” Courir. Du Marathon à Athènes, des ailes à pied » (De arte gymnastica. Da Maratona ad Atene con le ali ai piedi), d’Andrea Marcolongo, traduit de l’italien par Béatrice Robert-Boissier, Gallimard, 250 p., 22 €, numérique 16 € .
Pourquoi, un beau jour, se mettre à courir ? Quelle (dé)raison y a-t-il à persister à enchaîner kilomètre après kilomètre ? Il faut se forcer, vaincre l’étouffement, endurer mille douleurs, avant de connaître un bien-être qui devient addictif. Comment décrire et tenter de comprendre cet ascétisme solitaire ? Cet exercice ne comporte aucun accessoire – juste le corps – et il est pratiquement sans règles : vous courez aussi longtemps que vous le souhaitez, au rythme que vous pouvez, presque n’importe où. Des millions de contemporains se consacrent, chaque jour, à cette activité à la fois visible et énigmatique. Pourtant, très peu d’ouvrages sont consacrés à son exploration.
Andrea Marcolongo, depuis quatre ans, est une habituée des promenades matinales, à Montmartre ou sur les bords de Seine – elle vit à Paris. Cela reste la première surprise. Rien n’a préparé cet auteur de plusieurs best-sellers traitant de l’Antiquité à passer des dictionnaires du grec et du latin anciens aux en cours d’exécution tous les jours. Elle s’y investit pourtant, franchissant le seuil de la trentaine, avec son corps perdu et retrouvé. Avec ce qu’elle a ressenti, découvert et compris, mais aussi avec ce qu’elle n’a pas élucidé, l’écrivain a composé Courirun livre tout à fait singulier où se mêlent confidences personnelles, références érudites et réflexions d’ensemble.
En passant de l’immobilité sédentaire à la course quotidienne, Andrea Marcolongo n’a pas changé sa vie, elle a découvert la vie. Elle ressent l’existence autonome de son propre corps, ses exigences, ses limites et leur dépassement. Les pages les plus intéressantes sont celles où elle explique comment, foulée après foulée, ses perceptions du temps, de la douleur, de sa féminité évoluent. Sans oublier, évidemment, sa représentation des Grecs. Ils ont nourri sa vie antérieure. Elle les retrouve désormais à travers le corps en mouvement, plutôt qu’à travers des textes statiques.
Anecdotes curieuses
Parce que les Aînés n’ont jamais cessé de courir et de célébrer les coureurs. Le plus célèbre des « hémérodromes » (ceux capables de fonctionner toute la journée) est Philippide, qui se précipita de Marathon à Athènes, en 490 avant JC, pour annoncer la victoire des Grecs sur Darius. Il mourut à son arrivée, selon la légende, après avoir prononcé un seul mot : « Nenikékamen », ” Nous avons gagné “. Finalement, Andrea Marcolongo a décidé de suivre ses traces en courant son premier marathon. On la suit dans sa préparation et ses appréhensions. Nous glanons quelques anecdotes curieuses en chemin.
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