Retour sur le parcours de Riyad Mahrez, de son enfance à Sarcelles jusqu’à Manchester City.

Riyad Karim Mahrez est né le 21 février 1991 à Sarcelles dans la banlieue parisienne. Riyad est le second fils d’Ahmed et Halima Mahrez.

Son père, Ahmed, a grandi dans le petit village d’El Khemi dans l’Ouest de l’Algérie, près de la frontière marocaine.

En plus d’être un étudiant doué en mathématiques, Ahmed était un excellent joueur de foot – un sport qu’il pratiqua en tant que professionnel en Algérie et en France.

Mais la vie d’Ahmed a changé à tout jamais lorsqu’un problème cardiaque lui est diagnostiqué à l’âge de 23 ans, l’obligeant à s’installer en France afin de recevoir le traitement nécessaire.

Nous sommes au début des années 70 quand Ahmed et sa femme Halima arrivent à Sarcelles, au nord  de la banlieue parisienne, pour débuter une nouvelle vie.

Ils donnent naissance à un premier fils, Wahid, puis à un second quelques années plus tard qu’ils prénomment Riyad.

Le coûteux traitement médical dont bénéficie Ahmed placent la famille devant des difficultés financières. Cependant, Ahmed et Halima veillent constamment à ce qu’il y ait suffisamment de nourriture sur la table et que leurs deux fils grandissent dans l’amour et la sécurité. Dès qu’ils le peuvent, les Mahrez emmènent leurs enfants en Algérie afin qu’ils s’évadent le temps d’un séjour du climat de Sarcelles.

Riyad rejoint son club local, l’AAS Sarcelles. Son amour du football a sans doute été inspiré par la passion de son père et par le parcours de Zinedine Zidane, lui aussi d’origine algérienne et qui avait vécu dans un quartier difficile de Marseille dans son enfance.

Il était clair dès son plus jeune âge que Riyad avait de la magie dans les pieds. Dès son enfance, le jeune Riyad se distinguait par son talent et son incroyable technicité.

Son père a constamment été présent à ses côtés, le conseillant et le guidant jusqu’à l’adolescence avant qu’une tragédie ne vienne frapper la famille Mahrez. Ahmed est décédé d’une crise cardiaque à seulement 54 ans.

Ce fut une épreuve difficile à surmonter pour la famille et notamment pour Riyad qui jura d’honorer la mémoire de son père en donnant le meilleur de lui-même pour accomplir son rêve : devenir footballeur professionnel.

Riyad n’a que 15 ans lorsque son père est décédé. Une étape douloureuse qu’il n’évoquera que quelques années plus tard : « La mort de mon père m’a frappé durement et c’est à cette époque que je me suis intéressé de plus près au football. C’est à ce moment-là que les choses ont vraiment commencé à devenir sérieuses pour moi. »

Son frère Wahid a continué à le guider, l’aidant autant qu’il le pouvait en l’absence de leur père, tandis que sa mère Halima a veillé à ce que ses garçons aient tout ce dont ils avaient besoin, d’un point de vue affectif et matériel, pour surmonter cette période difficile.

Mais Riyad avait un autre obstacle à surmonter : son physique. Plusieurs entraîneurs estimaient que l’adolescent ne deviendrait jamais footballeur professionnel en raison de sa faible corpulence.

« Ils disaient que j’étais trop maigre, que je ne ferai pas le poids physiquement », se souvient Riyad.

« Même si j’avais une bonne technique, physiquement je n’étais pas fort et je n’étais pas très rapide non plus. Mais j’ai toujours travaillé dur. »

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il s’est entraîné durement !

Matin, midi et souvent le soir, Riyad était décrit comme étant « obsédé » par le football et par le fait de devenir le meilleur possible.

Un entraîneur lui a conseillé d’éviter autant que possible les duels en raison de sa minceur. S’il voulait réussir, il devait trouver une position qui convenait le mieux à ses qualités, ce qui signifiait jouer sur l’aile, où il avait plus de temps et d’espace pour attaquer la ligne de défense adverse.

C’était la chose logique à faire pour l’adolescent et il a rapidement excellé sur le flanc droit avec sa ruse et sa technique à couper le souffle, trompant les défenseurs grâce à sa virtuosité.

Il s’est également servi des expériences difficiles de son enfance, où les gens devaient se battre pour échapper à la pauvreté. C’est là qu’il a su puiser toute sa force mentale et sa détermination – des qualités dont il ne manque plus aujourd’hui.   

