NAUFRAGE SUISSE 0,5⭐ / 4
En d'autres temps, un nouveau film de Roman Polanski aurait fait la une de l'actualité. Désormais, The Palace doit sa sortie en catimini à la seule volonté d'un distributeur français de second rang spécialisé dans les reprises patrimoniales, tous les autres s'étant dérobés. Alors, que vaut-il, ce Polanski-là ? Mérite-t-il ou non, en tant qu'objet artistique, d'être frappé d'indignité comme l'est par ailleurs son auteur, pris dans la tourmente MeToo ? Rappelons d'emblée que la filmographie du cinéaste contient quelques ratages aux côtés de chefs-d'œuvre incontestables. Polanski et son coscénariste, le cinéaste polonais Jerzy Skolimowski, ont décidé de raconter la nuit du passage à l'an 2000 au sein du très luxueux Gstaad Palace, dans les montagnes suisses. Le temps du réveillon, de richissimes clients dictent donc leurs quatre volontés au personnel d'un palace tout entier mobilisé pour l'occasion.
Dès les premières minutes, on se croirait chez le Suédois Ruben Östlund, la nouvelle coqueluche du cinéma d'auteur international déjà titulaire de deux Palmes d'or pour The Square en 2017 et Sans filtre en 2022. Polanski et Östlund semblent avoir suivi en accéléré la même formation, une sorte de « marxisme pour les nuls » ou de « lutte des classes pour tous ». Les riches sont très riches et très détestables, les pauvres sont très pauvres et serviles. Les premiers donnent la nausée. Les seconds appellent la compassion. Polanski nous sert ce discours indigent en suivant les règles de la tragédie classique : unité de temps, d'action et de lieu. Mais la tragédie, c'est nous, les spectateurs, qui la vivons, atterrés devant tant de laideur et d'inconsistance. Et tristes plus encore de voir l'immense Fanny Ardant associée à ce naufrage cinématographique, entre blagues scatologiques et torrent de vulgarité sans nom.
The Palace, de Roman Polanski, avec Fanny Ardant, John Cleese, Mickey Rourke. 1 h 41. Sortie mercredi.
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