Luana, la reine du clan Belmondo
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Luana, la reine du clan Belmondo

Au restaurant Ida pour la meilleure carbonara de Paris. Avec (de g. à dr.) Victor, 22 ans, l’ami Charles Gérard, Luana, Jean-Paul, Paul, Giacomo, 18 ans, et Alessandro, 25 ans.
Au restaurant Ida pour la meilleure carbonara de Paris. Avec (de g. à dr.) Victor, 22 ans, l’ami Charles Gérard, Luana, Jean-Paul, Paul, Giacomo, 18 ans, et Alessandro, 25 ans. © Vincent Capman / Paris Match
Ghislain Loustalot

La femme de Paul a recréé autour d’elle la famiglia à l’italienne

Paris Match. Dans votre livre “Mes recettes bonne humeur”, vous racontez la tradition des repas du dimanche chez les Belmondo. Quels souvenirs en gardez-vous ?
Luana Belmondo. Paul et moi n’étions pas encore mariés quand il m’a emmenée pour la première fois chez sa grand-mère Madeleine. J’avais un peu plus de 18 ans. Je ne parlais pas le français et je comprenais la moitié de ce que l’on me demandait. Surtout, j’étais très intimidée, presque terrorisée d’entrer dans le cercle intime d’une famille qui, à mes yeux, était très importante. Madeleine avait ses têtes. Tout le monde n’était pas invité à sa table, où elle prenait toujours place à la droite de Jean-Paul. J’ai eu la chance qu’elle m’accepte immédiatement. Elle appréciait mon franc-parler, je l’amusais. Elle me disait toujours : “Vous me rappelez tellement Laura Antonelli, que j’ai beaucoup aimée !” Je ne lui ressemble pourtant pas. Mais Madeleine parlait sûrement du côté chaleureux des Italiennes.

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Que cuisinait la mère de Jean-Paul ?
Des choses très simples : céleri rémoulade, poulet rôti, steak-frites. Sans être un cordon bleu, elle proposait une ­cuisine familiale agréable. Elle avait pour coutume de sucrer melon ou sauce tomate directement dans l’assiette, chose que je n’avais jamais vue.

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Leur recette ? Complicité, tolérance et un même sens de la convivialité : chez eux, c’est table ouverte.
Leur recette ? Complicité, tolérance et un même sens de la convivialité : chez eux, c’est table ouverte. © Vincent Capman / Paris Match

Quelle était l’ambiance de ces déjeuners ?
Madeleine donnait le rythme et tout dépendait de qui était présent. Nous restions un bon moment à table. Les générations se mêlaient dans le rire et la bonne humeur. Quand je suis entrée dans la vie de Paul, Jean-Paul jouait “Cyrano de Bergerac” au théâtre Marigny. Il récitait des tirades : j’étais émerveillée et sa mère était aux anges. Lorsque Madeleine a commencé à perdre la vue, il venait tous les après-midi lui lire des poèmes, des pièces ou des romans. Le lien entre eux était très fort. Sa disparition a été un choc. Mon beau-père n’en parlait pas. Il gardait son immense chagrin pour lui, il est très pudique. Le soir où elle est décédée, Jean-Paul est même monté sur la scène du théâtre des Variétés où il jouait “La puce à l’oreille”, de Feydeau. Il l’a fait par respect pour son public, malgré la douleur, comme s’il trouvait tout à fait normal de s’effacer en tant qu’homme et fils. J’en suis encore émue.
Et vous avez pris la relève de Madeleine. Vous vous êtes chargée d’organiser les repas du dimanche…
Nous avons tous notre vie, chacun de notre côté. Le téléphone permet de prendre des nouvelles, mais c’est un peu virtuel comme genre de relations. Ces moments de retrouvailles, les yeux dans les yeux, sont tellement plus authentiques ! Nous nous réunissons désormais tous chez Paul et moi. La famille et, bien sûr, Charles Gérard qui est comme un de ses membres.

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Avez-vous ajouté votre touche italienne à ces repas ?
Mon beau-père adore les pâtes et la cuisine italienne en général. Son père était d’origine sicilienne et piémontaise, de Turin pour être plus précise, où les Belmondo sont légion. Il aime l’Italie et parle très bien la langue, puisqu’il a vécu à Rome avec Laura Antonelli.

Est-il arrivé que ces moments de partage réunissent les Belmondo et vos parents ?
Quand mon père était encore vivant, cela arrivait souvent. J’aime que ces traditions perdurent et j’espère qu’un de mes fils prendra la suite, mais c’est souvent une affaire de femme.

