"Jusqu'au bout du monde" : Viggo Mortensen, meilleur comédien qu'il n'est cinéaste, selon Le Masque

"Jusqu'au bout du monde" : Viggo Mortensen, meilleur comédien qu'il n'est cinéaste, selon Le Masque

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"Jusqu'au bout du monde" : Viggo Mortensen, meilleur comédien qu'il n'est cinéaste, selon Le Masque

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Le comédien et réalisateur Viggo Mortensen dans "Jusqu'au bout du monde" (2024)
Le comédien et réalisateur Viggo Mortensen dans "Jusqu'au bout du monde" (2024)
- Marcel Zyskind

Après "Falling", son tout premier film en tant que réalisteur, scénariste, le comédien Viggo Mortensen réitère l'expérience mêlant cette fois-ci la comédie romantique et le mélodrame dans un film qui se déroule dans l'ouest américain, dans les années 1860.

Le comédien et réalisateur interprète Holger Olsen. Elle, c'est Viviane. Il est danois, elle est québécoise et ils s'aiment. Ensemble, ils s'installent dans une ferme quasi délabrée au fond d'un canyon du Nevada. Jusqu'au jour où Olsen décide de s'engager dans la guerre de Sécession. Vivienne doit alors faire face, seule, aux salopards du coin. Vivienne est interprétée par la Luxembourgeoise Vicky Krieps et l'ambition de son partenaire est de mettre un personnage féminin au cœur de ce genre canonique qu'est le western.

Pour Xavier Leherpeur, c'est "un western parodiquement bête"

Le critique de 7e Obsession assume partager une critique très loin d'être élogieuse à l'égard du film : "D'abord, je n'ai pas compris la scène d'ouverture, j'ai cru que c'était un pastiche, pourquoi pas une parodie de western, mais où tout le monde tourne mal. J'ai l'impression que c'est un club de candidats au suicide.

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Et puis Viggo Mortensen, pendant dix minutes, se tourne de loin et de dos, il a forcément un charisme absolument magnifique même de dos et il se réserve un plan où il dévoile son visage qui est d'une bêtise sans nom, complaisant. Après, on nous dit que c'est un truc féministe, mais ce n'est rien de moins qu'un western parodique pas féministe pour un rond".

Seul Viggo Mortensen est passionnant, selon Pierre Murat

Pourtant, en règle générale, le critique n'est pas particulièrement passionné par Viggo Mortensen, mais cette fois-ci, il aurait presque préféré un scénario où seul le comédien s'empare de l'écran : "Je dois reconnaître qu'il a cette fois-ci un poids, une présence, une lourdeur qui va absolument avec le personnage. Globalement, je trouve que ça marche bien parce que, malgré un scénario fastidieux, il y a la présence d'un acteur passionnant".

Ariane Allard : un western classique, authentique, mais qui reste enfermé dans les stéréotypes de genre

La journaliste cinéma pour le magazine Causette n'a pas du tout vu le même film que Xavier Leherpeur. Mais si elle salue cette association lumineuse entre tradition et modernité par rapport à l'histoire des États-Unis, elle pointe du doigt la persistance de certains codes sexistes dans le rapport hommes/femmes : "Plutôt qu'un pastiche, moi, je pense que c'est un hommage, car Viggo porte un regard extrêmement naïf et doux. C'est un film qui est nourri par les westerns classiques et qui, en même temps, veut injecter un peu de contemporain. J'aime assez ce côté un peu fresque romanesque à la Sydney Pollack avec des acteurs sublimés, lumineux.

Après, quand j'entends que ce film offrirait une perspective féministe, personne ne relève que le film s'articule quand même autour d'un couple où l'homme a 65 ans, la femme a 40 ans, comme si ça allait complètement de soi. Le cinéma, c'est d'abord une question d'image et de représentation, et là ce qu'on nous donne à voir, c'est toujours la même chose avec l'homme qui mûrit de façon flamboyante, qui a le droit d'être vu au cinéma lorsque sa compagne, elle, ne peut décemment pas dépasser la quarantaine." .

Murielle Joudet pointe le manque d'expérience en tant que cinéaste

Devant le film, la critique cinéma pour Le Monde pense elle aussi que Viggo Mortensen entretient un rapport complètement libidinal avec Vicky Krieps, et que s'il a de l'or entre les mains, il finit malheureusement par abîmer tout ce qu'il veut mettre en scène : "Il ne fait rien de cet amour ou de cette libido qu'il exprime pour cette actrice. Il ne la filme pas, il ne sait pas quoi faire de sa solitude. Il y a presque une contradiction à faire un western aujourd'hui, de reprendre une forme conservatrice pour en même temps que la passer à la moulinette du féminisme. Autant ne pas faire de western et faire tout de suite un film féministe.

Si le film comporte les ferments d'un très beau mélodrame, avec des super beaux thèmes comme la filiation, la rencontre des deux personnages n'est pas filmée. C'est très gênant à quel point l'émotion du film tient sur des choses ténues, et que Viggo Mortensen rate complètement. Il ne sait pas où se loge vraiment la beauté de son film."

🎧 Écoutez l'ensemble des critiques échangées à propos de ce film sur le plateau du Masque et la Plume :

"Jusqu’au bout du monde" de Viggo Mortensen

7 min

► Toutes les autres critiques de films du Masque et la Plume  sont à retrouver ici.**

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