Ignorance et savoirs, que faire ? Comment y croire et s'en d�faire ?
De l'ombre � la lumi�re les mots se forment, les id�es apparaissent puis se font phrases.
Les lignes se succ�dent, se comparent et se font chapitres.
Chemins d'initiation se r�v�lant aux connaissances de tous � d�couvrir en vers et en rimes.
Commenter  J�appr�cie�         50
TRISTESSE D�OLYMPIO
Les champs n'�taient point noirs, les cieux n'�taient pas mornes.
Non, le jour rayonnait dans un azur sans bornes
Sur la terre �tendu,
L'air �tait plein d'encens et les pr�s de verdures
Quand il revit ces lieux o� par tant de blessures
Son coeur s'est r�pandu !
L'automne souriait ; les coteaux vers la plaine
Penchaient leurs bois charmants qui jaunissaient � peine ;
Le ciel �tait dor� ;
Et les oiseaux, tourn�s vers celui que tout nomme,
Disant peut-�tre � Dieu quelque chose de l'homme,
Chantaient leur chant sacr� !
Il voulut tout revoir, l'�tang pr�s de la source,
La masure o� l'aum�ne avait vid� leur bourse,
Le vieux fr�ne pli�,
Les retraites d'amour au fond des bois perdues,
L'arbre o� dans les baisers leurs �mes confondues
Avaient tout oubli� !
Il chercha le jardin, la maison isol�e,
La grille d'o� l'oeil plonge en une oblique all�e,
Les vergers en talus.
P�le, il marchait. - Au bruit de son pas grave et sombre,
Il voyait � chaque arbre, h�las ! se dresser l'ombre
Des jours qui ne sont plus !
Il entendait fr�mir dans la for�t qu'il aime
Ce doux vent qui, faisant tout vibrer en nous-m�me,
Y r�veille l'amour,
Et, remuant le ch�ne ou balan�ant la rose,
Semble l'�me de tout qui va sur chaque chose
Se poser tour � tour !
Les feuilles qui gisaient dans le bois solitaire,
S'effor�ant sous ses pas de s'�lever de terre,
Couraient dans le jardin ;
Ainsi, parfois, quand l'�me est triste, nos pens�es
S'envolent un moment sur leurs ailes bless�es,
Puis retombent soudain.
Il contempla longtemps les formes magnifiques
Que la nature prend dans les champs pacifiques ;
Il r�va jusqu'au soir ;
Tout le jour il erra le long de la ravine,
Admirant tour � tour le ciel, face divine,
Le lac, divin miroir !
H�las ! se rappelant ses douces aventures,
Regardant, sans entrer, par-dessus les cl�tures,
Ainsi qu'un paria,
Il erra tout le jour. Vers l'heure o� la nuit tombe,
Il se sentit le coeur triste comme une tombe,
Alors il s'�cria :
" � douleur ! j'ai voulu, moi dont l'�me est troubl�e,
Savoir si l'urne encor conservait la liqueur,
Et voir ce qu'avait fait cette heureuse vall�e
De tout ce que j'avais laiss� l� de mon coeur !
" Que peu de temps suffit pour changer toutes choses !
Nature au front serein, comme vous oubliez !
Et comme vous brisez dans vos m�tamorphoses
Les fils myst�rieux o� nos coeurs sont li�s !
" Nos chambres de feuillage en halliers sont chang�es !
L'arbre o� fut notre chiffre est mort ou renvers� ;
Nos roses dans l'enclos ont �t� ravag�es
Par les petits enfants qui sautent le foss� !
" Un mur cl�t la fontaine o�, par l'heure �chauff�e,
Fol�tre, elle buvait en descendant des bois ;
Elle prenait de l'eau dans sa main, douce f�e,
Et laissait retomber des perles de ses doigts !
" On a pav� la route �pre et mal aplanie,
O�, dans le sable pur se dessinant si bien,
Et de sa petitesse �talant l'ironie,
Son pied charmant semblait rire � c�t� du mien !
" La borne du chemin, qui vit des jours sans nombre,
O� jadis pour m'attendre elle aimait � s'asseoir,
S'est us�e en heurtant, lorsque la route est sombre,
Les grands chars g�missants qui reviennent le soir.
