Les Rayons Et Les Ombres - Victor Hugo - Babelio
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EAN : 9781144202352
224 pages
Nabu Press (11/02/2010)
4.22/5   23 notes
R�sum� :
Les Rayons traversent l'univers joyeux de la beaut�, de l'amour, de la nature en f�te et du souvenir des jours heureux ; � l'oppos�, Les Ombres expriment la tristesse, les morts, les rois, les h�ros oubli�s. Ensemble, ils forment la vie... Les Rayons sont interpr�t�s comme l'all�gorie de la connaissance (d'o� la mission de guide du po�te) ; � l'inverse, Les Ombres sont interpr�t�es comme l'all�gorie de l'ignorance (le po�te a la mission de guider les gens, en �clair... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
A mesure que Victor Hugo semble acqu�rir des certitudes en ce qui concerne la mission du po�te et de son langage vis-�-vis de la soci�t�, sa po�sie se fait moins d�monstrative. Elle gagne en subtilit�s l� o� les po�mes des Chants du cr�puscule ou des Voix int�rieures recouraient trop souvent aux oppositions manich�ennes, aux emportements virulents, aux images po�tiques classiques. Ce dernier volet de la triade des recueils se dirige vers la r�volution po�tique que Victor Hugo conna�tra avec les po�sies des Contemplations. Les pr�occupations politiques se font plus rares ou moins explicites, att�nu�es par un probl�me plus important qui les englobe, avec l'angoisse diffuse d'une �poque qui aurait oubli� non seulement les dieux mais aussi les l�gendes et les traditions de ses anc�tres.


L'angoisse est aussi celle d'�tre en proie au m�me doute qu'on aimerait d�noncer chez les autres. La remise en question de la validit� de Dieu dans une soci�t� boulevers�e par les mouvements de r�volte et par l'instabilit� politique n�cessite une reconfiguration du paysage religieux. Victor Hugo, �lev� par une m�re voltairienne, a �t� pouss� du c�t� religieux par l'influence De Chateaubriand. Il n'a sans doute jamais connu la foi, sauf peut-�tre avec l'influence de Lamennais en 1822. Sans doute a-t-il ressenti le besoin de croire sans savoir sur quel mouvement ou quelle pens�e jeter absolument son d�volu �parce qu'il percevait peut-�tre les limites de chaque institution. La pens�e religieuse est alors proche de certaines tendances philosophiques et sociales qui s'�vanouissent trop rapidement pour ne pas blesser l'enthousiasme : aucune des tendances parmi le catholicisme lib�ral de Lamennais, le fouri�risme disparu en 1833 ou le Saint-Simonisme supprim� en 1832 ne parviennent � s'affirmer comme nouveau dogme constructif. Est-ce pour cette raison que ce recueil v�hicule l'id�e d'un d�isme palpitant ? Oscillant de la blessure qu'on lui inflige � la joie secr�te d'�tre m�pris�, et de n'�tre accessible qu'aux plus m�ritants, que Victor Hugo va peut-�tre r�ussir � �clairer�


Les Rayons et les ombres ne m'est pas apparu comme une r�v�lation po�tique en lui-m�me. En revanche, plac� dans l'ombre des Contemplations �que l'on pr�sente comme son chef d'oeuvre po�tique- et dans la continuit� des plus d�cevants Chants du cr�puscule et Voix int�rieures, il t�moigne d'un parcours qui attise la curiosit� : celui de la ferveur d'une �me passionn�e.
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"Les Rayons et les Ombres " de Victor Hugo : lire cet ouvrage de po�sie est ,sans exag�ration aucune, un " r�gal , un d�lice ! Lisant le titre , on saisit la dualit� : Rayons/Ombres .
Je ne pr�tend nullement � dire que , je suis un crique de po�sie mais je fonctionne simplement , �tant une personne spontan�e je r�agit sans trop de calculs, c 'est �
dire si j 'observe un beau paysage : la beaut� est l� car si j 'ajoute des explications , je dirai c 'est du verbiage car la beaut� du paysage parle d 'elle-m�me, elle est devant les yeux ; autre exemple : j ' entends une musique qui charme l 'ou�e : je suis �mu .Dans tout cel� je laisse mes sens saisir la beaut� , le merveilleux :Tout ce qui �meut sans trop commenter ni philosopher Je sais qu ' en �crivant ceci , les " forts en th�me ", me diront : oui on doit discuter commenter , ergoter .
Bon , je reviens au po�me :
--Les Rayons renvoient � la clart� : la lune ,le soleil ,les arbres ,les beaux paysages ,la bont� des gens , les �toiles parsem�es au ciel au cours d 'une belle
soir�e , l ' harmonie d�gag�e par une belle composition musicale etc ......
---Les Ombres revoient � tout ce qui est sombre , noir , triste ,douloureux, malheureux etc....
J 'ai aim� , j 'aime et j 'aimerai toujours cet ouvrage .En �crivant " aim� ", j ' ai pens� � la belle chanson que j ' aime �norm�ment : celle de Francis Cabrel . Amis " babeliotes " ,excusez cette longueur mais avant de vous quitter , j'�crirai , la pr�face �crite par le po�te pour " Les Orientales " :
" ......A voir les choses d 'un peu haut , il n 'y a en po�sie , ni bons ni mauvais sujet, mais de bons et de mauvais po�tes ..D 'ailleurs , tout est sujet ; tout rel�ve de l 'art ; tout a droit de cit� en po�sie .Ne nous enqu�rons donc pas du motif qui vous a fait prendre ce sujet , triste ou gai , horrible ou gracieux ,�clatant ou sombre , �trange ou simple , plut�t que cet autre .Examinons comment vous avez travaill� ; non sur quoi et pourquoi ....."



