John McTiernan : où est passé le réalisateur de Predator et Die Hard ?
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John McTiernan : où est passé le réalisateur de Predator et Die Hard ?

Par Mathieu Jaborska
20 janvier 2021
MAJ : 21 mai 2024
45 commentaires

John McTiernan ne donne plus de signes de vie depuis Basic en 2003. Où est passé le cinéaste ?

Affiche officielle

NomadsPredatorPiège de cristalÀ la poursuite d’Octobre RougeMedicine ManLast Action HeroUne Journée en enferThomas CrownLe 13ème GuerrierRollerballBasic et puis… plus rien. Le légendaire John McTiernan, qui a dynamité Hollywood de la fin des années 1980 au début des années 2000, possède une filmographie impressionnante… s’arrêtant en 2003. Cela fait donc plus de 17 ans que le cinéaste a quitté les radars. Ecran Large part à la recherche de l’artiste.

 

photo, John McTiernanCap sur le futur

 

C’est qui ?

Peu de réalisateurs ont autant marqué le cinéma d’action que John McTiernan. Après un premier long-métrage réussi, l’auteur est directement passé au stade du culte en mettant en boite un film de guerre et de science-fiction qui achevait de faire d’Arnold Schwarzenegger une vedette mondiale : Predator. Le film imposait un style brutal, mais recherché, un suspens très efficace et surtout un face à face qui est rentré instantanément dans les annales.

Il a ensuite enchainé sur un autre chef-d’oeuvre propulseur d’action star : Piège de cristal, où il s’essayait au huis clos délirant, redéfinissant les standards de l’héroïsme tout en se moquant discrètement de la logistique américaine. Avec deux classiques super rentables à son actif, le cinéaste a magnifié les années 1990 grâce à ses réalisations, toutes extrêmement appréciées par le public. Mais après Une Journée en enfer et Thomas Crown, le vent a commencé à tourner…

 

photoQuand tout te réussit (pour l’instant)

 

La dernière fois qu’on en a entendu parler

Parmi tous ces cinéastes disparus de la circulation, le cas McTiernan reste très particulier. En effet, il est nécessaire d’évoquer sa descente aux enfers des années 2000 pour expliquer son absence. À la fin des années 1990, il reste quelques années au poste de producteur pour des projets moins prestigieux que ses précédentes réalisations. Il en profite pour se lancer dans ce qui aurait dû être le chantier de sa vie : « Eaters of the Dead ». Malheureusement, la production se transforme vite en cauchemar, la faute à des projections-test catastrophiques et des reshoots sous la houlette de Michael Crichton.

Inutile de s’attarder plus longtemps sur la genèse de ce qui deviendra Le 13ème Guerrier (mais vous trouverez plus de détails dans notre dossier sur le film). Le véritable problème, c’est son énorme bide au box-office : 61 millions de dollars de recette pour 125 millions de dollars de budget. De quoi freiner considérablement une carrière.

 

photoMcTiernan VS la production

 

Mais ce n’est que le premier clou d’un cercueil qui ne finira pas de l’enfoncer sous terre. Car après ça et le plus modeste Thomas Crown, le réalisateur se lance dans un projet encore plus dangereux : Rollerball, remake du classique de 1975. Encore une fois chamboulée par des projections-test accablantes, la production tourne une fois de plus au pugilat artistique, au point d’avoir des conséquences graves sur la vie du cinéaste. Encore une histoire qui mériterait un dossier, tant elle a marqué Hollywood au fer rouge.

Le cinéaste va jusqu’à mettre sur écoute son producteur Charles Roven grâce au détective privé Anthony Pellicano, et pire aux yeux de la justice américaine : mentir à un agent du FBI. Ces derniers faits se déroulent en 2006, trois ans après son dernier film Basic. Le réalisateur se retrouve empêtré dans une machine juridique qui ne le lâche pas. Cette affaire très médiatisée, couplée au score une fois de plus très douloureux de Rollerball (25 millions de dollars de recette pour 70 millions de budget) et de Basic (42 millions de recettes pour 50 millions de budget) marque l’arrêt brutal de sa carrière.

 

photoRoller pas d’bol

 

C’est le début de la traversée du désert, durant laquelle tout lui échappe. Il se risque à des commentaires politiques, et se décrit comme un bouc-émissaire privé de son occupation favorite. Dans un article justement nommé John McTiernan, déchu industriel à Hollywood paru dans Libération, il témoigne de son chômage :

« Maintenant, j’imagine qu’au FBI, ils utilisent mon nom pour faire peur aux gens qu’ils interrogent. Vous voyez ce qui est arrivé à McTiernan ? Vous voulez qu’il vous arrive la même chose ? Parce que, depuis cette histoire, je n’ai pas travaillé. »

Seule exception : le documentaire de 52 minutes The Political Prosecutions of Karl Rove, film à charge si modeste qu’il ne figure même pas sur sa page IMdB, et quelques apparitions dans des making-of et autres documentaires sur le cinéma. En 2012, il écope de 12 mois de prison. Une condamnation qui abasourdit ses fans et donne l’impression aux cinéphiles du monde entier d’assister à la chute d’un roi.

