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Le deuxième acte, The Palace, Les trois fantastiques... Les films à voir cette semaine

Léa Seydoux et Vincent Lindon dans Le deuxième acte, Fanny Ardant dans The Palace, Diego Murgia dans Les trois fantastiques.
Léa Seydoux et Vincent Lindon dans Le deuxième acte, Fanny Ardant dans The Palace, Diego Murgia dans Les trois fantastiques. Copyright Chi-Fou-Mi Productions - Arte France Cinéma/Swashbuckler Films/ Zinc Film

Un film explosif sur le cinéma, la satire des ultra-riches signée Polanski, une histoire d’amitié entre récit initiatique et drame social... La sélection cinéma du Figaro.

Le deuxième acte - À voir

Comédie de Quentin Dupieux, 1h20

Le deuxième acte fait l'ouverture du 77e Festival de Cannes. Avec Dupieux, la Croisette s'amuse. Un immense éclat de rire va résonner au milieu des yachts et des plages privées. La sélection ne nous a guère habitués à pareille fantaisie, à autant de liberté. Comment se débrouille ce phénomène de Quentin Dupieux? Il s'agit de son troisième film en un an. Ce rythme n'ôte rien à son talent. Il éclate dès les premières secondes, où Louis Garrel demande à son ami Raphaël Quenard de séduire la demoiselle qui lui court après. Elle l'appelle tout le temps. Il n'en peut plus. Quenard se méfie. Il y a quelque chose. Elle est moche? Pas du tout. Alors ça n'est pas une vraie femme? Oh là là, un peu de calme. Garrel a peur d'être «cancelé». Les deux hommes marchent sur une route en un très long plan-séquence, sans cesser de parler. Ensuite, on aura droit à la fille en question attendant de présenter à son père l'élu de son cœur. La scène se poursuivra en un dialogue tiré au cordeau pour Vincent Lindon et Léa Seydoux. Où vont-ils? Est-ce qu'ils sont dans un film? Le dispositif donne le vertige. Bon, d'accord, Lindon est un comédien qui en a assez de son métier et qui va changer d'avis lorsque Paul Thomas Anderson lui proposera un rôle. Seydoux a sa mère au téléphone, qui lui dit ses quatre vérités. Quant à sa fille, elle trouve qu'elle n'a pas une profession sérieuse. Cela n'arrête pas. Au passage, Dupieux se moque de ces séquences sirupeuses avec répliques attendues et musique à la guimauve. Le rendez-vous des quatre a lieu dans un restaurant perdu au milieu de nulle part. Le serveur a la tremblote. Il n'arrive pas à verser dans les verres ce bourgogne hors de prix. Dans les toilettes, Quenard essaie d'embrasser Seydoux. Elle menace de le dénoncer. Garrel appelle son agent pour qu'il sabre Lindon auprès du metteur en scène américain. Jolie mentalité. Autour de la table en Formica, les disputes se succèdent. On en vient aux mains. Le sang coule. Les autres clients les observent, s'interrogent. C'est donc ça, le septième art? Dupieux détourne les clichés, balance des coups de pied dans la bien-pensance. Il est doué. Il est malin. Naturel et bouffonnerie lui tiennent lieu de style. En sortant de ce Deuxième Acte, un seul commentaire s'impose: encore! É.N.

La Morsure - À voir

Drame de Romain de Saint-Blanquat, 1h27

Avec La Morsure, le jeune réalisateur Romain de Saint-Blanquat a su adroitement jouer les funambules entre les styles, les époques, le jour et la nuit, la réalité et le rêve, ou le mythe d'Eros et Thanatos.
Nous sommes en 1967, pendant le Mardi gras. Dans cette France pré-soixante-huitarde, qui pense que son modèle de société patriarcal va durer, on sent poindre les germes d'une révolte adolescente. En blouse bleue, une croix pendue au cou et les cheveux tirés en arrière, l'héroïne, Françoise (Léonie Dahan-Lamort, formidable de fragilité fébrile), se façonne une identité contestataire. Pensionnaire d'un lycée catholique strict dirigé par des religieuses à cornettes, la jeune fille fait un cauchemar qu'elle pense prémonitoire : elle se voit brûlée vive comme une sorcière. Persuadée qu'il ne lui reste plus qu'un jour à vivre, elle décide avec son amie Delphine (Lilith Grasmug, tout en nuances et solidité) de faire le mur pour rejoindre une fête fantomatique très sixties organisée dans une grande maison vide en forêt.
On pourrait donc croire que La Morsure raconte l'histoire d'une rencontre entre une sorcière et un vampire. Que nenni. Le film s'échine plutôt à décrypter l'univers mental d'une jeune fille en plein passage à l'âge adulte.
Derrière les masques de ce vrai-faux film d'horreur se dissimule une première œuvre intimiste rendant autant hommage à Cléo de 5 à 7 d'Agnès Varda qu'aux Quatre Cents Coups de Truffaut. O.D.

