« Il a menti à tout le pays » : François Hollande répond aux attaques de Jérôme Cahuzac
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« Il a menti à tout le pays » : François Hollande répond aux attaques de Jérôme Cahuzac

Condamné pour fraude fiscale, l’ancien ministre socialiste Jérôme Cahuzac ne « s’interdit rien » sur un éventuel retour en politique. À la radio, ce lundi 27 novembre 2023, il en a profité pour charger François Hollande, l’accusant d’avoir lui aussi menti. L’ancien président de la République lui a répondu.

Le président François Hollande (à gauche) écoutant le ministre délégué au Budget Jérôme Cahuzac (à droite), le 4 janvier 2013 au palais de l’Élysée à Paris.
Le président François Hollande (à gauche) écoutant le ministre délégué au Budget Jérôme Cahuzac (à droite), le 4 janvier 2013 au palais de l’Élysée à Paris. | MIGUEL MEDINA / ARCHIVES AFP
  • Le président François Hollande (à gauche) écoutant le ministre délégué au Budget Jérôme Cahuzac (à droite), le 4 janvier 2013 au palais de l’Élysée à Paris.
    Le président François Hollande (à gauche) écoutant le ministre délégué au Budget Jérôme Cahuzac (à droite), le 4 janvier 2013 au palais de l’Élysée à Paris. | MIGUEL MEDINA / ARCHIVES AFP

Passe d’armes sur les ondes entre l’ancien président de la République et l’un de ses ex-ministres. Ce lundi 27 novembre 2023, Jérôme Cahuzac a estimé « avoir purgé sa dette ». Désormais âgé de 71 ans, l’ancien ministre sous François Hollande a même évoqué la possibilité d’un retour politique, dix ans après, et s’en est pris à ce dernier.

Ministre délégué au Budget et devenu un élément important du gouvernement Jean-Marc Ayrault, Jérôme Cahuzac avait démenti, « les yeux dans les yeux », devant les députés, détenir un compte caché à l’étranger, après les révélations de Mediapart en 2013. Il avait aussi fermement affirmé n’avoir « jamais eu de compte en Suisse » à plusieurs journalistes, lors de différents passages à la radio ou à la télé, comme sur RTL ou RMC.

Après avoir nié publiquement, Jérôme Cahuzac avait pourtant démissionné de ses fonctions ministérielles, remplacé par Bernard Cazeneuve, avant de reconnaître, seulement plus tard, les faits devant les juges d’instruction, puis d’être exclu du Parti socialiste. Cinq ans plus tard, en 2018, il avait été condamné pour fraude fiscale à quatre ans de prison, dont deux avec sursis, et cinq ans d’inéligibilité.

« J’ai payé d’un bannissement social ce mensonge. J’ai payé les illégalités de prison et d’amende », a souligné l’ancien maire de Villeneuve-sur-Lot sur France inter ce lundi. « Ayant purgé ma dette, j’ai retrouvé l’entièreté de mes droits […], le droit de penser, de m’exprimer », a-t-il justifié.

François Hollande a « menti » sur le chômage

Et à propos de son mensonge, Jérôme Cahuzac a relativisé les conséquences de celui-ci sur la confiance des Français dans la vie politique. Tout en chargeant François Hollande : « En 2013, il annonce le retournement de la courbe du chômage, sachant parfaitement que c’était impossible. Aucune note de la direction de la prévision de la Banque de France, de la direction du Budget, de la direction du Trésor ne lui permettait d’annoncer cela. Bien au contraire même. » « Quand il l’annonce des années avant, il ment », a ainsi accusé l’ancien ministre, sur France inter.

