Chapitre V. Au cœur de l’appareil monarchique
p. 179-219
Plan détaillé
Texte intégral
1Vers 1530, la puissance foncière et féodale d’Anne de Montmorency au nord de Paris est incontestable. Cependant, elle ne suffit pas à expliquer le poids croissant que celui-ci occupe dans le traitement des affaires du royaume. Les lettres de la série « L » montrent parfaitement que le Grand Maître a réussi à s’immiscer au cœur de l’appareil monarchique. Directement ou par le biais d’affidés, il intervient dans le fonctionnement de la justice, de l’armée et des finances royales. Toutefois, avant d’explorer son rôle à l’intérieur des institutions centrales, il convient de dégager quelques grandes lignes de force de la correspondance passive du Grand Maître et de son secrétaire.
Un monde d’hommes et de laïques
2Les 3 126 lettres du corpus sont rédigées par 684 personnes1. Ceci représente une moyenne (toute théorique) de 3,7 lettres par individu. L’élément marquant réside dans la surreprésentation des hommes. Sur 684 épistoliers, 6192 appartiennent au sexe masculin, soit 90,65 %. Dans cet univers masculin, les femmes suppléent leur faible représentation quantitative par une plus forte concentration sociale et une plus grande focalisation thématique du contenu de leurs missives, ce qui en fait de précieuses alliées pour le Grand Maître.
Des alliées peu nombreuses, mais précieuses
3Elles ne sont que soixante-cinq à envoyer un total de 120 lettres3, soit 9,35 % des correspondants et seulement 3,9 % des lettres. Le décalage entre les deux pourcentages s’explique par le fait que les 2/3 d’entre elles n’écrivent qu’une seule lettre. Quant aux vingt restantes, elles expédient 73 lettres. Avant d’analyser quelques-unes des caractéristiques des missives féminines, il convient d’en relativiser leurs données. En effet, ne sont mentionnées que les missives contenues dans la série « L », ce qui entraîne l’absence de la reine de Navarre4, et la sous-représentation de Louise de Savoie5. Cependant, le problème de méthode soulevé par ces absences n’interfère pas réellement sur la répartition globale par sexe. En effet, les missives des deux femmes se trouvent dans des manuscrits de la BnF. Leur prise en compte aurait signifié celle parallèle des lettres de tous les correspondants masculins conservées dans les mêmes fonds.
4La première remarque concerne la répartition entre le Grand Maître et son secrétaire. On retrouve globalement la même différence que pour l’ensemble de la correspondance, à savoir 2/3 des lettres (79 précisément) pour le premier et le 1/3 restant, soit 38 missives, pour le second. Cette adéquation induit la deuxième remarque qui pose le problème de la représentativité sociale. Les dames de la noblesse, dont les maris appartiennent à des lignages connus dans le royaume, voire en Europe6, écrivent majoritairement au Grand Maître, sans passer par son secrétaire dont les correspondantes se recrutent plus au bas de l’échelle sociale. Catherine Meignet et la femme Prichon habitent Amboise ou ses alentours7, c’està-dire à proximité immédiate de la principale zone d’achats fonciers du secrétaire. Marie Baret a laissé 2 lettres au secrétaire. La première est écrite d’Espagne et donne des nouvelles de sa santé8. La seconde est rédigée à Amboise et concerne un office à la cour9. Marie est femme de chambre du duc d’Orléans entre 1528 et 1532, avec des gages annuels de 120 livres10. Quant à Jeanne La Raie, elle est lavandière du linge de bouche11. Grâce à elles, Nicolas Berthereau obtient des informations sur les enfants du roi et leurs témoignages sont d’autant plus précieux que Marie et Jeanne ne représentent probablement qu’un maillon parmi les relais disposés à l’intérieur du monde des domestiques et des officiers curiaux subalternes (femmes de chambre, fourriers, garde-robes…), vivant quotidiennement une partie de l’année en contact avec les princes et donc étant à l’affût du moindre changement d’humeur ou du premier symptôme de maladie. Anne Courtois est la femme du médecin orléanais Laurent Crabbe. Quant à Jeanneton Rougemond, son billet ne donne aucun renseignement permettant de la situer socialement12.
5La seconde remarque insiste sur les liens de parenté unissant les deux hommes à leurs correspondantes. Sur les soixante-cinq épistolières, vingt-six13, soit 40 %, signent en faisant état d’un lien de parenté. Louise de Savoie se présente comme la tante d’Anne de Montmorency depuis janvier 1527, date à laquelle le Grand Maître a épousé Madeleine de Savoie, sa nièce. Louise de Montmorency, Marguerite de Savoie et Charlotte d’Humières sont respectivement les sœur et belles-sœurs du seigneur de Chantilly. Anne Lascaris, comtesse de Tende est sa belle-mère. Anne de Laval est la fille de Guy de Laval et d’Anne de Montmorency, beau-frère et sœur du Grand Maître. Seize correspondantes sont des cousines dont le lien est attesté par la généalogie. Ce lien est à géométrie variable. Le cousinage est incontestable dans le cas d’Anne Gouffier, de Marie de Hornes, d’Hélène de Hangest, des sœurs Luillier et d’Alix Pot. Il semble plus ténu pour Françoise d’Azincourt, épouse d’un Villiers de L’Isle-Adam, pour Antoinette de Villiers, issue de l’une des nombreuses branches de ces mêmes Villiers. Pour Marie d’Acigny (ou d’Acigné), Madeleine d’Astarac, Madeleine Lameth et Philippes de Moussures, le lien ne paraît pas établi avec netteté, à moins de remonter à quatre ou cinq générations14. La différence soulignée par les sociologues entre lignage et parentèle ne semble pas pertinente15. Marie d’Athies signe « vostre allyée », bien qu’elle soit l’épouse de Louis de Hangest, sieur de Montmort, apparenté à Hélène de Hangest la veuve d’Artus Gouffier, cousin du Grand Maître par sa mère Philippe de Montmorency. Elle peut donc se réclamer de sa parentèle au même titre qu’Antoinette d’Amboise qui signe « vostre cousine »16. Aucune logique apparente ne permet d’apporter de réponse satisfaisante puisque l’objet des lettres qu’elles adressent au Grand Maître est identique. En effet, toutes les deux formulent une demande d’intercession de leur cousin. Marie espère son aide afin d’obtenir pour son mari un office de maître d’hôtel du roi17, tandis qu’Antoinette désire qu’il favorise la récupération à son profit et celui de son mari, de la confiscation des amendes d’un bourgeois de Bourges nommé Guillaume Compaing18.
6Aux vingt-six femmes liées au Grand Maître, il faut ajouter les deux belles-sœurs de son secrétaire, Jacqueline Brodeau et Catherine Cueur, ainsi que la femme et la belle-mère de M. de La Mairie, l’un de ses proches serviteurs. Mme de La Mairie, Anne de La Fontaine, tient même l’office de dame d’honneur de la Grande Maîtresse. Ce sont alors trente correspondantes, soit 46 %, qui sont ou bien des parentes d’Anne de Montmorency (26), ou bien des parentes de son secrétaire (2), ou bien encore des femmes évoluant dans l’entourage immédiat des deux hommes (2).
7La dernière spécificité des lettres féminines est déduite de la comparaison entre les noms des correspondantes et ceux des correspondants. Elle montre que vingt et une de celles-ci, soit un tiers, sont soit les épouses, soit les mères de correspondants d’Anne de Montmorency. En cumulant le nombre des parentes, avec ceux des épouses de proches collaborateurs du Grand Maître et des épouses de personnages en relation épistolaire avec Anne de Montmorency (et n’étant pas des parentes par ailleurs19), on arrive à un total de quarante et un noms, ce qui représente 63 % du total des correspondantes. Ainsi, la tendance caractérisant les missives des femmes envoyant des courriers au Grand Maître paraît fondée sur deux critères qui sont, l’un la mise en avant d’un lien de parenté et l’autre le fait que le mari est aussi (ou, serait-il plus exact de dire « déjà » ?) en relation avec Anne de Montmorency. Il faut ajouter que dans un certain nombre de cas, la femme se substitue à son mari absent. Cette substitution peut être définitive, quand l’époux est décédé. L’exemple-type est celui de la comtesse de Tende, belle-mère du Grand Maître, qui, après le décès de son mari René, Grand Bâtard de Savoie, en 1525, concrétise l’alliance de sa Maison avec celle de Montmorency par le mariage de sa fille Madeleine avec le Grand Maître. L’absence peut aussi se révéler temporaire. C’est le cas pour Marie d’Athies, Anne Courtois et la femme Prichon. Dans ce cas-là, l’épouse remplace le mari et assume à sa place ce qui lui est demandé par la lettre qu’elle reçoit. La prise de décision vient de leur chef (même si elles en réfèrent au mari). Dans les deux cas d’absence de l’homme, les correspondantes du Grand Maître prouvent qu’elles sont parfaitement capables de diriger les affaires de leur époux. Elles n’hésitent pas à solliciter à leur place, peut-être dans l’espoir d’amadouer plus facilement le Grand Maître, comme cela semble être le cas pour Marie Quoquelet, épouse du lieutenant du château de Vincennes.
8L’une des obligations incombant à un chef de lignage est d’être consulté sur les questions matrimoniales. On requiert son avis, son consentement, ou son aide pécuniaire afin d’unir deux familles dont l’une au moins est proche de la sienne.
9L’oncle maternel d’Anne Pot, Amboise de Villiers, seigneur de Vallangoujart, et son épouse Françoise d’Azincourt ont une fille Madeleine. Celle-ci est convoitée par deux gentilshommes. Soucieuse de la marier au meilleur parti possible, Mme d’Azincourt écrit au Grand Maître afin que celui-ci l’aide à choisir le bon prétendant :
« Monseigneur, je me recommande très humblement à vostre bonne grace. Monseigneur, il y a des gentils hommes qu’ils veulent avoir ma fille en mariaige. L’un s’appelle Offegnies et l’autre Rocquencourt. Ce porteur vous en dira plus au long. Je vous supplis qu’il vous plaise me faire cest honneur de me mander vostre bon aidans. Je ne veulx riens faire sans vostre bon conseil, qui sera la fin, suppliant nostre seigneur, monseigneur, vous donner très bonne vie et longue, Vostre très humble et obéissante servante20. »
10Odette Luillier envoie des nouvelles du duché de Lorraine. Entre deux informations politiques21 (rumeur d’une invasion turque en Hongrie, annonce de la réception de nouvelles concernant l’état de santé de M. de Vaudémont), Mme de Stainville évoque le projet de mariage que le duc de Lorraine a concocté entre la fille de Mme de Stainville et le comte de Salm. Elle annonce qu’
« il a pleu à mondit seigneur de faire conclure ce maryage et set font fort que n’an séryés point mal constant et m’a pourmys qui vous en escriret, de sorte que me tiendrés bien pour escuzée… car de ma part, je heu bien grant regret que l’on n’a atandeu vostre réponse22 ».
11Madeleine de Lameth, femme de Charles de Wissocq, seigneur de Robécourt lance deux appels23 au Grand Maître à propos du mariage de sa fille avec le vicomte de Soissons. Elle ne demande pas son aval, mais le prie d’intervenir auprès du roi pour que ce dernier assigne de l’argent (Madeleine a besoin de 300 écus) sur le receveur de Picardie. Ainsi, « ceret cauze que ma fille pouret ettre bien mariée et en bonne grosse alience24 ». Enfin, Jeanne de Popincourt se plaint au Grand Maître en récriminant contre les promesses non-tenues du roi et de Madame (Louise de Savoie) qui lui avaient fait espérer un don de 1 000 écus lors de son mariage avec M. de Neufville25.
12Ces billets renseignent sur les pratiques nobiliaires. Ce sont les femmes qui effectuent les démarches auprès d’un puissant personnage pour régler les affaires matrimoniales. En outre, il semble exister une réelle géographie de « l’influence matrimoniale » du Grand Maître qui s’exerce sur le nord et l’est du royaume, ainsi que sur les marges frontalières. Les deux prétendants de la fille de madame d’Azincourt sont picards. L’un est seigneur d’Offignies, l’autre seigneur de Rocquencourt26. Madame de Lameth veut unir son lignage à la maison des vicomtes de Soissons, importante cité picarde, alors qu’elle-même est mariée au seigneur de Robécourt27. Odette Luillier a épousé Louis de Stainville28. Mais un acte de la chancellerie daté du 11 juillet 1527, ordonnant de lui verser un don de 500 livres, la désigne comme sa veuve29. Cela pourrait expliquer l’empressement du duc de Lorraine à marier la fille d’Odette, soit que le don royal ait servi à favoriser le mariage, soit que le duc ne veuille pas laisser une héritière seule, soit les deux à la fois.
13L’influence géographique se double de liens de sang. Sur les quatre correspondantes du Grand Maître, trois sont des parentes. Madame de Vallangoujart est une grand-tante par alliance. Mesdames de Stainville et Robécourt sont des cousines. Madame de Robécourt signe « vostre très humble et très obéissante cousine ». Madame de Stainville termine ses lettres par « vostre très humble cousyne et servante », tandis que le comte de Salm, son gendre, signe « vostre serviteur et allié ». L’intérêt de ses formules réside dans leur comparaison avec celle utilisée par madame de Vallangoujart qui ne se sert aucun terme de parenté pour conclure sa lettre (« vostre très humble et obéissante servante »), bien que le lien avec le Grand Maître soit plus proche que pour mesdames de Stainville et de Robécourt. L’hypothèse de l’éloignement géographique en partie compensé par le rappel par écrit du lien unissant le Grand Maître à ses correspondantes, donnant aussi plus de poids à la demande formulée dans la missive, pourrait expliquer ledit rappel.
14Enfin, deux des épistolières n’hésitent pas à réclamer de l’argent. Les sommes demandées sont confortables, 1 000 écus pour madame de Neufville et 1 200 écus pour madame de Lameth. À titre de comparaison, Anne Pot, la mère du Grand Maître, avait reçu une dot de 6 000 écus lors de son mariage en 1484, tandis que Madeleine de Savoie recevait de sa mère la comtesse de Tende, 25 000 écus à l’occasion de ses noces avec Anne de Montmorency en 1527 et 25 000 autres écus de la part du roi30. Le rapport de 1 à 25 dans les sommes que le roi consacre à l’installation des nouveaux couples fréquentant sa cour établit bien les hiérarchies et l’éventail des largesses royales. De plus, lorsque le souverain, se trouve dans l’incapacité d’honorer une promesse de don de 25 000 autres écus, il compense son manque chronique31 de liquidités par un don foncier qui ampute le domaine royal des revenus du comté de Beaumont-sur-Oise32.
15Différence de statuts, différence de position à la cour. Anne de Montmorency n’a pas besoin de recourir à un intermédiaire pour parler au roi, mais il remplit le rôle de médiateur pour un certain nombre de quémandeuses, dont quelques-unes se réclament de sa parentèle pour espérer obtenir la réalisation d’une promesse faite par le monarque. Parfois, à l’instar de madame de Robécourt, il leur faut insister pour espérer avoir gain de cause. Ce qui peut signifier que le Grand Maître ne donne pas toujours suite aux suppliques qui lui sont adressées par ses parents et alliés.
16Les correspondantes du Grand Maître et aussi celles de son secrétaire, ne s’adressent pas à eux par hasard, mais les lettres qu’elles rédigent s’inscrivent dans une triple logique de proximité familiale, géographique et sociale. Quatorze correspondantes, soit 22 %, composent une minorité non négligeable pour laquelle aucun des trois éléments n’est attesté. Pour les 78 % restants, l’un des trois caractères, au moins, est présent. Pour autant, malgré des formules de politesse insistant sur les obligations de service renouvelées, toutes les correspondantes ne sont ni des fidèles, ni des servantes du Grand Maître et de son secrétaire. Cette constatation peut être étendue aux hommes, et particulièrement aux membres du clergé.
Du bon usage du clergé
17On ne compte qu’une cinquantaine de clercs parmi les 620 hommes écrivant à Anne de Montmorency et à son secrétaire, ce qui ne représente que 8 % des correspondants33. Il faut une fois de plus garder à l’esprit que les statistiques proposées ne reposent que sur la correspondance passive de la série « L ». Cela signifie que pour le chancelier Duprat, archevêque de Sens, Jean Du Bellay, évêque de Bayonne, François de Tournon, archevêque de Bourges, François de Dinteville, évêque d’Auxerre et Jacques Colin, abbé de Saint-Ambroise, pour ne citer que ces cinq hommes, le nombre des lettres dont ils gratifient le Grand Maître et son secrétaire est supérieur à celui proposé ici34. Toutefois, malgré ce défaut et l’incidence certaine qu’il implique sur les pourcentages mêmes, cela ne remet pas en cause globalement l’analyse proposée et les perspectives dégagées. Elle pourrait même conforter celles-ci, qui reposent sur trois éléments.
