Berry : une centaine de soignants membres de "Réinfo Covid", ce site qui questionne la stratégie vaccinale - France Bleu
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Berry : une centaine de soignants membres de "Réinfo Covid", ce site qui questionne la stratégie vaccinale

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Dans un contexte tendu autour des questions liées au vaccin, France Bleu Berry donne la parole à ceux qu'on entend peu : des médecins de Réinfo Covid, ce site qui s'est donné pour mission de "réinformer" les Français. On leur a posé plusieurs questions pour tenter de comprendre leurs doutes.

La vaccination est possible dès l'âge de 12 ans. Photo d'illustration La vaccination est possible dès l'âge de 12 ans. Photo d'illustration
La vaccination est possible dès l'âge de 12 ans. Photo d'illustration © Radio France - Théo Sire

Ils ne prennent pas souvent la parole dans les médias. France Bleu Berry a pu échanger avec deux médecins de l'Indre et du Cher qui doutent face à la situation sanitaire actuelle en France et aux réponses apportées par le gouvernement. Tous les deux sont porte-paroles du collectif Réinfo Covid : un site internet à portée nationale créé il y a un an et qui compte une centaine de membres dans le Berry. Parmi eux, des soignants, des infirmiers, des pharmaciens et des médecins... 

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Un site qui s'est donné pour mission de "réinformer" les Français à propos du Covid-19, alors que tous les samedis depuis maintenant six semaines, plusieurs centaines de personnes se réunissent à Châteauroux et à Bourges contre le Pass sanitaire. Dans le cortège, de nombreux manifestants dubitatifs face au vaccin et qui reprochent aux médias de ne donner la parole "toujours qu'aux mêmes". France Bleu Berry a donc décidé d'interroger Jean-Jacques Coulon, médecin généraliste à Bourges et porte-parole régional de Réinfo Covid et Marie Fabre-Grenet, pédiatre à Châteauroux et porte-parole du collectif pédiatrique affilié à Réinfo Covid.  Le docteur Christian Moreau, secrétaire général de l'Ordre des Médecins et collaborateur pour l'ARS (l'agence régionale de santé) en Centre Val-de-Loire, répond également aux questions.

  • Le vaccin Pfizer, est-ce une thérapie génique ?

Marie Fabre-Grenet : une thérapie génique, c'est différent. Le vaccin Pfizer est bien un vaccin. Il est différent de ceux dits classiques puisqu'il utilise la technologie dit à ARN Messager. Ce vaccin va ordonner à nos cellules de fabriquer la fameuse protéine Spike - celle qui se trouve à la surface du virus - pour nous immuniser contre. Les vaccins AstraZeneca et Janssen, utilisent des adénovirus : des virus inoffensifs modifiés génétiquement. Ces virus qui sont bénins sont injectés et vont fabriquer la protéine Spike dans la cellule. Avec les quatre produits que nous avons à notre disposition aujourd'hui, les virus dans nos cellules produisent des protéines Spike pendant un temps donné qu'on ne contrôle pas encore complètement et qui vont être reconnues comme des protéines étrangères et contre lesquelles nous allons nous immuniser.

Christian Moreau : le vaccin à ARN Messager n'est pas une thérapie génique.  Un des arguments des anti vaccin, c'est de dire que parce qu'on injecte de l'ARN on va modifier son code génétique. C'est inexact. Il n'y a aucun argument, aucune donnée qui permette de penser que l'ARN puisse modifier notre code génétique.  On injecte une dose infime d'ARN dans l'épaule de quelqu'un. Cet ARN va faire que - localement - les cellules de l'épaule vont se mettre à synthétiser des protéines Spike, des protéines du Covid - et ce sont elles qui vont fabriquer nos anticorps. Au bout de quelques heures, l'ARN est détruit. On le sait d'ailleurs parce que le vaccin doit se conserver à des températures très basses, dans des congélateurs spéciaux sinon il est inefficace au bout de quelques heures dans les flacons.

  • Est-ce que le vaccin anti-Covid modifie l'ADN ?

M F-G :  Théoriquement, l'ARN ne retourne pas dans l'ADN. Sauf si, dans la cellule, il y a des enzymes qui s'appellent des transcriptases inverses qui justement permettent cette transcription de l'ARN vers l'ADN. Il y a donc une hypothétique possibilité mais c'est tout de même infime.  

CM : Dans notre corps, c'est l'ADN qui nous fait fabriquer l'ARN. L'ADN fait l'ARN et l'ARN fait la synthèse des protéines mais ça ne marche pas dans l'autre sens. Il y a des cas où un enzyme qui s'appelle la protéine inverse ferait que l'ARN pourrait se retransformer en ADN. C'est une hypothèse. Ça n'a pas été confirmé. La plupart des généticiens, spécialistes de l'ARN, disent que cette hypothèse ne tient pas la route.

  • Est-ce qu'on manque de recul sur cette technologie à ARN Messager ?

