Mission : Impossible Dead Reckoning Partie 1 est un paroxysme dans la franchise déjà bien lotie des Mission : Impossible avec Tom Cruise. Ce septième opus est un blockbuster somme qui brille par ses prouesses et son esprit d’œuvre cinématographique intégrale.
Synopsis : Ethan Hunt et son équipe de l’IMF se lancent dans leur mission la plus périlleuse à ce jour : traquer une effroyable nouvelle arme avant que celle-ci ne tombe entre de mauvaises mains et menace l’humanité entière.
Le contrôle du futur et le destin du monde sont en jeu. Alors que les forces obscures de son passé ressurgissent, Ethan s’engage dans une course mortelle autour du globe. Confronté à un puissant et énigmatique ennemi, Ethan réalise que rien ne peut se placer au-dessus de sa mission – pas même la vie de ceux qu’il aime.
Critique : Mission : Impossible Dead Reckoning Partie 1 sort un peu plus d’un an après l’expérience supersonique de Top Gun Maverick. La suite tardive de Top Gun de Tony Scott, marquait en juin 2022 la renaissance du cinéma d’action populaire au cinéma, avec un score vertigineux d’un milliard cinq cents millions de dollars générés en salle à travers le monde. Tom Cruise , idole des années 80-90, souvent raillé pour son âge et son obstination à vouloir jouer dans la cour des jeunes à l’ère des films de super-héros, en ressortait mieux que ragaillardi. Il devenait le sauveur des multiplexes, salué d’une Palme d’honneur à Cannes et plébiscité par le public, toutes générations comprises, y compris par les rédactions les plus selects qui y voyait l’apothéose d’une carrière.
Photo : Christian Black – © 2023 Paramount Pictures.
L’apothéose, c’est aujourd’hui.
Mission : Impossible Dead Reckoning Partie 1, autre projet dément que la superstar et Paramount gardaient sous le coude, après la crise de la COVID 19, sort enfin après avoir reposé sur les étagères de son distributeur pour devenir le maître absolu de son été. 2023, évidemment. Exit Fast & Furious X aux effets spéciaux décriés, le préquelle de Transformers, une gaminerie de trop, le revival parfois considéré comme périmé d’Indiana Jones aux USA, les films d’animation à gros budget des studios établis dans le domaine (Elémentaire de Pixar, Ruby l’ado Kraken de Dreamworks), bye-bye la suprématie des superproductions super-héroïques qui ne parviennent plus à créer l’événement (le bide historique de The Flash chez DC Warner ; le statu quo des Gardiens de la Galaxie chez Marvel Disney avec le succès du volume 3, déjà oublié)… le blockbuster de 2023 ne trouve plus systématiquement sa raison d’être dans ses grotesques ambitions de produits calibrés pour plaire sans effort. Le public, gavé de programmes fades sur les plateformes de streaming, a des séries à rattraper sur les écrans moyens dès que le temps libre se présente. On le dit même accro à ses ersatz narratifs. Mission : Impossible Dead Reckoning Partie 1 remet de l’ordre au sommet, fort de a rigueur professionnelle d’un Tom Cruise tout puissant dans son obsession de satisfaire les foules jusqu’à y donner de son corps.
Photo : Christian Black – © 2023 Paramount Pictures.
Les héros de MI7 même pas fatigués
Mission : Impossible Dead Reckoning Partie 1 se démarque dans l’actualité cinématographique de son époque. Il n’est pas une énième itération. Son budget colossal autour des 280 millions de dollars en fait, avec le récent Indiana Jones et le cadran de la destinée l’un des films les plus chers de l’histoire, et le spectateur est sûrement en droit de s’attendre à un peu plus que ses prédécesseurs. Toutefois, s’il partage une séquence commune avec Indiana Jones 5 (des péripéties dans et sur un train reliant l’Autriche et l’Italie via les Alpes), le degré de réussite n’est pas le même. Elle est absolue dans MI7. Tom Cruise et son acolyte, Christopher McQuarry n’actionnent pas la fibre mélancolique du spectateur, autour des figures du passé (ce que Top Gun Maverick avait réussi à réaliser avec succès, par ailleurs). Pour son 7e numéro, Mission: Impossible ne conclut pas une franchise et ne se complaît pas à convoquer le passé au-delà de quelques réapparitions, comme le personnage d’Eugene Kittridge, joué par Henry Czerny dans le premier film (Brian De Palma, 1996), de retour pour briller avec un rôle essentiel à l’intrigue. Il y a bien d’autres fantômes du passé qui viennent hanter l’agent Ethan Hunt joué par Tom Cruise, comme le souvenir d’un premier amour sauvagement assassiné, et surtout d’un ange diabolique au doux nom de Gabriel. Esai Morales – également à l’affiche le même mois dans Master Gardener le même mois, et enfin extirpé de la série B et du DTV -, dans l’un de ses meilleurs rôles, est juste glaçant, dans le rôle d’un ange de la mort dématérialisé. Dans la trame, c’est le passé d’Ethan qui est convoqué. Le spectateur, lui, est investi dans un présent de narration excitant, avec un acteur principal, Tom Cruise, encore plus impliqué et valeureux qu’en 1996. La nostalgie d’un Tom Cruise juvénile n’est pas et n’interviendra jamais dans le film.