18On peut répartir les ecclésiastiques en trois catégories : les évêques, les abbés et les autres clercs35. Sur quarante-huit personnages, vingt-huit sont des évêques (58 %), sept sont des abbés (15 %) et treize (27 %) appartiennent à d’autres strates du clergé (deux conseillers-clercs au parlement de Paris, cinq membres de l’Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem et six chanoines). En résumé, les 3/4 des clercs épistoliers sont de hauts dignitaires du clergé du royaume. En combinant les chiffres des trois catégories ci-dessus et la répartition des lettres entre le Grand Maître et Nicolas Berthereau, on aboutit au tableau suivant :
Grand Maître | Berthereau | Les deux | Total | |
Évêques | 20 | 1 | 7 | 28 |
Abbés | 3 | 0 | 4 | 7 |
Autres | 5 | 4 | 4 | 13 |
Total | 28 | 5 | 15 | 48 |
19Il n’y a guère que pour la troisième catégorie que le secrétaire fasse à peu près jeu égal avec le Grand Maître. En revanche, pour les deux autres strates, Anne de Montmorency apparaît comme l’interlocuteur privilégié des prélats de l’Église de France. Cette remarque semble particulièrement nette pour les évêques, puisque vingt-sept détenteurs d’évêchés sur les cent quatorze diocèses que compte le royaume au début du XVIe siècle sont en relation épistolaire avec Anne de Montmorency, ce qui, compte tenu des prélats cumulant plusieurs sièges épiscopaux, représente un bon tiers des évêques du moment. Pour expliquer cette proportion importante, on est tout d’abord tenté de la rapprocher des recherches de Marilyn Edenstein et de Michel Péronnet qui ont montré la très forte domination des fils de la noblesse d’épée à l’intérieur du corps épiscopal français sous le règne de François Ier36, à commencer par le propre frère cadet du Grand Maître, Philippe de Montmorency, nommé évêque de Limoges en 1517. Les évêques s’adressent à Anne de Montmorency comme à l’un de leurs pairs qui a l’oreille du roi, plutôt qu’au roturier Nicolas Berthereau.
20Cet indéniable comportement de classe de l’épiscopat français peut tout à la fois être confirmé et nuancé. En effet, parmi les prélats qui correspondent avec Anne de Montmorency, on relève les noms de Guillaume Briçonnet à Meaux, Antoine Filleul (ou Filhol) à Aix, Augustin Grimaldi à Grasse, Oudart Hennequin à Troyes, Jean de Langeac à Avranches, Guillaume Petit à Senlis et François de Poncher à Paris. Ces sept hommes ont en commun d’être généralement considérés comme les principaux vecteurs des tentatives de réforme interne de l’Église de France antérieures au concile de Trente37. Faut-il en conclure qu’aux yeux d’un quart des prélats en relation avec lui, et qui mènent, à l’égal de François d’Estaing à Rodez38, une pastorale dynamique à l’intérieur de leurs diocèses, le Grand Maître s’impose comme l’incontournable rempart face aux progrès de l’hérésie et de la « secte luthérienne » ? La réponse passe par l’analyse de leurs lettres et la comparaison de celle-ci avec l’étude des missives des autres évêques.
21Si leur engagement pastoral est indubitable et leur énergie à réformer les mauvaises habitudes des fidèles et des clercs de leurs diocèses incontestable, les sept prélats réformateurs se comportent vis-à-vis du Grand Maître comme n’importe quel prince de l’Église du temps. Dans la lettre qu’il envoie au Grand Maître, Houdart Hennequin évoque les oiseaux et les cadeaux qu’il expédie à celui-ci, tandis que dans ses missives à Berthereau, il mentionne « les conserves de pruneaux et poires séchées » qu’il offre au Grand Maître et confie au secrétaire ce qu’il pense être les qualités de la future femme que ce dernier choisira : « Je prie Nostre Seigneur vous donner, Monsieur l’esleu, une très bonne, belle, sage et riche femme39. » Guillaume Petit pour sa part, écrit deux lettres à Berthereau par lesquelles il demande au secrétaire d’aider un gentilhomme nommé Pierre Formenton, sieur de Mauconseul, à obtenir un office dans la Maison du dauphin40. François de Poncher donne des nouvelles des oiseaux qu’il destine à Anne de Montmorency41. Guillaume Briçonnet revient part deux fois sur une affaire qui oppose le chapitre de Saint-Malo au Grand Maître42 en sa qualité de capitaine de la ville et du château. Antoine Filleul lui demande d’intervenir afin de faire respecter une décision de justice concernant l’administration du temporel d’un évêché43. Dans cinq de ses six courriers, Jean de Langeac, ambassadeur à Venise, revient sur les affaires de la Sérénissime et de l’Italie, tandis que dans la sixième lettre, il se recommande à lui44. Enfin, Augustin Grimaldi recommande les affaires du seigneur de Monaco au Grand Maître45. À travers les exemples présentés, on s’aperçoit que même de zélés prélats réformateurs partagent les soucis matériels des évêques non-résidents.
22Ainsi François d’Halluin, évêque d’Amiens consacre huit des dix lettres adressées au Grand Maître, à évoquer tiercelets, sacres et autres faucons, une à demander un bénéfice et une à recommander un sien cousin dans le besoin46. De son côté, Antoine Dubois confie à quatre reprises son embarras par rapport à ses terres picardes confisquées par l’empereur en vertu du traité de paix de Cambrai47. Quant à Charles de Villiers-de-L’Isle-Adam, s’il évoque dans l’une de ses lettres une affaire mettant en cause mademoiselle d’Aurigny, une cousine du Grand Maître suspectée d’hérésie par le Parlement de Paris, ses autres lettres à son cousin de Chantilly et au secrétaire de celui-ci font référence à la transmission de son patrimoine entre les mains du Grand Maître, aux oiseaux et aux lévriers qu’il lui destine, voire à l’enterrement de la vie de garçon de Méry d’Orgemont en ajoutant qu’il « ne scay si les dames de ce pays en seront joyeuses, car elles perderont ung fort bon estallon et de bonne renommée48 ».
23Des préoccupations similaires se retrouvent chez M. de Bourges (sur cinq lettres, quatre consacrées aux affaires diplomatiques et une à l’élection de l’une de ses cousines comme abbesse), chez le chancelier (lettres essentiellement dominées par les affaires financières), chez M. de Lisieux (compte rendu des Etats de Normandie), chez les frères Gabriel et Charles de Gramont (nouvelles d’Italie pour l’un et d’Espagne pour l’autre), chez Symphorien Bullioud (qui s’excuse de ne pouvoir donner un bénéfice, mais en propose un autre à la place), chez Louis Chantereau (demande d’office pour son frère), chez Aymar Gouffier (il demande à recevoir des nouvelles), chez Michel Briçonnet (nouvelles d’Italie), chez Meneau de Martres (envoie la réponse du chancelier sur les deniers à envoyer à Lautrec), chez Louis Canossa (demande à être dégrevé de ses frais d’ambassadeur), chez Albert Gast (donne des nouvelles de François Monsieur de Saluces), chez Jean Du Bellay (nouvelles d’Angleterre, puis nouvelles de la cour) ou encore chez Robert Cerralis (recommande quelqu’un)49.
24Même si Bullioud écrit de Septmont, Hennequin de Troyes, Poncher de Paris et Grimaldi de Monaco, on ne peut mettre en avant l’argument de la résidence puisque François d’Halluin rédige huit de ses dix lettres en Picardie, dont cinq de Pernois et que Antoine Dubois écrit à quatre reprises depuis son diocèse biterrois.
25En définitive, les évêques, qu’ils soient impliqués ou non dans les prémices de la réforme interne que l’Église de France commence à mener, n’écrivent pas au Grand Maître pour lui confier leurs épanchements spirituels. Il ressort de leurs courriers que les prélats français des années 1520 partagent les mêmes sujets de préoccupation que celui-ci, à savoir le placement de proches ou de serviteurs dans des offices curiaux ou des bénéfices, la passion de la chasse au faucon et le désir de se tenir au courant de ce qui se passe dans le royaume ou en Europe. Il faut donc chercher ailleurs que dans les débats évangéliques du moment les causes des missives qu’ils lui adressent.
26Sur les quarante-huit ecclésiastiques figurant sur le tableau, treize ont un lien familial ou affectif avec le Grand Maître. De plus, parmi ces treize hommes, huit sont des évêques et cinq des abbés. Le degré de parenté est plus ou moins proche. Les deux membres du lignage Dinteville sont des cousins par les femmes au cinquième et sixième degrés d’Anne de Montmorency50. Le cardinal de Clermont-Lodève, les Gramont, Philippe de Cossé et Jean Pot sont eux aussi apparentés par les femmes et le cousinage est également ténu. Pour Charles de Villiers, son oncle Philippe, Grand Maître de l’Ordre de Saint-Jean et Aymar Gouffier, le lien les unissant à Anne de Montmorency est plus étroit. L’évêque de Beauvais et son oncle sont ses grand-oncle et arrière-grand-oncle maternels, tandis que l’évêque d’Albi est un cousin direct, puisqu’il est le fils de sa tante paternelle. En plus de ces cousinages légitimes par le sang, le seigneur de Chantilly compte, en la personne des deux Le Rouillé, deux descendants de la sœur d’un bâtard de Jean de Montmorency, son grand-père. Enfin, Charles de Martigny, l’un des rares à appeler Anne de Montmorency « Monsieur mon compaigon51 », est l’un des deux parrains de son premier fils (l’autre étant François Ier, qui a donné son prénom à l’enfant). M. de Martigny est d’ailleurs l’un des tous premiers correspondants à le prévenir de la naissance de l’héritier52.
27Le deuxième ferment de cohésion du groupe des clercs épistoliers réside dans les fonctions que sept d’entre eux exercent auprès ou pour le Grand Maître. Parmi ces hommes, les Le Rouillé oncle (Richard) et neveu (René) et Mathieu de Longuejoue ont déjà été rencontrés. Guy Donazren participe à la gestion des seigneuries bourguignonnes. En Méditerranée, Maurice de Jonas commande une galère pour le compte du Grand Maître. Enfin, à ce groupe, se rattache l’abbé d’Aniane qui préside les États du Languedoc, et Philippe de Brebant qui se présente comme le chapelain et orateur du Grand Maître.
28La troisième et dernière cause tient dans l’accomplissement par dix-neuf personnages de tâches pour le service du roi, aussi bien en remplissant des offices domestiques soit au sein de la chapelle royale (grand aumônier, maître de l’oratoire, aumônier du roi, sommeliers de la chapelle), soit comme secrétaire de la chambre du roi ou poète officiel, soit en rendant la justice en son nom (conseillers-clercs au Parlement de Paris ou président de chambre des comptes), soit encore en devenant ambassadeur (à Rome, Venise, Londres, Bruxelles, Madrid)53. Les occasions de servir le souverain sont multiples et permettent d’être en contact avec le Grand Maître. Cependant, il existe un revers à la médaille royale. Lorsque François Ier a besoin d’argent, il n’hésite pas à solliciter son épiscopat. Trois documents de 1527, 1528 et 153154 contiennent les listes des prélats ponctionnés. Sur les vingt-quatre évêques55 concernés, François de Poncher et Guillaume Briçonnet sont ponctionnés à trois reprises, Tournon, François de Dinteville et Aymar Gouffier à deux reprises, Jean Le Veneur, Pierre de Martigny, Pierre Filhol, Antoine Dubois et Charles Villiers de L’Isle-Adam une fois seulement.
29En outre, aux côtés de ces prélats prêteurs, il faut signaler que pour la rançon du roi, Mathieu de Longuejoue avance 3 421 livres, l’archidiacre de Paris Louis Du Bellay (à défaut de son frère Jean, l’évêque de Paris ?), 253 livres et Richard Le Rouillé 190 livres, 2 sous et 6 deniers56. Le parallélisme entre la liste des clercs épistoliers du Grand Maître d’une part, et celle des membres du clergé prêtant de l’argent au roi d’autre part, semble suffisamment probant pour pouvoir avancer l’hypothèse selon laquelle Anne de Montmorency ne serait pas étranger aux avances consenties au souverain de la part de personnes qui lui sont proches. Si une telle explication s’avère plausible, elle induit le déclenchement d’une réaction en chaîne qui permet de comprendre les mécanismes se mettant en place. Pour les prêteurs, faire état de leurs bonnes dispositions à aider le roi et le royaume lors de traversées de passes difficiles les disposent favorablement dans l’esprit du Grand Maître. Pour Anne de Montmorency, l’afflux de réponses positives renforce sa position vis-à-vis de François Ier en prouvant sa capacité à mobiliser des capitaux pour le service du roi. Pour le roi enfin, être capable de solder les mercenaires qu’il utilise dans ses armées soutient, bon an mal an, l’effort de guerre entrepris et sa réputation, toute relative, de bon payeur.
30Les lettres de la série « L » rendent comptent assez fidèlement des contacts entretenus par le Grand Maître. Avec moins de 10 % chacune du corpus, les deux catégories des épistolières et des clercs ne pèsent pas lourds quantitativement face aux gros contingents fournis par les correspondants issus des mondes de la justice, de l’armée et des finances. Toutefois, un point commun peut rattacher les deux minorités au reste des correspondants. Quelle que soit leur qualité, sexe ou état, la plupart des rédacteurs des missives appartiennent aux strates élevées de la population, celles qui côtoient ou entretiennent des contacts réguliers avec le roi et la cour. Ceci est vrai tant pour les femmes et les clercs que pour les représentants de la justice, de l’armée et des finances.
Justice, armée et finances
31Le graphique 8 synthétise les lettres que reçoivent Anne de Montmorency et son secrétaire et les répartit en sept grandes catégories. Le nombre total de personnes apparaissant dans le graphique est de 850 (516 pour le Grand Maître et 334 pour le secrétaire). Ce nombre est supérieur à celui de 619 personnages. Le décalage s’explique par le fait qu’un personnage peut écrire à la fois au Grand Maître et à Berthereau, ce qui le fait comptabiliser deux fois dans le graphique.
32D’emblée, on remarque le nombre élevé de correspondants qui n’écrivent qu’une seule fois. Ils sont 450, soit 53 %, à ne rédiger qu’une lettre. En élargissant cette remarque aux deux colonnes suivantes, ce sont 728 personnes, soit 85,6 %, qui n’expédient au maximum que cinq lettres. Pour les quatre dernières colonnes, soit pour les hommes qui envoient au moins six lettres, le total est de 122 personnes57, et donc 14,4 %. On peut raisonnablement estimer qu’un minimum de 11 lettres écrites au Grand Maître et à son secrétaire sur une période relativement courte de 5 ans, constitue le critère-plancher d’une relation suivie.
33À côté des membres du lignage et de la parentèle, des principaux officiers domestiques majeurs et des serviteurs provinciaux, le tableau met aussi en évidence une forte représentation de membres des trois piliers sur lesquels repose la monarchie : la justice, l’armée et les finances. Bien plus, le Grand Maître semble surtout en contact avec les officiers supérieurs des trois mondes.
Les relations avec les officiers supérieurs de la justice, de l’armée et des finances
34Quatre-vingt-seize correspondants exercent une (ou des) fonction (s) de judicature. Mais, la seule liste nominative des officiers de justice n’apporte rien en soi. Elle doit être complétée par une analyse de la répartition par offices figurant sur le tableau 11.
35La ventilation hiérarchique laisse apparaître la domination des officiers supérieurs de justice. Les officiers des organismes centraux (chancellerie) des cours souveraines (parlements), des cours supérieures (chambres des comptes et chambres des Aides), ainsi que les baillis et les sénéchaux représentent l’écrasante majorité du corpus des gens de justice. Cela reflète bien la place importante tenue par le Grand Maître dans la gestion des affaires du royaume à partir de la fin des années 1520.
36Les cours souveraines et les cours supérieures de justice s’adressent à lui pour qu’il intercède en leur faveur auprès du roi58. À l’intérieur même des parlements, on constate la grande place occupée par les lettres envoyées par les présidents des différentes cours du royaume. Ils sont dix présidents à rédiger des missives au Grand Maître et à son secrétaire. Cela représente la moitié des plus hauts officiers de justice du royaume, puisqu’à la fin des années 1520, le total des présidents des parlements du royaume est de vingt59. En revanche, seuls vingt-deux noms de conseillers ont été relevés. Cette remarque n’a de valeur que comparé au nombre précédent. En effet, vingt-deux conseillers ne représentent que 11 % des 189 conseillers du royaume60. Pour eux aussi, la répartition géographique peut aider à comprendre les rapports qu’ils entretiennent avec le Grand Maître.
37Le royaume compte vraisemblablement une centaine de bailliages et de sénéchaussées sous François Ier61. Avec vingt et un baillis et sénéchaux épistoliers, le Grand Maître et son secrétaire sont en correspondance avec 1/5e de l’effectif total. À ce groupe, se rattachent le prévôt de Paris, Jean de La Barre et le juge-mage (lieutenant du sénéchal) de Nîmes Jean de Montconis.