" La for�t ici manque et l� s'est agrandie.
De tout ce qui fut nous presque rien n'est vivant ;
Et, comme un tas de cendre �teinte et refroidie,
L'amas des souvenirs se disperse � tout vent !
" N'existons-nous donc plus ? Avons-nous eu notre heure ?
Rien ne la rendra-t-il � nos cris superflus ?
L'air joue avec la branche au moment o� je pleure ;
Ma maison me regarde et ne me conna�t plus.
" D'autres vont maintenant passer o� nous pass�mes.
Nous y sommes venus, d'autres vont y venir ;
Et le songe qu'avaient �bauch� nos deux �mes,
Ils le continueront sans pouvoir le finir !
" Car personne ici-bas ne termine et n'ach�ve ;
Les pires des humains sont comme les meilleurs ;
Nous nous r�veillons tous au m�me endroit du r�ve.
Tout commence en ce monde et tout finit ailleurs.
" Oui, d'autres � leur tour viendront, couples sans tache,
Puiser dans cet asile heureux, calme, enchant�,
Tout ce que la nature � l'amour qui se cache
M�le de r�verie et de solennit� !
" D'autres auront nos champs, nos sentiers, nos retraites ;
Ton bois, ma bien-aim�e, est � des inconnus.
D'autres femmes viendront, baigneuses indiscr�tes,
Troubler le flot sacr� qu'ont touch� tes pieds nus !
" Quoi donc ! c'est vainement qu'ici nous nous aim�mes !
Rien ne nous restera de ces coteaux fleuris
O� nous fondions notre �tre en y m�lant nos flammes !
L'impassible nature a d�j� tout repris.
" Oh ! dites-moi, ravins, frais ruisseaux, treilles m�res,
Rameaux charg�s de nids, grottes, for�ts, buissons,
Est-ce que vous ferez pour d'autres vos murmures ?
Est-ce que vous direz � d'autres vos chansons ?
" Nous vous comprenions tant ! doux, attentifs, aust�res,
Tous nos �chos s'ouvraient si bien � votre voix !
Et nous pr�tions si bien, sans troubler vos myst�res,
L'oreille aux mots profonds que vous dites parfois !
" R�pondez, vallon pur, r�pondez, solitude,
� nature abrit�e en ce d�sert si beau,
Lorsque nous dormirons tous deux dans l'attitude
Que donne aux morts pensifs la forme du tombeau ;
" Est-ce que vous serez � ce point insensible
De nous savoir couch�s, morts avec nos amours,
Et de continuer votre f�te paisible,
Et de toujours sourire et de chanter toujours ?
" Est-ce que, nous sentant errer dans vos retraites,
Fant�mes reconnus par vos monts et vos bois,
Vous ne nous direz pas de ces choses secr�tes
Qu'on dit en revoyant des amis d'autrefois ?
" Est-ce que vous pourriez, sans tristesse et sans plainte,
Voir nos ombres flotter o� march�rent nos pas,
Et la voir m'entra�ner, dans une morne �treinte,
Vers quelque source en pleurs qui sanglote tout bas ?
" Et s'il est quelque part, dans l'ombre o� rien ne veille,
Deux amants sous vos fleurs abritant leurs transports,
Ne leur irez-vous pas murmurer � l'oreille :
-- Vous qui vivez, donnez une pens�e aux morts !
" Dieu nous pr�te un moment les pr�s et les fontaines,
Les grands bois frissonnants, les rocs profonds et sourds
Et les cieux azur�s et les lacs et les plaines,
Pour y mettre nos coeurs, nos r�ves, nos amours !
" Puis il nous les retire. Il souffle notre flamme ;
Il plonge dans la nuit l'antre o� nous rayonnons ;
Et dit � la vall�e, o� s'imprima notre �me,
D'effacer notre trace et d'oublier nos noms.
" Eh bien ! oubliez-nous, maison, jardin, ombrages !
Herbe, use notre seuil ! ronce, cache nos pas !
Chantez, oiseaux ! ruisseaux, coulez ! croissez, feuillages !
