S.O.S. Fantômes : La Menace de Glace - critique moins que zéro
Films

S.O.S. Fantômes : La Menace de Glace – critique moins que zéro

Par Geoffrey Crété
10 avril 2024
MAJ : 24 mai 2024
28 commentaires

En 2021, S.O.S. Fantômes : l’Héritage faisait office de vrai S.O.S. Fantômes 3 en ramenant les héros des premiers films cultes aux côtés des nouveaux Ghosbusters. En 2024, S.O.S. Fantômes : La Menace de Glace continue sur la lancée en tant que S.O.S. Fantômes 4. Retour à New York pour chasser du fantôme en famille, avec les nouveaux personnages (Paul Rudd, Carrie Coon, Mckenna Grace, Finn Wolfhard) et les anciens (Bill Murray, Dan Aykroyd, Ernie Hudson, Annie Potts). Et tant pis si on perd le peu de charme du précédent film pour foncer dans le mauvais blockbuster sans âme.

S.O.S. fantaumône

La fin de S.O.S. Fantômes : l’Héritage était un avertissement. Après avoir lâché les fantômes dans les champs de l’Oklahoma le temps d’une parenthèse bucolique, tout le monde revenait à New York et la fameuse caserne des Ghosbusters. Fini de plaisanter et faire croire que la saga allait oser se réinventer ailleurs, avec de nouveaux personnages. S.O.S. Fantômes, c’est à New York, avec Bill Murray, Dan Aykroyd et Ernie Hudson. Et puisque Harold Ramis est mort en 2014, c’est aussi avec les descendants de son personnage Egon Spengler : sa fille Callie (Carrie Coon) et ses petits-enfants Phoebe (Mckenna Grace) et Trevor (Finn Wolfhard).

 

 

C’est le symptôme des legacyquels, ces suites dédiées à la nostalgie qui ressemblent plus à des histoires de royalties qu’à des histoires tout court (Jurassic World, Star Wars, Terminator, Scream, Halloween…). Après une introduction charmante, S.O.S. Fantômes : l’Héritage avait donc foncé tête baissée dans cette formule, ramenant le grand méchant Gozer du premier film, ainsi que tous les héros originaux – même Egon, présent en tant que fantôme. La dynastie Ghostbusters était là même derrière la caméra puisque le film était réalisé par Jason Reitman, fils d’Ivan Reitman, metteur en scène des deux premiers S.O.S. Fantômes.

Sans surprise, S.O.S. Fantômes : La Menace de Glace continue sur cette lancée. Passé la « surprise » de leur retour « inattendu », les Ghostbusters d’hier font désormais partie du décor, quelque part entre les meubles d’époque et les figurants de luxe. La Spengler family s’est installée dans la caserne, et chasse des fantômes. Tout le monde doit affronter un gros fantôme, qui prend ici la forme d’un Mister Freeze croisé avec un méchant du DCEU. Et le résultat est certainement l’un des pires S.O.S. Fantômes, qui prouve que la saga n’a vraiment absolument plus rien à raconter.

 

S.O.S. Fantômes : La Menace de Glace : photo, Mckenna GraceL’humeur de Geoffrey à la sortie de la projection

 

« sa place est dans un musée ! »

Que faire quand vous avez déjà quatre personnages principaux accompagnés par deux seconds couteaux (Podcast et Lucky, encore plus inutiles que dans S.O.S. Fantômes : l’Héritage), et que vous devez en plus donner l’illusion que les quatre Ghostbusters originaux servent à quelque chose ? Vous rajoutez de nouveaux personnages, histoire de vraiment empirer la situation de cet empire de glace. Et c’est encore mieux s’ils sont finalement les clés de l’intrigue. Comme ça, vous êtes à peu près sûr de ne pas avoir eu le temps de les caractériser, et que tout le monde s’en foutra (mention spéciale à Kumail Nanjiani, qui joue un clown héroïque encore plus insupportable que son clown super-héroïque des Éternels).