38En ce qui concerne les cinq chambres des comptes, on s’aperçoit de la présence de quatre présidents sur un total de huit62 : Gérente à Aix, Dorne à Dijon, Commacre en Bretagne et Du Solier à Paris. Pour les autres membres des chambres des comptes, à savoir maîtres, auditeurs ou clercs-auditeurs et correcteurs, le nombre des correspondants se monte à douze officiers, alors que la seule chambre des comptes de Paris abrite neuf maîtres des comptes et trois correcteurs, que celle de Bourgogne se compose de sept maîtres et de huit clercs-auditeurs, que celle de Bretagne fonctionne avec sept clercs-auditeurs, tandis qu’à celle de Montpellier, on dénombre au moins quatre maîtres et trois clercs-auditeurs63. Le seul point faible réside dans la modeste représentation des officiers exerçant dans les trois cours des Aides du royaume, puisque seul Nicole Le Coq, second président de celle de Paris figure dans le tableau 11. Il est vrai que les cours des Aides ne connaissent que les contentieux nés du recouvrement des impôts, ce qui en fait des instances extrêmement spécialisées64, auxquelles un seigneur comme Anne de Montmorency n’a pas recours très souvent.
39Avec seulement deux représentants, la chancellerie est presque absente du tableau 11. En réalité, il faudrait inclure les vingt-deux officiers de finances appartiennent au collège des notaires et secrétaires du roi. Cinq trésoriers : Pierre d’Apestéguy, Philibert Babou, tous deux trésoriers de France, Jean Grolier, Georges Héruvet et Guyot de La Naladière, trésoriers des guerres. Sept généraux : Gilbert Bayard, Antoine Bohier, Jean Breton, Raoul Hurault, Jean Morelet de Museau, Guillaume Preudhomme et Jean Prévost. Quatre receveurs généraux ou commis à une recette générale : Palamède Gontier, Jacques Ragueneau, Jean Ruzé et Jean Testu. Deux élus : Nicolas Berthereau et Jean Le Roy. Quatre officiers aux fonctions diverses : Jacques Colin, Jean Du Val, Nicolas de Neufville et Jean Pointet65. Les trois quarts (73 %) des notaires et secrétaires du roi du tableau sont des officiers centraux, trésoriers, généraux et receveurs généraux, certes recrutés pour leurs aptitudes « à rendre compte et à traduire par écrit la volonté royale66 », mais également doués pour manipuler les sommes importantes rentrant ou sortant des coffres royaux. Leurs courriers ne sont pas strictement en relation avec le fonctionnement de la chancellerie royale. Cependant, ils font référence à des affaires curiales ou étrangères et confirment ainsi les liaisons étroites existant entre le Grand Maître et la chancellerie67.
40Face au contingent imposant des officiers des cours souveraines, des baillis et sénéchaux et des notaires et secrétaires du roi, le monde des petits officiers de justice fait pâle figure avec en tout et pour tout sept personnages68.
41Avec près de cent représentants, le monde de la justice est très présent dans la correspondance du Grand Maître et de son secrétaire. Le groupe des hommes de loi est assez hétérogène puisqu’il rassemble aussi bien les titulaires d’offices réellement judiciaires tels ceux détenus par les parlementaires, les procureurs du roi ou les juges, que des officiers de la chancellerie tels les notaires et secrétaires du roi, l’audiencier et le contrôleur de l’audience, des baillis, des sénéchaux et des prévôts, ou bien encore des spécialistes des contentieux financiers travaillant dans les cours des comptes et les cours des aides. Mais, il existe une seconde distinction à établir. Il s’agit de celle qui sépare les véritables techniciens du droit, diplômés des universités de droit, appartenant à une noblesse de robe en formation, pratiquant une forte endogamie69 et ayant acheté leur charge, et les représentants de la noblesse d’épée installés dans les offices de baillis, de sénéchaux et de prévôts, et détenant par ailleurs d’autres fonctions, notamment celles de capitaines de compagnies d’ordonnance ou de villes royales.
42Maréchal de France depuis 1522, capitaine d’une compagnie d’ordonnance de cent lances depuis 1518, Anne de Montmorency peut être considéré à la fin des années 1520, comme un vieux baroudeur des armées royales. Depuis 1510, il a montré sa bravoure (à défaut de génie) aussi bien en Italie, qu’en Champagne, en Provence et en Picardie70. Il a côtoyé les plus grands capitaines français du temps, tels Gaston de Foix, Bayard et le connétable de Bourbon. En somme, c’est un capitaine parmi les capitaines, reconnu comme l’un des leurs. L’analyse des cent soixante-quatre personnages dont au moins une attribution est liée au fonctionnement des armées du roi, permet de dresser une hiérarchie sociale de ceux-ci.
43La moitié des effectifs du groupe des militaires se compose de capitaines. Le sens du mot est ici strictement réservé aux hommes qui commandent une compagnie d’ordonnance (aristocrates et capitaines français) et à ceux qui louent leurs services et leurs hommes au roi (capitaines étrangers).
44Parmi les aristocrates, on relève deux membres de la famille de Bourbon : Charles, duc de Vendôme et François, comte de Saint-Pol ; deux Stuart : Jean, duc d’Albany et Robert, seigneur d’Aubigny ; un membre du lignage de Foix : Odet, vicomte de Lautrec ; un Gonzague : Federico, seigneur de Bozzolo ; un La Marck : Robert, vicomte de Fleuranges ; un Lorraine : Claude, comte, puis duc de Guise ; Renzo Orsini, seigneur de Cera (ou Cère) ; et Gabriel, marquis de Saluces.
45Cette liste replace le Grand Maître dans le voisinage immédiat de l’aristocratie. Une proximité qui peut être vérifiée par un exemple. Le 1er août 1533, lorsque François Ier fait son entrée dans Toulouse, il est escorté par les seigneurs de sa cour. En leur compagnie, il tient un lit de justice le 4 août suivant. Les greffiers du parlement71 ont minutieusement noté la liste des présents, selon un ordre protocolaire. Le roi est entouré de ses fils, François, Henri et Charles, du roi de Navarre, du duc de Vendôme, du comte de Saint-Pol, du duc de Nevers, du marquis (sic) de Lorraine et du « sieur de Montmorency ». Après ce dernier viennent le chancelier, des archevêques, des évêques et, les présidents du parlement de Toulouse72. À partir de 1527, le premier baron de France est admis à côtoyer le cercle très restreint des grands lignages grâce à quatre éléments qui sont : son titre de maréchal de France, son office de Grand Maître, son mariage et son accession à la charge de gouverneur de la plus grande province du royaume : le Languedoc. Élément le plus visible de sa promotion, la nomination au gouvernorat renforce le rayonnement et l’autorité morale du Grand Maître. En tant que gouverneur, il rejoint le duc de Vendôme, gouverneur de la Picardie depuis 1519, le comte de Saint-Pol, gouverneur du Dauphiné depuis 1526, le roi de Navarre, gouverneur de la Guyenne depuis 1528, le duc de Guise, gouverneur de la Champagne depuis 1524 et le marquis de Saluces, gouverneur de l’Île-de-France entre 1526 et 1528. Comme les autres membres de ce groupe, sa carrière sans faute l’amène au commandement d’une compagnie et au gouvernement d’une province vers trente/trente-cinq ans73. Ce cursus rapide se démarque totalement des carrières d’un Bayard ou d’un Monluc bâties à la force de l’épée. Pour ces deux braves, soit leur parcours stagne à un certain degré d’honneur (Bayard est nommé lieutenant général du Dauphiné vers quarante ans et ne reçoit sa compagnie d’ordonnance qu’à quarante-cinq ans74), soit il ne connaît qu’une progression très lente (Monluc ne devient maréchal de France qu’à soixante-quinze ans75).
46Cependant, malgré les formules flatteuses dont il est gratifié76, le Grand Maître n’appartient pas encore complètement à ce petit milieu des familles régnantes et des lignages des ducs et pairs. Mais il s’extrait petit à petit de son groupe d’origine, celui de la bonne noblesse ancestrale aux responsabilités locales appréciées et favorisées par la royauté, une noblesse fortement représentée dans le deuxième sous-groupe des capitaines, celui des commandants de compagnies.
47Ces chefs de guerre viennent de toutes les provinces du royaume : Picardie, Champagne, Île-de-France, Normandie, Maine, Poitou, Guyenne, Languedoc, Marche, Auvergne, Provence et Dauphiné77. Ils composent l’ossature dirigeante des compagnies d’ordonnances du roi78. En fait, ce qui pourrait apparaître comme une grande dispersion renferme en réalité le premier ferment d’unité du sous-ensemble car tous ces personnages sont issus de lignages ancestraux ou émergés avec la seconde phase de la guerre de Cent Ans au XVe siècle, bien implantés localement et capables de recruter des hommes d’armes et des archers pour les compagnies du roi79.
48La dernière composante du groupe des capitaines est celle constituée par les capitaines étrangers ayant mis leur épée au service du roi de France. Parmi eux, on note la présence de trois Suisses (Jean de Diesbach, Dietrich de Endlispern et Supersax), trois Italiens (Trivultio, Noceto et Stangha), deux Allemands (Albrecht Folker et le comte Wolff) et un Espagnol (Pedro Navarro). Le Bernois Diesbach connaît bien le Grand Maître puisqu’il l’a accompagné lors de son ambassade auprès des Ligues helvètes au cours de l’hiver 1521-152280. Les Trivultio descendent d’une vieille famille de condottières milanais passée au service du roi de France dès Charles VIII81 et n’hésitant pas à mettre leurs biens à la disposition des capitaines de l’armée royale82. Le lignage est récompensé par l’obtention d’un maréchalat (pour Jean-Jacques), puis d’un gouvernorat (Théodore est gouverneur de Lyon entre 1526 et 1532, Pomponio lui succède entre 1532 et 1539).
49Les lettres des capitaines abordent trois thèmes. L’expéditeur envoie soit des nouvelles du lieu où il se trouve (la défense des frontières notamment), soit un compte rendu de la campagne militaire en cours, soit il réclame de l’argent et des hommes83. Là encore, le Grand Maître peut agir puisqu’il connaît bien les officiers de la haute administration financière du royaume.
50À première vue, l’influence d’Anne de Montmorency sur le monde des officiers royaux est limitée. Au regard des mille cinq cent cinquante-sept officiers des finances que compte le royaume au début du règne de François Ier84, ses soixante-dix-sept correspondants ne pèsent qu’un faible poids puisque seulement 5 % des officiers de finances lui écrivent. Cependant, il faut, une fois de plus, faire intervenir le critère qualitatif. Parmi les correspondants du Grand Maître, il convient de distinguer les titulaires d’un office des personnels subalternes employés par l’administration des finances85. Les premiers sont titulaires d’un office donné par le roi. Les seconds sont des clercs ou des commis employés par un officier des finances pour l’aider à accomplir sa tâche86.
51Il résulte de cette distinction que soixante-douze correspondants sont des officiers des finances, deux sont des officiers royaux exerçant en même temps une fonction de clerc ou de commis d’officier royal87, et trois des commis ou des clercs d’officier royal88. Parmi les officiers des finances, vingt-six personnages (un tiers du groupe) sont des officiers centraux. Deux occupent des offices stratégiques puisqu’ils sont secrétaires des finances89. Trois sont des trésoriers de France90. Huit sont des receveurs généraux91. Enfin, treize sont des généraux des finances92. À ce premier groupe, il faut associer celui qui s’organise autour des quinze officiers et commis liés à l’extraordinaire des guerres. Celui-ci compte cinq trésoriers93, auxquels il faut rattacher trois commis94 et sept contrôleurs95.
52Il est frappant de constater la domination des grands officiers de finances sur les autres strates d’officiers. Trésorier de l’Épargne, trésorier des guerres, généraux des finances, receveurs généraux, presque tout le groupe chargé de collecter et de distribuer l’argent du roi au plus haut niveau de l’État figure dans la série « L ». Leur présence permet d’apprécier la place occupée par le Grand Maître à la fin des années 1520. Il ne domine pas encore le conseil royal, mais, dans un contexte de renouvellement des membres influents du conseil, on comprend mieux les courriers des gens de finances adressés au Grand Maître, tel le trésorier de l’Épargne, Guillaume Preudhomme, que le roi mande pour délivrer les paiements des pensions des officiers de la cour, notamment en faveur du Grand Maître96 ; tels aussi les trésoriers de finances Philibert Babou de La Bourdaisière, Pierre d’Apestéguy et Charles de Pierrevive qui travaillent tous les trois sous son autorité97 ; tel encore le trésorier de l’Extraordinaire des guerres, Jean Grolier, qui donne l’ordre de payer les gens d’armes des compagnies d’ordonnances.
53Certes, des noms manquent comme par exemple Philippe Le Tirant, trésorier des finances extraordinaires et parties casuelles entre 1527 et 153098. Cependant, pour la période 1520-1535, sur les vingt-deux noms cités par le CAF et appartenant à l’administration des guerres (commissaires, trésoriers et trésoriers de l’extraordinaire des guerres), deux seulement ne sont pas en correspondance avec le Grand Maître, et encore ne s’agit-il que de deux commissaires : Jean d’Estourmel et Jacques des Champs. Toujours pour la même période, mais cette fois-ci sur les dix-neuf receveurs généraux cités par le CAF, huit ne sont pas en relation épistolaires avec Anne de Montmorency99. Cependant, le chiffre tombe à six si l’on considère qu’Etienne Besnier et Hugues de Malras sont cités dans des lettres adressées au Grand Maître100. Sur les sept trésoriers de France du CAF, cinq écrivent à Anne de Montmorency : Charles de Pierrevive, Philibert Babou, Nicolas de Neufville, Pierre d’Apestéguy, Jean Grolier101. Ces chiffres élevés ne sont rien comparés à ceux des généraux des finances. Sur seize officiers en exercice à la fin des années 1520, treize rédigent des missives au Grand Maître. Seuls Guillaume de Beaune, Henri Bohier et Philibert Thizart ne semblent pas être en contact régulier avec lui. Il faut toutefois tempérer ce palmarès en notant que les contrôleurs généraux sont peu représentés. Ni Jean Le Picard en Bourgogne, ni Guillaume Barthelémy en Bretagne, ni Jean Binet en Guyenne, ni Oudart Hennequin en Outre-Seine, ni, plus surprenant, Gilbert Filhol en Languedoc n’écrivent au Grand Maître. En réalité, depuis la réforme de 1523 créant le Trésor de l’Épargne, le rôle des contrôleurs généraux dans les provinces est réduit à néant, cependant que les titulaires de ces offices demeurent en place, parfois jusqu’à la fin du règne, au grand dam semble-t-il du pouvoir central102.
54Le nombre élevé de hauts officiers de la justice, des armées et des finances parmi les correspondants du Grand Maître et de son secrétaire est un indice relativement fiable de la place et du rôle qu’Anne de Montmorency joue au conseil royal à la fin des années 1520. Toutefois l’étude du contenu des missives qu’il reçoit de ces hommes font apparaître son rôle de coordinateur.
Un rôle de coordinateur
55Pour qui connaît un temps soit peu le règne de François Ier, il ne s’agit pas d’une révélation. En revanche, ce que les missives révèlent c’est, d’une part, l’ampleur de la mobilisation qui touche aussi bien l’armée que les finances ; d’autre part, la rapidité avec laquelle le monde des finances passe du soutien à une économie de guerre à celui d’artisan d’une bataille pour la paix.
56Après les années noires de 1525-1526 marquées par la cinglante défaite de Pavie, la capture, l’emprisonnement, l’humiliation du traité de Madrid et la remise en otage de ses deux fils aînés en échange de sa liberté, François Ier aurait pu s’accorder une pause pour reprendre son souffle et attendre le faux pas de l’empereur. Il n’en est rien. Pensant que la meilleure défense est l’attaque, à peine de retour dans son royaume, il s’agite et suscite la formation d’une ligue européenne regroupant tous ceux que la puissance impériale effraie103. À l’intérieur, il compte ses soutiens. Il peut s’appuyer sur les deux inconditionnelles que sont sa mère et sa sœur. Il sait aussi que les capitaines qui ont survécu au carnage du parc de Mirabello ne demandent qu’à en découdre à nouveau pour laver l’affront subi et qu’à leur suite, c’est toute la gendarmerie du royaume qui rêve de bataille. Reste à trouver l’argent pour reprendre la guerre et solder les mercenaires, et ce malgré le retour des mauvaises récoltes et l’opposition larvée du parlement de Paris.
57Les années 1527-1529 constituent la deuxième phase du sanglant affrontement opposant Charles Quint à François Ier dans la lutte qu’ils se livrent pour l’hégémonie en Europe et tout particulièrement en Italie104. L’expédition de Lautrec d’abord (1527-1528), puis celle de Saint-Pol (1528-1529) induisent un flux de lettres conséquent entre la péninsule et la cour de France, dont les missives de la série « L » ne forment qu’une infime partie. Toutefois, malgré ce handicap, elles montrent de l’intérieur, à chaud, la manière dont quelques-uns des protagonistes de l’épopée tragique de Lautrec ont vécu les différents actes du drame.
