge sa fascination pour le grand écran. Après l’indépendance de l’Algérie, la famille atterrit à Cannes avant que Jean-Pierre choisisse de monter à Paris, à 23 ans, pour devenir publicitaire. À l’instar de son père, il gagne sa vie aussi en tant que placeur à l’Olympia, et se décide finalement de réaliser son rêve et de se former en parallèle au Cours Simon pour devenir l’acteur plein d’empathie qu’on connait.
Gilles Jacob, ancien président du Festival de Cannes : « Privé pour toujours de mon rouspéteur de choc et de chic, je ne suis pas surpris d’être triste ce soir. »
Privé pour toujours de mon rouspéteur de choc et de chic, je ne suis pas surpris d’être triste ce soir. pic.twitter.com/6zTbQUEhKt
— gilles jacob (@jajacobbi) January 18, 2021
Couronné plus tard par cinq César, plusieurs Molière et même, avec Agnès Jaoui, un Prix du scénario au Festival de Cannes pour Comme une image, il reste d’abord longtemps cantonné aux seconds rôles à la fois désabusés et profondément humains, mais quand même sélectionné par les maîtres du cinéma français : Claude Lelouch, Luc Besson, Tony Gatlif, Jean-Pierre Mocky, Yves Robert...
Le Grand Pardon
Sa véritable percée auprès du grand public se produit avec son rôle de proxénète dans Le Grand Pardon, en 1981. C’est à partir des années 1980 qu’il commence à tenir aussi les premiers rôles, au cinéma dans Mort un dimanche de pluie, L’Été en pente douce, au théâtre dans la pièce phare de Harold Pinter, L’Anniversaire, en 1987. Cette mise en scène de Jean-Michel Ribes lui fait aussi rencontrer Agnès Jaoui avec laquelle il compose bientôt « JaBac », un duo légendaire dans la vie, sur scène, à l’écran et aussi pour l’écriture de scénarios.
C’est avec des comédies qu’il entre dans les cœurs du public. Pour Smoking/No Smoking, d’Alain Resnais, il assure, avec Agnès Jaoui, l’écriture du scénario et reçoit un César. Trois ans plus tard, le couple récidive avec Un air de famille, adapté par Cédric Klapisch pour le cinéma.
Les meilleurs scènes avec Jean-Pierre Bacri
Le Goût des autres
Et il continue à peupler le grand écran avec ses histoires ou en tant qu’acteur avec des personnages hauts en couleurs dont son rôle fétiche de grand râleur, par exemple dans Didier, d’Alain Chabat, On connaît la chanson, d’Alain Resnais, Le Goût des autres, d'Agnès Jaoui, avant de donner la réplique à Catherine Deneuve dans Place Vendôme, le drame réalisé par Nicole Garcia.
Il n’a pas peur de s’attaquer avec Alain Chabat au script d’Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre» et s’engage aussi aux côtés de Jamel Debbouze pour raconter le racisme ordinaire dans Parlez-moi de la pluie, réalisé par Agnès Jaoui avec laquelle il reste très lié, même après leur séparation en 2012.
Photo de famille, tourné en 2018, entre autres avec Vanessa Paradis, sous la direction de Cécilia Rouad, reste l’un de ses derniers films. Et, l’ironie de l’histoire veut qu’il s’y retrouve de nouveau à relever le défi d’un enterrement…
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