Dans cette interview, Karim Zéribi revient plus profondément sur sa vision pour le Conseil mondial de la diaspora algérienne, pour essayer de comprendre les défis auxquels la communauté est confrontée et explorer les perspectives passionnantes qu'il envisage pour l'avenir.
El Moudjahid : Quelle a été l'inspiration ou la genèse qui a conduit à la création du Conseil mondial de la diaspora algérienne et comment cette idée a pris forme ?
Karim Zeribi : Cette idée est née avec Aghilas Amimer, un jeune chef d’entreprise algérien suite aux appels répétés du président de la République Tebboune à l’adresse de notre diaspora. Nous avons pensé qu’il était nécessaire de répondre à cet appel historique, car jamais un président n’avait évoqué la diaspora avec autant d’intérêt à notre égard et de détermination. Nous sommes 7 millions dispersés dans le monde. Cela représente 15% de la population algérienne. En additionnant les Algériens d’Algérie et les Algériens de l’étranger, nous allons former un bloc uni et fort au service de notre beau et grand pays pour répondre aux appels du président Tebboune.
Quels sont les objectifs majeurs du Conseil mondial de la diaspora algérienne ?
Notre volonté consiste à créer un réseau de compétences et de talents puissant, capable de contribuer au développement économique et aux besoins de l’Algérie, mais également de constituer une force des Algériens installés à l’étranger. Avec le Conseil mondial de la diaspora algérienne, nous serons mieux respectés dans les pays où nous vivons et plus utiles à notre pays l’Algérie. Nous allons créer un guichet d’accueil et d’accompagnement pour les porteurs de projets économiques issus de la diaspora. Nous allons également organiser de grands événements à Paris. Alger et Bruxelles chaque année afin que nous puissions nous rencontrer et créer des synergies entre nous. Le CMDA sera une force également pour faire la promotion de l’Algérie partout dans le monde.
Depuis son investiture, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a souligné à maintes occasions, à travers de nombreuses décisions, l'intérêt particulier qu'il accordait à la prise en charge des préoccupations de la communauté algérienne à l'étranger et à la protection de ses intérêts. Est-ce la raison qui a motivé votre engagement ?
Oui, très clairement nous avons créé le CMDA suite aux discours et aux appels publics et répétés du Président Tebboune afin que tous les enfants de l’Algérie apportent leur pierre à l’édifice de l’Algérie nouvelle. Nous avons besoin de sentir que le président de la République ainsi que le gouvernement et les autorités nous soutiennent, car c’est avec elle que nous pourrons structurer un Conseil mondial de la diaspora fort et capable d’atteindre ses objectifs au service de l’Algérie et des Algériens.
Comment le nouvel outil du soft power algérien à l’étranger compte-t-il renforcer les liens entre l’Algérie et sa diaspora ?
Nous allons désigner des délégués par pays et nous réunirons un Conseil mondial des délégués de la diaspora. Il y aura également un annuaire digital de la diaspora afin de créer des synergies. Enfin, nous organiserons des conférences pour faire la promotion de l’Algérie, là où les décisions se prennent, je pense au Parlement européen par exemple que je connais bien en qualité d’ancien député européen.
De nombreux entrepreneurs algériens de France veulent investir en Algérie. Comment expliquez-vous ce nouveau phénomène ?
L’Algérie est un grand pays qui possède des potentialités extraordinaires et une jeunesse qualifiée. Il y a de beaux et grands projets à mettre en œuvre, mais il y a également besoin d’un tissu de PME installé partout au sein de toutes les wilayas dans tous les domaines du spectre économique. La diaspora possède des talents et des femmes et des hommes aux parcours exemplaires. Ce retour au pays se situe dans une approche win-win, un nouveau projet de vie dans notre pays d’origine, l’histoire est belle.
Quelles sont les prochaines étapes après le lancement ?
La prochaine grande étape, c’est le Congrès mondial de la diaspora à Alger, les 27 et 28 avril prochain. Ce sera un grand moment Inchallah.
Quel est l’intérêt de la mobilisation des membres de la communauté algérienne établie à l’étranger ?
Il y a un double intérêt; celui de nous rendre plus forts et plus solidaires là où nous sommes installés comme ont su le faire d’autres communautés en France par exemple, et le deuxième intérêt consiste à contribuer humblement, mais avec détermination aux côtés des Algériens d’Algérie au développement du pays. Nous sommes un pont et un relais à côté de la diplomatie classique et traditionnelle.
Quels sont les défis à relever et les opportunités à saisir pour permettre une meilleure contribution des adhérents au Conseil mondial de la diaspora algérienne à la dynamique de développement du pays ?
Chaque Algérien de naissance ou d’origine doit se demander, non pas ce que l’Algérie peut faire pour lui, mais ce qu’il peut faire pour l’Algérie. Il faut que les mentalités évoluent dans une dimension plus collective au service de l’intérêt général.
Les compétences algériennes à l'étranger représentent un capital humain important et un moteur de développement territorial et régional indéniable pour l’Algérie. Comment peut-on capitaliser ces aptitudes ?
Là où la diaspora est installée, il y a des femmes et des hommes qui rayonnent par leurs compétences et leurs talents. Quel que soit le domaine, industrie, recherche, santé, intelligence artificielle, sport, culture etc…les Algériens de la diaspora ont fait leurs preuves. À travers le CMDA nous allons identifier ces profils et les mettre en relation. De fait, le pays pourra s’appuyer sur ce potentiel humain aujourd’hui inexploité.
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a appelé à une implication effective des compétences algériennes du monde, qui constituent un vecteur de développement pour l’Algérie. Comment les décideurs peuvent-ils mettre cela en œuvre ?
Notre annuaire de la diaspora permettra d’identifier très rapidement le potentiel de notre communauté. Certains porteront des projets économiques en Algérie, d’autres seront des relais pour les entreprises algériennes qui souhaitent exporter et d’autres, enfin, seront des consultants de haut niveau au service des entreprises publiques et privées algériennes ainsi que des administrations qui souhaitent faire appel à des experts de haut niveau de la diaspora. Notre pays possède une richesse inestimable qui est le peuple algérien, il sait aujourd’hui qu’il peut s’appuyer sur notre diaspora qui s’organise et se structure en Conseil mondial …c’est une instance unique et inédite que les Algériens sont les premiers à mettre en œuvre, Tahia Djazaïr !
F.I.