58À son retour d’Angleterre (novembre 1527), Anne de Montmorency assume la double charge de mettre en état de défense le royaume et de surveiller l’avance des armées du roi en Italie. À l’intérieur, il centralise les rapports des gouverneurs des provinces sur l’état des fortifications frontalières105. Mais c’est surtout vers l’Italie que se porte son attention. Pour le tenir au courant des opérations, il recourt principalement au service des capitaines engagés dans les opérations. En premier lieu, il est en relation permanente avec les chefs d’expédition. En 1527-1528, Lautrec envoie régulièrement des nouvelles de son avance, puis du siège de Naples106. En 1528-1529, M. de Saint-Pol fait de même107 jusqu’à sa capture à l’issue de la bataille de Landriano, le 21 juin 1529. Anne de Montmorency dispose également des témoignages de Nicolas de Bossut, seigneur de Longueval, de Jean-Jacques de Castion, de Philibert Nagu108. Il peut aussi compter sur les rapports expédiés par Charles Du Solier, seigneur de Morette, défenseur de Savone en 1528109.
59La série « L » possède de nombreuses lettres de M. de Linhac. Son itinéraire le conduit de Paris à Savone, en passant par Lyon, Suze, Gênes (qu’il garde en 1527). Il participe à la défense de Savone en 1528. Après la perte du port ligure, il reste en Italie du Nord en rejoignant l’armée de M. de Saint-Pol par Asti, Alexandrie et Oleggio110. Comme tous les capitaines, M. de Linhac n’a de cesse de se plaindre du manque d’hommes et de moyens111. Il insiste sur les rivalités et les dysfonctionnements qui déchirent le commandement français. Pour s’excuser de la perte de Gênes dont le roi lui avait confié la charge, Linhac assure le Grand Maître que « Monsieur de Saint-Pol amena ma bande avec luy à Millan et si ne tint bien que fusse fort malade à ceste here là, que ne luy disse bien la charge que j’avoys112 ». Dans une autre lettre, il avertit le Grand Maître que : « Je ne seré jamès sous la charge du conte Pèdre de Navarre et m’a trop mal tretté pour le premier cop113. »
60Dans ce contexte fébrile de reprise de la lutte contre l’adversaire héréditaire Habsbourg, le roi de France assigne à son Grand Maître le rôle de maillon central entre l’armée et les finances. Cette position de coordinateur renforce les contacts qu’Anne de Montmorency entretient avec le monde des finances et l’amène à recevoir des lettres en provenance des officiers des finances chargés de suivre la mobilisation, puis les mouvements des troupes royales, nationales et mercenaires, avant d’être les témoins d’une nouvelle déroute, le tout pour une période allant du printemps 1527 à l’été 1529 et pour un théâtre d’opérations qui intéresse le quart sud-est du royaume, les cantons suisses, la péninsule italienne et la partie septentrionale de la Méditerranée occidentale.
61De juin 1527 à janvier 1529, le Grand Maître s’appuie principalement sur le général des finances Raoul Hurault pour la campagne de Lautrec, et le trésorier de France en Languedoc Charles de Pierrevive pour celle de Saint-Pol. Ces deux hommes suivent114 les armées du roi engagées dans la péninsule italienne. Leurs lettres, vingt-trois pour Hurault et dix-sept pour Pierrevive, constituent une source précieuse sur la vision française des expéditions outre monts115. On peut relever quelques différences. Les lettres d’Hurault sont remplies de confiance quant à la suite des événements. Il se laisse même parfois emporter par de petits accès de lyrisme116. Même les problèmes vitaux des arrivées d’argent sont abordés sereinement dans l’ensemble. Non qu’ils n’existent pas117, mais la marche victorieuse, quoique poussive, de Lautrec vers Naples éclipse les failles du système, du moins tant qu’il parvient à vaincre ses adversaires. Chez Pierrevive en revanche, aucun effet de style, l’enthousiasme contagieux de son collègue est remplacé par des craintes constantes concernant le manque d’argent118, le mauvais ravitaillement des armées119 et le comportement des mercenaires120.
62Les courriers des deux hommes ont des points communs. L’itinéraire est le même : les comptes rendus commencent à Lyon (où Pierrevive reste plus longtemps qu’Hurault121). Autour de cette cité sont concentrés hommes, matériels et argent. Puis les armées franchissent les Alpes au col du Mont-Cenis, en passant par Grenoble (1527) ou Chambéry (1528), Montmellian, Saint-André, puis Suze, Rivoli et Moncalieri et Turin122. Autre convergence, ni l’un ni l’autre ne voit la fin de la campagne militaire. Après le 13 juin 1528, Raoul Hurault n’écrit plus. Atteint par la « peste », il décède en juillet, un mois avant Lautrec qui succombe le 16 août. Quant à Pierrevive, sa dernière lettre date du 13 janvier 1529. Il demande son congé afin de revenir en France se défendre des accusations dont il est victime et qui portent sur la manière douteuse dont il a géré l’argent du roi123.
63À la lecture de ces lettres, il apparaît que les deux hommes remplissent une double mission. D’une part, ils sont chargés de s’occuper des comptes financiers des opérations militaires, spécialement dans le domaine des montres des soldats et dans celui de la fourniture du ravitaillement et de les vérifier. De cela, ils rendent compte au chancelier Duprat dont la tâche consiste à délivrer les assignations nécessaires au paiement des hommes de guerre combattant au service du roi. D’autre part, et en parallèle avec les courriers que Lautrec et Saint-Pol dépêchent au roi et à son Grand Maître, ils informent ce dernier de la progression des armées, du moral des troupes et des problèmes liés au paiement des gens de guerre. À l’occasion, ils envoient des nouvelles de ses proches, tels le comte de Tende, son beau-frère, et le baron de Conty, son neveu124. Ils sont tenus d’agir ainsi car le Grand Maître représente l’autorité militaire qui, depuis la cour, supervise les opérations, comme l’y prédispose son office de maréchal de France. En outre, lors de l’expédition de M. de Saint-Pol par exemple, Anne de Montmorency dispose pour évaluer au plus juste les besoins de l’armée engagée en campagne, des lettres de Guillaume Bochetel et de celles d’André Le Roy. Le premier tient l’office de greffier des généraux. Entre juin et septembre 1528, il envoie huit lettres au Grand Maître et une à Berthereau125. Le second, commissaire des guerres et élu de Soissons, fait parvenir dix courriers au Grand Maître et un à Berthereau126. On peut remarquer que contrairement au général des finances Hurault et au trésorier du Languedoc Lésigny qui n’écrivent qu’au Grand Maître, le greffier des généraux et l’élu de Soissons destinent leurs lettres aux deux hommes, sans qu’une distinction sur l’objet des lettres soit possible.
64Le Grand maître se préoccupe aussi des flottes censées ravitailler l’armée de Lautrec127. Lui et son secrétaire complètent leurs informations par les nouvelles qu’ils reçoivent des officiers des finances qui ont en charge les paiements de la marine du Levant. Le premier d’entre eux se nomme Jacques Ragueneau. D’abord basé à Paris128, il part ensuite pour Lyon, d’où il tente d’organiser, tant bien que mal, les expéditions d’argent pour les galères du roi, du Grand Maître et des autres capitaines129. Michel de Champrond quant à lui, s’est vu attribuer les questions de ravitaillement des navires royaux. Il rédige ses lettres, datées de l’hiver 1528-1529, de Marseille et d’Aix130. À la lecture des lettres de Ragueneau, de Champrond, mais aussi de Bochetel, on constate la même manière de mélanger affaires privées et affaires du roi. Champrond par exemple, passe de la conclusion du procès intenté par le Grand Maître contre le prieur de Saint-Gilles131, à la récupération du blé que les Génois ont laissé en Arles après la défection d’Andrea Doria132. La confusion est encore plus flagrante quand Ragueneau puise dans l’argent qu’il destinait à M. de Barbézieux pour donner 2 000 écus à Christophe de Lubiano, maître d’hôtel du Grand Maître et son représentant à Marseille :
« J’ay presté au maistre d’hostel de monseigneur le grant maistre la somme de II mille escuz d’or soleil, et pource que, pour prester ladite somme, je me suys aydé de quelque argent des deniers que je debvoye fournir à monseigneur de Barbézieux, et que à présent, mondit seigneur de Barbézieux me presse, j’en escriptz à monseigneur le grant maistre que son bon plaisir soit y pourveoir, afin que ledit seigneur de Barbézieux ne me puisse surprendre en aucune chose133. »
65Ils sont aussi obligés de le faire parce qu’ils ont contracté envers Anne de Montmorency une dette morale fondée sur la reconnaissance d’une protection que leur accorde celui-ci et aboutissant, plus ou moins explicitement, à un devoir d’information. Certes, le terme « protection » n’est pas employé par les deux hommes. Mais il l’est par Guillaume Bochetel qui aide, voire supplée, Charles de Pierrevive en 1528-1529. Bochetel affirme à Anne de Montmorency que : « Estant asseuré que m’ayant pris en vostre protection, vous n’estes pour m’abandonner134. »
66Aux côtés d’Hurault et de Pierrevive, d’autres officiers des finances participent à l’effort de guerre. Certains travaillent conjointement avec le général des finances et le trésorier du Languedoc, ils peuvent même être appelés à les remplacer le cas échéant, comme Bochetel pour Pierrevive. D’autres, tels Ragueneau et Champrond, pourvoient aux besoins de la marine. Cependant, ces hommes n’assurent pas à eux seuls le fonctionnement de toute la machine administrative et fiscale. Ils ne représentent que le sommet d’une pyramide d’officiers, de clercs et de commis sillonnant sans relâche routes135 et mers, parfois au péril de leur vie, pour faire parvenir l’argent aux soldats. Cette disponibilité a un coût, jugé excessif par Charles de Pierrevive, dont le montant peut représenter une ponction de 5 à 10 % des sommes à délivrer136. Ce prélèvement induit une hypothèse selon laquelle les clercs n’ont pas intérêt à transporter de petites sommes, puisque leur commission (au sens actuel de rétribution) dépend du montant de l’assignation dont ils sont porteurs.
67Malgré les rancœurs et les jalousies, en dépit des pertes humaines, ce sont les mêmes hommes qui passent dans le courant de l’automne 1529 de la quête quotidienne à l’argent pour faire la guerre, à la bataille pour réunir la rançon du roi.
68Le traité de 1529, resté dans l’Histoire sous le nom de « Paix des Dames », est fêté dans tout le royaume, car il signifie la fin des invasions, la diminution des passages de compagnies d’ordonnance et peut-être une baisse de la pression fiscale. Si les deux premières espérances se réalisent, la dernière au contraire s’apparente à un vœu pieux. En effet, en un semestre le pays doit rassembler la formidable rançon du roi fixée à 2 millions d’écus. Dès février 1530, François Ier donne tous pouvoirs à son Grand Maître pour mener à bon terme l’opération. La correspondance passive de celui-ci révèle les efforts consentis par les officiers des finances pour parvenir à satisfaire aux conditions imposées par les clauses du traité de 1529, et obéir aux injonctions du Grand Maître installé à Bayonne, puis à Saint-Jean-de-Luz durant le second trimestre de l’année 1530.
69La chronologie et les détails des différentes phases des négociations sont connus137. De même, l’étude de la réaction dans les diverses provinces du royaume à la contribution demandée, a commencé138. Aussi, ce ne sont pas les aspects techniques qui seront étudiés dans les lignes qui suivent, mais plutôt la mise en place des réseaux financiers ayant contribué à aider le Grand Maître à mener à bien la mission confiée par le roi. Sur les soixantedix-sept officiers des finances écrivant au Grand Maître et à son secrétaire, dix-sept sont directement impliqués dans la collecte des fonds, qu’il est possible de répartir en quatre groupes.
70Le Grand Maître entraîne vers Bayonne une suite composée de plus de deux mille chevaux139. Parmi celle-ci, on compte certains des plus importants officiers des finances. Sont présents Guillaume Preudhomme, général de Normandie et trésorier de l’Épargne140, Pierre d’Apestéguy, général de Bourgogne141, Gilbert Bayard, général de Bretagne142 et Nicolas Le Cointre, général des monnaies143, et également Florimond Le Charron144. Jean Grolier arrive en juin145.
71D’autres officiers ont pour tâche de rassembler l’argent à partir des grandes villes du royaume. Henri Bohier est à Tours146, Gaillard Spifame reçoit l’ordre d’aller à Rouen147, Palamède Gontier se tient à Nantes148, Jean de Poncher opère à partir de Lyon149, Charles de Pierrevive se rend à Toulouse150, Guyot de La Maladière reste à Paris151, de même que M. de Villeroy152. Thierry Fouet dit Dornes, appartient à l’équipe chargée du recollement des titres de suzeraineté que le roi s’est engagé à remettre à l’empereur153. Philibert Babou et Guillaume Bochetel sont envoyés à Madrid avec le vicomte de Turenne auprès d’Eléonore de Habsbourg, la future épouse du roi154. Antoine Hellin part pour les Pays-Bas155.
72La lecture des missives des officiers des finances donne l’impression qu’ils sont tous engagés dans une course contre la montre. Il faut réunir au plus tôt l’argent demandé, et cela pour plusieurs raisons. La première, pour être agréable au roi et au Grand Maître et se montrer à la fois un fidèle sujet du souverain et un serviteur zélé d’Anne de Montmorency. La seconde, pour participer au message induit qu’envoie le roi de France à son adversaire, qui est de lui faire comprendre que le royaume de France a des ressources quasi illimitées et qu’à tout instant il peut compter sur la mobilisation des hommes et des énergies pour se préparer à la guerre d’une manière identique à celle employée pour réunir le million deux cents mille écus nécessaire.
73On constate aussi que l’effort financier demandé par le roi suscite des résistances, surtout de la part du clergé, de la noblesse et des villes156. Les lettres de la série « L » et la correspondance de M. de Clermont conservée à la BnF apportent un supplément d’information par rapport à ce que l’on sait déjà sur les difficultés rencontrées par les agents du roi dans les provinces, notamment sur les réticences de la noblesse. Pourtant, tout a été prévu pour faciliter le recouvrement. Anne de Montmorency écrit à son lieutenant en Languedoc que tous les gouverneurs sont partis dans leur gouvernement « selon la conclusion prinse dernièrement à l’assemblée faite au palais à Paris pour l’affaire de la délivrance et recouvrement de la rançon de messeigneurs les enffans, qui est chose tans requise et de telle importance que povez bien pensez157 ». Tous, sauf lui. Car, malgré son désir de venir en Languedoc, il ne peut quitter le roi qui le retient à ses côtés. Les noblesses de Touraine158, de Normandie159 et d’Île-de-France consentent à verser un dixième de leurs revenus annuels160. En Languedoc, M. de Clermont fait état des tractations engagées avec la noblesse de la sénéchaussée de Beaucaire. Dans un premier temps, celle-ci est assignée pour le 5 décembre 1529 à venir déposer la somme demandée à Nîmes161. Cependant, le 21 décembre 1529, M. de Clermont et M. de Crussol ont été nommés commissaires par la noblesse de la sénéchaussée « pour depescher des lettres réquisitoires contre ceulx qui seroyent reffusans payer leur part dudit octroy162 ». Il semble que les récalcitrants aient changé rapidement d’avis puisque le 15 janvier 1530, M. de Clermont est tout fier d’annoncer au Grand Maître que les gentilshommes de la sénéchaussée de Beaucaire ont été les premiers du Languedoc à octroyer ce que le roi leur réclamait163. À Toulouse, se tient Charles de Pierrevive dont la qualité de trésorier de France en Languedoc cadre parfaitement avec la tâche d’amasser l’argent de la rançon. Trois de ses quatre lettres rédigées depuis la capitale provinciale concernent la rançon et ne mentionnent pas de problème particulier. Le 4 mars, il envoie 30 000 écus des deniers de l’Église164. Le 6 avril, il envoie un clerc avec 36 000 écus, tandis qu’il tente de convertir 50 à 55 000 écus provenant du reste de la taille et des décimes et qu’il a demandé aux Capitouls de fournir 25 000 livres165. Enfin, le 15 avril, il expédie à Preudhomme et d’Apestéguy environ 20 000 écus, tout en assurant qu’il en attend encore autant et que les conseillers et les habitants de la ville lui ont apporté 15 000 livres166.
