Saxe (Jean-Georges Ier de)

Jean-Georges Ier de Saxe (1585-1656) est le fils de l’électeur de Saxe Christian Ier et de Sophie de Brandebourg. Il succède à son frère, Christian II, décédé en 1611. En 1619, il refuse toute prétention à la couronne de Bohême et bien qu’à la tête de la principauté protestante la plus importante du Saint Empire, il contribue à l’élection de Ferdinand II de Habsbourg. Allié à ce dernier, il combat l’électeur palatin Frédéric V en Lusace et en Silésie. 

Après la bataille de la Montagne Blanche, Jean-Georges de Saxe s’éloigne de l’Empereur, mais ne rejoint pas pour autant l’Union évangélique. Il préfère s’en tenir à une politique attentiste. En 1629, cependant, l’édit de Restitution le conduit à se rapprocher de ses coreligionnaires. 

En février 1631, il réunit les princes protestants du Saint Empire à Leipzig, mais s’en tient à une condamnation verbale de la politique mise en œuvre par Ferdinand II. C’est alors que le général Tilly, craignant le ralliement de Jean-Georges de Saxe aux armées protestantes, envahit ses États. L’électeur de Saxe se rapproche alors du roi de Suède, son duché est libéré après la bataille de Breitenfeld (17 septembre 1631), en dépit de la défaite de sa propre armée. 

Jean-Georges de Saxe se méfiait des Suédois et refusait d’associer le principal ministre suédois, Oxenstern, ou son représentant, aux négociations entamées, en compagnie du margrave de Brandebourg, avec l’Empereur, en vue d’obtenir une paix favorable à leurs intérêts respectifs.

Au mois de septembre 1632, le landgrave Georges II de Hesse-Darmstadt, gendre de l’électeur de Saxe, arrive à Dresde, afin de convier ce dernier, au nom de l’Empereur, à de nouvelles négociations en Bohême. Or Gustave-Adolphe, même si ses troupes l’emportent, décède alors des blessures reçues à la bataille de Lützen (16 novembre 1632).

Le 10 mars 1633, au cours d’un banquet, le margrave de Brandebourg et l’électeur de Saxe, auxquels s’est joint le duc Frédéric III de Schleswig-Holstein-Gottorp, décident d’accepter l’ouverture de négociations offerte par l’Empereur et de lui dépêcher en retour Georges II de Hesse-Darmstadt. Les pourparlers avec les représentants de Ferdinand II débutent le 14 mars, à Leitmeritz, tandis que s’ouvraient ceux d’Heilbronn, côté protestant. Le 10 octobre, l’électeur de Saxe fait cependant savoir à l’émissaire impérial, le prince Ragozi, qu’il souhaite soumettre ses propositions non seulement à l’électeur de Brandebourg, mais également au chancelier Oxenstern lui-même, à propos de ses intérêts en Hollande1.

Au tout début de l’année 1634, la versatilité du margrave de Brandebourg et l’attentisme de l’électeur de Saxe confèrent à la mission diplomatique confiée au baron de Rorté à Berlin et à Dresde une importance particulière. Le baron de Rorté adresse de longs comptes-rendus soit au père Joseph, soit au marquis de Feuquières, qui tous deux supervisent sa mission ((Voir les courriers du baron de Rorté au marquis de Feuquières, de Berlin, les 7  et 16 janvier1634, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, Le trésor pillé du Roi : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1634, Paris, éditions L’Harmattan, 2013, 2 volumes, t. 1, p. 143-145, p. 174-177 ;  et le rapport du baron de Rorté à Louis XIII, de Berlin, 14 février 1634, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, Le trésor pillé du Roi…, ouvrage cité, tome 1, p. 275-289.).

Puis l’issue de la bataille de Nördlingen (6 septembre 1634), achèvent de le détourner de l’alliance que lui proposent depuis de longs mois le chancelier Oxenstern et le roi de France. Après d’interminables préliminaires (Eilenburg et Pirna), le duc de Saxe signe la paix de Prague avec l’Empereur, le 30 mai 1635. Il reçoit alors la Lusace en possession héréditaire et l’archevêché de Magdebourg est attribué à son fils. Allié à Ferdinand II, Jean-Georges de Saxe assiste à l’invasion de ses États par les troupes suédoises commandées par le général Johann Baner. Ce dernier remporte notamment la victoire de Wittstock le 4 octobre 1636 (ou 24 septembre ancien style). 

En 1639, la Saxe est à nouveau ravagée. Baner occupe la place de Zwickau, et bat les Impériaux et les Saxons à Chemnitz au mois d’avril. 

Si Jean-Georges de Saxe peut reprendre Zwickau le 7 juin 1642, il perd Leipzig face à Lennart Torstenson. 

Au mois d’août 1645, c’est d’ailleurs Torstenson qui contraint Jean-Georges de Saxe à cesser les combats. 

En 1648, les traités de Westphalie confirment les concessions territoriales du traité de Prague. 

Jean-Georges de Saxe a épousé, en 1604, Sybille de Wurtemberg, puis, en 1607, Madeleine de Prusse (1586-1659). Du mariage de Jean-Georges de Saxe et de Madeleine de Prusse sont nés neuf enfants, dont Sophie de Saxe (1609-1671), qui épouse, en 1627, le landgrave Georges II de Hesse-Darmstadt ; Élisabeth de Saxe (1610-1684), qui épouse, en 1630, Frédéric III de Schleswig-Holstein-Gottorp ; Jean-Georges II de Saxe (1613-1680) ; Auguste de Saxe-Weissenfels (1614-1680) ; Christian de Saxe-Merseburg (1615-1691) ; Madeleine de Saxe (1617-1668), qui épouse, en 1634, Christian d’Oldenburg, puis, en 1652, Frédéric-Guillaume II de Saxe-Altenbourg ; Maurice de Saxe-Zeitz.

Textes 619, 723, 725, 785



Citer ce billet
Marie-Catherine Vignal Souleyreau (2023, 26 mai). Saxe (Jean-Georges Ier de). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 17 mai 2024, à l’adresse https://doi.org/10.58079/tqi6

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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  1. Bibliothèque de l’Institut, coll. Godefroy, vol. 487, f° 304. Il est à noter que Louis XIII adresse, le 3 janvier 1634, au landgrave Georges II de Hesse-Darmstadt, une lettre pour l’engager à restituer d’importants territoires au comte de Solms-Hohensolms, dans Auguste-Alphonse Étienne-Gallois  – éd. -, Lettres inédites des Feuquières…, Paris, Leleux, 1845-1846, 5 volumes, t. I, p. 24. Le 5, Louis XIII adresse une seconde missive, au marquis de Feuquières, afin de lui recommander les intérêts du prince d’Orange et de son épouse, Amélie de Solms-Brauenfels, « qui sont les mêmes que ceux du comte de Solms », dans A.A. Étienne-Gallois (éd.), Lettres inédites des Feuquières…, ouvrage cité., t. I, p. 25. []

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