Petula Clark : "Le jour où, petite fille, je chante pour l'armée anglaise"
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Petula Clark : "Le jour où, petite fille, je chante pour l'armée anglaise"

Elle vient de sortir « A Valentine’s Day Concert at the Royal Albert Hall », édition collector et intégrale, avec de nombreux inédits de son mythique concert londonien, le 14 février 1974.
Elle vient de sortir « A Valentine’s Day Concert at the Royal Albert Hall », édition collector et intégrale, avec de nombreux inédits de son mythique concert londonien, le 14 février 1974. © DR
Propos recueillis par Catherine Schwaab , Mis à jour le

Pendant la guerre, nous vivons, mes parents et ma sœur, dans la banlieue de Londres, d’où nous entendons régulièrement le vacarme des bombardements. En 1942, ma voix enfantine rencontre un succès inattendu à la radio

On est plus souvent réfugiées dans les abris éclairés à la bougie et à la lampe à huile qu’à l’école! A tel point que mes parents décident de nous exiler au pays de Galles, la patrie de maman. Je parle gallois, je vais à l’école galloise et j’adopte ce merveilleux amour de la musique. Ma mère est timide, mais elle chante avec une très belle voix. Au village, il y a deux chapelles et une église, c’est là que «je me produis» pour la première fois, à 6 ans. Mais mon grand moment sera au micro de la BBC, pour les soldats anglais exilés au front. L’émission s’appelle «It’s All Yours», et elle diffuse des messages aux militaires dans le monde. Chez nous, c’est mon oncle qui se bat au loin.

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L’enregistrement se déroule au théâtre Criterion, sur Piccadilly, à Londres, dans un lieu souterrain, camouflé derrière des sacs de sable. Nous sommes une quinzaine d’enfants à attendre dans cet immense abri. Pendant que nous répétons, une violente déflagration fait trembler les murs. Les petits sont terrorisés. L’ingénieur du son propose un dérivatif: «Et si on chantait?» Personne ne bouge. Du haut de mes 9 ans, je lève le doigt. «Moi, je veux bien.» Il me hisse au micro, debout sur un carton, et en avant! J’y mets tout mon cœur. La régie m’a entendue. Elle me propose de chanter pour de bon. Papa est d’accord.

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Je me lance. Les auditeurs sont emballés: des lettres enthousiastes déferlent à la station. C’est le début d’une carrière d’enfant vedette. Julie Andrews en est une aussi, on se retrouvera souvent dans les mêmes spectacles, à voyager dans les trains de nuit, dormant dans les filets à bagages car, oui, on était petites et surtout très maigres, vu la sous-alimentation. On chante dans les camps militaires, sous les tentes. On est ravies, pas effrayées, plutôt excitées par ces événements exceptionnels. A la maison, pour nous éviter d’avoir à traverser le jardin jusqu’à l’abri, papa a construit une tranchée à côté de la cuisine. C’est à qui sautera la première au moment de l’alerte. On s’amuse. Après la guerre, enfant star, je vais jouer dans plusieurs films. Papa sera mon manager pendant quelques années. J’ai réalisé à sa place son rêve d’être acteur. Vu sa ressemblance avec Errol Flynn, il aurait pu.

Adolescente, je deviens moins «vendeuse», et je me sens de plus en plus décalée à l’école où on me prend encore pour une enfant, alors que je vis déjà de plain-pied dans le monde du show-business. Je déciderai finalement de voler de mes propres ailes. Et de faire mes propres erreurs. Une émancipation un peu douloureuse. 

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« Ma carrière explose en France dans les années 1960, grâce aux disques Vogue et à leur agent, le jeune Claude Wolff, dont je tombe follement amoureuse. Pour lui, j’enregistre un disque en français alors que je n’en parle pas un mot ! On a eu trois enfants, il gère ma carrière et on est toujours ensemble au bout de soixante ans ! »

Petula Clark fut une idole des sixties adorée par les Français, avant de connaître le succès en Amérique. « Downtown », « Chariot », « La gadoue », « Garde-moi la dernière danse » sont des chansons immortelles, interprétées dans une demi-douzaine de langues. Parallèlement, elle a fait une carrière d’actrice à Hollywood, tout en s’occupant de ses trois enfants. Aujourd’hui, à 87 ans, toujours d’une vitalité joyeuse, elle garde une totale candeur pour son métier, piquée d’une éternelle insécurité qui continue de la faire avancer

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