Quatre ans seulement après la mort de son père, Riyad décide d’enfin tenter sa chance avec le football. Ne progressant plus à Sarcelles, Riyad effectue un essai à Quimper, équipe de septième division française. Un essai qui s’avérera concluant pour le jeune Algérien.

Situé à quelques 600 km de la maison familiale, Quimper est une petite ville de Bretagne. C’est un nouveau monde pour Riyad, qui débute là un nouveau chapitre. Mais pour ne pas se sentir trop déraciné, son frère Wahid, devenu entre-temps son manager, l’accompagne dans cette nouvelle vie.

À Quimper, Riyad évolue aux côtés de Mathias, le frère de Paul Pogba, avec qui il vivra même en colocation. Sur le terrain, il attire rapidement l’attention du PSG et de l’Olympique de Marseille, qui souhaitent tous les deux recruter le jeune talent dans le cadre de leurs programmes de formation. Cependant, Riyad choisit de rester en Bretagne et de continuer à apprendre son métier.

Riyad veut jouer régulièrement au football et développer son jeu. Quimper lui offre cette possibilité mais la progression du jeune Algérien lui permet rapidement d’évoluer à un niveau plus élevé. C’est pourquoi lorsque Le Havre AC, pensionnaire de Ligue 2, frappe à la porte, Mahrez n’hésite pas une seconde et rejoint la Normandie à 19 ans.

Une décision qui s’est avérée judicieuse.

Après avoir fait ses preuves dans l’équipe réserve, Mahrez commence à jouer en équipe première au cours de sa deuxième année au club avant d’en devenir en 2012/13 un titulaire à part entière, inscrivant cinq buts en 39 apparitions.

À cette époque, il décide de représenter l’Algérie au niveau international. Bien qu’il soit né et qu’il ait grandi en France, Riyad a à cœur de représenter le pays de ses parents. Cette décision lui permet de rapidement recevoir ses première convocations avec les Fennecs algériens.

L’étape suivante est décisive dans sa progression : Riyad rejoint l’Angleterre et la prestigieuse Premier League.

C’est Steve Walsh, le chef de la cellule de recrutement de Leicester City, qui remarque Riyad Mahrez lors d’un match du Havre. À l’époque, le recruteur des Foxes avait fait le déplacement en Normandie pour observer le Havrais Ryan Mendes. Il rentrera finalement en Angleterre avec un rapport élogieux sur un jeune ailier nommé Riyad Mahrez.

Après de nouvelles observations, Nigel Pearson, alors entraîneur de Leicester, transmet au Havre AC une offre de 450.000 livres sterling pour s’attacher les services de Riyad Mahrez. Le club normand accepte l’offre, tout comme Riyad et son frère, tous deux convaincus que Leicester, alors pensionnaire de Championship, représente une excellente opportunité de carrière.

Riyad avait déjà fait un essai de deux mois à St Mirren en Écosse mais il avait trouvé le climat trop froid et était retourné en France. Allait-il en être autrement cette fois-ci ?

Bien que Riyad n’ait jamais entendu parler de Leicester, rejoindre l’Angleterre offre la possibilité de jouer sur une plus grande scène et de se mesurer à un football de plus haut niveau. Sans regret, il laisse ainsi le football français derrière lui pour traverser la Manche et poser ses valises à Leicester où il signe un contrat de trois ans et demi le 11 janvier 2014. 

Au King Power Stadium, Riyad a connait un succès immédiat, apparaissant à 19 reprises et aidant Leicester à remporter le titre de champion de deuxième division dès ses six premiers mois.

De retour dans l’élite, les Foxes obtiennent leur maintien en fin de saison grâce à une remarquable série de six victoires lors des sept derniers matchs. Insuffisant cependant aux yeux des dirigeants qui décident, à la grande déception de Riyad Mahrez, de remplacer Nigel Pearson à l’intersaison par l’expérimenté Claudio Ranieri.

L’entraîneur italien prend donc les rênes des Foxes à l’aube de la saison 2015/16 – une saison complètement folle au terme de laquelle les coéquipiers de Riyad Mahrez remportent de façon inattendue le titre de champions d’Angleterre. Tout simplement l’une, si ce n’est la plus grande surprise de l’histoire du football anglais.