74En Forez la collecte ne pose pas non plus de problèmes. C’est du moins ce qu’affirme M. d’Urfé dans un billet au Grand Maître : « Pour le fet des jantylz hommes du pays de Fores, je vous adverty… que ylz hont acordé la demande qui leur a esté fête aussy lybérallement qui l’est possyble, de coy yl vous pléra d’avertyr le roy167. »
75En Bourgogne, même si à la fin d’octobre les nobles ne savent pas encore que le roi leur a demandé de fournir un dixième de leurs revenus168, la collecte se déroule sans anicroche169, Anne de Montmorency donnant lui-même l’exemple, ainsi que le laisse entendre une lettre de Claude Patin : « Vous estez de tout temps des plus gros seigneurs terriens en Bourgogne et c’il vous plaist, commanderés à vous trésoriers qu’ilz se retirent vers moy170. » En Saintonge, M. de Belleville informe qu’il est « délibéré de faire à mon povoir et de bon cueur service au roy dont jamaiz ne perdray la voulenté171 ».
76Cependant, tout ne se passe pas aussi bien partout. En son temps, Francis Decrue avait insisté sur le cas d’Oudart du Biez, sénéchal du Boulonnais et capitaine de Boulogne-sur-Mer, écrivant navré et penaud au Grand Maître que les nobles de sa circonscription refusaient de verser une obole supérieure au vingtième de leurs revenus172. Ce cas n’est pas isolé. Malgré l’attitude plutôt favorable des gentilshommes de Guérande173, la noblesse bretonne semble très rétive au paiement. À tel point que son gouverneur, Guy de Laval, envoie une réponse embarrassée au secrétaire de son beau-frère : « La responce [de] la noblesse de Bretaigne… n’a pas esté telle que je pençoye, de quoy je suys bien desplaisant174. » En Picardie, M. d’Humières a fait rédiger un mémoire avec les noms des réfractaires et il demande à Berthereau de lui « mander si n’a encores esté riens conclud au conseil de la commission pour les gentilzhommes reffuzans de paier, dont je vous ay baillé le mémoire175 ».
77Le Breulle relate également les atermoiements de la noblesse du Bourbonnais :
« Monseigneur, je me suis trouvé en ce lieu de Moulins à l’asemblée des gentilz hommes de Bourbonnois, ainsy qu’il avoit pleu au roy m’escrire, et leurs a esté remonstré l’yntencion du roy par Monsieur le séneschal et monseigneur de Villars. Mais quelques remonstrances que eulx ne ceulx à qui le roy en escrivoit leurs ait sceu faire pour conclusion, ilz ont respondu que dedans ung mois ilz feront responce et sur ce se sont départer. Dieu vueille quilz soient plus saiges au bout du mois qu’ilz nont esté car ilz en ont bien besoing. Monsieur le séneschal et monseigneur de Vilars en escrivent, par quoy ne vous en diray autre chose, fors que je me vois recommander176. »
78De son côté, M. de Villandry fait état des problèmes posés en Boulonnais (en écho à Oudart du Biez), mais aussi en Aunis où l’assemblée de la noblesse a également remis sa réponse au mois suivant (soit janvier 1530)177. En Auvergne, même réticence, ce qui fait écrire à Jean de Selve que : « Si les gouverneurs des pays et gros personaiges n’y mettent la main, la chose se trouvera tousiours difficille, combien qu’elle soit tant juste et raisonnable que rien plus178. »
79C’est en Angoumois que la collecte pose le plus de problèmes. Le 25 novembre 1529, Pierre Duchiénot, procureur d’Anne de Montmorency pour la baronnie de Montbéron, fait allusion à l’assemblée de la noblesse de cette province : « Au regard des aultres seigneurs et gentilhommes du païs d’Angoulesme, ilz n’ont faict le semblable car ilz n’ont seullement que offert au roy luy bailher quatre mil livres tournois, ce que mesdits seigneurs [les commissaires] n’ont voullu accepter179. » Cependant, le roi ne semble pas content de cette somme et envoie une seconde commission au gouverneur d’Angoumois afin qu’il exige une contribution plus élevée. C’est ce que rappelle M. de Ruffec dans sa lettre du 8 janvier 1530, en ajoutant que les nobles d’Angoumois ne comprennent pas pourquoi ils devraient fournir plus du dixième de leurs revenus180. Le même jour, M. de Barbézieux expédie lui aussi une missive au Grand Maître évoquant la surprise de la noblesse angoumoise et demandant le rappel de la commission181. L’attitude des gentilshommes est probablement feinte car la raison du courroux royal tient au fait que François Ier a été duc d’Angoulême avant son accession au trône. Il espérait bien que les gentilshommes de son duché montreraient l’exemple aux autres, voire surpasseraient les autres en générosité.
80Quelles réflexions dégager de tous ces exemples ? D’abord que le roi a beau être le premier des nobles, l’amour que lui manifestent les gentilshommes de son royaume s’arrête aux cordons de leurs bourses, tant ils redoutent que l’imposition extraordinaire de 1529 ne devienne la coutume182. Ensuite, que le prélèvement s’opère en deux temps. Le souverain envoie des gentilshommes, membres de son conseil, gouverneurs de ses provinces pour annoncer la décision royale et faire fléchir les récalcitrants, puis, une fois l’octroi établi, c’est au tour des techniciens des finances d’entrer en scène pour collecter les fonds. Enfin, il faut revenir sur les hommes chargés de représenter le roi et la noblesse. Sans vouloir voir la main de Montmorency partout, il convient de relever l’identité de ceux qui lui écrivent.
81Pour le Languedoc, les nobles chargés de récolter l’imposition du second ordre sont le président du parlement (Minut) et les sénéchaux de Toulouse (Rochechouart) et de Carcassonne (Clermont), ce dernier étant aussi le lieutenant du gouverneur183. Autrement dit, la commission est confiée aux trois principaux personnages de la province (après Anne de Montmorency). Bien plus, pour porter l’argent au roi, l’assemblée de la noblesse a élu M. de Grumault et M. de Lers, tous deux neveux de M. de Clermont184. En Angoumois, on trouve parmi les commissaires nommés par le roi Micheau d’Aubeterre, capitaine de Montbéron pour Anne de Montmorency185. Jean d’Humières, qui surveille la manière dont les choses se passent en Picardie, est le beau-frère du Grand Maître. Même remarque pour Guy de Laval, gouverneur de Bretagne. Pour le bailliage de Senlis, la noblesse a élu comme receveurs des deniers pour le roi M. de Suze à Senlis, M. de Fosseux à Beaumont et le receveur de Compiègne pour Compiègne, soit trois proches du seigneur de Chantilly186, qui est comte de Beaumont et gouverneur de Compiègne187. Ce n’est certainement pas un hasard si une écrasante majorité de lettres relatives à la rançon est écrite par des familiers du Grand Maître et provient des aires géographiques dans lesquelles il exerce une forte influence.
82Si l’on se penche sur la liste des seigneurs qui engagent leurs vaisselles d’or et d’argent afin de procurer au roi des pièces de bon aloi, on constate que François Ier fait appel aux membres de son conseil tel le chancelier Duprat qui prête 10 000 écus188, ou Philibert Babou qui fournit 20 252 livres189. Mais on remarque que les Montmorency, leurs alliés, protégés et serviteurs contribuent en fonction de leurs liquidités ou de leurs services de table. Les Montmorency père et fils envoient leur vaisselle190. Anne de Montmorency avance 20 000 livres tournois191. Madame de Villars, sa belle-mère, prête 7 000 écus. Louise de Châtillon, sa sœur, en avance 6 000. Guillaume Du Bellay 10 000192. Mathieu de Longuejoue 3 421 livres, Louis Du Bellay 253 livres, le président Poillot 410 livres, Nicolas Hennequin 100 livres et Jacques Charmolue 2 050 livres193. René Le Rouillé, neveu et principal héritier de Richard Le Rouillé, abbé d’Hérivaux, reçoit 190 livres, 2 sous et 6 deniers pour un prêt au roi de 14 marcs et 5 onces de vaisselle d’argent194. Jean Ruzé et Antoine Dubois, évêque de Béziers, prêtent également195.
83La somme d’énergie fournie pour contribuer au rassemblement de la rançon montre bien à quel point les différents milieux qui gravitent autour du roi agissent de manière interdépendante sous la houlette du Grand Maître. À partir de janvier 1530, ce sont les mêmes hommes qui assurent la seconde partie de l’opération : celle du prélèvement196.
84À partir de 1527, le roi place le Grand Maître en position de coordinateur. De 1527 à 1529, il coordonne l’effort de guerre. À l’été 1529, il accompagne Louise de Savoie à Cambrai et coordonne les efforts diplomatiques français pour aboutir à la paix. Enfin, pendant l’hiver 1529-1530, il est désigné pour superviser la collecte de l’argent de la rançon. Dans les trois cas, il s’acquitte de sa mission méticuleusement, prouvant au souverain que celui-ci a eu raison de lui faire confiance. Il devient un intermédiaire privilégié auquel on s’adresse en dernier recours.
L’ultime recours
85Les doléances les plus nombreuses, parfois désespérées, émanent des hommes de guerre. Tous reprennent la complainte de la solde impayée. Christophe de Cargerie est le lieutenant de la Bastille pour Anne de Montmorency. Il écrit six lettres en 1530, deux au Grand Maître et quatre à Berthereau197. À cinq reprises, il réclame sa pension qui s’élève à 400 livres par an198. Son problème est double. D’une part, les égards qu’il doit à l’un de ses célèbres prisonniers, Jean-Louis, marquis de Saluces199 l’ont endetté200. D’autre part, la somme allouée pour la surveillance du prisonnier n’est plus versée lorsque Grolier quitte Paris à la mi-avril 1530 pour s’occuper des problèmes liés à la rançon du roi, au point qu’au mois de juillet, il ne « trouve plus marchant que me veuille prester201 ». Le lien est rompu, malgré les ordres laissés par Grolier et M. de Cargerie se retrouve pris dans une spirale sans issue : Il a demandé de l’argent « aux gens de M. le général de Normandye [Guillaume Preudhomme], quy avoient acoustumé en baillé comme il estoit ordonné, ilz me disent qu’ilz n’ont pour charge de ce faire ». Bien plus, il est allé voir le changeur du Trésor [Jacques Charmolue] avec une lettre de Grolier, mais le changeur a refusé de lui donner de l’argent sans un mot du général des finances de Normandie202 ! La voie normale des gens de finances (Jean Grolier, trésorier de l’extraordinaire et trésorier de France en Outre-Seine, s’adressant au général de Normandie et au changeur du Trésor) ayant échoué, il ne reste plus au lieutenant de la Bastille que le recours à son capitaine et au secrétaire de celui-ci, qui, bien qu’absents tous les deux de Paris (ils sont à Bayonne, puis sur les bords de Loire), réussissent à faire obtenir à M. de Cargerie le paiement de ses gages, après que Grolier l’ait recommandé à cinq reprises au Grand Maître et à Nicolas Berthereau203. Le Grand Maître parle alors au trésorier de l’Épargne Guillaume Preudhomme204 qui s’engage à fournir au lieutenant de la Bastille 1 200 livres tournois, à condition que celui-ci ne prête plus d’argent au marquis car « doresvant fault [qu’il] fournisse sa despance ».
86Toutefois, il est extrêmement révélateur que la situation critique de Christophe de Cargerie ne se débloque qu’à partir de la fin 1530, c’est-à-dire au moment où le roi, la cour, le Grand Maître et Nicolas Berthereau reviennent à Paris et en Île-de-France205. Le CAF recense trois mandements indiquant les sommes à payer au lieutenant de la Bastille pour les trois premiers trimestres de 1531 pour la garde du marquis de Saluces206. Le total général des trois premiers trimestres de 1531 est de 1 638 livres tournois, ce qui laisse supposer une détention relativement douce, mais ce qui représente quatre fois le montant des gages annuels du lieutenant de La Bastille. Un tel écart aide à comprendre les lettres alarmantes de l’année 1530.
87Plusieurs lettres de M. de Poisieux (lieutenant pour Saint-Malo) et de M. des Arpentis (lieutenant pour Nantes) se lamentent sur l’argent qui n’arrive pas. Ni pour eux : « Y vous pléra en dire ung mot à monseigneur le chancelier et à monsieur le général de Normendye qui me dépeschent ma pension comme y vous promydent », « Il m’est deu deulx ans de ma pension », « De la pension que vous avoit pleu me fère donnés, je n’en puys riens avoyr207 », ou encore : « Je me recommande à vostre bonne grâce touchant mon estat, car je suys ycy à grosse despense208. » Ni pour leurs soldats : à Saint-Malo, il « est deu à ceulx de Bretayne troys cartiers de l’année passée et toute ceste année icy, qui sont disehuyt moys209 ». À Nantes, M. des Arpentis évoque « les povres compaignons, car je vous assure quy meura de fain », rappelle au Grand Maître qu’il doit penser « à bailler l’asignacion pour les pouvres mortespays de se pays ycy, car sans sela se seroit pitié ». À bout d’argument, il finit par envoyer son fils pour « solliciter le payement des compaignons du chasteau de Nantes ausquels ait deu ung an de soulde210 ». Finalement, leurs appels sont entendus. Ils sont payés de leur pension qui s’élève à 400 livres pour M. de Poisieux et à 500 livres pour M. des Arpentis211. À l’autre bout du royaume, Louis de Fourmillon, capitaine de la Tour d’If, relayé par Christophe de Lubiano, demande lui aussi de l’argent pour ses mortes-payes et pour lui212 ; de même Pierre de Montdragon, capitaine de la tour de Toulon213.
88Lorsque les lieutenants sont à bout de sollicitation, ils ont recours au dernier argument qui leur reste, à savoir la sécurité de la place, voire de la province214. M. de Poisieux écrit que les mortes-payes « sont fort mal contens et la mauvesse seureté en coy est la plasse par faulte de payment215 ». M. des Arpentis : « Monseigneur, si vous n’avez pityé d’eulx, il faudra que chacun s’en aille cheux soy, car ilz n’ont de quoy vivre216. » Louis de Fourmillon rappelle que sans l’assignation pour les mortes-payes, la tour d’If « ne se peult garder217 ». Pierre de Montdragon signale que « sans paiement ne les puys tenir, ne les contraindre elle garder218 ». Mettre en avant les risques de désertion et de mauvaise garde des ports dont ils ont la charge permet aux lieutenants et capitaines de Saint-Malo, de Nantes, d’If et de Toulon de toucher la corde sensible. À un moment où, au moins en Méditerranée219, l’empereur arme des flottes afin de porter secours aux garnisons impériales d’Italie (1526-1527-1528), puis pour aller se faire couronner dans la péninsule (1529-1530) ; où les pirates barbaresques de Barberousse et de ses lieutenants profitent du combat que se livrent les flottes du roi de France et de l’empereur, pour intensifier leurs raids côtiers ; où les échecs répétés des armées de François Ier en Italie font craindre une nouvelle invasion du royaume ; bref, à un moment où les dirigeants du royaume éprouvent fortement le sentiment de l’impossibilité de se dégager de l’emprise du Habsbourg, ils jouent sur le registre de la trahison dans le but de faire prendre conscience au roi et à son conseil qu’ils sont à la limite de ne plus pouvoir contrôler leurs troupes bien longtemps. C’est peut-être aussi une manière pour eux de se dédouaner et de dégager leur responsabilité en cas de coup dur, c’est-à-dire dans le cas où les villes qu’ils gardent seraient effectivement prises par l’ennemi.
89Les demandes réitérées de subsides, les suppliques adressées tantôt au Grand Maître, tantôt à son secrétaire, semblent constituer la priorité des lieutenants. En réalité, la répétition des doléances financières ne représente qu’une des facettes des activités de ces hommes. En effet, il faut gérer la ville, y défendre les intérêts du Grand Maître et ceux du roi, tout en ménageant les susceptibilités locales. Il n’est pas inintéressant de constater que l’argent arrive aux quémandeurs en 1531, c’est-à-dire au cours de l’année de l’installation définitive du Grand Maître à la tête du conseil royal.
90Les secours apportés par le Grand Maître ne sont pas toujours financiers. Ainsi, les prévôts des maréchaux réclament-ils davantage son soutien moral et politique. La juridiction prévôtale a pour juges suprêmes le connétable (office vacant depuis 1527) et les maréchaux de France. Huit prévôts sont en relation avec le Grand Maître220. Leurs lettres font aussi mention des difficultés qu’ils éprouvent à exercer leur office, à soulager le « pouvre peuple » pour « le bien, prouffict et utilité… de la chose publicque221 ». Toutefois, les heurts les plus brutaux émanent d’autres juridictions. Christophe de La Forest manque d’être tué à Tours par Louis de Chandio, prévôt général de la connétablie et maréchaussée depuis 1526, et ses hommes222. Claude Genton, Jean de Lance et La Voulte ont maille à partir avec les parlements223. Jean de Lance doit en plus affronter la mauvaise volonté du gouverneur de Bretagne, M. de Laval224.
