Le journal public de Marine Le Pen, envoyé chaque semaine à -, est habituellement plein de trous comme un emmental. Une rencontre avec les chefs de parti par-ci, une question au gouvernement par-là et, pour autant qu’on le sache, c’est déjà le week-end.
Mais, depuis début mai, le chef des députés du Rassemblement national (RN) se présente partout. Un matin, elle est sur BFM-TV, la chaîne d’information sur laquelle elle a promis de ne plus remettre les pieds. Jeudi 16 mai, elle est l’invitée principale de « L’Événement », l’émission politique de France 2, où elle tente de se positionner comme la principale opposante à Emmanuel Macron, en évoquant la Nouvelle-Calédonie, la dette et l’Union européenne (UE). ), jugé coupable de tous les maux.
Une semaine plus tôt, le député du Pas-de-Calais mange des fraises, sent les fleurs et sourit pour des selfies lors d’une foire horticole dans l’Aube. Le 7 mai, elle s’est invitée en star américaine à un rendez-vous Jordan Bardella en Moselle : « Je n’ai pas pu résister à la tentation de participer à cette rencontre amicale ! », les pitreries du leader d’extrême droite. Une tentation bien compréhensible : pourquoi ne participerait-elle pas au parti qui se profile le 9 juin, au soir des élections européennes, où son parti pourrait, selon les sondages, obtenir deux fois plus de voix que le camp présidentiel ?
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L’entrée en campagne de Marine Le Pen la poussera même au-delà des frontières françaises : dimanche 19 mai, elle envisage de se rendre à Madrid, à l’invitation du parti réactionnaire et nationaliste espagnol Vox, où elle rencontrera le président libertaire argentin. , Javier Milei et certains conservateurs américains. Peu importe que Vox ne soit pas son allié, ou que ces extrêmes droites aient, sur les questions économiques et sociétales, des visions plus affirmées et constantes que la sienne : ils s’accordent tous sur le rejet de l’étranger et de l’UE. Marine Le Pen n’a d’ailleurs pas boudé son plaisir lorsqu’elle a constaté qu’Eric Zemmour et Marion Maréchal, dont la présence avait été annoncée par leur parti, Reconquête !, avaient disparu de l’affiche au moment où elle annonçait sa participation.
Un duel fratricide inévitable ?
Pourquoi Marine Le Pen doit-elle être présente et non Jordan Bardella, alors que ce dernier – en tant que tête de liste RN pour les élections européennes – est censé négocier, au lendemain du 9 juin, la place de sa formation dans la reconfiguration des droites radicales au Parlement européen ? “Jordan [Bardella] je ne peux pas tout faire, elle a dit à Monde. Et je connais ces gens depuis très longtemps. Nous ne partageons pas tout mais ils sont pragmatiques. Ils connaissent nos chances d’accéder au pouvoir en 2027, et avec elle la perspective d’un leadership au niveau européen. Et c’est pourquoi j’y vais. »
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