Il �tait une fois un vieil homme qui avait rencontr� un petite fille. C'�tait sur la route � mi-chemin entre le Ch�teau d'Avant et la Cit� d'Apr�s. Il y avait l� une colline d'o� le vieil homme, qui venait du ch�teau d'Avant, pouvait observer ces deux lieux. Il s'�tait tout particuli�rement pris d'affection pour cette petite fille, elle vivait dans la Cit� d'Apr�s. Et comme vous vous en doutez, il l'avait surnomm�e "
Petite Poucette "�
Le Ch�teau d'Avant �tait l� depuis des si�cles. Il tenait debout sur de profondes fondations. Des fondations de papier imprim� et d'apprentissage m�thodique. Au Ch�teau, le savoir se transmet par les livres et les doctes enseignants qui patiemment professent � la masse ignorante et transie de leurs descendants. Mais n'imaginez pas les habitants du Ch�teau comme d'horribles r�actionnaires, durant des si�cles, ils avaient fait progresser leur soci�t�, connu souffrances, privations, guerres et r�volutions et s'�taient �tablis sur des institutions telles que l'�glise, l'arm�e, la classe, le march�.
La Cit� d'Apr�s n'avait pas de murs et exp�rimentait encore les processus de son �tablissement. Ici le savoir s'�tait affranchi du papier, mais pas encore de l'�crit�; Il s'�changeait librement entre pairs et se construisait en collaboration de tout un chacun sans le carcan des disciplines d'Avant. Au sein de la Cit�, les communaut�s s'organisaient en r�seau d'affinit�s multiculturelles qui repoussaient vigoureusement les anciennes filiations. N'avaient-ils pas raison de r�torquer que ces filiations s'�taient majoritairement constitu�es dans le sang...
Et le vieil homme observait les �changes entre ces deux mondes�; Plus particuli�rement le ph�nom�ne de la transmission des connaissances�: Ceux d'Avant voulaient bien faire profiter ceux d'Apr�s de leurs le�ons, mais comme ils les avaient apprises. Et ceux d'Apr�s semblaient pr�tendre conna�tre d�j� ces le�ons et r�vaient d'en apprendre d'autres, profess�es autrement...
Le vieil homme n'avait qu'un r�ve. Lui dont on disait pompeusement qu'il �tait " une vigie plant�e sur le m�t de notre �poque ", qu'on appelait m�me " oracle "�! Lui voulait retrouver sa jeunesse... Pour pouvoir comme la petite fille exercer la dext�rit� digitale de ses pouces pour inventer le monde de demain...
Il �tait une fois... demain�? Hier�?... Maintenant�?...
Certainement maintenant lui ferai plaisir. " Main-tenant " tenant en main... cet outil num�rique ultra-connect� qui caract�rise tellement cette nouvelle citoyenne. Car la virtualit� et l'immat�rialit� de ses �changes ne doivent pas conduire � penser qu'elle se d�sint�resse du monde qui l'entoure. Ce qui d�concerte, c'est que ce nouveau monde, il est en train de s'inventer au jour le jour... S'�loignant des axiomes et consid�rant du monde d'autrefois selon une �volution bien plus rapide.
Mais notre a�n� ne nous parle pas de ce monde qui �merge. Il nous parle de cette petite fille et de ses conceptions qui la motivent. Il nous parle avec tendresse d'elle. Elle qui aujourd'hui est en �ge d'avoir des descendants � son tour...
Puissions-nous vivre une �poque int�ressante...
Michel Serres ne nous maudit pas, il nous ouvre les
yeux. Les perspectives qu'il propose semblent vertigineuse tant elles donnent l'impression que ces jeunes � la moderne habilet� palmaire et aux " neurones du num�rique " sont diff�rents de tous ceux qui les ont pr�c�d�s.
Continuons � faire une optimiste confiance comme celui d'Avant en as en celle d'Apr�s...