La Ville de Dives-sur-Mer fête ses 70 ans de municipalité communiste

Trois noms, trois maires communistes : André Lenormand, l’homme qui, à Dives-sur-Mer (Calvados) a renversé les notables pour remporter les élections municipales en 1953. Francis Giffard, le visionnaire, qui, au-delà de ses convictions politiques, a su transformer sa ville à l’heure de la fermeture de l’usine Tréfimétaux. Puis aujourd’hui, Pierre Mouraret à la tête de ce bastion du communisme sur une terre de droite. « Je parlerai plus d’une gauche progressiste », nuance, l’actuel maire, Pierre Mouraret.

Alors comment expliquer une telle longévité politique ? Un plongeon dans l’histoire ouvrière de Tréfimétaux est nécessaire. Véritable ciment intergénérationnel, dont les descendants d’ouvriers n’ont rien oublié : l’usine a, et restera à jamais, le point de départ, d’ouvriers décidés à gérer leur ville, « face à une équipe composée de notables », comme aime à le rappeler l’actuel maire.

Du palais Bourbon à la mairie

Cheminot, André Lenormand entre dans les années 30 au Parti communiste. Arrêté en 1941, puis déporté au camp de concentration nazi à Buchenwald (Allemagne), il devient, à son retour, secrétaire fédéral du PC avant d’être élu en 1946, député du Calvados à l’Assemblée nationale. Il est réélu en 1951 et en 1956.

Entre-temps, en 1953, André Lenormand devient maire de Dives. Son neveu, Jean-Jacques Dupuis se souvient de son oncle « délaissant le temps d’un week-end, Paris, pour venir coucher chez ma mère, où André dormait dans ma chambre ». Apprécié de tous, même par ses opposants, « il était fréquent que les gens viennent taper à la porte de la maison pour rencontrer le député ».

La population savait « qu’elle pouvait compter sur lui. Il défendait ses idées jusqu’au bout. Tenace oui ! Mais aussi ouvert à la discussion. » André Lenormand avait fait « l’école du Parti communiste pour y suivre une formation politique ». Soucieux de répondre aux besoins des Divais, il fut réélu facilement à la tête de la ville jusqu’en 1983, année de son décès.

« S’ouvrir au monde touristique »

Francis Giffard à ses côtés depuis 1953, lui succède alors. Il sera l’homme de la reconversion. Tréfimétaux ferme en 1986. Tout en continuant la politique menée par son prédécesseur, répondant ainsi aux attentes de la population, « Francis Giffard, ancien ouvrier de Tréfimétaux, et son équipe municipale acceptent de s’ouvrir au monde touristique », observe Pierre Mouraret. Impensable, inimaginable politiquement parlant. La Ville se transforme ! « Francis l’a fait, les élus étaient d’anciens ouvriers de l’usine et ça, ça a aidé Francis. »

À quelques heures des 70 ans de la municipalité, célébrés ce dimanche 25 juin 2023, la cité ouvrière d’hier reste une place forte à gauche en présentant une double originalité : « Des équipes progressistes de gauche et des maires communistes. »

Le programme des festivités de ce dimanche 25 juin 2023

De 10 h à 18 h, animations et jeux ouverts à tous au parc André-Lenormand. Au Drakkar, à 10 h, conférence débat sur la commune, son rôle, son histoire, son avenir avec Philippe Rio, maire de Grigny, élu meilleur maire du monde ; Olivier Paz, président de l’Association des maires du Calvados, et Jérôme Letournel, docteur en histoire.

A 12 h 30, Au parc André-Lenormand, cérémonie en hommage à André Lenormand. Inauguration de l’exposition « Si t’as pas de nostalgie, t’as pas de futur »

À 13 h, banquet sous chapiteau, à la mémoire de Francis Giffard. À 16 h, concert gratuit avec l’orchestre « Comité d’entreprise ».