M F-G : Le virus est apparu fin 2019-début 2020. On a développé des vaccins à ARN Messager rapidement parce que ce type de vaccin est beaucoup plus rapide à développer. C'est une chance. La technologie à ARN messager est une technologie d'avenir déjà utilisée en cancérologie. Ça fait donc une dizaine d'années que les laboratoires travaillent dessus. Ce n'est pas quelque chose qui est apparu comme par magie en 2019. C'est une technologie qu'on connaissait. Ce qui me pose question, c'est que d'habitude pour développer un vaccin ou une nouvelle molécule, on se donne le temps d'avoir du recul et d'aller au bout des essais cliniques. On a du recul maintenant sur les effets secondaires immédiats mais on en n'a pas sur les effets secondaires à moyen et à long terme. Dans un monde normal, ces vaccins auraient été commercialisés dans cinq ans. Mais, il y a eu une pandémie mondiale. Les gouvernements ont dû faire quelque chose et ont dû apporter une réponse. Le vaccin est l'option qui a été choisie et qui a balayé toutes les autres.

CM : On ne manque pas de recul. Vous imaginez s'il faut qu'on attende que tout le monde ait attrapé le Covid avant de se décider et savoir si on a assez de recul ou pas. Plus que raisonnablement, il était légitime de lancer les vaccins. Il suffit de regarder les pays ou même les départements où le taux de vaccination est faible, c'est la catastrophe. Je ne me bats pas contre mes collègues, je me bats contre le Covid mais je ne comprends pas ceux qui disent qu'on manque de recul et qu'il faut attendre alors qu'on a des produits qui ont prouvé leur efficacité et la preuve de leur innocuité. 

On n'est ni complotistes, ni d'extrême droite, on est des médecins qui voulons comprendre - Marie Fabre-Grenet, pédiatre et membre de Réinfo Covid

  • Les traitements comme l'hydroxychloroquine, l'azithromycine ou encore l'ivermectine sont-ils efficaces ? 

Jean-Jacques Coulon : Chaque patient est un cas et on n'a pas forcément une stratégie linéaire pour tous. C'est une question d'éthique et de responsabilité. Le médecin généraliste que vous connaissez peut et doit vous examiner pour vous donner le traitement qui est le plus à même de vous soigner. J'ai donné des corticoïdes quand ils étaient nécessaires, j'ai également donné un fluidifiant pour la toux mais je ne donnais pas d'ivermectine à l'époque, par exemple. J'ai attendu de voir les résultats d'études faites dans d'autres pays pour savoir si ça pouvait fonctionner. Quand on regarde ce qu'il se passe dans d'autres pays, on voit que certains médicaments donnent de bons résultats. Il faudrait peut-être revoir la stratégie thérapeutique. Ce qui m'a le plus surpris, c'est cette impossibilité de discuter sur ce qui est fait dans d'autres pays. 

CM : Je le regrette mais les études sur l'Hydroxychloroquine et l'Azithromycine ne faisaient pas le poids. Concernant l'Ivermectine c'est plus intéressant puisqu'il y avait plus d'études qui étaient en faveur de ce médicament. Mais d'autres études faites à posteriori, contrôlées, versus placebo etc. ont montré que finalement ça ne marchait pas. J'estime aujourd'hui que la preuve de leur efficacité n'est pas prouvée.

  • Pourquoi, face à la même situation sanitaire, les médecins ne sont pas tous d'accord ?

J-J C : Chacun fait son cheminement de manière différente. De mon côté j'ai fait ce choix parce que - de par mon expérience professionnelle - j'ai continué à soigner des gens, comme d'autres médecins généralistes. J'ai vu des patients atteints du Covid que j'ai soignés avec certaines thérapies, là encore comme d'autres médecins. J'ai vu arriver les effets secondaires des vaccinations, comme d'autres. J'ai peiné à faire les déclarations sur le site de signalement des effets indésirables, comme d'autres probablement... Et donc par rapport à d'autres médecins qui ont vu moins de pathologies que moi, on peut avoir un cheminement différent. C'est très complexe cette situation. On n'a jamais connu ça.

CM : J'ai du mal à comprendre la position de certains de mes confrères. Je comprends qu'ils aient eu des arguments par le passé. Lorsque les études portaient sur 150 cas, ils avaient les mêmes arguments. En janvier, les études portaient sur 45 000 cas, maintenant c'est sur 45 millions et leurs positions n'évoluent pas sur les vaccins ou sur les médicaments. Qu'ils soient encore favorables à certains médicaments jusqu'en janvier dernier, je comprends. Moi-même j'étais favorable à l'ivermectine jusqu'à il y a deux mois environ mais j'ai vu les résultats et ça ne marche pas. Quand 95% d'un corps professionnel et surtout les autorités de santé considèrent qu'il faut aller se faire vacciner, il faut peut-être les écouter.

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