Lorsqu’il évoque son dernier-né, le film documentaire « Faye », Laurent Bouzereau l’affirme aisément : « Cela n'a pas été facile. Et cela ne devrait pas l’être car c'est ce qui fait une grande histoire. » Il faut dire qu’après avoir réalisé des documentaires sur plusieurs personnalités publiques, dont William Friedkin, le réalisateur s’attèle à dresser le portrait d’une actrice iconique des années 60, Faye Dunaway. Inoubliable Bonnie dans « Bonnie and Clyde » et Diana Christensen dans « Network », la comédienne accepte alors de se montrer telle qu’elle ne l’avait encore jamais fait. Vulnérable et définitivement touchante, en dévoilant des pans intimes de sa vie. Une première. « Faye aime l'intimité et je voulais respecter cela. Je voulais faire quelque chose de vrai mais en même temps, je voulais être respectueux. Je pense que la générosité et le courage dont nous avons fait preuve ont été une source d'inspiration », confie Laurent Bouzereau. 

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Habituée à lire les scripts des films dans lesquels elle donne la réplique, Faye Dunaway découvre un nouvel exercice. Celui d’avoir pour script sa propre vie personnelle. « C'est plus difficile parce qu'il faut partager tant de choses et tant de choses que l'on doit normalement garder privées en tant qu'artistes et en tant qu'acteurs. Il faut utiliser tout cela. Tout n'est donc pas révélé au grand jour », nous explique la principale intéressée, au lendemain de la diffusion cannoise de « Faye », présenté en sélection Cannes Classics cette année. « J'ai des frissons et j’étais nerveuse hier soir parce que toute ma vie privée a été partagée. Et c'est peut-être merveilleux. C’était le but avec ce film. Que le public soit là, que vous lui donniez et qu'il vienne pour recevoir et pour vous aider. C’est un chemin à double sens et c’était vraiment spécial. »

Entre cinéma et vie personnelle

Dans « Faye », Faye Dunaway revient avec sincérité sur les rôles qui ont façonné sa carrière cinématographique, elle qui a fait figure de pionnière dans l’industrie, s’érigeant au rang d’icône féminine. « Je pense que Faye a fait œuvre de pionnière en acceptant des rôles extrêmement difficiles et en embrassant des personnages qui n'avaient jamais été explorés auparavant. Dans “Network”, par exemple, il s'agissait d'une femme qui était l'égale des hommes. Elle pouvait être aussi méchante que n'importe quel homme dans la pièce et puis, Faye était la tête d'affiche du film. Son nom était inscrit devant ceux de William Holden, Robert Duvall et Peter Finch. C'était une victoire pour elle en tant qu'actrice. En tant que femme actrice, vous savez, mais aussi une victoire pour le film,à cause de ce qu'il symbolise dans l'industrie », explique Laurent Bouzereau. Mais Faye Dunaway explore aussi les défis plus personnels auxquels elle a été confrontée au cours de sa vie et qui ont définitivement façonné la femme qu’elle est aujourd’hui. À l’image de son histoire de famille, ses troubles bipolaires ou encore ses problèmes de santé mentale. « C'était tellement ouvert sur ma vie, et c'était le but du film. Nous devions le faire. Nous devions révéler qui je suis réellement. Ce que je vois en moi, dans mon travail, dans mon art », renchérit l'actrice.

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Pour dresser le portrait de Faye Dunaway, Laurent Bouzereau a fait appel au fils de la star, Liam Dunaway O'Neill, que l’on découvre au fil du documentaire. Pourquoi ? Parce qu’il est le véritable pilier de l’actrice. D’un naturel si discrète sur sa vie personnelle, cette dernière nous confie : « Il est la lumière de ma vie. Il est devenu une telle force pour moi, et il l’a toujours été en étant enfant puis en grandissant. Il est l’aspect le plus important de ma vie. Et cela signifie beaucoup pour moi. Aujourd’hui, il est devenu quelqu’un de fort, d’aidant et de sage, qui possède ses propres connaissances. C’était quelque chose de très important et très heureux d’avoir adopté cet enfant. Ce fut un voyage merveilleux. » Une pudeur, qui témoigne à elle-seule de leur lien indéfectible.  

Plus vulnérable à l’écran, Faye Dunaway fascine d’autant plus. Et les acclamations de la Croisette lors de la diffusion de « Faye » ne font que confirmer sa renommée. « Je suis heureuse d’avoir vécu cette expérience, d’avoir présenté le film à Cannes. Vous savez, c’est un endroit où je suis toujours venue pour étudier le cinéma. Les meilleurs films du moment sont ici, à Cannes. Tous les festivals sont merveilleux, mais Cannes reste Cannes, alors c'est formidable d'être invités ici. »