Gene Kelly : 10 (petites) choses que vous ne savez (peut-être) pas sur la star de « Singin’ in the Rain »

Gene Kelly : 10 (petites) choses que vous ne savez (peut-être) pas sur la star de « Singin’ in the Rain »

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Gene Kelly : 10 (petites) choses que vous ne savez (peut-être) pas sur la star de « Singin’ in the Rain »

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Gene Kelly, chantant sous la pluie
Gene Kelly, chantant sous la pluie
© Getty - Michael Ochs Archives

Danseur, chanteur, comédien mais aussi chorégraphe, metteur en scène et réalisateur, Gene Kelly est l'une des figures les plus indispensables et marquantes de l'histoire de la comédie musicale américaine. Voici 10 (petites) choses sur l'immense Gene Kelly.

Il a été danseur, chanteur et comédien dans les plus grandes comédies musicales du XXe siècle, mais également réalisateur et surtout chorégraphe, notamment pour les films Un Américain à Paris en 1951 puis du célèbre Singin’ in the Rain. Grand sportif issu de la classe ouvrière de Pittsburgh, il transforma la danse des comédies musicales d’une forme très académique et sophistiquée en art masculin athlétique et accessible, inspiré de la culture américaine. Voici 10 (petites) choses que vous ne saviez (peut-être) pas sur l’immense Gene Kelly, figure emblématique de la comédie musicale.

Sportif dans l'âme

« La comédie musicale, c’est un vrai match de boxe », affirmait Gene Kelly. En effet, le sport est l’un des éléments fondateurs de son style de danse. Enfant, il rêvait de rejoindre l’équipe de Baseball des Pittsburgh Pirates en tant que « shortstop ». Mais sa mère l’encourage plutôt à suivre des cours de danse. D'abord réticent car il se fait harcelé par les autres garçons, Gene Kelly y revient lorsqu’il comprend qu'il peut faire de celle-ci un instrument de séduction.

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Danseur passionné mais sportif dans l’âme, Gene Kelly fera de ces activités un seul et même art, qu'il développe comme une extension de la gymnastique. Il s’inspire notamment du baseball et du hockey sur glace en observant les athlètes de l’époque. Ses pas sont plus ouverts et près du sol, comme ses sportifs préférés. A cela s’ajoute la morphologie de Gene Kelly, athlétique et musclée, inhabituelle pour un danseur à l’époque.

Créateur d’une danse américaine

« Quand Gene avait finalement décidé qu'il allait poursuivre une carrière dans la danse, il a regardé autour de lui et s'est rendu compte qu'il n'avait pas de modèle. Comment se déplace le mâle américain ? » demande Patricia Ward Kelly, troisième femme et biographe de Gene Kelly, lors d’une interview sur France Musique.

Gene Kelly conçoit ainsi un style de danse plus éclectique et varié, plus énergique et athlétique, inspiré des traditions européennes tout en restant fidèle à sa nationalité, ses passions et son passé. « Il est impossible de dire ce que j'ai à dire en utilisant la cinquième position, affirmait Kelly. Je devais exprimer la virilité et la force, le Coke et les hot dogs et le football américain et le basket et le jazz ». En faisant de son art une expression honnête de lui-même et de ses expériences, Gene Kelly parvient à créer une danse véritablement américaine, libérée des codes de la danse européenne.

42e rue
58 min

Gene Kelly, réalisateur et chorégraphe

Danseur, chanteur et acteur de comédies musicales. Voilà ce à quoi on associe principalement Gene Kelly. Pourtant, ce dernier passe sa vie à œuvrer pour que l’on se souvienne de lui pour d’autres raisons : « Il voulait que l'on se souvienne de lui pour son travail derrière la caméra en tant que réalisateur et en tant que chorégraphe créateur. Il voulait être connu pour avoir changé le look de la danse au cinéma. Mais les gens ne pensent pas à lui à ce titre. Ils pensent à lui en tant que danseur parce qu'il est tellement magnifique à l’écran qu'ils ne le savent pas et qu'ils n’imaginent pas ses autres dimensions », explique Patricia Ward Kelly.

Gene Kelly réalise notamment plus d'une dizaine de films, et signe près d’une trentaine de chorégraphies, dont Cover Girl, Anchors Aweigh, On the Town, An Americain in Paris, Singin’ in the Rain, Brigadoon et Invitation to the Dance. Il sera même chorégraphe de ses propres scènes dans Les Demoiselles de Rochefort.

