Quel est ce dangereux « jeu du camion de pompiers » qui se répand chez les enfants ? - Edition du soir Ouest-France - 16/04/2024
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    Aux États-Unis, le « jeu du camion de pompiers » prend de l’ampleur dans les cours de récréation. (Photo d’illustration : Marc Ollivier / Ouest-France)
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    Quel est ce dangereux « jeu du camion de pompiers » qui se répand chez les enfants ?

    Par Eva LERAY.

    Aux États-Unis, un « jeu » inapproprié a fait son apparition dans les cours de récréation. Sur TikTok, une mère de famille alerte sur le « jeu du camion de pompiers » qui vise en priorité les filles et fait voler en éclats la notion de consentement.

    Direction les États-Unis. Là-bas, un jeu d’enfants inapproprié et dangereux semble prendre de l’ampleur dans les cours de récréation. C’est en tout cas ce qu’assure Jinny Schmidt dans une vidéo publiée sur sa chaîne TikTok et visionnée plus de 2,5 millions de fois. L’infirmière et mère de famille explique : « Ma fille de 11 ans vient de m’informer que les garçons jouent à un jeu appelé le jeu du camion de pompiers. Un garçon pose sa main sur le bas de la cuisse d’une fille et lui dit : « Ma main est un camion de pompiers, je vais lentement la faire remonter. Mais quand tu te sens mal à l’aise, tu dis “feu rouge”. »»

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    Elle prend une pause. S’énerve. « Vous savez ce qu’ils font ensuite ? Ils disent : “désolé, les camions de pompiers ne s’arrêtent pas aux feux rouges”. » C’est simple, les garçons profitent de cette réponse pour remonter leur main jusqu’à toucher les parties intimes des filles. Sans leur consentement. « La découverte du corps commence souvent par un jeu, les premières agressions sexuelles aussi », faisait justement remarquer en 2017 le site Madmoizelle.

    Simple jeu d’enfant ou agression sexuelle ?

    L’histoire de Jinny Schmidt n’a pas manqué de faire réagir les internautes. Plusieurs personnes lui témoignent du soutien en partageant leurs propres expériences. « J’avais un petit ami plus âgé quand j’étais en sixième. Il jouait à ce jeu avec moi. J’étais très mal à l’aise. Il faisait ça en plein cours, au milieu de la classe. Je savais que ça n’allait pas aller très loin, mais je me suis sentie gênée. » Une autre encore : « J’étais enfant dans les années 2000, ce genre de jeux existaient déjà. Les plus grands profitaient de la naïveté des plus petits. »

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    Sur les réseaux sociaux, ils sont plusieurs à qualifier ces jeux d’enfants d’agressions sexuelles. Le sont-ils pour autant ? Dans l’article de Madmoizelle publié en 2017, Christine Barois, pédopsychiatre, s’interrogeait : « En fait, il y a une question de limite et de comment on met la limite : est-ce qu’on est dans la découverte du jeu ou dans l’agression ? C’est assez subtil.  »

    Lire aussi : À quel âge cesse-t-on vraiment d’être un enfant ?

    « La curiosité l’emporte sur le respect de l’autre »

    À 11 ans, « on découvre la sexualité », réagit Nicole Catheline, pédopsychiatre, quand on lui apprend l’existence du « jeu du camion de pompiers ». L’âge de l’innocence où l’on découvre son corps est passé. Au collège, nous dit-elle, « on ne joue plus à touche-pipi ». L’interdit et l’excitation prennent le dessus sur le reste. Lors du « jeu du camion », la notion de consentement vole en éclats. Les jeunes adolescents en ont-ils conscience ? « Ce n’est pas un concept qui leur est familier, nous assure Nicole Catheline. La curiosité l’emporte sur le respect de l’autre. » C’est à ce moment-là que les parents doivent intervenir. La spécialiste explique la démarche à suivre : « Il faut dire aux enfants qu’ils ont le droit d’être curieux, mais ils ne doivent pas l’être au détriment d’autrui. Plus les parents prendront le temps d’en parler, mieux ça ira. »

    Que dit la loi concernant ces agissements ? Catherine Brault, avocate de l’antenne des mineurs du barreau de Paris, interrogée par Madmoizelle (toujours en 2017), explique qu’une agression est qualifiée comme telle à partir du moment où l’enfant a « conscience de l’infraction ». Et de poursuivre : « Quand ce sont des enfants très petits, il faut qu’il y ait conscience de l’interdit. Ça arrive à 3, 4, 5, 6, 7 ans… C’est propre à chaque enfant. Il existe un principe de responsabilité pénale : l’âge à partir duquel on peut être reconnu coupable d’une infraction. Il n’y a pas d’âge fixé en France, mais on prend en compte la capacité de discernement, la capacité de comprendre les conséquences de ses actes. »

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