MONTRÉAL – Lundi, la journée était radieuse à Syracuse et Antoine Morand en avait profité pour jouer sa première ronde de golf de la saison. À partir de 15 h, il avait conclu qu’il demeurait dans l’organisation du Lightning. Au moment d’entamer le 16e trou, sa carrière a emprunté une trajectoire différente. 

« Il devait être 16 h 30 ou 17 h, je pensais que les transactions étaient finies. Je me préparais à frapper mon coup de départ quand j’ai reçu l’appel du directeur général », a précisé Morand qui a immédiatement compris le message. 

Cette transaction qui l’a envoyé avec le club-école des Sharks de San Jose n’a pas émergé comme un obstacle bien dissimulé sur un terrain de golf que l’on découvre. À vrai dire, Morand avait demandé à être échangé s’il devait se contenter régulièrement d’un rôle de spectateur. 

« J’avais super bien commencé l’année, je récoltais des points (1 buts, 3 passes en 4 matchs) puis ça s’est moins bien passé en milieu de saison. J’ai été laissé de côté durant quelques matchs. C’est sûr que je voulais une chance de jouer pour prouver ce que je suis capable de faire. Mais, dans les 10-15 dernières parties, je jouais vraiment du bon hockey donc je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Au début février, je m’attendais à être échangé, mais récemment, j’en étais moins certain », a expliqué l’attaquant de 23 ans qui a été transigé contre le gardien Alexei Melnichuk. 

Soucieux de bien faire, Morand reconnaît qu’il en est venu à se perdre mentalement à travers ses hautes attentes personnelles et le désir de plaire à l’entraîneur Benoit Groulx. 

« J’ai eu ma petite léthargie (à partir de la mi-décembre) et c’est certain que Ben est un coach vraiment exigeant. Je suis quelqu’un qui s’impose beaucoup de pression, je tenais à avoir de bonnes performances. C’est venu me nuire, je me cherchais sur la patinoire, je me demandais quoi faire. Ensuite, quand j’ai été retiré de la formation, ce n’était pas évident, je me questionnais beaucoup en tant que joueur. C’était difficile mentalement, ça ne m’était jamais arrivé dans ma carrière. J’ai traversé cette épreuve donc je sais que je suis capable de rebondir. Ouais, c’est plate, tout ça a gâché un peu ma saison, mais je suis content que ça me soit arrivé », a décrit le choix de deuxième ronde (60e au total) des Ducks en 2017. 

En plus de son entraîneur de préparation mentale, Morand a pu miser sur le support de vétérans comme Charles Hudon, Gabriel Dumont et Daniel Walcott pour retrouver le bon état d’esprit. 

« Quand j’ai switché ma mentalité afin de simplement avoir du plaisir et jouer pour l’équipe, ça m’a vraiment aidé », a-t-il noté. 

Cela dit, Morand est impliqué dans une transaction pour la deuxième fois en l’espace d’un an. 

« Ce n’est jamais plaisant de se faire échanger, que tu l’aies demandé ou non. Il faut que je trouve ma chaise, que je me regarde dans le miroir et que je fixe mon jeu par rapport à ce qui me manque. Le petit creux que j’ai eu ici, ça m’a vraiment aidé à réaliser ce qui me manquait », a jugé le gaucher originaire de Châteauguay. 

Au moment de procéder à l’entrevue, Morand s’apprêtait à embarquer dans l’avion en direction de San Jose. Il était encore reconnaissant de l’aide reçue de ses anciens coéquipiers. 

« Quelques joueurs (du Crunch) habitent dans le même édifice que moi. Ils ont été super gentils, ils m’ont aidé à vider mon appart et faire mes bagages. Je vais m’ennuyer, on avait tellement un groupe spécial avec plusieurs Québécois et de nombreux jeunes. On s’entendait bien donc ça me fait un peu de peine de partir, mais je suis bien excité d’aller à San Jose », a raconté celui qui a amassé quatre buts et six aides en 44 matchs cette année. 

Le déchirement de quitter le Crunch s’estompe pour deux raisons principales. D’abord, le portrait d’avenir est plus prometteur pour lui au sein de l’organisation des Sharks. Ensuite, il pourra renouer avec Jeffrey Viel, son ami, et ancien capitaine, avec le Titan d’Acadie-Bathurst. 

« C’est lui qui m’a texté en premier, deux minutes après la transaction. Il est super content, il était avec les Sharks à Calgary. C’est sûr que je vais aller souper avec lui quand il va revenir. C’est une chose vraiment cool, le club-école évolue au même endroit que les Sharks », a ciblé Morand qui a soulevé la coupe Memorial, en 2018, avec lui. 

En soirée, l’entraîneur adjoint du Barracuda, Jimmy Bonneau, lui a lancé un coup de fil pour jeter les bases de cette nouvelle association. 

« Il m’a dit que des occasions se présentent à moi et que je devrai en profiter. C’est ma dernière année de contrat de recrue, je veux avoir une bonne fin de saison pour décrocher une nouvelle entente avec les Sharks. De plus, avec le Barracuda, on se bat pour accéder aux séries, ce serait l’idéal », a analysé Morand qui a entendu de bons mots à l’endroit de Bonneau venant de Pierre-Cédric Labrie. 

Morand s’élance ainsi vers la Californie avec une attitude positive. Son niveau de confiance se rapproche de la cible visée grâce à quelques parties durant lesquelles il jouait avec moins de pression. 

« Quand ça allait moins bien, je m’étais dit que j’allais seulement jouer au hockey et m’amuser pour le reste de la saison », a mentionné Morand alors que son bon ami, Maxime Comtois, semble aussi reprendre du poil de la bête avec les Ducks. 

S’il parvient à relancer sa progression, Morand obtiendrait la chance de jouer souvent face à Comtois alors que les Ducks et les Sharks évoluent dans la même division.