Ici commence la nuit

Gilles, la quarantaine , g�re sa vie de c�libataire entre des rencontres sur des lieux de drague et tout un r�seau d'amis/amants contact� au gr� du moment ou de ses envies. Mais en cet �t� particuli�rement chaud, il ne r�siste pas � l'envie de se masturber dans les slips kangourous bleus d'un vieux monsieur de 98 ans appel� tout simplement P�p�. Lass�e des vols r�p�t�s des sous-v�tements de son p�re, Mariette appelle la gendarmerie qui ne tarde pas � confondre le coupable. le chef gendarme, dans un inqui�tant m�lange de sadisme punitif et de d�sirs ambigu�s, violera Gilles avec sa matraque, lui enfon�ant par l'anus un slip empli de merde appartenant � l'ancien ....
Avec un tel d�but, je sens d�j� que beaucoup de personnes penseront qu'il est inutile de perdre temps et argent � la lecture d'un r�cit aussi d�go�tant. Ils auront tort car ils passeront � c�t� d'un roman beaucoup plus subtil que cette entr�e en mati�re le laisse para�tre.
En r�sumant ainsi le d�but du livre, je ne lui rends pas service car il m'est impossible de restituer son ton si particulier. Cela d�bute comme un vaudeville, presque une farce. C'est l�ger, un tantinet provocateur mais ce qui ressort tout de suite, c'est la grande tendresse de l'auteur pour ce qu'il d�crit. En posant le d�cor dans une France de petit village du Sud-Ouest, o� les gens vivent simplement, Alain Guiraudie nous parle de la vie, la vraie, de celle de millions de personnes, de celle o� l'on �tend son linge sur un fil � l'ext�rieur parce que l'on a pas les moyens ou l'envie de poss�der un s�che-linge, de celle o� l'on d�jeune simplement � midi tapante, de celle o� l'on somnole apr�s le repas, o� les regards suffisent aux mots. Et au milieu de cette simplicit�, le d�sir. Pour Gilles, il est un peu �trange son d�sir, mais il va l'explorer parce que la vie est peut �tre trop courte pour s'enquiquiner avec des normes. Mais quand on ose s'attaquer � elles, l'horreur, comme une fulgurance in�luctable surgit. On navigue soudain dans des zones sombres, celles situ�es aux tr�fonds de l'�me humaine. Alors la plume de l"�crivain se fait pr�cise, naturaliste mais jamais racoleuse ou vulgaire. Il y a un viol, certes d�crit cr�ment, violemment, mais l'�criture arrive � faire de cet �v�nement traumatique une porte d'entr�e difficile � franchir, mais qui ouvre le roman � d'amples perspectives narratives.
Gilles est le narrateur. Sa vie, loin d'�tre celle de tout le monde, devient tr�s vite la mienne. Par mille infimes d�tails du quotidien, par la justesse de la pens�e, des sentiments exprim�s, des dialogues, Alain Guiraudie attrape son lecteur et le m�ne l� o� il veut. En proie � des d�sirs singuliers (d�sirs pour un vieillard et amour fou pour son chef gendarme tortionnaire et assassin) mais aussi ceux des autres ( Cindy, 15 ans, l'arri�re petite fille de P�p�, br�lante d'amour ou de Paul l'ami/amant qui souffre en silence de ses amours passag�res), on suit Gilles qui t�tonne, se cogne � ses doutes, ses interrogations, essayant de d�m�ler, de comprendre, les liens entre amour et d�sir.
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Je n'ai pas compris ce livre. J'y suis all�e avec enthousiasme, attir�e par la perversion, par l'originalit�, par une �criture simple, contemporaine, que je voulais conna�tre. Le texte s'est ouvert sur beaucoup de violence : soit, mais que faisons-nous de cela ? Les th�mes de morale, d'amour, le pardon, la peur, tout s'efface derri�re un suspense suffisant pour continuer � tourner les pages, mais bien maigre pour savoir de quoi il en retourne. On se perd dans des retournements de situation trop poussifs pour �tre cr�dibles. Les sc�nes sexuelles sont � mon sens bien construites, int�ressantes, et auraient pu permettre � un bon roman pornographique d'exister si elles n'�taient noy�es dans une enqu�te polici�re erratique et peu suivie dont la fin �tonne sans rien r�soudre, sans non plus laisser au lecteur les avantages r�flexifs de l'ouverture. On reste l�, peut-�tre un peu s�duit par les questionnements sur la vieillesse, par la valorisation de l'occitan, le lien entre le passage du temps et le retour � son identit� linguistique profonde. Il y avait des pistes, qui auraient m�rit� d'�tre retravaill�es pour mieux lier le tout, qui ne fait finalement pas justice � la po�sie du titre choisi.

D�s les premi�res pages, on comprend que le roman ait remport� le prix Sade tellement l'auteur joue avec les tabous, transgresse en douceur, et porte ses lecteurs au bord du d�go�t. Un d�but tr�s intense qui ne refl�te pas la suite du r�cit, entre histoires d'amour impossibles et thriller. On reconna�t ses films, L'Inconnu du lac et Rester vertical, entre assassinat nocturne en eau douce et g�rontophilie impromptue, le tout racont� avec beaucoup de beaut� et de simplicit�. Les passages en occitan et le propos sur la d�fense des langues mortes ajoutent du caract�re � l'histoire et sont particuli�rement appr�ci�s. Ici commence la nuit se d�vore ; la fin est une claque qui en fera fr�mir plus d'un !

Un v�ritable ovni litt�raire, une grosse gifle dans la figure. L'originalit� et l'audace de ce r�cit me laissent pantois. On a l'impression que l'auteur peut v�ritablement nous emmener o� il veut, m�me en ces terrains lourdement min�s. Le narrateur-personnage non fiable est ici magistralement utilis�. Mais attention, des sc�nes pourront heurter la sensibilit� de certains...

J'ai de la peine � comprendre la cote de ce livre. Je ne comprends pas la d�marche de l'auteur. Je ne comprends pas cette volont� de choquer, de heurter, ...
J'ai pourtant fait l'effort d'avancer dans le r�cit mais cette succession de passages scatologiques, pornographiques, d�sabus�s, ne m'a ni choqu�, ni intrigu�, ni int�ress�...
J'ai fini par arr�ter la lecture � la moiti� du livre.
Il faudra qu'on m'explique.