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Les Rayons et les Ombres � (1840) composent le dernier tome d'une t�tralogie [qui comprend �galement � Les Feuilles d'automne � (1831), � Les Chants du cr�puscule � (1835) et � Les Voix Int�rieures � (1837)], qui constituent entre � Les Orientales � (1829) et � Les Ch�timents � (1853), la plus belle illustration de l'esth�tique romantique, telle que voulue par l'auteur.
Le titre est explicite : � Les Rayons et les ombres �, c'est-�-dire la lumi�re et l'obscurit�. Et Victor Hugo montre du doigt celui qui est tout d�sign� pour faire passer l'humanit� de l'ombre � la lumi�re : ce n'est ni plus ni moins que le po�te dont la fonction est sacr�e. Dans le premier po�me du recueil, intitul� justement � Fonction du po�te �, il pr�cise le r�le du po�te dans la soci�t�, (ce qu'il avait d�j� esquiss� dans la Pr�face) :
� L'auteur pense que tout po�te v�ritable [�] doit contenir la somme des id�es de son temps �.
� le po�te en des jours impies
Vient pr�parer des jours meilleurs.
Il est l'homme des utopies,
Les pieds ici, les yeux ailleurs.
C'est lui qui sur toutes les t�tes,
En tout temps, pareil aux proph�tes,
Dans sa main, o� tout peut tenir,
Doit, qu'on l'insulte ou qu'on le loue,
Comme une torche qu'il secoue,
Faire flamboyer l'avenir ! �
� Au-dessus des partis et de leurs luttes, le po�te fait oeuvre civilisatrice ; il est la raison et la conscience �. (Pierre Albouy). Ajoutons aussi que le po�te est guid� par une inspiration divine : � Peuples, �coutez le po�te ! Ecoutez le r�veur sacr� ! �.
Ce recueil est sans doute le plus abouti de la t�tralogie pr�cit�e, il se pose en manifeste du lyrisme, annonce les grandes �pop�es �piques de l'exil (� Les Ch�timents �, � La L�gende des si�cles �), et m�me le tournant philosophique et m�taphysique des derni�res ann�es (� La fin de Satan �, � Dieu �).
Outre � Fonction du po�te �, le recueil comprend plusieurs autres po�mes embl�matiques de l'auteur :
� Guitare � : � Gastibelza, l'homme � la carabine/Chantait ainsi� �
� Autre guitare � : � Comment, disaient-ils/Avec nos nacelles/Fuir les alguazils� �
� Tristesse d'Olympio � : � Les champs n'�taient point noirs, les cieux n'�taient pas mornes� �
� Oceano nox � : � O combien de marins, combien de capitaines� �
Et quantit� d'autres moins connus mais tout aussi beaux.
L'int�r�t de ce recueil est aussi qu'il met l'accent sur le c�t� humain : si la fonction du po�te � une valeur civilisatrice, c'est parce que le po�te a vocation d'�tre au plus pr�s de ses fr�res humains. Et �a Victor Hugo, on le sait, le fait � merveille.
Un recueil tr�s important, qui peut figurer sans rougir � c�t� des plus grands, comme � Les Ch�timents � ou � Les Contemplations

