Les métamorphoses inattendues de l’Air de la Reine de la nuit

Des cordes frottées qui battent la chamade, des accents tragiques et imprévisibles et par-dessus ces vagues tempétueuses, une voix inhumaine qui se hisse à hauteur d’étoile. Celle d’Edita Gruberová, une soprano de haute voltige, à la fois puissante, dramatique mais aussi colorature puisqu’elle doit être tout de même être assez agile et légère pour monter jusqu’au contre-fa aigu. Une manière de nous rappeler que la Reine de la nuit est très colère…

La version la plus connue de cet air de 1791 est certainement celle du film Amadeus dans laquelle, un montage génial nous invite à penser que Mozart a imaginé cet air en écoutant les remontrances de sa belle-mère ! En fait, c’est pour sa belle-sœur, la chanteuse Josepha Weber que Mozart a écrit ce numéro de haute voltige. Une chanteuse qui devait avoir une technique remarquable, supérieure, on l’espère à celle de Florence Foster Jenkins.

Une version très pertinente… si l’on met de côté bien sûr, le rythme, le souffle, la justesse, la projection et l’articulation de Florence Foster Jenkins. Cette mélomane américaine à la vie cabossée, héritière d’une véritable fortune, et qui a mis son argent au profit de son amour pour le chant lyrique. Finalement, on pourrait presque se dire que cet enregistrement est au fond bien plus émouvant que cette rencontre incongrue entre Mozart et une reine des nuits américaines, la chanteuse de R’N’B Kelis dans son titre Like You…

Une réunion inattendue et inexpliquée qui en appelle une autre. Cette autre chanson, norvégienne, et qui avait eu son petit succès en France, en 1985, rappelez-vous… Dollie De Luxe ! Ou comment passer de Mozart aux Rolling Stones sur le même tourne disque et nous faire tourner la tête à la manière du groupe Children of Bodom, seigneurs finlandais du métal néoclassique qui aiment aussi Mozart, à leur manière.