Film posthume de Sophie Fillières, décédée en juillet 2023, Ma vie ma gueule ouvre la Quinzaine des cinéastes. Un autoportrait testamentaire magnifiquement porté par Agnès Jaoui.
C’est un film profondément libre, dans sa forme comme dans son propos. Présenté en ouverture de la Quinzaine des cinéastes, Ma vie ma gueule est le septième et ultime long métrage de la réalisatrice et scénariste Sophie Fillières, disparue à la fin du tournage. Ce sont ses enfants, Agathe et Adam Bonitzer, qui ont repris le flambeau et achevé le film en suivant les indications laissées par leur mère.
Difficile de ne pas voir cette comédie constamment sur le fil du rasoir, entre humour et noirceur, poésie absurde et profonde détresse, une œuvre testamentaire. Plus qu’un autoportrait, il s’agit d’une tentative, à travers un personnage de fiction, de regarder la vie en face et le temps qui reste.
« Pif », « Paf » et « Youkou ! »
Barberie Bichette, qui déteste qu’on l’appelle Barbie, a 55 ans, deux grands enfants et un travail qui l’ennuie. Quand elle rencontre Bertrand, un amoureux de jeunesse, elle croit voir la mort personnifiée et s’effondre sur un banc. Après une longue hospitalisation, elle part seule en Angleterre pour trouver l’endroit où elle veut être enterrée.
En trois parties intitulées « Pif », « Paf » et « Youkou ! », la cinéaste suit une femme qui perd l’équilibre, tombe puis se relève de l’autre côté de la Manche en acceptant de regarder la mort en face.
Dès les premières images, on bascule dans un quotidien qui échappe au réalisme. Le comique passe par des scènes de burlesque à l’ancienne, comme lorsque Barbie veut offrir une grenadine à deux fausses sourdes-muettes qui détroussent les passants. Dans un registre nouveau, Agnès Jaoui offre sa présence terrienne à Barbie, épaulée par Angelina Woreth et Édouard Sulpice (les enfants) et Philippe Katerine, ange gardien en chemise hawaïenne. Un personnage de femme comme on en voit rarement au cinéma, qui se regarde frontalement dans le miroir et impose son regard décalé sur le monde. S. J.
Ma vie ma gueule, de Sophie Filières, France, 1 h 39
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