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Un recueil en clair-obscur, tout en contrastes. D'un c�t�, les rayons de l'inspiration po�tique, la beaut� de la Cr�ation, la pr�sence divine, mais aussi les souvenirs des premiers amours et des joies de l'enfance. de l'autre, les ombres d'un enfant mort - une image obs�dante, qui revient dans plusieurs po�mes ; Hugo parle d'une deuil d'une m�re, mais c'est de lui qu'il parle. le temps a pass�, et a transform� les lieux si aim�s, comme dans le tr�s beau po�me qui fait le centre du recueil par sa place et en m�lant lumi�re et ombre, "La tristesse d'Olympio" : les lieux de l'amour ont �t� profan�, par des destructions humaines, par le temps aussi qui abat les arbres ou fait pousser les plantes, comme l'amour lui-m�me qui ne reste que sous forme de souvenirs.
Pas de grandes innovations formelles dans ce recueil, les vers restent assez classiquement presque des alexandrins - sauf dans les po�mes pour guitare qui sont de jolies chansons m�lodieuses, mais sur le fond, Hugo montre �galement sa grande conscience �cologiste dirait-on aujourd'hui, sa sensibilit� pour la nature en tout cas, toute la nature m�me, des grands bois aux oc�ans, des araign�es aux roses. J'aime aussi beaucoup le po�me sur son enfance entre ses trois �tres qui veillent sur lui, "un pr�tre, sa m�re, un jardin".
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Ignorance et savoirs, que faire ? Comment y croire et s'en d�faire ?

De l'ombre � la lumi�re les mots se forment, les id�es apparaissent puis se font phrases.

Les lignes se succ�dent, se comparent et se font chapitres.

Chemins d'initiation se r�v�lant aux connaissances de tous � d�couvrir en vers et en rimes.
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TRISTESSE D�OLYMPIO




Les champs n'�taient point noirs, les cieux n'�taient pas mornes.
Non, le jour rayonnait dans un azur sans bornes
Sur la terre �tendu,
L'air �tait plein d'encens et les pr�s de verdures
Quand il revit ces lieux o� par tant de blessures
Son coeur s'est r�pandu !

L'automne souriait ; les coteaux vers la plaine
Penchaient leurs bois charmants qui jaunissaient � peine ;
Le ciel �tait dor� ;
Et les oiseaux, tourn�s vers celui que tout nomme,
Disant peut-�tre � Dieu quelque chose de l'homme,
Chantaient leur chant sacr� !

Il voulut tout revoir, l'�tang pr�s de la source,
La masure o� l'aum�ne avait vid� leur bourse,
Le vieux fr�ne pli�,
Les retraites d'amour au fond des bois perdues,
L'arbre o� dans les baisers leurs �mes confondues
Avaient tout oubli� !

Il chercha le jardin, la maison isol�e,
La grille d'o� l'oeil plonge en une oblique all�e,
Les vergers en talus.
P�le, il marchait. - Au bruit de son pas grave et sombre,
Il voyait � chaque arbre, h�las ! se dresser l'ombre
Des jours qui ne sont plus !

Il entendait fr�mir dans la for�t qu'il aime
Ce doux vent qui, faisant tout vibrer en nous-m�me,
Y r�veille l'amour,
Et, remuant le ch�ne ou balan�ant la rose,
Semble l'�me de tout qui va sur chaque chose
Se poser tour � tour !

Les feuilles qui gisaient dans le bois solitaire,
S'effor�ant sous ses pas de s'�lever de terre,
Couraient dans le jardin ;
Ainsi, parfois, quand l'�me est triste, nos pens�es
S'envolent un moment sur leurs ailes bless�es,
Puis retombent soudain.

Il contempla longtemps les formes magnifiques
Que la nature prend dans les champs pacifiques ;
Il r�va jusqu'au soir ;
Tout le jour il erra le long de la ravine,
Admirant tour � tour le ciel, face divine,
Le lac, divin miroir !

H�las ! se rappelant ses douces aventures,
Regardant, sans entrer, par-dessus les cl�tures,
Ainsi qu'un paria,
Il erra tout le jour. Vers l'heure o� la nuit tombe,
Il se sentit le coeur triste comme une tombe,
Alors il s'�cria :

" � douleur ! j'ai voulu, moi dont l'�me est troubl�e,
Savoir si l'urne encor conservait la liqueur,
Et voir ce qu'avait fait cette heureuse vall�e
De tout ce que j'avais laiss� l� de mon coeur !

" Que peu de temps suffit pour changer toutes choses !
Nature au front serein, comme vous oubliez !
Et comme vous brisez dans vos m�tamorphoses
Les fils myst�rieux o� nos coeurs sont li�s !

