Finale de «Top Chef» 2022 : Louise, fidèle à sa cuisine pleine d’audace, remporte la 13e saison - Le Parisien

Finale de «Top Chef» 2022 : Louise, fidèle à sa cuisine pleine d’audace, remporte la 13e saison

Louise Bourrat a remporté, ce mercredi soir, la 13e saison de «Top Chef» face à Arnaud Delvenne. C’est seulement la troisième femme à s’imposer dans l’histoire du jeu culinaire de M6. La première depuis 2013.

«Ça montre à quel point la vie peut être magique», savoure la gagnante de «Top Chef» Louise Bourrat, qui était dans la brigade d'Hélène Darroze. M6/Capture d'écran
«Ça montre à quel point la vie peut être magique», savoure la gagnante de «Top Chef» Louise Bourrat, qui était dans la brigade d'Hélène Darroze. M6/Capture d'écran

    Au terme d’une finale où elle a une nouvelle fois exprimé toute son audace, Louise Bourrat, 27 ans, est devenu, ce mercredi soir, la troisième femme à remporter le concours culinaire de M 6, la première depuis 2013. Gagnante face à Arnaud Delvenne, elle empoche la somme de 56 190 euros correspondante au 56,19 % des votes récoltés lors de la dernière épreuve.

    Elle aura donc fait sa cuisine jusqu’au bout, jusqu’à la victoire. Entrée dans la compétition avec un dessert aux champignons, avec une glace à l’ail noir, glissant çà et là dans ses préparations de l’anguille fumée qu’elle affectionne tant, multipliant les préparations terre-mer, poussant en avant le végétal, Louise Bourrat n’aura pas dévié de la ligne qu’elle trace depuis 18 semaines de concours.



    Une ligne sur laquelle elle évolue sur le fil, en funambule, mariant des saveurs improbables. Ce qu’elle a réitéré en proposant pour cette ultime émission de la saison 13 de « Top Chef » un menu qui lui ressemble, audacieux et percutant, déroutant, et gagnant. De son côté, Arnaud Delvenne, qui a appris au fil des semaines à puiser dans ses émotions pour nourrir ses assiettes, a fait, lui, un pari plus classique.

    Dans les cuisines du Georges V, à Paris, où a été tournée en janvier cette finale, Louise s’est adjoint les services de Thibaut, Pascal, Elis et Ambroise. De son côté, Arnaud choisissait Lilian, Mickaël, Sébastien et Lucie. Des reconstitutions de ligues qui font plaisir tant la complicité est évidente.

    Glenn Viel pas tendre avec Arnaud

    « On va faire une cuisine de sentiment, d’émotion et de créativité », lance Arnaud pour motiver ses troupes. Dix heures pour envoyer 80 couverts, c’est un marathon dans lequel se lancent les deux brigades. Quand il voit Louise dans le jus au moment d’envoyer le plat, Arnaud n’hésite pas à l’aider. Un des jolis moments de cette finale. Ces deux-là ont gagné ensemble l’épreuve de la « Boîte noire » et avaient passé la soirée de la veille de la finale à boire des verres. Des amis, des vrais. « J’ai envie de me mettre à genoux et de lui baiser les pieds, t’es un lord ! », réagit Louise sur le vif.

    À la fin, quand les ultimes assiettes de cette saison sont envoyées, ils se serrent fort dans les bras. « Tu es quelqu’un que j’apprécie à mort, je t’ai aidée comme tu m’aurais aidé », lui souffle-t-il avec émotion. Nono le grand cœur pour qui chaque assiette peut être une madeleine de Proust tant il s’y raconte. Ce qu’il va à nouveau faire, invoquant sa Belgique natale et ses souvenirs d’enfance. Il revisite ainsi la moule frites, travaillant la pomme de terre de trois façons, en chips, fumées et en voile translucide.

    Lilian se charge de la cuisson des moules, il le laisse faire sans veiller. « C’est surcuit, peste Glenn Viel, nouveau juré dans cette saison, ce n’est pas possible », lance-t-il. Et Arnaud de reprendre la cuisson, passant louche après louche les coquillages dix secondes à l’eau bouillante. Glenn Viel viendra plusieurs fois l’encourager ou le mettre en garde. « T’as intérêt d’envoyer du gros, la volaille, on en mange toutes les semaines », le prévient-il au sujet du plat, un waterzooï de poulet cuit à basse température.

    « Une cuisine uppercut du début à la fin »

    « T’improvises ? Sérieux », s’étonne-t-il encore quand il apprend qu’Arnaud n’a aucune idée du dressage du dessert, une tatin spéculoos revisitée. « C’est une journée dans ta vie, il ne faut pas passer à travers celle-là », lui lance-t-il encore. Il n’est pas passé à travers, non, malgré un accompagnement de sa viande un peu au-dessous, ses propositions séduisent les jurés comme les 80 membres de la Croix Rouge invités, comme chaque année, à déguster.

    Non, c’est que Louise a de nouveau ce petit plus, cette folie qui l’a très tôt sortie du lot, remarquée par les plus grandes, Hélène Darroze mais aussi Anne-Sophie Pic ou Dominique Crenn qui a un message pour elle : « You gonna go and kick ass », soit « tu vas y aller et tout déchirer ». Mission accomplie avec un menu à la trame annoncée : ingrédients originaux de l’entrée au dessert, l’idée étant de « bousculer » avec une cuisine « uppercut du début à la fin ».

    Sériole crue marinée sur une sauce ponzu truffée et huile de cèpes, tuiles de riz et truffe, l’entrée est sublime. En plat, un carré de veau rôti sur l’os avec anguille fumée – sa touche ! – s’accompagne d’une quenelle de purée et d’une laitue braisée dans laquelle elle glisse une huître pochée dans son eau et servie au beurre aillé. En dessert, elle ose un remake de son dessert au champignon de l’épisode premier.



    Une nouvelle fois, son menu fait sensation. « Tu as une audace qui parfois me manque, tu m’as beaucoup apporté », lui souffle Hélène Darroze lors des votes des chefs de brigade. Chacun a dix points à distribuer. Elle lui en attribue sept. Etchebest, Pairet et Viel lui donnent chacun 6 points contre 4 à Arnaud. Au total, 15 points contre 25, peu ou prou l’ordre de grandeur du résultat final : 56,19 % pour Louise et 43,81 % pour son adversaire du soir.

    C’est donc elle qui lève le couteau d’acier pour devenir la Top Chef 2022, sautant aussitôt dans les bras des anciens candidats. « C’est notre victoire à nous tous, ils se sont tellement démenés pour moi », explique-t-elle à la caméra. « Ça montre à quel point la vie peut être magique, confie la candidate. À quel point il faut être vrai, indulgent envers soi-même et les autres et ne pas oublier pourquoi on fait ça, la cuisine ça doit être du partage ».

    À l’image de ces « treize » qu’elle a tatoués à une dizaine de candidats de cette année, la jeune femme à la mèche blanche aura marqué de son empreinte cette treizième saison. Et Hélène Darroze par la même occasion qui, au-delà de cette troisième victoire d’affilée – trustant ainsi la moitié des titres depuis l’apparition des brigades en 2017, devant Philippe Etchebest qui en compte deux et Michel Sarran, une – y gagne un tatouage au passage. « Jamais deux sans trois, si tu gagnes, je me fais tatouer trois petites étoiles », avait-elle lancé à sa candidate qu’elle aura plus que jamais dans la peau.