Les Trois Fantastiques - À voir

Drame de Michaël Dichter, 1h36

Inséparables et débrouillards, Tom, Max et Vivian, 13 ans, ont fait d'une vieille cabane de chantier abandonnée, à la lisière d'une forêt près d'un lac, leur royaume secret. C'est là qu'ils se retrouvent pour nager, paresser au soleil ou tirer au pistolet à billes. Quand ils ne vendent pas des cookies au porte-à-porte, officiellement pour soutenir le mouvement des ouvriers de la seule usine encore en activité de ce patelin sinistré des Ardennes. Il s'agit en fait pour eux de se constituer en douce une cagnotte pour s'offrir la colonie de vacances que leurs parents n'ont pas les moyens de payer. C'est bientôt l'été et la vie est belle quand on dévale les rues à vélo avec ses copains. Même si la mère de Vivian, en grève, ne travaille plus, et que celle de Max, dépressive, ne sort presque pas de sa chambre. Ce premier long-métrage de Michaël Dichter commence comme un « teen movie », un film d'adolescents solaire et nostalgique, une bulle enchantée où l'on rêve à devenir grand tout en restant encore enfant. Mais c'est de courte durée. Un élément perturbateur va venir chambouler le trio. Il s'agit de Seb (Raphaël Quenard), le grand frère de Max, sorti de prison plus tôt que prévu sous bracelet électronique, limité dans ses déplacements. Aussi beau charmeur que manipulateur, il a besoin de Max pour récupérer à sa place un sac qu'il avait caché dans une friche avant d'être arrêté. Ce n'est que le début des problèmes pour ce dernier, pris dans un engrenage et en plein conflit de loyauté entre sa famille et ses meilleurs amis. Le film vire alors au thriller et au drame social avec la même efficacité, explorant les différents genres sans en sacrifier aucun. Poignant, le film est aussi porté par la force de sa distribution. V.B.

When Evil Lurks - On peut voir

Horreur de Demian Rugna, 1h39

La critique et le public du Festival fantastique de Gérardmer se sont retrouvés avec un mauvais goût commun en remettant en janvier dernier leur prix à When Evil Lurks, cinquième long-métrage de l'Argentin Demian Rugna. L'histoire de deux frères confrontés à une épidémie de violence provoquée par un cadavre purulent possédé par un esprit démoniaque. Hommes, femmes et surtout enfants contaminés se mettent à trucider sauvagement leur entourage, à la hache ou au volant d'une voiture. Une forme de Covid sévère. On pense à Vincent doit mourir et à Karim Leklou en victime innocente d'une société à cran. Rugna est plus fan de Diego Maradona que de Lionel Messi – il a collé la photo du « Pibe de oro » au dos de son téléphone. Il aime le gore, la provocation et les images choc. Il est un peu trop sûr de lui et de ses effets. When Evil Lurks est un divertissement nihiliste, à la violence complaisante entre deux tunnels de dialogues lourds et explicatifs. É.S.

The Palace - À éviter

Comédie de Roman Polanski, 1h41

Le soir du réveillon du passage à l'an 2000, un grand hôtel des Alpes suisses accueille une brochette de clients riches, bêtes et vulgaires. Sont réunis une ancienne star du porno, un chirurgien esthétique et son épouse atteinte de la maladie d'Alzheimer, des vieilles peaux plus liftées que le Joker, l'ambassadeur de Russie et ses hommes de main – ils assistent à la passation de pouvoirs entre Boris Eltsine et Vladimir Poutine à la télévision, et des stars has been. Mickey Rourke, bronzage berlusconien et moumoute blonde, hérite d'une chambre grande comme un placard à balais parce qu'il n'a pas réservé (rires). Fanny Ardant a un petit chien qui ne fait caca que dans l'herbe et pas dans la neige, donc il chie sur ses draps (rires). John Cleese offre un pingouin à sa jeune et grosse épouse pour fêter leur première année de mariage (rires). Le chien de Fanny Ardant finit par monter le pingouin de John Cleese après le feu d'artifice (rires). Entre deux sketchs ou gags pas drôles, le manager de l'hôtel tente de survivre à ce bal des vampires, encaissant les caprices de ses clients dégénérés. La satire des ultra-riches n'est pas un genre à la portée de tout le monde. Roman Polanski n'est pas n'importe qui mais il n'est plus le cinéaste qu'il a été. The Palace n'arrive pas à la cheville, ni même à l'orteil de Sans filtre, la palme d'or de Ruben Östlund, ou de The White Lotus, la série de Mike White. É.S.

Le deuxième acte, The Palace, Les trois fantastiques... Les films à voir cette semaine

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2 commentaires
  • Mr Spoke

    le

    Au moins durant Cannes arrétez cette rubrique. Le Cinéma on sature ! Les starlettes fragiles #metoo toute l'année avec une Madame Figaro à cran qui ne descend plus des rideaux, la saturation Cannes des germanopratins pendant 15 jours. Les robes Dior de bidule, les rangs de perles de machine, les lunettes de soleil de Brad Pitt et Tom Cruise, Jane Fonda momie de 86 ans... Tout cela est encore plus ringard que l'Eurovision

  • tiboye75

    le

    Vu le Second Acte hier soir. Je ne sais pas si je me trompe ou pas en disant que le film ne rencontrera pas son public. Un peu trop décalé, trop fouillis, on ne sait plus trop qui joue et qui et qui. Quand à la fin, on la devine dés qu’on voit la voiture s’arrêter dans un lotissement.

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