Mission: Impossible Dead Reckoning, l’action époustouflante au cœur de la salle
Le Ethan Hunt de 2023 est le protagoniste que le public est venu voir et qui ne sera jamais exsangue, à lambiner, douter, déprimer. Il est impérial de présence, et contrairement aux figures de super-héros Marvel/DC aux humeurs de pacotille, Tom Cruise interagit avec son audience par sa réalité de cascadeur, d‘entertainer et de producteur, livrant à 60 ans ses exploits les plus démesurés qu’aucune bande-annonce ou featurette ne peut venir résumer. L’action réaliste et jamais outrancière de Mission: Impossible Dead Reckoning se palpe sur grand écran, le plus large possible, pour profiter de l’intronisation de Tom Cruise au rang d’héros de cinéma ultime. Le vertige happe l’attention, soulève les foules, suscite les réactions, et impose ce projet monstre comme le meilleur opus d’une saga qui a pris du galon à partir du numéro 4, le fameux Protocole Fantôme de Brad Bird. Synthétisant le meilleur de Rogue Nation (5e film de la série et premier des trois réalisés par Christopher McQuarrie) et surtout de Fallout (2018) que l’on croyait, à tort, être le pinnacle d’une saga qui allait promouvoir l’excellence du numéro 4 au 7, avec un crescendo insensé qui allait faire de Dead Reckoning le chef d’œuvre absolu d’un genre récréatif, sans aucune prétention de noirceur, de rédemption artistique, et de psychologie galvaudée.
Photo : Christian Black – © 2023 Paramount Pictures.
Quatre femmes au tableau de chasse d’Ethan Hunt
Avec sa troupe d’acteurs qui participent à façonner la stature d’Ethan Hunt autant, voire plus que ses cascades, l’excitation ressentie autour des acteurs abonde. La team de l’IMF n’est pas un cabinet fantôme où l’on brigue des postes de figurants ; les jeunes femmes qui ponctuent la narration XXL de leur présence, loin d’être des James Bond girls avilies par leur fadeur, sont le vrai carburant de cette intrigue plurielle. D’ailleurs, la bonne surprise de ce septième épisode ne repose pas sur la présence d’un personnage féminin fort, mais bel et bien de la complémentarité entre les quatre personnages féminins que composent Rebecca Ferguson, Pom Klementieff, Vanessa Kirby et la petite dernière, Hayley Atwell, enfin libérée de la fadeur du rôle de Peggy Carter qu’on lui infligeait dans Captain America. Dans le mystère, la dextérité, le glamour, la folie, la fidélité ou la cruauté, elles règnent en maîtresses d’un métrage où l’empereur Tom Cruise partage son trône avec l’élégance d’une star consciente qu’elle n’est rien sans la pluralité d’une équipe qui lui rend la pareille. De cette osmose de talents débridés ressort la jouissance d’un blockbuster intégral qui survole la concurrence par sa puissance motrice.
Dans son montage rythmé, sa réalisation implacable, son script paroxysmique, inscrite dans notre actualité d’intelligence artificielle, et son score crépusculaire, Mission: Impossible Dead Reckoning 1 pare la filmographie de Tom Cruise de son plus grand spectacle. Pour Tom Cruise, la saga et le blockbuster américain tel qu’on le connaît, plus rien ne sera comme avant après ce monument qui n’est pas un hymne au grand Tom, comme beaucoup de ses films auparavant, mais un temple bâti à la gloire du 7e art, vecteur essentiel de l’émotion populaire.
Les sorties de la semaine du 12 juillet 2023
© 2023 Paramount Pictures – Skydance Media / Affiche : LA. All Rights Reserved.
Biographies +
Christopher McQuarrie, Tom Cruise, Rebecca Ferguson, Simon Pegg, Vanessa Kirby, Hayley Atwell, Henry Czerny, Cary Elwes, Ving Rhames, Esai Morales, Charles Parnell, Pom Klementieff, Frederick Schmidt
