Margaret Cavendish, pionnière de la science-fiction au 17e siècle

Margaret Cavendish, pionnière de la science-fiction au 17e siècle

Margaret Cavendish, Duchess of Newcastle (1624-1674) ©Getty - Kean Collection
Margaret Cavendish, Duchess of Newcastle (1624-1674) ©Getty - Kean Collection
Margaret Cavendish, Duchess of Newcastle (1624-1674) ©Getty - Kean Collection
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Aujourd’hui, le Book Club s’invite dans "Le monde glorieux" de Margaret Cavendish. Paru au 17e siècle, c’est l’un des premiers romans de science-fiction. Line Cottegnies, sa traductrice, et Frédérique Aït-Touati, historienne des sciences et de la littérature, sont nos invitées pour en parler.

Avec

Des hommes araignées, des hommes poux, des hommes perroquets, des hommes choucas, aujourd'hui dans le Book Club, et l'imagination sans limite d'une autrice du 17ème siècle dont la première audace est peut-être celle de vouloir écrire et être publiée. Véritable pionnière de la science-fiction au 17ème siècle, Margareth Cavendish publie  Le monde glorieux en 1666, avec une incroyable ambition de création. Une conquête par les mots et l'intellect qui veut rivaliser avec les conquêtes masculines militaires.  Le monde glorieux est réédité par les éditions Corti. L'occasion d’en parler avec Frédérique Ait Touati et Line Cottegnies.

La note vocale

La question de Raphaël @lungo_abeille : "Cette semaine, j'ai lu "Le monde glorieux" de Margaret Cavendish. J'avoue que j'ai été attiré par la quatrième de couverture qui promettait un récit de science-fiction, un des premiers, des moments d'utopie, un roman aussi philosophique. Il y a effectivement aussi des très belles pages de sororité un peu fantasmées comme ça, d'amitié platonique comme on disait à l'époque, entre deux femmes, donc c'est très beau. Cet amour platonique, cette sororité entre l'impératrice et la duchesse m'a fort marqué et je voulais savoir s'il y avait d'autres exemples d'utopies féministes comme celles-ci, portée par des femmes rationnelles, philosophes et politiciennes à la même époque ?"

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Frédérique Aït-touati répond : Line et moi, on n'en voit pas, en tout cas pas avec autant de précision, c'est-à-dire un texte écrit par une femme, sur le mode utopiste, avec autant de poids philosophique. En revanche, il y a les modèles masculins qu'elle pervertit, donc on pense évidemment à l'utopie de Bacon, on pense à celle de Thomas More, il y a toute une tradition des textes qui créent un monde, qui les décrivent : des utopies anglaises. Donc, c'est plutôt dans cette perspective-là qu'il faut la replacer. Après, ce qui est frappant avec Margaret Cavendish, c'est la singularité qui est revendiquée à la fois dans le genre, dans le propos, dans le projet, dans l'ambition et dans le personnage qu'elle se crée.

L’humour pour se moquer des certitudes

Line Gottegnies explique le rôle de l'humour dans le texte : "Je voudrais revenir sur l'humour de Margaret Cavendish parce qu’en fait, il est souvent mal compris. L’humour est partout dans ce texte, par exemple, lorsqu'elle dénonce l'utilisation des instruments d'optique, et le passage absolument génial sur les microscopes. Elle s'adresse à Hooke, bien sûr, qui avait publié un recueil de magnifiques gravures de ses observations, assorties de descriptions. Mais Cavendish a très bien compris qu’il utilise constamment des métaphores pour décrire ce qu'il voit. Et là, on revient au problème de la fiction, parce qu’en fait, ces descriptions ne valent rien, elles ne construisent pas un discours certain, véritable, qui serait une base solide pour le savoir. Ces scientifiques ne savent rien avec certitude, ce sont des imposteurs à ses yeux qui affirment doctement des positions à partir d'observations approximatives et qui ne mènent qu'à des querelles entre eux puisque chacun voit des choses différentes. Elle se moque de ces certitudes, et cette idée que finalement la science expérimentale repose sur des observations qui sont traduites en discours remplis de métaphores, c'est-à-dire remplis de fiction, elle, elle l'assume dans une fiction qui ne peut pas mentir puisqu'elle n'est que fiction. De cette façon, elle produit aussi une réflexion sur un des outils que nous avons pour éprouver le monde et essayer de le penser, c'est le langage et la limite de ce langage. Il me semble qu'une partie de l'humour ou de la drôlerie de ce texte dit la distance ou la résignation qu'elle a avec ce petit outil qu’est le langage."

Le grand Jeu des pages musicales

Comme chaque jour en fin d’émission, l’heure est venue de jouer à notre grand jeu des pages musicales. Pour jouer avec nous, c’est très simple : si vous repérez, au gré d’une de vos lectures, un passage qui évoque un morceau de musique, prenez-le en photo ou relevez le texte par écrit, et envoyez-le-nous via le compte Instagram de l’émission ou sur notre mail "lebookclub@radiofrance.com".

Aujourd’hui, on doit la trouvaille à Laurence via le mail du Book Club. Il s’agit d’un passage du livre de  Christian Bobin Le murmure (Gallimard)

Archive

Isabelle Stengers, émission Une vie, une œuvre, Michel Cazenave, France Culture, 10/12/2000

Références musicales

Wendy Martinez, Le pays imaginaire

Ryuichi Sakamoto, Kumi

Ryuichi Sakamoto, Mono

Ryuichi Sakamoto, Oto

Haydn, Sonate n°47 en si mineur

Retrouvez-nous sur Twitter via le hashtag  #bookclubculture et sur Instagram à l'adresse  @bookclubculture_Et sur le site de l’émission en cliquant sur l’enveloppe Contacter l’émission, ou par mail :  lebookclub@radiofrance.com.

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