Ceux que vous oubliez ne vous oublieront pas.
" Car vous �tes pour nous l'ombre de l'amour m�me !
Vous �tes l'oasis qu'on rencontre en chemin !
Vous �tes, � vallon, la retraite supr�me
O� nous avons pleur� nous tenant par la main !
" Toutes les passions s'�loignent avec l'�ge,
L'une emportant son masque et l'autre son couteau,
Comme un essaim chantant d'histrions en voyage
Dont le groupe d�cro�t derri�re le coteau.
"Mais toi, rien ne t'efface, amour ! toi qui nous charmes,
Toi qui, torche ou flambeau, luis dans notre brouillard !
Tu nous tiens par la joie, et surtout par les larmes ;
Jeune homme on te maudit, on t'adore vieillard.
" Dans ces jours o� la t�te au poids des ans s'incline,
O� l'homme, sans projets, sans but, sans visions,
Sent qu'il n'est d�j� plus qu'une tombe en ruine
O� gisent ses vertus et ses illusions ;
" Quand notre �me en r�vant descend dans nos entrailles,
Comptant dans notre coeur, qu'enfin la glace atteint,
Comme on compte les morts sur un champ de batailles,
Chaque douleur tomb�e et chaque songe �teint,
" Comme quelqu'un qui cherche en tenant une lampe,
Loin des objets r�els, loin du monde rieur,
Elle arrive � pas lents par une obscure rampe
Jusqu'au fond d�sol� du gouffre int�rieur ;
" Et l�, dans cette nuit qu'aucun rayon n'�toile,
L'�me, en un repli sombre o� tout semble finir,
Sent quelque chose encor palpiter sous un voile...
C'est toi qui dors dans l'ombre, � sacr� souvenir ! "
A Mlle FANNY de P.
O vous que votre �ge d�fend ,
Riez ! tout vous caresse encore .
Jouez ! Chantez ! soyez l' enfant !
Soyez la fleur ; soyez l' aurore !
Quant au destin , n' y songez pas .
Le ciel est noir , la vie est sombre .
H�las ! que fait l' homme ici- bas ?
Un peu de bruit dans beaucoup d' ombre .
Le sort est est dur, nous le voyons .
Enfant ! souvent l' oeil plein de charmes
Qui jette le plus de rayons
R�pand aussi les plus de larmes .
Vous que rien ne vient �prouver ;
Vous avez tout, joie et d�lire ,
L' innocence qui fait r�ver ,
L' ignorance qui fait sourire
Nuits de juin
L��t�, lorsque le jour a fui, de fleurs couverte
La plaine verse au loin un parfum enivrant ;
Les yeux ferm�s, l�oreille aux rumeurs entrouverte,
On ne dort qu�� demi d�un sommeil transparent.
Les astres sont plus purs, l�ombre para�t meilleure ;
Un vague demi-jour teint le d�me �ternel ;
Et l�aube douce et p�le, en attendant son heure,
Semble toute la nuit errer au bas du ciel.
Victor Hugo, Les rayons et les ombres
Quatri�me technique pour �tre s�r de convaincre lors de vos prises de parole�: le storytelling. L'avocat Bertrand P�rier vous apprend � utiliser cette arme d�terminante, gr�ce � l'aide de deux experts parmi les experts en ce domaine�: Victor Hugo et Barack Obama.
Dans cette saison 1 du podcast �Ma parole !�, l'avocat, Bertrand P�rier vous apprend � apprivoiser les meilleurs outils de l'�loquence pour prendre la parole en public, d�fendre vos arguments lors d'un d�bat ou d�clarer votre flamme.
Pour en savoir plus : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-comment-convaincre-avec-bertrand-perier
#eloquence #discours #apprendre
_____________
Retrouvez-nous sur :
Facebook : https://fr-fr.facebook.com/franceculture
Twitter : https://twitter.com/franceculture
Instagram : https://www.instagram.com/franceculture
TikTok : https://www.tiktok.com/@franceculture
Twitch : https://www.twitch.tv/franceculture
Et abonnez-vous � la newsletter Culture Prime : https://www.cultureprime.fr/
+ Lire la suite