Propos enregistrés. Laurent Wauquiez assume, contre-attaque et s’impose
Le président des Républicains, sous le feu des critiques depuis la diffusion de petites phrases assassines, est sorti du silence mardi soir, sur BFMTV. Pour reprendre la main.
Laurent Wauquiez est sorti du silence mardi soir, après « quatre jours de déchaînement médiatique totalement surréaliste » à son encontre. Vivement critiqué pour les propos qu’il a tenus devant une classe de l’EM Lyon, le président des Républicains s’est défendu sur le plateau de BFMTV en passant à l’attaque.
« Une droite qui ne s’excuse pas »
Plutôt que de faire acte de contrition, il assume tout - ou presque - et se pose en victime. D’une « manipulation » des journalistes qui se sont procurés l’enregistrement de son cours, d’abord. Du « système médiatique » en général, ensuite, qu’il accuse de pratiquer le « deux poids, deux mesures » en s’en prenant violemment à lui, mais ferait preuve de complaisance à l’encontre des écarts de langage d’Emmanuel Macron. « J’ai décidé de porter plainte et de saisir le CSA », annonce-t-il rapidement.
A-t-il commis des erreurs ? Une seule : « Je n’ai pas mesuré le degré de violence et de manipulation dont sont capables des journalistes pour abattre certains hommes politiques. On ne m’y reprendra plus. » Regrette-t-il ses propos ? Son commentaire à l’encontre de Nicolas Sarkozy, qu’il a accusé d’espionner ses ministres, oui. « C’est le seul que je regrette. Et celui-là, vraiment. » Il s’est excusé auprès de l’ancien Président parce qu’il a « une profonde estime pour la personne ».
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Et pour le reste ? Sa sortie sur Valérie Pécresse ? « Uniquement un trait d’humour. » Sur Alain Juppé ? Gérald Darmanin ? Le Medef et la CGPME ? Il maintient tout, « l’assume très clairement » - voire alourdit la note concernant les députés En Marche : « Je pense qu’en utilisant le terme de « guignols », j’ai été très sobre. »
Ses adversaires exigeaient des excuses à grands cris ? Ils n’en auront pas, bien au contraire. Se posant en nouveau représentant d’une « droite énergique, qui assume ses idées, qui ne s’excuse pas », Laurent Wauquiez a pris le parti de transformer l’incident à son avantage. À l’image des défauts qu’il fait mine de concéder : « Oui, j’ai un défaut, je suis un peu trop direct, pas assez dissimulateur. »
Premier opposant à Macron
C’est cette liberté de ton qui serait visée dans toute cette histoire. « Mon grand crime est d’avoir une parole libre », dit-il. Contrairement aux « politiques qui ne disent plus rien, qui ne pensent plus rien et qui, à l’arrivée, ne transforment pas le pays », Wauquiez assure à plusieurs reprises qu’il n’a « pas de double discours ». Affirme que ça plaît - « Ce que je crois, c’est qu’il y a beaucoup de Français qui pensent exactement la même chose » - et promet qu’il ne changera rien : « Je ne baisserai pas les bras. »
Populiste, suffisant, un peu court dans ses explications ? Laurent Wauquiez ne fera pas taire les critiques à son encontre, et il le sait. Il est clivant, mais il assume. C’est probablement la seule carte qu’il avait à jouer pour se sortir de son mauvais pas. Mais en la posant sur la table, comme il l’a fait hier, il s’impose désormais pleinement comme le premier opposant à Emmanuel Macron.
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