91Ces quelques exemples montrent que les prévôts considèrent Anne de Montmorency comme leur supérieur hiérarchique direct. Houllon affirme au Grand Maître que Blanchet Davy lui en veut à lui Houllon depuis qu’il est devenu prévôt des maréchaux par l’entremise du Grand Maître225. Jean de Lance écrit au Grand Maître « comme à mon principal chef et que avez la charge de faire faire justice de telles manières de gens226 », rappelant ainsi que dès 1522, Anne de Montmorency avait été désigné par le roi pour poursuivre les soldats déserteurs et les pillards. Son expédition punitive avait duré de mars à mai 1523. À cette occasion, il avait demandé l’assistance des prévôts du Maine, de l’Anjou, et du Berry, au nombre desquels figurait Claude Genton227.
92La trentaine de lettres expédiée par les prévôts des maréchaux rendent compte de leur obsession de maintenir l’ordre dans le dedans du royaume en frappant vite et fort, en court-circuitant les juridictions traditionnelles que sont les parlements, les baillis et les gouverneurs de province. Leur zèle soulève de telles réactions d’animosité de la part des tenants d’une justice moins expéditive228 (tout en les privant d’une partie de leurs revenus229), qu’ils recherchent le soutien d’un personnage bien en cour, ayant partagé leur combat pour le maintien de la sûreté des chemins et des campagnes et dont le tempérament se rapproche du leur.
93Cependant, Anne de Montmorency ne parvient pas toujours à venir en aide aux officiers qui le sollicitent. Tel est le cas de Jehan Ruzé lors du conflit qui l’oppose à Estienne Besnier relatif à la rançon du roi230. Sur les dix-sept lettres envoyées à Nicolas Berthereau, douze sont rédigées entre janvier et juillet 1530 et neuf font expressément référence à la lutte engagée entre les deux hommes231. Le nom de Besnier revient à vingt reprises avec un pic dans la lettre XIII-196, où il est cité neuf fois. La missive est rédigée le 9 février 1530, soit au moment où le Grand Maître rejoint la Cour. Toutefois, malgré les soutiens affichés : Ruzé avance les noms de Guillaume Preudhomme « qui est de mes meilleurs amys232 », de Pierre d’Apestéguy auquel il écrit au moins deux fois233, de Jean Breton, seigneur de Villandry et de Nicolas de Neufville, seigneur de Villeroy234 ; malgré un déplacement à Chantilly en juillet 1530 pour obtenir des lettres de Guillaume de Montmorency et de Mme de Villars en sa faveur235 ; en dépit du succès du 1er juillet, dont Ruzé se félicite à la fois auprès de Berthereau « maintenant que son auctorité est trop plus grande236 » et du Grand Maître, auquel il écrit le même jour afin qu’il le fasse « remectre en mon office ainsi que vous avés fait et en l’estat que vous me laissastes quant vous partistes de la court pour aller à Bayonne237 », Ruzé doit s’avouer vaincu.
94Le fond de l’affaire Ruzé-Besnier réside dans le profit que les différents membres du Conseil entendent retirer de la collecte de la rançon. Pour les uns, comme Chabot et Duprat, il s’agit de fournir le plus d’argent possible au roi et le plus rapidement, quel qu’en soit le prix, avec pour finalité l’apport de la preuve que le Grand Maître n’est pas compétent pour traiter des affaires financières, et, partant, politiques. Pour les autres, c’est-à-dire le Grand Maître et ceux qui le soutiennent en se mettant à son service (Preudhomme, d’Apestéguy, Poncher, Pierrevive…), l’affaire Ruzé ne constitue qu’un épiphénomène, une tribulation qui, tout en entravant la mission engagée, ne saurait parvenir à la stopper. Seule compte pour eux la réunion totale de la rançon. Ont-ils réellement tout entrepris pour sauver Ruzé ? La réponse est difficile à fournir, étant donné que les témoignages conservés n’émanent que des gens qui sont proches d’Anne de Montmorency. L’absence physique du Grand Maître et de Preudhomme a eu un impact indéniable sur le résultat de l’affrontement Ruzé-Besnier238, mais, sur le moyen terme, le choix de ne pas se crisper sur cette affaire, a probablement permis au Grand Maître de sortir vainqueur d’une aventure dans laquelle ses adversaires espéraient qu’il se noierait.
*
95La multiplicité des interventions reflète l’efficacité du sollicité. Même si celui-ci n’est pas tout puissant, il a suffisamment de poids pour faire arrêter des poursuites judiciaires ou faire parvenir les arriérés de soldes. Le seul échec réel concerne une affaire de finances. Celle-ci ne représente que la partie visible d’une lutte dont les enjeux dépassent la simple fourniture d’argent frais au roi. En 1530, c’est le pouvoir qui est en jeu, au moment où Anne de Montmorency est à la veille de s’imposer comme le principal ministre de François Ier. Pour cela, il doit sortir vainqueur de l’épreuve de la libération des fils du souverain.
Notes de bas de page
1 Ce nombre exclut les 52 missives émanant de corps (parlements, cours des comptes…) et de collectivités (échevinages, députés d’États…).
2 Ce nombre comprend les individus signant une lettre collective (35 duos et 6 trios) Toutefois, parmi les rédacteurs de ces 41 missives, seuls 14 n’écrivent pas individuellement Ce sont ces 14 hommes qui, ajoutés aux 605 correspondants masculins rédigeant des lettres individuellement, donnent le nombre total de 619.
3 Le nombre exact de lettres de femmes est de 121 Mais deux lettres ne sont signées que par « vostre humble servante », sans autre indication de nom, et une lettre ne s’adresse ni à Anne de Montmorency, ni à son secrétaire (Marie Quoquelet à Mme de Châtillon, IX-253).
4 Pour les lettres de Marguerite d’Angoulême à la BnF, se reporter à Jourda P, Répertoire analytique et chronologique de la correspondance de Marguerite de Navarre, Paris, 1930.
5 Une seule lettre à son « neveu » dans la série « L » : I-38.
6 La reine de Hongrie, Marie de Hornes, les comtesses de Carpi et Wolff.
7 Catherine Meignet : XV-288 La femme Prichon : IX-235.
8 IX-237, de Vitoria, le 21 avril 1530 Dans cette lettre, elle signale qu’elle a « escript par plusieurs foiz, dont jamais je n’ay eu responce que d’une lettre ».
9 XIV-65, d’Amboise, le 8 novembre 1530.
10 BnF, Clair 835 : « Officiers des Maisons des rois de Louis XI à Henri II », fo 2395.
11 IV-297, au Grand Maître et IV-298 à Berthereau Les 2 lettres ne sont ni localisées ni datées.
12 XV-207, [s l n d].
13 Chiffre obtenu en comptant Marie d’Albret et Marie de Habsbourg qui se présentent comme des « cousines ».
14 Pour Marie d’Acigny, le cousinage passe par son mari Jean de Créquy, sieur de Canaples, parent des de Piennes et des Halwin (ou Halluin), deux lignages picards dont l’un(e) des ancêtres avait épousé un(e) Montmorency.
15 Les lignages sont « des groupes qui se constituent sur la base de la reconnaissance d’une descendance commune Leurs membres se réclament tous d’un même ancêtre » La parentèle quant à elle est un « groupe personnel qui se constitue autour d’un individu, composé de toutes les personnes avec lesquelles il se reconnaît en parenté » La parentèle regroupe tous les cousins et les cousins germains C’est un groupe éphémère qui s’organise le temps d’une génération Sur ces notions, voir le court mais clair et dense article de Zonabend F, « Liens de famille La diversité des systèmes familiaux », Généalogie Magazine, no 93, avril 1991, p. 14-19.
16 Antoinette d’Amboise est la sœur de Catherine d’Amboise la mère de Pierre de Clermont.
17 VIII-184, Marie d’Athies au Grand Maître, de Noyon, le 15 octobre 1530 Le détenteur de l’office visé est M de Belle Forière qui « est à l’article de la mort » Il meurt effectivement le 24 octobre 1530, mais M de Montmort ne devient pas maître d’hôtel à sa place BnF, Clair 835, fo 2077-2160 : Officiers domestiques de François Ier de 1517 à 1547, liste des maîtres d’hôtel.
18 V-318, Antoinette d’Amboise au Grand Maître, de Revel.
19 En comptabilisant les cousines dont le mari est aussi un correspondant du Grand Maître, le nombre total de couples écrivant au seigneur de Chantilly monte à 18, et même 19 puisque dans le cas d’Odette Luillier, ses deux maris successifs, Jean de Diesbach, puis Louis de Stainville, ont envoyé des lettres au Grand Maître.
20 VII-31, de Wargnies, le 5 mai [s d, mais après 1526 puisque la lettre est adressée à « Monseigneur le gouverneur »].
21 Mme de Stainville au Grand Maître : XIII-159, de Nancy, le 28 août 1527, et XIII-47, de Nancy, le 22 février 1529.
22 XIII-159 La lettre du comte de Salm au Grand Maître (X-8, de Nancy, le 9 avril 1529), confirme que sa belle-mère sert de relais lorrain dans l’acheminement du courrier que celui-ci lui expédie avant de partir recruter des lansquenets.
23 XV-108, de Robécourt ; XII-132, de Robécourt, le 4 novembre.
24 XII-132 Dans la lettre suivante, Madeleine de Lameth revient sur cet argument : « Cerés cauze que ma fille cera aliée en bonne et ensienne messon ».
25 XIV-6, De Neufville, le 1er novembre 1530.
26 Le village d’Offignies se trouve en limite méridionale de l’actuel département de la Somme, à 8 km au nord-est d’Aumale Le village de Rocquencourt est situé en limite septentrionale de l’actuel département de l’Oise, à 10 km à l’ouest de Montdidier et à une quarantaine de kilomètres d’Offignies.
27 Le village de Robécourt est situé dans l’actuel département des Vosges, à 20 km au sud-ouest de Contrexéville.
28 Stainville est situé à 15 km au sud-ouest de Ligny-en-Barrois, dans l’actuel département de la Meuse.
29 CAF, t VI-19291.
30 Sans compter les seigneuries octroyées par François Ier et la rente de 6 000 livres constituée par Louise de Savoie Pour le détail de ce que reçoit le couple, Bedos Rezak B, op cit, p 42, qui reprend Decrue F, op cit, p 70-72.
31 Hamon P, op cit, p 117 et suiv.
32 Decrue F, op cit, p 71.
33 Le fait de ne pas prendre en compte les trois religieuses écrivant au Grand Maître (l’abbesse de Maubuisson, l’abbesse de Sainte-Claire de Gien et la prieure de l’hôtel-Dieu de Pontoise) ne change pas de manière significative ni le pourcentage des membres du clergé dans la masse totale des correspondants, ni l’analyse qui en découle.
34 Pour le chancelier, on trouve de nombreuses lettres dans les manuscrits français de la BnF, ms fr 3048-55, 109, 117 ; ms fr 3031-21, 25, 41, 43, 53, 71, 81, 127 Pour le cardinal de Tournon, le travail d’édition a été effectué par François M (éd), Correspondance du cardinal François de Tournon, Paris, 1946 Pour François de Dinteville, sa correspondance romaine est consultable à la BnF dans les manuscrits de la Collection Dupuy 437 et 537.
35 Ne sont comptabilisés dans la catégorie « abbé » que les simples abbés Les évêques occupant également un bénéfice abbatial sont rangés dans la catégorie « évêque ».
36 Edenstein M, « The Social Origins of Episcopacy in the Reign of Francis I », French Studies, no 8, 1974, p 377-392 Péronnet M, Les évêques de l’ancienne France, Lille, 1977 Pour la première, sous le règne de François Ier, sur 129 prélats identifiables, 123 étaient nobles et 6 roturiers Pour le second, en 1516, sur 102 évêques, 74 sont issus de la noblesse d’épée et de familles anoblies au XVe siècle, et sur 234 nominations entre 1516 et 1559, 75 % sont prises en faveur de membres des lignages de la noblesse d’épée.
37 Ces noms sont cités par Lebrun F (dir), Histoire de la France religieuse, t II : Du christianisme flamboyant à l’aube des Lumières (XVe-XVIIIe siècles), Paris, 1988, p 190-193.
38 Lemaître N, Le Rouergue flamboyant Le clergé et les fidèles du diocèse de Rodez (1417-1563), Paris, 1988.
39 XI-239, Houdart Hennequin au Grand Maître, de Troyes Le même à Berthereau, du même lieu : III-168 ; XV-263, le 15 octobre 1529 ; IX-108, le 5 mars 1530.
40 Guillaume Petit à Berthereau : XIII-179, de Chantilly, le 19 janvier 1530 et IX-109, de Paris, le 28 juin 1530 Les offices visés sont soit celui de valet de chambre, soit celui d’officier du retrait du gobelet.
41 III-279, François de Poncher au Grand Maître, de Paris.
42 Guillaume Briçonnet au Grand Maître : V-244, de Cormery (?) et X-17, d’Ecouen.
43 XV-87, Antoine Filleul au Grand Maître, de Paris, (1530).
44 Jean de Langeac au Grand Maître, de Venise : XIV-332, le 11 novembre 1528, XI-44, le 27 février 1529, IV-96, le 7 mai 1529, XII-46, le 23 mai 1529, III-3, le 6 juillet 1529 VIII-172, d’Eschalis, le 12 novembre 1529.
45 II-109, Augustin Grimaldi au Grand Maître, de Monaco, le 19 juin 1528.
46 Pour les oiseaux : II-89, III-91, IV-4, VI-80, VIII-215, X-221, XV-132 et XV-149 Pour le bénéfice : VI-295 Pour la recommandation : VII-329.
47 Antoine Dubois au Grand Maître : IX-215, de Saint-Félix, le 17 décembre 1529, XIV-314, de Saint-Félix, le 27 décembre 1529, X-130, de Saint-Selve, le 16 janvier 1530 et IX-214, de Saint-Félix, le 12 mars 1530 Sur les problèmes fonciers rencontrés par l’évêque de Béziers qui est aussi seigneur des Querdes, voir Decrue F, op cit, p 145.
48 Pour l’affaire de mademoiselle d’Aurigny : VI-72 Pour la transmission de son patrimoine : XI-154 Pour les animaux : V-107, V-327, XV-276 Pour « l’estallon » : IV-2 La lettre XIII-184 demande un bénéfice, la XV-260 demande à pouvoir tirer 30 muids de blé du Languedoc.
49 François de Tournon : V-44, VI-94, VIII-188 et XIV-222 (négociations), V-203 (recommandation) ; Antoine Duprat : XI-240 ; Jean Le Veneur : XI-253 ; Gabriel de Gramont : VIII-139 et Charles de Gramont : XII-52 ; Symphorien Bullioud : VI-21 ; Louis Chantereau : VI-47 ; Aymar Gouffier : VI-182 et IX-210 ; Michel Briçonnet : III-291 ; Meneau de Martres : III-210 ; Louis Canossa : II-115 et X-100 ; Albert Gast : VIII-319 et XV-128 L’épithète « Monsieur » est accolée au frère du marquis de Saluces ; pour Jean Du Bellay, voir les deux ouvrages cités à la note 23 ; Cerralis : X-76.
50 Pour les généalogies, voir le premier chapitre consacré aux alliances matrimoniales des Montmorency.
51 Les autres personnages à l’appeler ainsi, sont tous des compagnons d’enfance tels Fleurange ou Bonnivet
52 XI-234, de Paris, le 18 juillet 1530.
53 Sur les prélats ambassadeurs, voir Michon C « Jean du Bellay et Stephen Gardiner, deux prélats du roi à la Renaissance », Actes du colloque de l’AHMUF tenu à Rennes en 2002, Paris, 2003, p. 19-46.
54 BnF, Dupuy 645 fo 199 (1527), AN KK 352 fo 36 vo -39 (1528) et BnF, ms fr 3122 fo 118 (1531) Cités par Hamon P, op cit, p 187.
55 En fait vingt-cinq, en comptant l’archevêque de Sens, Antoine Duprat.
56 Pour Longuejoue : CAF, t VII-27852 Pour Louis du Bellay : CAF, t VII-27853 Pour Richard Le Rouillé : CAF, t VII-28951 C’est d’ailleurs René Le Rouillé, en sa qualité de principal héritier de Richard, qui reçoit le remboursement.
57 Avec le jeu des lettres expédiées à la fois au Grand Maître et à son secrétaire, le nombre réel est de 101.
58 Cour des comptes de Paris : V-184 Parlement de Paris : III-56, III-233 et XIII-6 Parlement de Bordeaux : VII-69 Parlement de Rouen : V-187.
59 Pour le parlement de Paris, Popoff M (éd), op cit, p 1 à 234, et Maugis E, Histoire du parlement de Paris, de l’avènement des rois Valois à la mort d’Henri IV, Paris, 1913-1916, 3 vol Pour les parlements de province, Vindry F, Histoire des parlementaires, Bergerac, 1909, 2 vol.