Une affaire d’hommes

Gene Kelly défie non seulement le style des comédies musicales de l'époque, mais il remet également en question la façon dont la danse et les danseurs masculins sont perçus par la société. En effet, l'art de la danse est alors principalement une affaire féminine. A cela s’ajoute une féminisation généralisée des danseurs masculins qui, selon Kelly, freine une nouvelle génération masculine dans la découverte de cet art.

En 1958, il s'attaque à cette stigmatisation dans un programme télévisé pour NBC intitulé Dancing, A Man's Game [La danse, une affaire d’hommes]. Il y invite les plus grandes stars du sport de l'époque, dont le joueur de baseball Mickey Mantle et le boxeur Sugar Ray Robinson. Aux côtés de ses invités, il tente de montrer les points en commun entre la danse et le sport afin de détruire une fois pour toute les nombreux préjugés et montrer qu'il est possible (et même normal) qu'un homme soit gracieux.

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Le “cine-dancing” : de la scène au grand écran

Après ses premiers succès à Broadway à la fin des années 1930, Gene Kelly part à Hollywood pour conquérir le septième art, notamment aux côtés de Rita Hayworth dans Cover Girl. Mais il existe un néant immense entre la danse conçue pour la scène et le grand écran. Kelly s’efforce alors de concevoir de nouveaux mouvements uniques pour le cinéma. Plutôt que de chorégraphier à la façon de ses prédécesseurs, Kelly souhaite que les mouvements de caméra servent la chorégraphie, afin de créer quelque chose d’unique au cinéma et impossible à recréer sur une scène de théâtre.

Il invente alors le « cine-dancing », référence à toute chorégraphie conçue spécifiquement pour le septième art. Ses chorégraphies cinématographiques sont ainsi conçues expressément pour la caméra, prenant en compte le placement et le mouvement des caméras, ainsi que le montage du film. Cela se voit notamment dans la célèbre scène de Singin' in the Rain, lorsque Gene Kelly danse sous la pluie. Le zoom de la caméra sur son visage alors qu'il chante est un mouvement précisément chorégraphié pour ajouter une dimension supplémentaire à la scène, unique à l'art du cinéma.

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Révolutionner le cinéma

Gene Kelly fait également évoluer le cinéma grâce aux effets spéciaux novateurs de ses propres films. Dans Cover Girl (1944), le personnage de Kelly se bat contre son alter-ego, manifestation de sa lutte intérieure. La scène est un exploit technique et fera de Kelly une star du cinéma. Il est également l’un des premiers à combiner animation et action en direct dans Anchors Aweigh, lorsqu’il danse avec Jerry la souris. La scène ne dure que quatre minutes mais nécessitera plusieurs mois de montage. Près de 10 000 images sont dessinées et synchronisées avec les mouvements de Kelly.

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Pour son film fantastique The Pirate (1948), Kelly invente une nouvelle caméra, surnommée « Ubangi », afin d’obtenir les prises de vue en contre-plongée jusqu’alors presque impossibles à obtenir avec les caméras de l’époque, en raison de leur grande taille. En 1949, il est également l'un des premiers à réaliser une comédie musicale à gros budget en dehors d'un studio, avec On the Town (1949) dans les rues de New York. Le tournage in situ d’une comédie musicale sera un franc succès et inspirera de nombreux réalisateurs.

Gene Kelly vs Fred Astaire

On compare souvent Gene Kelly à un autre comédien célèbre, Fred Astaire. En effet, chacun marque l’histoire de la comédie musicale à sa manière. Mais alors que Fred Astaire incarne le summum de la dignité de l’aristocrate, en queue de pie et nœud papillon, Gene Kelly préfère plutôt s'habiller dans un style qui reflète ses origines prolétaires, et s’exprimer par une danse inspiré de son enfance. « J’appartiens à ta génération du tee-shirt, et je me sens mal dans un smoking. A la sophistication je préférais les notions de réalité et de vitalité », peut-on lire dans Libération le 5 février 1996.

C’est Gene Kelly lui-même qui résumera au mieux la différence entre les deux artistes : « J'étais le Marlon Brando des danseurs, et lui le Cary Grant. Mon approche était complètement différente de la sienne, et nous voulions que le monde s'en rende compte, plutôt que de nous regrouper. […]. Nous ne pouvions pas être plus différents tous les deux, pourtant le public insistait pour nous considérer comme des rivaux… » explique Gene Kelly lors d’une interview avec le journaliste et critique Clive Hirschhorn (publié dans Gene Kelly, A Biography, 1984).