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Cuisiner pour tout le monde, est-ce aussi ­donner de l’amour ?
J’aime faire plaisir aux autres, voilà l’idée qui préside à tout. Je me souviens qu’un jour Paul avait invité un ami metteur en scène à dîner. J’avais appelé ce dernier pour lui demander ce qu’il voulait que je lui prépare. C’était la première fois qu’on lui faisait une telle proposition !

Antipasti en famille avec, à la droite de Jean-Paul, sa fille Stella, 13 ans, et en bout de table son petit-fils Victor.
Antipasti en famille avec, à la droite de Jean-Paul, sa fille Stella, 13 ans, et en bout de table son petit-fils Victor. © Vincent Capman / Paris Match

Un repas peut-il faire oublier un moment difficile ?
Manger est un des grands plaisirs de la vie. Alors oui, je pense qu’il a pu arriver à Jean-Paul de s’asseoir à ma table, entouré des siens, et d’oublier un peu certaines choses. La cuisine, c’est charnel. En même temps, parfois, à cause de mon humeur, je peux rater un plat que je réussis d’habitude.

Vos menus respectent-ils la tradition italienne ?
Antipasti, pâtes et plat, viande ou poisson. Absolument ! Ils me disent : “Encore ? Mais c’est trop.” Et pourtant ils mangent tout. Paul a des souvenirs de repas de fête chez mes parents où nous passions à table à midi pour en sortir à 23 heures. La ­wpremière fois, il m’a suppliée de sortir prendre l’air et je lui ai répondu : “Si tu fais ça, mon père sera terriblement vexé.” Aujourd’hui, quand je reçois la famille, personne ne part avant 18 heures. Nous avons toujours beaucoup de choses à nous dire.

Paul, Jean-Paul, vos trois fils… Ne vous sentez-vous pas un peu seule dans ce clan ?
Au contraire, j’adore ça ! Les hommes ont besoin d’être un peu pris en charge, et ce rôle me convient parfaitement. Je ne me sens pas non plus comme une reine. Je suis à ma place, je ne ressens aucune frustration et, surtout, aucune solitude.

Victor, votre fils cadet, est scénariste et comédien. Giacomo, le plus jeune, est encore en terminale. Mais Alessandro, l’aîné, est cuisinier. Est-il tombé tout petit dans la marmite ?
Il y a une histoire de famille derrière tous ceux qui ­cuisinent. Alors que d’autres enfants se réveillaient avec l’odeur du café, moi c’était avec celle de la sauce tomate qui mijotait déjà à 7 heures du matin. Alessandro a connu cela aussi quand je l’emmenais en Italie. Il jouait à la pâte à ­modeler avec de la pâte à pizza. Il m’a toujours vue cuisiner et cela l’intéressait beaucoup. Il a d’abord passé deux ans à la Sorbonne en économie et gestion, pour faire plaisir à son père, mais il y était malheureux. Sa vie était ailleurs. Il a donc fait une école hôtelière à Paris, puis un stage à Londres, accueilli par Hélène Darroze dans les cuisines de son hôtel-restaurant The Connaught. A 25 ans, il s’apprête à partir pour Antigua, où il va faire ses premières armes.

A lire également: Belmondo, le magnifique à Venise

Pourquoi avoir décidé de réaliser ce livre en collaboration avec lui ? Pour lui donner un coup de pouce ?
Plutôt parce que mon fils fait partie intégrante de ma bonne humeur. Et puis, la confrontation entre nos deux générations est intéressante. Il sort de chez Darroze ; moi, des jupons de ma mère. J’ai appris de lui techniquement, mais j’arrive encore à l’étonner. 

Vous faire un nom, être autre chose que la “femme de”, la “belle-fille de”, était-ce important pour vous ?
Pas du tout. J’ai côtoyé des stars dont la vie consiste à prendre des poses de stars. Tout est artifice. Chez les Belmondo, ce genre d’attitude est impossible. Je suis entrée dans une famille très simple. S’il croise cinquante personnes dans la rue, mon beau-père serrera avec plaisir la main de cinquante personnes. Il ne se cache pas, il aime les gens, il a envie de partager avec eux. Je n’ai pas essayé de me faire une place, un prénom, je n’ai rien planifié. Quand j’ai débuté à la télévision dans “C à vous”, Alessandra Sublet s’est inquiétée : “Est-ce qu’on pourra t’appeler par ton nom ou as-tu choisi un pseudo ?” J’ai téléphoné à Paul pour lui demander son avis. Il m’a dit : “Tu t’appelles comment ? – Luana. – Et après ? – Belmondo.” Et il m’a répondu cette phrase qui résume tout : “Alors, où est le problème ?”

« Mes recettes bonne humeur », par Luana Belmondo, éd. Le Cherche Midi.

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