" Nos chambres de feuillage en halliers sont chang�es !
L'arbre o� fut notre chiffre est mort ou renvers� ;
Nos roses dans l'enclos ont �t� ravag�es
Par les petits enfants qui sautent le foss� !

" Un mur cl�t la fontaine o�, par l'heure �chauff�e,
Fol�tre, elle buvait en descendant des bois ;
Elle prenait de l'eau dans sa main, douce f�e,
Et laissait retomber des perles de ses doigts !

" On a pav� la route �pre et mal aplanie,
O�, dans le sable pur se dessinant si bien,
Et de sa petitesse �talant l'ironie,
Son pied charmant semblait rire � c�t� du mien !

" La borne du chemin, qui vit des jours sans nombre,
O� jadis pour m'attendre elle aimait � s'asseoir,
S'est us�e en heurtant, lorsque la route est sombre,
Les grands chars g�missants qui reviennent le soir.

" La for�t ici manque et l� s'est agrandie.
De tout ce qui fut nous presque rien n'est vivant ;
Et, comme un tas de cendre �teinte et refroidie,
L'amas des souvenirs se disperse � tout vent !


" N'existons-nous donc plus ? Avons-nous eu notre heure ?
Rien ne la rendra-t-il � nos cris superflus ?
L'air joue avec la branche au moment o� je pleure ;
Ma maison me regarde et ne me conna�t plus.

" D'autres vont maintenant passer o� nous pass�mes.
Nous y sommes venus, d'autres vont y venir ;
Et le songe qu'avaient �bauch� nos deux �mes,
Ils le continueront sans pouvoir le finir !

" Car personne ici-bas ne termine et n'ach�ve ;
Les pires des humains sont comme les meilleurs ;
Nous nous r�veillons tous au m�me endroit du r�ve.
Tout commence en ce monde et tout finit ailleurs.

" Oui, d'autres � leur tour viendront, couples sans tache,
Puiser dans cet asile heureux, calme, enchant�,
Tout ce que la nature � l'amour qui se cache
M�le de r�verie et de solennit� !

" D'autres auront nos champs, nos sentiers, nos retraites ;
Ton bois, ma bien-aim�e, est � des inconnus.
D'autres femmes viendront, baigneuses indiscr�tes,
Troubler le flot sacr� qu'ont touch� tes pieds nus !

" Quoi donc ! c'est vainement qu'ici nous nous aim�mes !
Rien ne nous restera de ces coteaux fleuris
O� nous fondions notre �tre en y m�lant nos flammes !
L'impassible nature a d�j� tout repris.

" Oh ! dites-moi, ravins, frais ruisseaux, treilles m�res,
Rameaux charg�s de nids, grottes, for�ts, buissons,
Est-ce que vous ferez pour d'autres vos murmures ?
Est-ce que vous direz � d'autres vos chansons ?

" Nous vous comprenions tant ! doux, attentifs, aust�res,
Tous nos �chos s'ouvraient si bien � votre voix !
Et nous pr�tions si bien, sans troubler vos myst�res,
L'oreille aux mots profonds que vous dites parfois !

" R�pondez, vallon pur, r�pondez, solitude,
� nature abrit�e en ce d�sert si beau,
Lorsque nous dormirons tous deux dans l'attitude
Que donne aux morts pensifs la forme du tombeau ;

" Est-ce que vous serez � ce point insensible
De nous savoir couch�s, morts avec nos amours,
Et de continuer votre f�te paisible,
Et de toujours sourire et de chanter toujours ?

" Est-ce que, nous sentant errer dans vos retraites,
Fant�mes reconnus par vos monts et vos bois,
Vous ne nous direz pas de ces choses secr�tes
Qu'on dit en revoyant des amis d'autrefois ?

" Est-ce que vous pourriez, sans tristesse et sans plainte,
Voir nos ombres flotter o� march�rent nos pas,
Et la voir m'entra�ner, dans une morne �treinte,
Vers quelque source en pleurs qui sanglote tout bas ?

" Et s'il est quelque part, dans l'ombre o� rien ne veille,
Deux amants sous vos fleurs abritant leurs transports,
Ne leur irez-vous pas murmurer � l'oreille :
-- Vous qui vivez, donnez une pens�e aux morts !

" Dieu nous pr�te un moment les pr�s et les fontaines,
Les grands bois frissonnants, les rocs profonds et sourds
Et les cieux azur�s et les lacs et les plaines,
Pour y mettre nos coeurs, nos r�ves, nos amours !

