Jean-Pierre Ferland (1934-2024): Le petit roi est mort | TVA Nouvelles
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Jean-Pierre Ferland (1934-2024): Le petit roi est mort

Jean-Pierre Ferland, un Grand de la chanson québécoise, est décédé samedi soir à l’âge de 89 ans. Il laisse dans le deuil sa fille Julie et son fils Bruno, ainsi que sa conjointe des deux dernières décennies, Julie Anne Saumur. 

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M. Ferland avait été hospitalisé le 14 février dernier au CHSLD Desy à Saint-Gabriel-de-Brandon, dans Lanaudière, a annoncé sa famille samedi, par voie de communiqué.

«La famille tient à remercier chaleureusement toute l’équipe médicale dont l’accueil, le professionnalisme et la chaleur humaine ont contribué à rendre ces dernières semaines empreintes d’humanité, de respect et de compassion», a-t-il été ajouté.

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Ferland a été un des plus prolifiques créateurs québécois avec plus de 450 chansons, 30 albums et quatre comédies musicales à son actif. Il a aussi été honoré à plusieurs reprises. En 2003, il a été nommé chevalier de l’Ordre national du Québec, puis il a reçu la Médaille d’honneur de l’Assemblée nationale en 2009. L’année suivante, il est fait officier de l’Ordre de la Pléiade, avant de recevoir en 2016, le titre de Compagnon de l’Ordre des arts et des lettres du Québec. 

Un parcours exemplaire 

Même s’il n’a pas fini son secondaire, Jean-Pierre Ferland travaille d’abord comme comptable avant d’être embauché, en 1956, en tant que commis pour le service des nouvelles de Radio-Canada. En parallèle, il aiguise sa plume en écrivant des chansons et en grattant sa guitare pour trouver des mélodies. Il chante pour la première fois à la télévision, en janvier 1957, dans l’émission À la romance, de Lucille Dumont, et sort un premier disque dans la foulée, produit par Henri Bergeron.

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En 1959, il fait partie de la troupe Les Bozos, dans laquelle on retrouve Clémence Desrochers, Raymond Lévesque, Hervé Brousseau et Claude Léveillée, tout en conservant son emploi d’annonceur à Radio-Canada.

Grâce à Chansons sur mesure, à Radio-Canada, il écrit Les immortelles. Le succès est immédiat. L’émission lui demande d’écrire une autre chanson, ce sera Feuilles de gui, un nouveau succès qui lui permet également de remporter le grand prix du Gala international de la chanson. La carrière solo de Jean-Pierre Ferland est lancée.

Il se partage alors entre la France et le Québec, alternant les représentations des deux côtés de l’Atlantique. Il multiplie les enregistrements, dont la chanson Fleur de macadam qui naît durant cette période faste, les tournées et accumule les prix en tous genres. En 1968, après avoir passé beaucoup de temps en France, il rentre au Québec avec la chanson Je reviens chez nous, qui reste encore un de ses plus grands succès autant ici qu’en France. Il reçoit le prix de l’Académie Charles-Cros pour ce titre.

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Un tournant musical 

En 1970, Jean-Pierre Ferland marque un tournant dans l’histoire de la musique québécoise en publiant son album Jaune, sur lequel il explore de nouvelles sonorités et qui tranche avec le style chansonnier alors en vogue. Des musiciens prestigieux comme Tony Levin et David Spinozza ont collaboré à cet album mythique. Le talent et la popularité de Ferland sont au sommet, il enchaîne les tournées et les grands spectacles à la Place des Arts. L’année suivante, il récidive avec le double album Soleil et poursuit sur la même lancée.

En 1974, le chanteur acquiert une autre dimension en écrivant le magnifique duo T’es mon amour, t’es ma maîtresse qu’il interprète avec Ginette Reno. Le 24 juin 1975, jour de son 42e anniversaire, les célébrations de la Saint-Jean qui se déroulent dans le parc du Mont-Royal offrent un spectacle en son honneur avec la présence de Renée Claude, Emmanuelle, France Castel et Ginette Reno, cette dernière obtient un véritable triomphe avec son interprétation de Un peu plus haut, un peu plus loin. Cette même chanson marquera les retrouvailles de Ferland, Reno et Céline Dion sur les plaines d’Abraham, à Québec, en 2008.