Durant cette incroyable saison, Riyad Mahrez joue un rôle de premier plan. L’élégant ailier réalise un exercice époustouflant, déstabilisant de nombreuses défenses grâce à sa ruse et sa technicité. Avec des joueurs comme Jamie Vardy, N’Golo Kanté, Wes Morgan, Danny Drinkwater ou encore Kasper Schmeichel, l’équipe de Claudio Ranieri se révèle irrésistible et roule sur la Premier League jusqu’à décrocher le titre.

Nombreux sont ceux qui se souviennent de la victoire 3-1 des Foxes à l’Etihad en février 2016. Un match charnière dans la saison de Leicester : c’est après ce retentissant succès que Mahrez et ses coéquipiers ont pris conscience qu’ils pouvaient réellement remporter la Premier League.

Une victoire de City aurait permis à l’époque à l’équipe de Manuel Pellegrini de prendre les commandes du championnat. Au lieu ça, ce sont les Foxes qui s’imposèrent, prenant ainsi cinq points d’avance sur les Cityzens et six sur les Blues de Chelsea. Ce match restera comme le véritable tournant de la course au titre.

Une fois sacré champion d’Angleterre en mai 2016, Mahrez devient le tout premier joueur algérien de l’histoire à être désigné meilleur joueur de l’année en Premier League – une immense source de fierté pour ses compatriotes, qui admirent désormais celui qu’ils appellent le « joyau algérien ».

L’exploit des Foxes est cependant difficile à rééditer et l’ambitieux Riyad Mahrez souhaite remporter d’autres titres et jouer régulièrement la Ligue des Champions.

Bien qu’Arsenal et l’AS Rome aient été parmi les nombreux clubs à manifester leur intérêt pour recruter l’Algérien, c’est Manchester City qui parvient finalement à l’attirer en juillet 2018. Un grand saut pour Mahrez, désormais coaché par le mythique entraîneur Pep Guardiola.

Peu de temps après son transfert à Manchester, Djamel Belmadi, son sélectionneur, lui confie le brassard de capitaine de la sélection algérienne. Tout ce dont il avait rêvé semble devenir réalité : le brassard au bras, il conduit même son équipe au titre de champions d’Afrique en 2019 après une victoire en finale sur le Sénégal.

Lors de sa première année à l’Etihad, Mahrez devient le deuxième joueur africain après Kolo Touré à remporter la Premier League avec deux clubs différents. Au terme d’une course au titre palpitante menée face à Liverpool, City est couronné champion d’Angleterre. Mahrez réalise une première saison plus que convaincante, en attestent ses 44 matchs disputées toutes compétitions confondues et 12 buts inscrits.

Et lorsque ses buts ont éliminé le PSG en demi-finale de la Ligue des champions la saison dernière, son nom a résonné dans toute l’Algérie.

Le journaliste algérien Maher Mezahi raconte à ce sujet : « En Algérie, c’était vraiment un grand évènement. Je n’avais jamais vu un tel engouement pour un joueur d’un club étranger. »

« Tout le monde en parlait sur les réseaux sociaux après la victoire de City sur le PSG en demi-finale et partout où l’on allait, les gens ne parlaient que de lui. Pendant les célébrations de l’Aïd à l’époque, Mahrez était le principal sujet de discussion lorsque les familles se réunissaient. »

Mahrez a désormais remporté sept trophées sous les couleurs de Manchester City. L’Algérien a notamment débuté 2022 en étant élu joueur du mois de décembre, juste avant de se rendre à la Coupe d’Afrique des Nations en tant que meilleur buteur de City sur la saison en cours.

Il reste encore beaucoup de chapitres à écrire dans la remarquable histoire de Riyad Mahrez. Une histoire faite de succès mais malgré tout marquée par l’absence d’un père qui n’a pas pu assister à la progression de son fils dont il aurait été à n’en pas douter incroyablement fier.

Sa mère et son frère ont été à ses côtés tout au long de son parcours et restent un élément important et influant de sa vie. Lui-même est désormais père de deux filles.
C’est peut-être son premier entraîneur à Sarcelles, Mohamed Coulibaly, qui résume le mieux Riyad.

« C’est toujours un enfant dans l’âme », a-t-il déclaré à Ed Aarons, du Guardian, en 2021.
« Il aime toujours s’amuser avec ses amis de Sarcelles, comme il le fait toujours quand il revient nous rendre visite. Riyad aime le football. Pour lui, jouer n’est pas un travail - c’est un plaisir. »