60 Chaunu P, op cit, t I, p 35-36.
61 Ibid, p. 36 Le CAF n’en donne que soixante-six (en comptant le prévôt de Paris et le bailli du palais), ce qui signifie qu’un tiers des bailliages et sénéchaussées du royaume n’a reçu directement aucun acte émanant de la chancellerie royale en trente-deux ans de règne (ou que les actes les concernant n’ont pas été retrouvés)
62 Trois à Paris, deux en Bretagne, un à Aix, Montpellier et Dijon Cependant, une nuance qualitative s’impose puisque les premier, Aymar Nicolaï et deuxième, Jean Briçonnet, présidents à Paris n’ont pas laissé de lettre dans la série « L ».
63 Chiffres fournis par le CAF qui ne mentionne que ceux ayant fait l’objet d’actes royaux.
64 Marion M, Les institutions de l’Ancien Régime, Paris, 1984 (rééd), p 156-157.
65 Le recoupement a été opéré à partir des trois ouvrages de référence que sont Lapeyre A et Scheurer R, op cit, deux tomes ; Michaud H, op cit ; Charton-Le Clech S, op cit.
66 Charton-Le Clech S, op cit, p 188.
67 Michaud H, op cit, p 45, 120-121, 230 et 315.
68 Absents des lettres les notaires apparaissent dans les actes Pour Paris, il s’agit de Jacques de Brion, de Michel de Félin, de Bastonneau, de Le Maupin, de Roger Rochart (ou Rohart) et d’Aignan Pichon Pour Pontoise, le Grand Maître a recours à Roussel et Le Vasseur ACC, série BA, reg 2 BA 1 : Inventaire des titres de Montmorency en 1527, fo 1, 4, 5 et 6.
69 Doucet R, op cit, p 51-53.
70 Sur les campagnes entre 1510 et 1525, voir Decrue F, op cit, p 8 à 53 Voir aussi Jacquart J, Bayard, op cit, p 268-272.
71 AD Hte-Gar, série B, Parlement de Toulouse, reg B 26, fo 277.
72 Mathieu de Longuejoue, maître de requêtes ordinaires de l’Hôtel du roi fait partie du défilé Idem.
73 Entre 1515 et 1560, l’âge moyen d’accession au gouvernorat est de 32 ans Harding R, op cit, p 119.
74 Jacquart J, op cit, p 248 et 62.
75 Sournia J-C, Blaise de Monluc, Paris, 1987, p 358.
76 Jean Stuart, duc d’Albany (VIII-189, VIII-224, IX-7 et IX-37) et le duc de Vendôme commencent leurs lettres par « Mon cousin » Vendôme signe même : « Vostre bon cousin et amy » (VII-79 et VIII-222) Galeazzo Visconti débute la sienne par « Monsieur mon fils » et la conclut par « Le vostre bon père serviteur » (XII-176) Fleuranges termine les siennes par « Vostre meilleur compaignon » (III-43 et VII-81) Claude de Guise utilise la formule « Vostre entièrement bon amy » (VII-13) Saint-Pol emploie celle-ci « Vostre bien bon cousin et amy » (XII-84).
77 Respectivement : Philippe de Créquy, Jean de Sarcus et Jean d’Humières ; M d’Allègre et de M d’Aumont ; François de Montmorency et le comte de Dammartin ; Charles du Bec ; Guy de Laval et de René de Montejehan ; Pierre de Brézé, Philippe Chabot et François de La Trémoille ; Antoine de La Rochefoucault, Jean de Genouillac, Jean de Chicon et Bertrand d’Ornezan ; Pierre de Clermont ; François de La Tour et Antoine de Rochechouart ; Gilbert Motier de La Fayette ; Claude d’Urre, et Micheau de Pontevès ; M de Maugiron.
78 Contamine P, Guerre, État et société à la fin du Moyen Âge : Étude sur les armées des rois de France, 1337-1494, Paris, 1972.
79 Harding R, op cit, p 23-25 Deux exemples locaux confirment l’ancrage provincial Le cas de la Champagne a été mis en évidence par Bourquin L, op cit, p 29-31 Celui de la Normandie a été traité par Caroll S, op cit, p 69 et suiv.
80 Decrue F, op cit, p 20 L’ambassade dure de décembre 1521 à février 1522 Jean de Diesbach est qualifié de « capitaine des Ligues » CAF, t VI-19381.
81 Labande-Mailfert Y, Charles VIII Le vouloir et la destinée, Paris, 1986, p. 292.
82 Lors de la campagne qui aboutit à la défaite de La Bicoque, Lautrec et ses capitaines (dont Anne de Montmorency) s’installent à la Cassina, une maison de campagne que les Trivultio possèdent en Lombardie Decrue F, op cit, p. 22.
83 Seules les lettres de Fleuranges ont un objet strictement domestique et seigneurial.
84 Chaunu P, op cit, t , p 37.
85 H P, « Le personnel financier subalterne sous François Ier : cœur ou marge de l’administration monarchique ? Les apports de la prosopographie » L’État moderne et les élites, Paris, 1996, p 181-188.
86 Ces commis d’un officier ne doivent pas être confondus avec les commis « à quelque chose » (à la recette générale du Languedoïl comme Antoine Hellin par exemple, lui-même officier royal) Hamon P, art cit, p 181-182.
87 Jean de Chantesmes (ou Chantosmes), élu de Gisors et commis de Guillaume Preudhomme, et Guyot (ou Guy) de La Maladière, trésorier des guerres et commis de Jean Grolier.
88 Pierre de Bourgongne, commis de Jean de Poncher, Jean de Champeverne et Geoffroy Vallée, tous deux commis de Jean Carré.
89 Nicolas de Neufville, seigneur de Villeroy et Jean Robertet.
90 Pierre d’Apestéguy, d’abord trésorier des finances extraordinaires et parties casuelles (1524-1527), puis trésorier de France en Outre-Seine (à partir de 1527) ; Philibert Babou, sieur de La Bourdaisière, trésorier de France en Languedoïl (1521-1544) ; Charles de Pierrevive, seigneur de Lésigny, trésorier de France en Languedoc (à partir de 1528).
91 Julien Bonacorsi, receveur-général de Provence ; Jean Carré, receveur-général de Normandie ; Palamède Gontier, receveur-général de Bretagne (1528-1532) ; Antoine Hellin, commis à la recette générale du Languedoïl ; Jean Ruzé, receveur général d’Outre-Seine et Yonne (1515-1530) ; Jean Sapin, receveur général de Languedoïl ; Jean Testu (ou Testa), receveur général du Languedoc (1521-1533) ; et Martin de Troyes, commis à la recette générale du Languedoc.
92 Gilbert Bayard, général de Bretagne ; Antoine Bohier, sieur de Saint-Cirgues, général des finances en Languedoïl (1520-1544) ; Jean Breton, seigneur de Villandry, général des finances d’Outre-Seine, Bourgogne et Blois ; Antoine Bullioud, général des finances de Bretagne (1529-1531) ; Raoul Hurault, général des finances d’Outre-Seine, Bourgogne et Blois (1515-1528) ; Antoine de Lameth ; Nicolas Le Coincte, général des monnaies ; Jean Morelet de Museau, général des finances d’Outre-Seine et Picardie (1522-1529) ; Charles du Plessis, seigneur de Savonnières, général des finances en Languedoc, Provence et Dauphiné ; Jean de Poncher, général des finances du Languedoc ; Guillaume Preudhomme, général des finances de Normandie (1524-1543) ; Jean Prévost, général de Guyenne (1525-1532) ; Gaillard Spifame, général des finances à partir de 1 529.
93 Jean Grolier, Georges Héruvet et René Thizart, trésoriers des guerres ; Guyot de La Maladière, trésorier des guerres et commis de Jean Grolier ; Jean Laguette, trésorier de l’extraordinaire des guerres.
94 Jean Godet et Antoine Pétremol, commis à l’extraordinaire des guerres ; Jacques Ragueneau, commis à la recette de la Marine du Levant.
95 Pierre Charton et Jacques Colin contrôleurs de la Marine du Levant ; Jacques Du Pin, contrôleur ; Jean Gaillard, Charles Luillier et Thibault Mynier, contrôleurs ; Ambroyse Le Moyne, contrôleur-général de l’artillerie Dans ce groupe sont intégrés Audebert Catin, commis au paiement de la compagnie d’Anne de Montmorency et Jean de Champeverne, commis de Jean Grolier.
96 CAF, t II-4551 : remboursement à Anne de Montmorency de 10 750 livres tournois prêtées au roi ; t II-4861 : délivrance de 18 000 livres pour la pension du Grand Maître (12 000 livres) et ses appointements de gouverneur (6 000 livres) ; t II-4862 : paiement de 3 000 livres pour les capitaineries de Nantes, Saint-Malo et La Bastille ; t II-4863 : paiement de 8 000 livres « en place des 4 000 ducats de la composition du Briançonnais dont le roi avait fait don verbalement au Grand Maître à son retour d’Espagne » ; t II-5207 : paiement de 535 livres, 17 sous et 3 deniers pour la garde du château du bois de Vincennes pendant 143 jours.
97 Leroux De Lincy A, op cit, p 8.
98 Fait d’autant plus surprenant que son prédécesseur est Pierre d’Apestéguy (1524-1527) et son successeur Jean Laguette (1531-1546).
99 Guy Milletot et Antoine Le Maçon pour la Bourgogne, Jean Parayau, Olivier Harouys et Noël Barbillon pour la Bretagne, Etienne Besnier pour la Seine-Yonne, Hugues de Malras pour la Guyenne et Jean de La Forge pour la Picardie.
100 Pour Besnier, il revient dans plusieurs lettres de Ruzé datant de 1530, année d’un conflit opposant les deux hommes Pour Malras, il est mentionné dans une lettre (IX-212) de Lamy, élu du Haut-Limousin.
101 Seuls Jean Cotereau, trésorier de France en Languedoc entre 1515 et 1528 et Claude Robertet, trésorier en Normandie entre 1526 et 1547 n’ont pas laissé de lettres dans la série « L ».
102 « Pour éviter de rembourser les offices, les contrôleurs en place voient leurs gages maintenus à vie et conservent la possibilité de chevaucher les recettes avec les généraux » Hamon P, op cit, p 259 et note 33.
103 Mignet M, op cit, t II, p 209-216.
104 Histoire de France des Origines à la Révolution (dir Ernest Lavisse), Paris, 1907 (rééd 1983), t V-2 : Henri Lemonnier : « Henri II, la lutte contre la Maison d’Autriche, 1519-1559 », livre Ier, chap iii, p 59-79 Le récit factuel le plus détaillé restant Mignet M, op cit, chap ix, x, xi et xii.
105 Lettres de M de Guise pour la Champagne, du duc de Vendôme pour la Picardie, d’Oudart du Biez pour Boulogne, de l’amiral d’Annebault pour la Bourgogne, de M de Clermont pour le Languedoc, de M de Saint-Bonnet pour Bayonne Decrue F, op cit, p 109-110.
106 Peu de lettres dans la série « L » : II-78, de Parme, le 2 février 1528 et IX-291, « devant Naples », le 27 juin 1528 En revanche, nombreuses missives à la BnF, ms fr 2293 et 3019 On trouve la liste de ces lettres dans Chanterac B de, Odet de Foix, seigneur de Lautrec, Paris, 1932 On les trouve également dans Decrue F, op cit, p 102-117.
107 IV-317, de Grenoble, le 14 juillet 1528 ; V-238, de Milan, le 1er juillet 1528 ; XII-84, d’Alexandrie, le 3 août 1528 Références des missives conservées à la BnF, ms fr 2979, 3045, 3065, 3072, 6637 et 20502, dans Decrue F, op cit, p 119 et suiv.
108 Longueval : XII-16 ; Castion : XV-219 ; Nagu : VII-80, XI-260, XIV-4 et 14.
109 III-71 et 78, V-52 et 233, VIII-341, IX-34, 267 et 311, X-25, XII-82 et 109, XIII-29 et 137.
110 II-64, III-76, IV-276, V-94, VI-12, VIII-35, 73 et 97, IX-10, IX-180, IX-192, XI-136, XV-11 et 195.
111 Même litanie chez le comte de Saint-Pol : « Je veoy ceste armée donner du cul en terre et s’en aller en fumée s’il n’est promptement donné ordre au fait de mes payemens » XII-84.
112 VIII-97.
113 XV-195.
114 Et parfois précèdent puisque lorsque Raoul Hurault écrit de Moncalieri le 31 juillet 1527, il signale que Lautrec est encore à Suze, soit à une journée de cheval derrière lui.
115 Les autres sources françaises sont les lettres des chefs d’expédition, Lautrec d’une part (BnF, ms fr 2993 et 3019) et Saint-Pol d’autre part (BnF, ms fr 2979, 3065, 3072, 6637 et 20502), les mémoires laissées par les frères Du Bellay, Blaise de Monluc et M de La Vieilleville Mais ces trois témoignages ont été rédigés a posteriori.
116 VIII-236 : « Elle [la place du Bosco] se défend très bien et sont gentils compaignons ceulx qui sont dedans », X-93, VIII-292 : « Nous avons ces Gascons venuz droit, qui ont belle envye d’en manger » (témoignage à rapprocher de ce que dit Monluc, op cit, p 46), VI-66, VIII-290, IX-302 et VI-119.
117 VI-83, VIII-236, XIII-155, VIII-292 Lorsque les difficultés se présentent, Hurault fait toujours état d’une solution Ainsi, en février 1528, après avoir évoqué les difficultés de trésorerie, il espère les effacer car « quant nous serons en la Poulle [les Pouilles], il y a la douane qui est l’un des meilleurs membres de revenu de ce royaulme », III-236 Cette douane rapporte 100 000 ducats et permet à Lautrec d’envisager une conquête rapide du royaume de Naples Mignet M, op cit, p 412.
118 VI-117, IV-183 (il manque 20 000 livres), XI-61 (50 000 livres à payer aux Suisses arrivés à Ivrée), IV-189 (argent pour payer 4 000 Suisses et M de Lorges), VI-138 (paiement des gens du capitaine Jonas), IV-194 (la moitié des 48 000 livres attendues est arrivée), IV-202 (argent pour les Suisses, Jonas et Lorges), VIII-226 (il manque 46 000 livres sur les assignations), XV-216 (il n’a plus un sou et les paiements approchent), XII-93 (il n’a toujours rien reçu), XIV-254 (il manque encore une partie de l’argent), VI-117 (il manque 20 000 livres), XIV-10 (il ne sait plus où emprunter).
119 XII-61, IV-189, IV-194, IV-207 et XII-93.
120 IV-202 et VIII-226.
121 Pour Hurault : XIV-103 Pour Pierrevive : V-274, VII-41, IV-183, XII-61 et IV-189 (lettres écrites entre le 10 juin et le 4 juillet 1528).
122 Hurault : VI-83 « si vous m’eussuez en Turquie plus tost que en ce voyaige, car je voy bien que je n’y pourray faire le service du roy comme il fust besoing » Pierrevive : VI-138, IV-194, IV-202 et IV-207.
123 Hurault : IV-103 Pierrevive : XI-220.
124 Hurault : VIII-290 et XIII-155.
125 Au Grand Maître : IX-27, XII-290, IX-61, XII-157, VI-139, V-239, II-128 et XI-59 À Berthereau : VI-208.
126 Au Grand Maître : VIII-77, XIV-30, XV-164, XII-292, IV-113, XII-80, IV-211, VII-74, IX-58 et IX-77 À Berthereau : VI-219 Les lettres concernent à la fois la campagne de Lautrec et celle de Saint-Pol.
127 Decrue F, op cit, p 111.
128 Au Grand Maître : III-12 À Berthereau : XIII-140, VI-194, XII-163 et XV-258.
129 Au Grand Maître, pour 1528 : VIII-209 et V-299 et pour 1529 : VII-60, IV-120, XII-87, XIV-139 À Berthereau, pour 1528 : VI-161, XIII-329, XII-232 et XII-237 et pour 1529 : VII-254, IV-212, XIV-175 et III-67.
130 Au Grand Maître : V-313, IV-67, XIV-71, XI-156 et III-180 À Berthereau : V-292, VII-165 et VII-163.
131 XI-156.
132 IV-67, V-313, XIV-71 et VII-165.
133 XII-232, à Berthereau, de Lyon, le 19 novembre 1528 Philippe Hamon a souligné le jeu des vases communicants exécuté entre les différentes caisses des finances royales pour colmater les besoins urgents d’argent, venant en général de l’extraordinaire des guerres Ici, l’argent du roi sert à alimenter une cause « semi-privée » puisque la somme est destinée aux galères du Grand Maître participant à la course en Méditerranée Hamon P, op cit, p 31.
134 XI-59.
135 XIV-175 Ragueneau cite dans cette lettre le trésorier de l’Épargne Preudhomme, le trésorier du Languedoc Pierrevive, le bailli Robertet, Claude Perronnyer, un commis de Ragueneau et le commis de Pierrevive.
