Francis Renaud revient sur la mort de son père, juge célèbre

Le Juge Renaud, un homme à abattre. France 3, 23 h 20. France 3 diffuse ce soir un documentaire qui explore les zones d’ombre de l’assassinat du juge Renaud, survenu il y a quarante ans. Réalisé par le fils du défunt, il a autant valeur d’hommage que d’enquête.

Publié le 1 juillet 2015

Le 3 juillet 1975, à 2 h 42 du matin, le juge François Renaud est abattu de trois balles, alors qu’il regagne son domicile, à Lyon. Le juge Renaud, c’est 1 500 affaires instruites en six ans. C’est, surtout, l’arrestation du « gang des Lyonnais », à l’origine d’une quarantaine de « coups », dont le célèbre casse de l’hôtel des Postes de Strasbourg, en 1971. Dans les jours qui suivent l’assassinat, l’implication de l’organisation criminelle s’impose donc comme l’hypothèse la plus plausible. Mais quarante après, il persiste de nombreuses zones d’ombre, et une question, qui n’a jamais cessé de tarauder Francis Renaud, le fils du magistrat, réalisateur du présent documentaire : l’élimination du juge n’aurait-elle pas été fomentée à un niveau politique ? Plusieurs intervenants du film le laissent entendre, en revenant sur la porosité entre le gang et le Service d’action civique (SAC), cette milice de droite soupçonnée de financer les campagnes électorales de l’UDR, ancêtre du RPR…

L’enquête durera dix-sept ans et verra défiler six juges d’instruction. En 1992, une ordonnance de non-lieu est rendue, alors que de nombreux témoins, parmi lesquels Nicole Renck, l’ancienne greffière du juge Renaud, n’en reviennent toujours pas de ne jamais avoir été auditionnés. Étrange, en effet… Le documentaire rappelle par ailleurs les viles attaques dont le juge fera l’objet après sa mort, de la part, notamment, du garde des Sceaux Alain Peyrefitte, que l’on revoit, sur un plateau de l’émission les Dossiers de l’écran, le 7 novembre 1979, disserter doctement sur la personnalité du défunt. Soulignant que François Renaud a commencé sa carrière en outre-mer, le ministre de la Justice le qualifie de « juge colonial », aux « manières (…) plus courantes dans la brousse qu’en France métropolitaine ».

Au terme de sa propre enquête, déclinée également en livre (*), Francis Renaud ne peut que faire part de son intime conviction : pour lui, son père a été assassiné pour raisons politiques. Difficile de le prouver, maintenant que les faits sont prescrits. Reste la mémoire d’un juge exemplaire et l’hommage d’un fils.

(*) Justice pour le juge Renaud, éditions du Rocher.

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