S.O.S. Fantômes : La Menace de Glace réussit un bel exploit de type triple salto arrière avec sa gestion calamiteuse des personnages. La petite tendresse autour de la nouvelle génération du précédent film s’évapore dans cette suite bien grasse où tout le monde assume un rôle bien déterminé, et s’agite sans avoir le temps de respirer et exister. Mckenna Grace a l’honneur d’avoir quelques pages de dialogues, quand Dan Aykroyd et Ernie Hudson ont droit à plusieurs répliques qui permettent de vaguement évoquer le destin contrarié de ces anciens héros.

Tous les autres devront se contenter de trois miettes, avec au mieux des arcs réduits à peau de chagrin (le personnage de Finn Wolfhard veut conduire l’Ecto-1, il le fera au moment de générique de fin, et voilà), et au pire une présence qui ressemble à une faveur (pauvre Annie Potts).

 

S.O.S. Fantômes : La Menace de Glace : photoS.O.S. tout court

 

Dans un monde où ces films sont de simples supports pour pérenniser les licences et remplir les poches de ceux qui possèdent les droits, les personnages ne sont plus que des accessoires, placés dans le décor au même titre qu’un logo ou un costume. Le retour inutile des bestioles CGI (Bouffe-tout et les mini Marshmallows) vaut autant que celui de Walter Peck, personnage du premier S.O.S. Fantômes devenu maire et qui reprend l’éternel rôle du monsieur-autorités s’opposant aux Ghostbusters.

S.O.S. Fantômes : La Menace de Glace n’est plus un film, mais une attraction interactive, pensée comme une succession de saynètes-hommages. Un petit tour au grenier pour le Bouffe-tout, un passage par la chambre pour la parade des mini Marshmallows, un retour à la bibliothèque pour refaire la scène du premier film, le tout autour d’une intrigue qui tourne littéralement autour de la poubelle des Ghostbusters. On n’aurait pu rêver mieux comme image.

 

S.O.S. Fantômes : La Menace de Glace : photoDéfi : nommez la moitié des personnages de cette image

 

la peine des neiges

S.O.S. Fantômes : La Menace de Glace a aussi eu la bonne idée de récupérer l’une des pires choses du S.O.S. Fantômes de 2016 : les tics de blockbusters et la débauche d’effets visuels. Avec un budget supérieur au précédent (100 millions, contre 75 pour L’héritage), la suite suit le cahier des charges : une plage avec une grande roue où des figurants hurlent en regardant l’horizon, des rues où des figurants lèvent les yeux vers le ciel en ayant très peur et des plans larges de New York congelée, tout ça autour de l’inévitable portail magique dans les nuages. On est à deux doigts du stock-shot à ce stade.

Mais le problème vient d’abord de ce fameux Frozen Empire. Grâce à son grand méchant CGI absolument inintéressant et digne d’Aquaman 2, cette apocalypse ressemble finalement plus à Geostorm qu’au Jour d’après. Le chaos commence véritablement dans les vingt dernières minutes, et la menace n’est jamais tangible malgré la montagne de CGI (tout le monde disparaît des rues et personne ne semble avoir été congelé à la fin). Quant à Garraka, sa puissance n’est tellement pas assumée entre la scène d’intro et le climax qu’il reste un vilain générique parmi 150 autres. Même le retour de Gozer dans S.O.S. Fantômes : l’Héritage semblait plus imaginatif que ce démon à deux balles.

 

S.O.S. Fantômes : La Menace de Glace : photo« Où est la Mother Box ? »

 

Ce n’est pas la mise en scène de Gil Kenan qui sauvera quoi que ce soit puisque le réalisateur de Monster House (ou plutôt du remake de Poltergeist dans ce cas) fait pâle figure comparé à Jason Reitman – c’est dire la pauvreté puisque S.O.S. Fantômes : l’Héritage restait dans les clous, malgré quelques jolies idées visuelles.

Après une première course-poursuite relativement inventive pour ouvrir les festivités, S.O.S. Fantômes : La Menace de Glace devient un interminable tunnel de scènes bavardes dans des décors inintéressants (la caserne, le labo, des appartements). Les quelques idées amusantes, comme le fantôme qui possède les objets, sont évacuées en cours de route, tout comme les pseudo twists réglés en quatrième vitesse. La menace est réglée en deux temps trois mouvements par des personnages aussi attachants que les Proton Packs, et tout rentre dans l’ordre pour laisser place au thème musical de Ray Parker, Jr et au logo culte. Tout est bien qui finit bien, mais le S.O.S. devient de plus en plus lourd de sens.