" Puis il nous les retire. Il souffle notre flamme ;
Il plonge dans la nuit l'antre o� nous rayonnons ;
Et dit � la vall�e, o� s'imprima notre �me,
D'effacer notre trace et d'oublier nos noms.

" Eh bien ! oubliez-nous, maison, jardin, ombrages !
Herbe, use notre seuil ! ronce, cache nos pas !
Chantez, oiseaux ! ruisseaux, coulez ! croissez, feuillages !
Ceux que vous oubliez ne vous oublieront pas.

" Car vous �tes pour nous l'ombre de l'amour m�me !
Vous �tes l'oasis qu'on rencontre en chemin !
Vous �tes, � vallon, la retraite supr�me
O� nous avons pleur� nous tenant par la main !

" Toutes les passions s'�loignent avec l'�ge,
L'une emportant son masque et l'autre son couteau,
Comme un essaim chantant d'histrions en voyage
Dont le groupe d�cro�t derri�re le coteau.

"Mais toi, rien ne t'efface, amour ! toi qui nous charmes,
Toi qui, torche ou flambeau, luis dans notre brouillard !
Tu nous tiens par la joie, et surtout par les larmes ;
Jeune homme on te maudit, on t'adore vieillard.

" Dans ces jours o� la t�te au poids des ans s'incline,
O� l'homme, sans projets, sans but, sans visions,
Sent qu'il n'est d�j� plus qu'une tombe en ruine
O� gisent ses vertus et ses illusions ;

" Quand notre �me en r�vant descend dans nos entrailles,
Comptant dans notre coeur, qu'enfin la glace atteint,
Comme on compte les morts sur un champ de batailles,
Chaque douleur tomb�e et chaque songe �teint,

" Comme quelqu'un qui cherche en tenant une lampe,
Loin des objets r�els, loin du monde rieur,
Elle arrive � pas lents par une obscure rampe
Jusqu'au fond d�sol� du gouffre int�rieur ;

" Et l�, dans cette nuit qu'aucun rayon n'�toile,
L'�me, en un repli sombre o� tout semble finir,
Sent quelque chose encor palpiter sous un voile...
C'est toi qui dors dans l'ombre, � sacr� souvenir ! "
A Mlle FANNY de P.

O vous que votre �ge d�fend ,
Riez ! tout vous caresse encore .
Jouez ! Chantez ! soyez l' enfant !
Soyez la fleur ; soyez l' aurore !

Quant au destin , n' y songez pas .
Le ciel est noir , la vie est sombre .
H�las ! que fait l' homme ici- bas ?
Un peu de bruit dans beaucoup d' ombre .

Le sort est est dur, nous le voyons .
Enfant ! souvent l' oeil plein de charmes
Qui jette le plus de rayons
R�pand aussi les plus de larmes .

Vous que rien ne vient �prouver ;
Vous avez tout, joie et d�lire ,
L' innocence qui fait r�ver ,
L' ignorance qui fait sourire
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Vous avez, lys sauv� des vents,
Coeur occup� d' humbles chim�res ,
Ce calme bonheur des enfants ,
Pur reflet du bonheur des m�res .

Votre candeur vous embellit .
Je pr�f�re � toute autre flamme
Votre prunelle que remplit
La clart� qui sort de votre �me .

Pour vous ni soucis ni douleurs ,
La famille vous idol�tre .
L' �t� , vous courez dans les fleurs ;
L' hiver , vous jouez pr�s de l' �tre .
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J'eus toujours de l'amour pour les choses ail�es.
Lorsque j'�tais enfant, j'allais sous les feuill�es,
J'y prenais dans les nids de tout petits oiseaux.

D'abord je leur faisais des cages de roseaux
O� je les �levais parmi des mousses vertes.
Plus tard je leur laissais les fen�tres ouvertes.

Ils ne s'envolaient point ; ou, s'ils fuyaient aux bois,
Quand je les rappelais ils venaient � ma voix.
Une colombe et moi longtemps nous nous aim�mes.

Maintenant je sais l'art d'apprivoiser les �mes.
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Nuits de juin

L��t�, lorsque le jour a fui, de fleurs couverte
La plaine verse au loin un parfum enivrant ;
Les yeux ferm�s, l�oreille aux rumeurs entrouverte,
On ne dort qu�� demi d�un sommeil transparent.

Les astres sont plus purs, l�ombre para�t meilleure ;
Un vague demi-jour teint le d�me �ternel ;
Et l�aube douce et p�le, en attendant son heure,
Semble toute la nuit errer au bas du ciel.

Victor Hugo, Les rayons et les ombres
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