Interview Michel Denisot : "Quand j'étais gamin, ma mamie traitait déjà le poste radio de menteur"

Grande figure de Canal + dans les années 2000, Michel Denisot n'a pas perdu sa langue. A bientôt 79 ans, il livre un regard aiguisé sur l'évolution du journalisme, non sans humour.

Michel Denisot préside le jury des Assises Internationales du Journalisme de Tours, ce jeudi 28 mars 2024.
Michel Denisot préside le jury des prix des Assises Internationales du Journalisme de Tours, ce jeudi 28 mars 2024. ©Clément GOUSSEAU
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Malgré la bouteille, son allure est fringante et son sens des mots, toujours aussi aiguisé. Ce jeudi 28 mars 2024, Michel Denisot préside le prestigieux jury des Assises Internationales du Journalisme de Tours.

À cette occasion, l’ancien présentateur du « Grand Journal » sur Canal + livre pour actu.fr son regard sur les défis qui attendent le journalisme.

Une analyse jamais dénuée d’humour, mais aussi d’avertissements pour préserver l’indépendance des médias.

Actu : Journaliste, dirigeant de club de football, vous êtes surtout connu du grand public pour votre carrière de présentateur sur Canal +. À presque 79 ans, que devient Michel Denisot ?

Michel Denisot : Je suis toujours amoureux du journalisme. Mais j'ai ralenti la cadence. J'ai arrêté de faire de la télé, je refuse les emplois à temps plein pour pouvoir respirer. Désormais, je me concentre sur la réalisation de documentaires. J'ai également deux bouquins qui sont en route. Je suis un grand-père, mais je suis toujours impressionné par mon travail.

Michel Denisot : « j’ai commencé à l’âge de pierre »

Vous avez été le témoin de l'évolution du journalisme de ces soixante dernières années. Êtes-vous inquiet des défis qui attendent aujourd'hui la profession ? 

M.D. : C'est vrai que j'ai commencé à l'âge de pierre ! J'ai beaucoup bourlingué dans ma carrière. Inquiet, cela dépend. Le journalisme a toujours été un métier difficile, passionnant, certes, mais qui demande du discernement. Et le discernement, cela demande du temps et de l'argent.

Justement, est-ce encore possible en 2024 d'être un journaliste totalement indépendant ?

M.D. : Il y a toujours eu des tentatives d'interférences dans les journaux. Lorsque j'ai commencé, c'était avec les politiques. Désormais, ce sont les milliardaires qui veulent avoir une influence considérable. Le journalisme, cela ne peut pas être fait par des amateurs. C'est un métier noble et utile. Je pense que l'on peut encore y trouver son compte. Il faut avoir espoir.

Michel Denisot : « il faut arrêter de confondre journalistes et éditorialistes »

57 % des Français indiquent qu'il faut se méfier de ce que disent les médias, selon un baromètre publié par La Croix en novembre dernier. Est-il possible pour les médias de retrouver davantage de confiance du public ?

M.D. : Il y a une méfiance des gens, et une certaine défiance envers les médias. Ce n'est pas nouveau, cela a toujours existé. Quand j'étais gamin, ma mamie traitait déjà le poste radio de menteur ! Il faut essayer d'exercer le journalisme avec conscience et passion. L'exigence, dans ce métier, c'est important. Moi, j'ai commencé par rédiger des avis d'obsèques. Avec les morts, il faut être précis ! On a besoin de rigueur et d'éthique pour que les gens nous fassent confiance. Et surtout, il faut arrêter de confondre les journalistes avec les éditorialistes !

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Certains médias, comme actu.fr, ont choisi de miser sur la proximité. Qu'en pensez-vous ?

M.D. : C'est très bien, il faut raconter la vie des gens ! Moi-même, je lis beaucoup la presse locale. Les gens ne remettent pas en doute ce qui est écrit dans leur journal. Ça aussi, ça permet de rétablir la confiance dans les médias.

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