 

S.O.S. Fantômes : La Menace de Glace : Affiche française

Rédacteurs :
Résumé

On reprend le pire et on recommence. Le peu de charme qu'il y avait dans S.O.S. Fantômes : l’Héritage s'est envolé dans S.O.S. Fantômes : La Menace de Glace, qui troque la tendresse nostalgique pour le spectacle bas du front. Et interminable. Et absolument dispensable.

Tout savoir sur S.O.S. Fantômes : La Menace de Glace
Rejoignez la communauté pngwing.com
Pictogramme étoile pour les abonnés aux contenus premium de EcranLarge Vous n'êtes pas d'accord avec nous ? Raison de plus pour vous abonner !
Soutenir la liberté critique
Vous aimerez aussi
Commentaires
guest
Trier par:
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
icon arrow down
Pictogramme commentaire 28 commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Trac

C’était hyper nul on va pas ce mentir ils ont fait tout ce qu’il ne fallait pas , histoire insipide, réalisation fade de chez fade 20 minutes de chasse aux fantômes sur 1h50 de film , des acteurs qui tapent sur les nerfs … Bill Murray 2 minutes de temps d’écran pour un maxi chèque . Bref un produit sans âme bas du front jamais drôle made in Hollywood 2024 quelle tristesse

Solomon cain

Je vous trouve dure avec ce film qui aurai pu certainement être bien mieux sur de nombreux aspects mais qui dans l ensemble fait le taf toute la famille a passé un bon moment et c est tout ce que l on recherche avec ce type de film.

Ethan

C’est vrai que l’environnement du 3e film le cadre naturel du nevada ici pour un retour à New York ça enlève le charme par rapport au 3e film. On se demande même comment ce petit monde famille spengler amis des enfants ont pu tous emménager à new york

Ethan

Alors moi j’ai aimé je retrouve le charme du précédent film. Pour moi les deux enfants frère et soeur sont vraiment l’âme de ces nouveaux films. Mais je comprends votre point de vue. Ils auraient pu davantage exploré la psychologie des enfants comme dans le troisième film. Ils ont néanmoins respecté les codes de sos fantôme. Mais c’est vrai il y a cette impression de mettre en scène tout le monde comme la secrétaire. Et des gags de déjà vu.

Après on est pour ou contre l’utilisation des enfants dans des rôles d’adultes. Moi ça me gêne pas. Ca renouvelle le genre. Laissons leur la possibilité de revenir au troisième film pour le 4e et de faire mieux

Hectopussy

Boh, vu hier et j’ai mieux apprécié que je le craignais.
Très dommage d’avoir lâché l’aspect social de L’Héritage pour un retour 100% 80’s-90’s, maîtrisé mais peu enthousiasmant. Au moins, malgré le propos, ça évite la surenchère visuelle tendance cirque de fête foraine àla Marvel, et les personnages ont globalement une place dédiée, sauf peut-être l’acteur de Strangers Thing et son amie retrouvée qui sont clairement relégué à la marge.
Mais une fois accepté cet absence de modernité et son aspect kitsch, ça passe.
Certes, j’aurais largement pu me contenter d’un visionnage TV, je ne pense pas que j’y aurais perdu.
Parmi le négatif le plus éclatant, je poserai le rôle trop réduit de la petite-fillote Spengler que l’on fait passer pour le personnage principal alors que ses actions, bien qu’essentielles à l’intrigue, cumule moins d’1/4 du film (équilibre des personnages oblige j’imagine). Et aussi le raté, selon moi, de la scène repompant la séquence « Magic » du film originel : en 1984, à la fois sur l’écran et avec la BO, cette séquence me faisait et me fait encore frissonner de plaisirs et d’émotions plurielles. Là, même si j’applaudis le fait de ne pas avoir repris le titre de Mick Smiley ce qui évite d’alourdir le fan-service de cet opus, la nouvelle séquence est littéralement froide et sans relief: un comble!

Mais sinon, je ne suis pas sorti de la salle (remplie à 10%) trop dépité, et même avec le souvenir d’un moment pas désagréable…