136 Pour les « fraiz de recouvrement et voyaige » (IV-194) ; pour les « fraiz de recouvrement et voicture », IV-202 Parfois, la ponction est plus élevée, car sur une assignation de 213 935 livres, Pierrevive n’en a reçu que 165 454 Il écrit au Grand Maître pour faire cesser ce scandale (IV-94 et VIII-100) Sur ces problèmes, voir Hamon P, op cit, p 147-148.
137 Notamment dans Decrue F, op cit, p 140 à 162.
138 Hamon P, « L’honneur, l’argent et la Bourgogne : La rançon de François Ier », Revue française d’histoire des idées politiques, t 1, 1995, p 9-38.
139 Decrue F, op cit, p 140.
140 Au Grand Maître : VII-50, de Bayonne, le 8 juin 1530 Cela n’exclut pas les allers-retours vers le roi IV-128 : Preudhomme au Grand Maître, de Bordeaux, le 29 juin 1530, par laquelle il rend compte de ses discussions avec le roi, l’amiral et Mme de Châtillon.
141 IV-184 : à Berthereau, de Bayonne, le 22 juin 1530 Annonce qu’il va mieux et que le Grand Maître est parti pour Saint-Jean-de-Luz.
142 Decrue F, op cit, p 140.
143 XIII-246, de Bayonne, le 16 mai 1530 Le Cointre a vérifié le poids d’un « poix de fer » utilisé comme étalon par les Espagnols et pesant plus lourd que celui utilisé par les Français, ce qui accroîtrait de plus de 10 % (1 360 livres sur 12 000 livres) le montant de la somme à verser.
144 IX-249, à Berthereau, « dimanche matin ».
145 X-306 : Thibault Mynier à Berthereau, d’Orléans, le 13 juin 1530 : « J’ay esté adverty que ledit trésorier Grolyer est depuis à Bayonne ».
146 III-210 : au Grand Maître, le 4 avril 1530.
147 VIII-293 : de Paris, le 11 décembre 1529.
148 XII-45 : au Grand Maître, le 12 avril 1530 À Berthereau : XIV-198, le 15 février 1530 ; XIV-278, le 22 février ; IX-222, le 12 avril 1530.
149 Au Grand Maître : IV-80, le 25 janvier 1530 ; XIV-122, le 26 janvier ; VIII-259, le 24 février ; IX-49, le 3 mars À Berthereau ; IX-166, le 5 février ; IX-154, le 7 février ; XIII-195, le 8 février, IX-159, le 12 février ; III-179, le 12 février ; XIII-207, le 15 février.
150 Au Grand Maître : X-146, le 18 février 1530 ; III-199, le 4 mars ; XIII-18, le 6 avril ; III-205, le 15 avril.
151 IX-228, à Berthereau, le 22 février 1530.
152 Decrue F, op cit, p 143.
153 X-117 : au Grand Maître, de Montbazon, le 5 avril 1530.
154 VII-1 : Philibert Babou au Grand Maître, de Madrid, le 4 janvier 1530 IX-63 : Bochetel au Grand Maître, de Valladolid, le 3 février 1530 À compléter par BnF, ms fr 20505-121 et 107 ; 3005-134 ; 6639-253 et 3046-99 IX-157 : Bochetel à Berthereau, de Madrid, le 22 février 1530 Bochetel revient ensuite à Paris comme l’indiquent les lettres à Berthereau XV-242 du 27 mars 1530 et VII-149, du 31 mars 1530.
155 XIV-319, à Berthereau, de Malines, le 12 juin 1530.
156 Decrue F, op cit, p 136-137 Mignet M, op cit, t II, p 480-482 Les exemples de Paris et d’autres grandes villes du royaume sont évoqués dans Knecht R, op cit, p 275-276.
157 VIII-6 : Le Grand Maître à M de Clermont, [s l, probablement Dijon], le 21 janvier 1530.
158 Encore que Thomas Bohier fasse allusion à quelques difficultés pour réunir la rançon du roi, compensées il est vrai par l’annonce que la participation du clergé du Mans et d’Angers s’élève à 19 000 livres III-210, Thomas Bohier au Grand Maître, de Tours, le 4 avril 1530.
159 La lettre VIII-293 (Paris, le 11 décembre 1529) de Gaillard Spifame, confirme la facilité de la collecte en Normandie.
160 Decrue F, op cit, p 136.
161 BnF, ms fr 3074-153, Clermont au Grand Maître, de Pont-Saint-Esprit, le 11 novembre 1529 Propos corroborés par une lettre de Jean de Poncher XV-116, Jean de Poncher au Grand Maître, de Pont-Saint-Esprit, le 11 novembre 1529.
162 BnF, ms fr 3074-193-194, Clermont au Grand Maître, d’Avignon.
163 BnF, ms fr 3064-17, de Capestang.
164 III-199 Il annonce cependant des difficultés à changer la monnaie en or.
165 XIII-18.
166 III-205 La quatrième lettre écrite de Toulouse (X-146, du 18 février 1530) n’a pas de rapport avec la rançon, mais revient sur l’octroi de la vente de blés languedociens à Bayonne.
167 XIII-338, M d’Urfé au Grand Maître, de La Bastie, le 23 décembre 1529.
168 III-163, M de La Mairie à Berthereau, de Mâcon, le 26 octobre 1529.
169 Hamon P, art cit.
170 X-292, Claude Patin au Grand Maître, de Paris, le 23 décembre 1529.
171 XIV-7, M de Belleville au Grand Maître, de Saintes, le 12 décembre 1529 Le représentant du roi est « Monsieur de Jarnac, qui y est de par ledit seigneur [qui] de bons propos en a ».
172 Decrue F, op cit, p 136-137 Les lettres d’Oudart du Biez relatives à cette affaire sont conservées à la BnF, ms fr 20503, fo 25, 14 et 16.
173 XIII-224 : Foucre à Berthereau, d’Angoulême, le 24 avril 1530.
174 VI-172, Guy de Laval à Berthereau, de Laval, le 16 décembre 1529.
175 XIV-7, d’Humières à Berthereau, de Monchy, le 9 janvier 1530.
176 XIV-8, Le Breulle au Grand Maître, de Moulins, le 17 décembre 1529 Les gentilshommes s’accordent donc jusqu’à la mi-janvier pour répondre, le temps de voir ce que décident les nobles des provinces limitrophes ?
177 II-222, Villandry au Grand Maître, de Provins, le 20 décembre 1529.
178 II-189, Jean de Selve au Grand Maître, de Paris, le 23 mai 1529.
179 VI-57, Pierre Duchiénot au Grand Maître, de Montbéron, le 25 novembre 1529.
180 V-210, M de Ruffec au Grand Maître, d’Angoulême, le 8 janvier 1530.
181 V-166, M de Barbézieux au Grand Maître, d’Angoulême, le 8 janvier 1530 Barbézieux ajoute que 4 000 livres représentent un gros effort car « ce pays n’est pas de grande estandue ».
182 On comprend la surprise de M de Laval qui, dans la suite de sa lettre écrit : « Ilz ne m’avoient jamais escondui ne reffusé de chose que je leur eusse demandé pour le service du roy », VI-172.
183 XV-116, Jean de Poncher au Grand Maître, de Pont-Saint-Esprit, le 11 novembre 1529.
184 BnF, ms fr 3074-193-194, M de Clermont au Grand Maître, d’Avignon, le 21 décembre 1529.
185 VI-57, Pierre Duchiénot au Grand Maître, de Montbéron, le 25 novembre 1529.
186 XII-258, Pierre de Garges à Berthereau, de Chantilly, le 11 décembre 1529.
187 On peut noter aussi que le fils de M d’Urfé se prénomme Anne car il a pour parrain le Grand Maître.
188 Hamon P, op cit, p 176.
189 Ibid, p. 180.
190 XV-344 ; Guillaume de Montmorency à Berthereau, de Chantilly, le 8 décembre 1529 : « Le Grant Maistre m’a escript qu’il vous avoit envoié à Paris pour délivrer nostre vécelle Je vous prie me mander l’acquet et le prix de celle que j’ay baillée… ».
191 Hamon P, op cit, p 176-177.
192 Les trois chiffres sont fournis par Knecht R, op cit, p 277.
193 Sur ces cinq personnages : CAF, t VII-27852, 27853, 27854, 27856 et 27863.
194 Ibid, t VII-28951.
195 Ibid, t VI-19949 et t VII-32499.
196 Cette question est parfaitement traitée d’un point de vue chronologique dans Decrue F, op cit, p 136 et suiv.
197 Au Grand Maître : VII-99, le 17 juin et VI-113, le 28 juillet À Berthereau : XI-139, le 13 avril, VII-293, le 17 juin, IV-240, le 28 juillet et III-105, le 13 novembre.
198 BnF, ms fr 4523, fo 34 vo.
199 Il doit au marquis « les fournitures de lits, feu, chandelle, bon linge de lit et de table, et autres choses nécessaires » CAF, t VI-20150.
200 « Je ne scay où prendre argent pour faire la despence de celluy que j’ay en garde », VII-293 Et « Je ne scay où prendre argent touchant la penssion de M le marquis, car je vous advertiz qu’il m’est deu ung moys tout entier », XI-139.
201 IV-240 Jusqu’à cette date, les versements tombent assez régulièrement : « M de Grolier m’en fist rembourcer d’ung moys que j’avoys advensé », XI-139.
202 VII-293.
203 Au Grand Maître : VIII-336, de Paris, le 5 septembre 1530 : « Le capitaine Cargery est ici sans ressource et vist d’empruntz depuis troys moys » À Berthereau : XIII-216, de Paris, le 15 mars 1530 : Grolier a déjà écrit au Grand Maître et à Berthereau de l’affaire de M de Cargerie « auquel il est deu plus d’un mois de la nourriture et garde du seigneur Jean Louis de Saluces Le pouvre homme me sollicite souvent de vous escripre », XIII-209, de Paris, le 8 septembre 1530 : « Cargery se recommande à vous », XV-65, de Paris, le 14 septembre 1530 : « Le pouvre homme est en grande paine et vous asseure que n’eust esté ce que je luy ay presté, il eust esté contrainct aller à la court solliciter », et XV-363, de Paris, le 8 décembre 1530 : « Je vous ay cy devant souvent escript de Cargory, dont je n’aye aucune responce » Trois fois sur cinq, la phrase concernant M de Cargerie vient en post-scriptum.
204 IX-322 : Guillaume Preuhomme à M de Cargerie, d’Amboise, le 21 septembre 1530 : « Monsieur le Grant Maistre m’a parlé de vous faire déclairer quelque argent ».
205 La cour est de retour à Fontainebleau le 8 décembre 1530, soit précisément le jour où Jean Grolier adresse sa dernière recommandation concernant M de Cargerie à Nicolas Berthereau (XV-363).
206 CAF, t VI-20150 et P.O 597-13963 qui précise que la somme totale est de 540 livres tournois pour ce trimestre CAF, t VII-27673 (juin 1531) Le total se monte à 546 livres CAF, t VII-28063 (septembre 1531) Le total du trimestre est de 552 livres.
207 De Poisieux au Grand Maître : XV-9, VIII-9 et XIV-163.
208 VI-60, de Nantes, le 9 décembre 1528.
209 De Poisieux au Grand Maître : XV-9, de Poisieux Avant d’être envoyé à Saint-Malo, M de Poisieux commandait la place, « mal gardée », de Poisieux où les mortes-payes n’ont rien reçu de leurs gages de l’année (VIII-190, de Poisieux) Ces retards n’ont rien d’exceptionnel En 1525, les mortes-payes de Montreuil et de Boulogne sont payées avec treize mois de retard Hamon P, op cit, p. 23.
210 Des Arpentis au Grand Maître : V-300, des Arpentis ; V-295, de Nantes, le 28 novembre 1529 ; VII-317, de Nantes, le 8 janvier 1529 ; VI-60, de Nantes, le 9 décembre 1528.
211 CAF, t VII-27606 pour M de Poisieux et VII-27605 pour M des Arpentis.
212 Louis de Fourmillon au Grand Maître : III-19, de Toulon, le 16 juin 1530 À Berthereau : VII-300, de Marseille, le 23 avril 1529, et XIII-301, de Toulon, le 6 août 1530.
213 Pierre de Montdragon au Grand Maître : VIII-3, de Toulon, le 23 octobre 1526.
214 M de Laval, gouverneur de Bretagne, « a baillé des gens et vient ses jours icy pour mestre bonne seureté en ceste plasse [de Saint-Malo] » XIV-321, de Poisieux au Grand Maître, de Saint-Malo, le 4 mai 1526.
215 XV-9.
216 V-295.
217 VII-300.
218 VIII-3.
219 Les navires espagnols naviguent aussi tout le long de la côte bretonne M de Poisieux met en défense Saint-Malo car il craint une attaque des Espagnols (XIV-321) Voir également le courrier d’un dénommé Lartigue qui relate « comment il est passé icy plussieurs marynyers qui ont esté prys des Espaignolz en allant au seel à la coste de Bretaigne et sont dix ou douze chalopes et galyons armés » X-113 : Lartigue au Grand Maître, du Havre, le 28 juillet 1527.
220 Le lien épistolaire entretenu par les uns et les autres est très variable Une seule lettre pour Consac (au Grand Maître : XV-152), La Forest (au Grand Maître : VIII-270) et Lance (au Grand Maître : XV-196), deux pour Du Chesnoy (au Grand Maître : V-67 et VIII-298) et Genton (au Grand Maître : IX-6, à Berthereau : XII-229), trois pour Houllon (au Grand Maître : IX-71 et VIII-320, à Berthereau : XV-73), neuf pour Thignonville (au Grand Maître : IX-127, XI-15 et XIV-69, à Berthereau : V-8, IX-223, XIII-25 et 142, XIV-70 et 74) et dix pour La Voulte (au Grand Maître : IV-41, à Berthereau : III-147 V-14, XI-145, XIV-28, 66 et 244 et XV-19, à M de La Mairie : IX-170 et à M de Magny : XV-16).
221 Les expressions « pouvre peuple » et « Utilité de la chose publicque » reviennent respectivement à 5 et 2 reprises.
222 VIII-270 pour les deux extraits.
223 IX-6 (Genton), XV-196 (de Lance) et XIV-28 (La Voulte).
224 XV-196.
225 VIII-320.
226 XV-196.
227 Pour l’expédition : Decrue F, op cit, p 34 Pour l’aide demandée aux prévôts : BnF, Du Puy 261-1.
228 Une justice expéditive mise en avant par Muchembled R, L’invention de l’homme moderne Culture et sensibilités en France du XVIe au XVIIIe siècle, Paris, 1994, p 160-164 Et, du même auteur, Le temps des supplices De l’obéissance sous les rois absolus, XVe-XVIIIe siècle, Paris, 1992, p 105 et suiv.
229 L’édit royal d’Henri II de 1554 enlève aux prévôts une grande partie de leurs compétences judiciaires pour les transférer aux présidiaux nouvellement créés (1552) Il trouve probablement son origine à la fois dans la pression exercée par des officiers de justice voulant récupérer leurs attributions et l’une de leurs principales sources de revenus ainsi que dans les plaintes émanant des sujets relatives à une justice prévôtale trop expéditive Muchembled R, Le temps des supplices, op cit, p 106.
230 Hamon P, op cit, p 291-296.
231 XV-75, de Paris, le 14 janvier 1530 ; XIII-41, de Paris, le 31 janvier ; XIII-196, de Paris, le 9 février ; XIII-203, de Paris, le 11 février ; XIII-208, de Paris, le 17 février ; IX-245, de Blois, le 31 mars ; XIV-37, de Blois, le 9 avril ; XIII-220, de Blois, le 13 avril ; et XIII-291, de L’Epinarten-Brie, le 24 juillet.
232 XIII-41 : de Paris, le 31 janvier 1530.
233 IX-245 : de Blois, le 21 mars 1530 et IV-36 : de Blois, le 26 mai 1530 Dans les deux cas, le nom de Pierre d’Apestéguy est associé à celui de Preudhomme.
234 Pour Villandry : À Berthereau : XV-75 : de Paris, le 14 janvier 1530 ; XIII-196 : de Paris, le 9 février 1530 ; et XIII-291 : de L’Espinart-en-Brie, le 24 juillet 1530 Au Grand Maître : XIII-77 : de L’Espinart-en-Brie, le 24 juillet 1530 Pour Villeroy : XIII-41, de Paris, le 31 janvier 1530 ; XIII-1196 et XIII-291
235 XIII-291 Ruzé espérait aussi celui de Madeleine de Savoie qui aurait pu lui en écrire une « si elle eus testé plus forte », XIII-77 Il s’agit de la seule allusion au fils du Grand Maître né quelques jours auparavant Par contre, dans cette lettre et dans la XIII-291, il signale qu’il a prêté 2 000 écus à Madeleine de Savoie pour Mme de Villars
236 XIII-291, du 24 juillet 1530.
237 XIII-77, du 24 juillet 1530.
238 Ibid.
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