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Les festivités de la Saint-Jean, l’année suivante, marquent également les esprits avec un concert mémorable réunissant Robert Charlebois, Gilles Vigneault, Claude Léveillée, Yvon Deschamps et Jean-Pierre Ferland. L’événement donne même lieu à un album, Une fois cinq, qui obtient le prix de l’Académie Charles-Cros.

À partir de 1978, Jean-Pierre Ferland s’intéresse davantage à la télévision. Il anime d’abord Faut voir ça, suivi d’une émission estivale Station Soleil, de 1981 à 1987, ainsi que L’autobus du show-business, de 1987 à 1989, dont il est aussi le coproducteur. Il finit son cycle à la télévision avec une autre émission d’été, en compagnie de Pierre Nadeau, intitulée Ferland-Nadeau en vacances.

Un retour en force 

Après huit ans d’absence, Jean-Pierre Ferland renoue avec la musique en sortant l’album Bleu, blanc, blues, qui comprend notamment la chanson T’es belle. C’est aussi un retour triomphal sur scène, qui se poursuit avec la sortie de Écoute pas ça, en 1995, dont la chanson Une chance qu’on s’a va devenir un classique de son répertoire. Durant toute cette décennie, Ferland enchaîne les spectacles à la Place des Arts, au Corona ou au Casino de Montréal, et un peu partout dans la province.

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Des adieux prolongés 

À 72 ans, Jean-Pierre Ferland est fatigué d’être sur la route en permanence et il décide de faire une grande tournée d’adieu qui se termine en apothéose avec une soirée sur les plaines d’Abraham, et un ultime spectacle au Centre Bell. Mais il est victime d’un AVC quelques heures avant de monter sur scène à Montréal. Le spectacle est reporté en janvier 2007, mais ce ne sera finalement pas non plus de véritables adieux.

Jean-Pierre Ferland est sorti de sa retraite, l’année suivante, pour participer à un spectacle de Céline Dion pour les fêtes du 400e anniversaire de Québec. En 2011, il monte encore sur scène pour plusieurs spectacles aux FrancoFolies de Montréal et au Festival d’été de Québec. En 2013, c’est à la télévision qu’on le retrouve en tant que coach pour la première saison de l’émission La Voix.

Incapable de renoncer à la scène et à la musique, Jean-Pierre Ferland quitte régulièrement son havre de paix à Saint-Norbert, dans Lanaudière, pour aller à la rencontre du public. Infatigable, il a sorti un dernier album, Je n’veux pas dormir ce soir, au début de 2021, dans lequel il reprend plusieurs de ses grands succès avec des musiciens vedettes comme Angèle Dubeau, 2Frères ou Tony Levin.

Cinq albums marquants  

  • Jaune (1970): 10e album studio de Jean-Pierre Ferland. Il s’agit d’un album-concept, sur lequel figure Le petit roi, Le chat du café des artistes et Quand on aime on a toujours 20 ans. 
  • Soleil (1971): Suite logique de Jaune, cet opus est un album double à l’époque de sa parution en vinyle. Il permet au parolier de mettre la main sur un prix du meilleur auteur-compositeur-interprète du Gala des artistes de 1972 et de se classer au 18e rang des 50 meilleurs disques québécois. L’album a depuis été remastérisé. 
  • Les vierges du Québec (1974): Un peu moins audacieux que ses prédécesseurs, ce 12e album complète la trilogie initiée par Jaune et Soleil. On peut y entendre les titres à succès T’es mon amour, t’es ma maîtresse et Qu’est-ce que ça peut ben faire. 
  • Écoute pas ça (1995): enregistré à la Cabane à sucre de Jean-Pierre à Saint-Norbert, au Studio Piccolo et au Studio Victor, ce 19e album studio est notamment l’hôte de l’iconique pièce Une chance qu’on s’a
  • Bleu, blanc, blues (1992): Avec cet opus, Jean-Pierre Ferland obtient une nomination à l’ADISQ dans la catégorie Album de l’année/populaire, Spectacle de l’année et Scripteur de spectacle de l’année. Sur cet album figure entre autres la pièce T’es belle
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