Le marché noir des RDV visas Schengen au Maroc s’invite à l’hémicycle 

Le marché noir des RDV visas Schengen au Maroc s’invite à l’hémicycle 
lundi 22 avril 2024 - 12:37

Au Maroc, un phénomène aussi opaque qu’inquiétant prend de l’ampleur, minant la confiance des citoyens envers les processus consulaires : le courtage illicite des rendez-vous (RDV) pour les visas Schengen. Ce commerce peu scrupuleux, exacerbé par les lacunes technologiques, représente une plaie pour des milliers de Marocains.  

Les citoyens marocains aspirant à explorer l’espace Schengen se heurtent à d’importantes difficultés pour décrocher des rendez-vous via des prestataires de services consulaires (tels que les centres « TLScontact »). Dans leur quête, ils se voient parfois contraints de plonger dans les abysses d’un marché clandestin.  

Les prix des RDV, lorsque manipulés par des intermédiaires — qu’ils soient individus ou entreprises (cybercafés, agences de voyage…) —, atteignent des sommets inédits, parfois, jusqu’à 1000 euros. Ces gens du courtage, armés de logiciels automatisés, s’emparent des créneaux à la minute où ils deviennent accessibles pour ensuite les commercialiser de façon illicite. 

Cette situation, digne d’une comédie noire, est loin d’être un simple fait divers tant elle affecte gravement les espoirs de nombreux Marocains. En effet, la tâche de sécuriser un RDV auprès des centres « TLScontact » s’est transformée en un parcours du combattant. Cette complication est exacerbée par l’obligation de choisir une date pour le rendez-vous qui doit obligatoirement s’inscrire dans une fenêtre de temps précise (15 à 90 jours) avant la date de départ envisagée. Cette période étant dédiée aux autorités consulaires qui examinent les demandes pour rendre leur verdict. 

Ce phénomène s’est du coup et naturellement invité à l’hémicycle. Aussi concernant cette problématique aggravante, un groupe parlementaire a adressé une question écrite au ministre des Affaires étrangères de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger. Cette dernière interpellait Nasser Bourita, sur la nécessité d’intégrer des solutions numériques pour endiguer ce fléau.   

Le Groupe expliquait dans sa demande écrite que l’offre de RDV, notamment pour les visas français et espagnols, a connu une escalade notable, alimentée par des pratiques monopolistiques. Les courtiers exploitent les failles électroniques pour accaparer et ensuite commercialiser ces précieux sésames à des prix exorbitants. 

Les « offres exclusives » fleurissent sur les réseaux sociaux, où ces intermédiaires, armés de possibilités techniques avancées, monopolisent la majorité des créneaux disponibles. Le citoyen ordinaire se trouve ainsi dans une véritable quête du Graal pour décrocher un RDV, souvent confronté à des tarifs excessifs et, parfois, à des escroqueries manifestes. 

Au cours du mois de Ramadan, les plaintes se sont multipliés. Des victimes de ces pratiques, désespérées, se tournent vers les associations de protection des consommateurs en quête de justice et de réparation. La question parlementaire insiste sur l’urgence de la situation, qui nuit gravement aux intérêts des citoyens désireux de voyager pour des motifs professionnels, sociaux, économiques ou de santé. 

Le Groupe se disant soucieux de savoir quelles mesures le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, en coordination avec les consulats et ambassades étrangers, envisage de mettre en place des mesures adéquates pour empêcher ces pratiques abusives. Il propose notamment l’adoption de technologies avancées, comme la reconnaissance faciale ou vocale, pour sécuriser les procédures d’attribution des RDV et éliminer l’accès monopolistique des courtiers. 

Cette situation sur le courtage de visas révèle une facette sombre de la gestion des flux migratoires. Elle appelle à une réflexion profonde et à des actions concrètes pour garantir équité et transparence dans le processus d’obtention de visa. A l’heure où le Maroc se positionne comme un carrefour de cultures et un hub africain incontournable, la résolution de cette problématique ne peut qu’être bénéfique pour l’image du pays et le bien-être de ses citoyens aspirant à explorer le monde. 

La problématique interpelle non seulement les autorités marocaines, mais aussi les entités internationales responsables de la gestion des visas. La coopération est essentielle pour mettre fin à ce marché noir qui non seulement exploite les rêves des gens, mais porte également atteinte à l’intégrité des systèmes administratifs nationaux et internationaux. Il est impératif que des mesures soient prises pour restaurer la confiance du public et assurer un accès juste et sécurisé aux opportunités offertes par le voyage international.

Il est à souligner qu’en 2022, le Maroc s’est distingué, quoique de manière peu enviable, en se positionnant au quatrième échelon sur l’échiquier mondial des nations les plus fréquemment confrontées au refus de visas Schengen, juste derrière l’Algérie, l’Inde et la Turquie. Sur l’ensemble des 423 201 requêtes formulées par des aspirants au voyage européen, pas moins de 119 346 se sont vu opposer une fin de non-recevoir, comme en témoignent les chiffres divulgués par le site de référence schengenvisainfo.com. 

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