Fred Astaire et Gene Kelly
Fred Astaire et Gene Kelly
© Getty - Silver Screen Collection

Gene Kelly le contestataire

Danseur passionné et réalisateur visionnaire, Gene Kelly est également politiquement engagé. « Il était très ami avec John F. Kennedy et Robert Kennedy. Il a travaillé pour beaucoup de candidats démocrates […]. Il avait une sensibilité humanitaire très profonde », raconte Patricia Ward Kelly. C’est ainsi que Gene Kelly participe à de nombreux mouvements sociaux et politiques dénonçant les injustices de l’époque, dont notamment le lynchage, alors encore pratiqué aux Etats-Unis.

A la fin des années 40, la « Peur rouge » et les lois anti-communistes de Joseph McCarthy saisissent les Etats-Unis et Hollywood. Le nouveau Comité des Activités Anti-Américaines de la Chambre des représentants des États-Unis crée une liste noire de figures présumées communistes. Kelly rejoint alors le collectif Committee for the First Amendment, composé des plus grandes stars d’Hollywood. Ces derniers se rendent à Washington, D.C. en octobre 1947 afin de contester les audiences du Comité des Activités Anti-Américaines, sans grand effet.

Le "Committee for the First Amendment" quitte Washington
Le "Committee for the First Amendment" quitte Washington
© Getty - Bettmann

Marin à l'écran, marin pour de vrai

Le hasard fait souvent bien les choses : peu de temps après avoir joué un marin dans le film Anchors Aweigh (1945), Gene Kelly devient un vrai marin américain en 1945. « Gene a atteint le rang de Lieutenant de la marine américaine. Il n’était pas obligé d’aller faire la guerre, car il était déjà assez vieux, mais il tenait néanmoins à participer. Il est même passé par le camp d'entraînement. C'était assez brutal. Et il est allé au camp d'entraînement parce qu'il sentait que les marins lui en voudraient s'il arrivait et devenait immédiatement officier dans la marine », raconte Patricia Ward Kelly.

Il rejoint ensuite l'unité photographique navale du Maryland et réalise même des documentaires pédagogiques pour la marine, dont notamment Irritability, qui est alors le nom donné au Syndrome de Stress Post-Traumatique (SSPT) dont souffraient de nombreux soldats. Son expérience dans la marine lui permet également d’expérimenter avec les nouvelles technologies du cinéma, dont la 3D.

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Un américain à (l’Opéra de) Paris

Gene Kelly est un danseur aux gestes populaires, influencé par le sport et la culture américaine, mais il ne sera pas moins influencé par le monde du ballet. Il se verra même invité par les célèbres Ballets Russes, mais il préfère alors poursuivre sa propre carrière. En 1956, il réalise l’un des projets les plus ambitieux de sa carrière, Invitation to the Dance (1956), un film-ballet sans dialogues ni chansons, qui nécessite quatre ans de préparation.

C’est en 1960 que Gene Kelly s'affirme finalement dans le monde du ballet lorsqu’il est invité par Aman-Julien Maistre, administrateur de la Réunion des Théâtres Lyriques Nationaux, pour créer un ballet moderne pour la compagnie de l’Opéra Garnier. Il fut le premier Américain à recevoir une telle mission. Le résultat fut Pas de Dieux, ballet inspiré de la mythologie grecque sur la musique du Concerto en fa de George Gershwin. Gene doit alors affronter plusieurs défis, dont la célèbre scène en pente de l’Opéra Garnier, mais aussi apprendre aux danseurs classiques parisiens à lâcher leur corps pour danser le jazz.

L’œuvre sera un franc succès, et vaudra à Gene Kelly la Légion d'Honneur. « La France était le premier pays à vraiment reconnaître ses talents. Ainsi, en 1960, lorsqu'il crée son ballet au Palais Garnier, après la soirée d'ouverture, on lui remet la Légion d'honneur. C’était en 1960. Ce n'est qu'en 1994 que Jean a reçu la médaille nationale des arts des États-Unis, de la part du président Clinton. Je pense qu'il s’est toujours senti soutenu par la France » résume Patricia Ward Kelly.

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