Selon Jérôme Cahuzac, François Hollande a aussi une « responsabilité à cet égard » dans la défiance des Français vis-à-vis des politiques. « J’ai ma part de responsabilité que j’assume. Il faudrait peut-être que les autres reconnaissent la leur et l’assument. On en est loin. »

Avant de poursuivre en jugeant que l’élection du président de la République en 2012 « s’est avérée un choix malencontreux et même douloureux à la fin ». Puis de continuer sa sortie sévère : « Un président sortant qui n’a même pas la possibilité de se représenter, cela en dit long sur la façon dont il a précisément exercé ce mandat. »

« Il restera celui qui m’a menti, qui a menti à tout le pays »

Et l’ancien président socialiste (2012-2017) n’a pas tardé à lui répondre, en nuances. Jérôme Cahuzac « peut retrouver ses fonctions de citoyen mais moralement, il restera celui qui a menti devant la représentation nationale, qui a menti à sa famille politique, qui m’a menti, qui a menti à tout le pays », a réagi François Hollande sur franceinfo.

Cette comparaison sur le chômage revient à « confondre ce qui est un objectif politique, une promesse, qui mérite d’être tenue, toujours, avec un mensonge pour un fait privé », a-t-il répliqué. Et un fait pour lequel il a donc été condamné.

Au-delà de ce tacle à l’ancien président socialiste, Jérôme Cahuzac a aussi estimé que son mensonge était même moins grave politiquement que « l’accord de soumission » du PS à LFI pour « sauver quelques sièges de députés ». Les dirigeants socialistes « ont vendu tout l’esprit de responsabilité, tout le bilan du PS de ces quarante dernières années », a-t-il dénoncé, jugeant que la Nupes met la gauche dans « l’incapacité absolue de retrouver le pouvoir ». « Je ne suis pas sûr que sur le plan politique, ce ne soit pas plus grave » que son propre cas, a-t-il insisté.

« Je ne m’interdis rien »

« Faire de la politique, c’est la conquête du pouvoir et c’est l’action publique, [qui] ne peut s’exercer qu’avec une légitimité, c’est-à-dire avec un mandat. Il est clair que je ne m’interdis rien », a ainsi déclaré sur France inter Jérôme Cahuzac, à propos d’un éventuel retour politique, via un mandat local ou national.

D’autres, comme lui, se sont présentés à des élections après avoir été condamnés et ont même été élus, a relevé François Hollande. « Est-ce que c’est le signe de la vitalité de la démocratie ? Je ne le crois pas », a néanmoins asséné l’ancien président.

Un retour en politique ?

Alors Jérôme Cahuzac reviendra-t-il ? Prépare-t-il son retour en politique ? Jeudi dernier, pour son premier discours public dix ans après sa chute, il s’est montré combatif. Il a décidé de n’épargner personne, attaquant un « paysage politique dévasté » en décrivant une « gauche ravagée » et une « droite républicaine » qui « se délite ». Pour lui, il est donc « temps de créer une sorte d’union nationale » pour « traiter la transition énergétique, la dette, le niveau de vie avec comme difficulté supplémentaire deux guerres qui vont hélas probablement durer ».

Devant près de 200 personnes conquises, dans la salle des fêtes de Monsempron-Libos, celui qui fut député de la 3e circonscription du Lot-et-Garonne durant dix ans s’est exprimé pendant près de deux heures, a rapporté l’AFP« J’ai commis une immoralité […] quand j’ai menti à l’Assemblée, je n’ai pas pensé par moi-même, même si j’ai assumé ensuite », a-t-il défendu. « Je récuse le procès qui m’est fait qui consisterait à m’interdire d’aller où je souhaite aller, de rencontrer qui veut me rencontrer et de dire ce que je pense. »

À trois ou quatre ans des prochaines échéances (municipales en 2026, législatives en 2027), celui qui a amorcé son retour fin septembre avec la création d’une association des Amis de Jérôme Cahuzac n’a en revanche pas dévoilé ses intentions pour la suite. Les Français sont-ils prêts à lui pardonner ? Si les électeurs locaux lui ont réservé un accueil plutôt bienveillant jeudi matin sur un marché de son fief, ils étaient, d’après les témoignages, assez partagés sur sa démarche.

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