 

photoLe réalisateur va casquer

 

La prochaine fois qu’on pourrait en entendre parler

John McTiernan a-t-il été définitivement vaincu par cette période très noire de sa vie ? Rien n’est moins sûr. En 2014, Variety annonce la mise en chantier de Red Squad, suivant un groupe de stups américains aux prises avec un cartel mexicain. Le tournage est prévu pour le printemps. Mais après ça, les choses se gâtent encore : le réalisateur a de gros problèmes d’argent. Peut-être est-ce la raison pour laquelle il semble s’être désolidarisé du projet, désormais théoriquement mené par Nicolas Cage.

Écrasé sous les dettes, il tente de s’en sortir en vendant un scénario intitulé Warbirds et attaché à John Travolta. Comme Red Squad, le projet n’a pas donné de nouvelles depuis. À ce moment, d’après son avocat interrogé par The Hollywood Reporter, le plus grand souhait du metteur en scène est de doter son Thomas Crown d’une suite, écrite en prison selon Empire. Une fois de plus, c’est désormais silence radio. D’autres titres sont évoqués, autant comme de possibles longs-métrages que comme des portes de sortie financières : Venice Pier et The Sleeping Dogs of Amagansett. Des années plus tard, rien de tout ça n’est à l’ordre du jour.

 

Photo Ghost Recon WildlandsLa réinsertion par la pub

 

Autant de titres cités un peu n’importe comment en 2014, mais qui ont sombré dans l’oubli. Reste que le jour où le cinéaste retrouvera une place à Hollywood, il aura du matériau pour s’exprimer. D’autant que son retour se fait lentement mais sûrement, à l’abri des regards trop curieux.

Déjà en 2017, il s’était officiellement assis dans le siège du réalisateur pour le compte d’Ubisoft, plus particulièrement pour deux bandes-annonces du jeu Ghost Recon : Wildlands. Deux amusantes cartes de visite qui prouvent que le cinéaste n’a pas perdu la main, qu’il s’essaye à la saynète bourrée d’humour noir ou à la mosaïque violente au rythme de Gesaffelstein.

Et en 2019, une nouvelle lueur d’espoir est apparue quand le site ScreenDaily a révélé qu’un nouveau projet made in McTiernan devait être présenté au marché du film de Cannes. Tau Ceti Four, avec Uma Thurman et Travis Fimmel, serait encore en développement. Cela fait plus d’un an qu’on a aucune nouvelle de cette fresque de science-fiction, où des étrangers armés jusqu’aux dents nettoient dans le sang une zone de guerre. Mais la situation étant ce qu’elle est, le film pourrait bien réapparaitre. Une chose est certaine : McTiernan compte bien revenir sur le devant de la scène un jour.

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Florian

JE VAIS RIGOLER QUAND LE CHEF VA REVENIR ET FAIRE LE VRAI PREDATOR 2. JE VAIS TELLEMENT RIRE DE TOUTE CES SUITES AU FILM CULTE QUI NE SONTS PAS LES SIENNES.

Tom’s

Peu être le salue viendra via les plateforme Netflix ou Amazon, Warner avec HBO Max j’ai un doute vu que Roven est producteur sur les films DC. Des mecs comme lui on changer la donne, ces films pour beaucoup sont incontournables et passe l’épreuve du tps, du mme acabit qu’un Georges Miller .. au pire Disney pourrait le réabilité, un dernier Die Hard ou Willis /Mc Lane au bout de sa vie, pEndant une croisière , dont le climax se passerait à Venise et ferait s’effondrer la ville et sombrer dans la lagune !! lol

Dario 2 Palma

Zidus:

Merci à toi!

« A votre liste plutôt fournie, j’aurais ajouté aussi ce cher David Cronenberg qui n’a plus vraiment fait grand chose de vraiment fascinant ou franchement percutant depuis History of Violence voire les Promesses de l’Ombre peut être? A Dangerous Method ne m’ayant pas convaincu. Et Cosmopolis laissé de marbre. Loin, très loin des grosses giflasses qu’il nous mettait dans les années 80 et 90.
Bref il n’est plus si jeune, je ne sais pas si on peut croire encore à un denier film pour lui?

Il me semble que Cronenberg avait annoncé après « Maps to the stars » que ce serait son dernier film de cinéma? Il a depuis 2014 sorti un livre et a été associé à une série télé, mais rien de plus…pour ma part j’aime surtout sa période années 70 et 80, après « faux semblants » globalement j’ai du mal à accrocher à l’évolution de sa carrière.
Je citerais aussi Don Coscarelli, moins connu que ses collègues, mais dont j’apprécie beaucoup le cinéma et que j’aimerais revoir derrière une caméra…il n’a rien tourné depuis « John dies at the end » en 2012.

Glowy

John McTiernan a marqué son époque avec de très bons films.

zidus

@Karev @Dario 2 Palma

Merci pour vos remarques pertinentes et l’évocation de grands réalisateurs qui ont marqué des époques et traversé des décennies mais qui en effet s’expriment de moins en moins.
A votre liste plutôt fournie, j’aurais ajouté aussi ce cher David Cronenberg qui n’a plus vraiment fait grand chose de vraiment fascinant ou franchement percutant depuis History of Violence voire les Promesses de l’Ombre peut être? A Dangerous Method ne m’ayant pas convaincu. Et Cosmopolis laissé de marbre. Loin, très loin des grosses giflasses qu’il nous mettait dans les années 80 et 90.
Bref il n’est plus si jeune, je ne sais pas si on peut croire encore à un denier film pour lui?