David Lisnard à la tête des maires de France : portrait d’un élu LR qui monte - Le Parisien

David Lisnard à la tête des maires de France : portrait d’un élu LR qui monte

L’ambitieux maire LR de Cannes (Alpes-Maritimes) vient de se faire élire président de l’association des maires de France, sur la promesse d’une ligne d’indépendance par rapport à Emmanuel Macron.

Le maire de Cannes, David Lisnard, ici le 16 novembre lors du Congrès des maires de France. AFP/Ludovic Marin
Le maire de Cannes, David Lisnard, ici le 16 novembre lors du Congrès des maires de France. AFP/Ludovic Marin

    En étant élu ce mercredi à la tête de la puissante association des maires de France (AMF) en remplacement de François Baroin, David Lisnard va enfin pouvoir figurer en haut de l’affiche politique. Une consécration à 52 ans pour l’ancien président du palais des Festivals de Cannes, passé au cours des dernières années de second rôle à celui de l’un des meilleurs espoirs masculins de la droite. Un casting que le maire LR de Cannes a remporté face au maire UDI de Sceaux Philippe Laurent, plus Macron-compatible que lui.

    Ce fils de footballeur et de danseuse étoile, diplômé de droit et libéral revendiqué, a commencé sa carrière de 1996 à 1999 comme directeur de cabinet et attaché parlementaire du député-maire RPR de Lons-Le-Saunier (Jura), Jacques Pélissard (prédécesseur de François Baroin à l’AMF). « Un jour, j’ai vu une petite annonce de recherche d’emploi qu’il avait publiée dans la Gazette des communes. Je l’ai rencontré, sa personnalité m’a séduite », raconte l’ancien édile qui ajoute : « David Lisnard m’a tout de suite dit : Je viens apprendre dans le Jura mais je ne resterai pas car je veux être maire de Cannes ! »

    Un maire omniprésent face au Covid-19

    Le marathonien accompli est du genre à bien connaître le tracé de sa course. En 2001, il devient adjoint au maire de Cannes, en charge notamment du tourisme, du développement économique et de l’événementiel. Une délégation majeure sur la Croisette qui lui permet de montrer l’étendue de son savoir-faire… et de le faire savoir.

    Porté sur la communication, l’hyperactif, aussi à l’aise pour parler des Ramones que de Balzac, côtoie les stars du cinéma : à l’en croire, c’est lui qui aurait fait découvrir Twitter à Steven Spielberg et à Nicole Kidman. Après le tapis rouge, l’écharpe bleu-blanc-rouge : en 2014, il succède à Bernard Brochand à la mairie de Cannes.



    Après avoir été propulsé porte-parole de François Fillon en 2017, celui qui se définit comme ayant « un réflexe conservateur » sera réélu en 2020 avec le score nord-coréen de 88 %, ne laissant à son opposition municipale aucun siège. Cette année-là, il crève l’écran. Son hyperactivisme face au Covid-19 – il multiplie les distributions de masques, livre des produits à domicile, active des drones aspergeurs de bactéricide – ainsi que sa très remarquée tribune contre la bureaucratie publiée en novembre dans Le Figaro affolent le compteur à spéculations : et si le maire de Cannes nourrissait des ambitions présidentielles ?

    Dans une famille LR en mal d’incarnations, l’option Lisnard est prise au sérieux. Lui-même n’a jamais caché être serré dans son costume d’élu local. À chacune de ses rentrées politiques qu’il anime depuis 2008 sur la butte de Saint-Cassien, sa prise de parole va bien au-delà des enjeux locaux. « Je fais tout le temps des discours nationaux parce que j’aime ça », explique le pourfendeur du Léviathan étatique.

    « Lisnard veut être président du monde »

    Il se garde bien de démentir les rumeurs sur son éventuelle candidature à une primaire de la droite. « Passionné de choses publiques, j’ai passé un cap, j’ai été porte-parole de Fillon », confie-t-il, mi-mai. S’il considère alors qu’une aventure présidentielle semble « irréaliste », « ça flatte l’ego », reconnaît-il, percevant « l’intérêt médiatique » pour lui.

    « Les choix d’engagement pour être président de la République vont bien au-delà de l’envie. Il faut être en capacité. J’essaie d’être en capacité nationale pour faire valoir mes convictions », glisse-t-il. Pour cela, il publie un livre en avril sur la culture, lance en juin son mouvement politique, Nouvelle énergie, avec l’ambition immodeste « d’apporter un contenu au vide de l’offre politique ».



    « Lisnard veut être président du monde. Dès qu’il y a une opportunité, il se jette dessus », grince le président (LR) de Paca, Renaud Muselier. En l’absence d’une primaire ouverte à droite, il officialise fin septembre qu’il ne sera pas candidat à la présidentielle. S’il reconnaît avoir trouvé Macron « habile, séduisant » quand celui-ci était à Bercy, il se dit toutefois « très remonté » contre celui qui a « tout centralisé » autour de lui.

    « Avec Macron, on n’a plus de liens. Il m’a juste envoyé un SMS pour me remercier pour l’envoi de mon livre. Il n’a pas dû le lire… » soupirait-il au printemps. « Ce n’est pas faire injure au président Emmanuel Macron de dire qu’il a un problème d’acceptation des pouvoirs indépendants et de la controverse », cingle-t-il encore dans Le Point. À la tête de l’AMF, David Lisnard devrait ne pas se contenter de faire de la figuration.