Algérie : le grand port en eaux profondes du centre mis entre parenthèses
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Algérie : son méga-port du centre entre parenthèses

Algérie : son méga-port du centre entre parenthèses

En 2012, l’Algérie avait entrepris de se doter d’un grand port en eaux profondes à El Hamdania dans le centre du pays avec l’ambition d’en faire un hub qui desservira même les pays enclavés du Sahel.

Plus de dix ans après, le port d’El Hamdania, près de Cherchell, dans la wilaya de Tipaza, est toujours au stade de projet qui ne risque pas de sortir des cartons. « Je n’y crois pas », a même fini par lâcher le ministre de l’Industrie et de la production pharmaceutique, Ali Aoun.

Ali Aoun, qui s’exprimait au forum d’El Moudjahid dimanche 12 mai, a jugé que le projet de créer un grand port en eaux profondes en Algérie était « mal parti dès le départ ».

Outre un grand port en eaux profondes d’une capacité de traitement de 25 millions de tonnes de marchandises par an, il était aussi prévu la réalisation d’une zone industrielle et de relier l’infrastructure au réseau routier et ferroviaire national par une pénétrante autoroutière de 37 kilomètres et un rail de 48 kilomètres.

Le coût global du projet était estimé à 4,7 milliards de dollars sur un financement conjoint du Fonds national d’investissement (FNI) et la banque chinoise Exim-Bank of China.

Les travaux ont été entamés en 2015 et le port devait être livré en mars 2019. Mais le chantier n’a jamais réellement démarré.

Dès son arrivée au pouvoir, le président Abdelmadjid Tebboune a ordonné de tout revoir. Au cours d’un Conseil des ministres en juin 2020, il a instruit le gouvernement de « prendre de nouveau contact avec le partenaire chinois et d’étudier le projet sur de nouvelles bases transparentes ».

Le projet était, en effet, entouré d’une certaine opacité dès le départ. En septembre de la même année, le chef de l’État est revenu à la charge pour déplorer les pertes occasionnées par le projet qui traine en longueur.

Les pertes n’ont jamais été communiquées officiellement, mais elles devraient être relativement importantes, induites au moins par les coûts des différentes études réalisées et des expropriations sur l’emplacement du port et de la zone industrielle et le long des tracés du chemin de fer et de la pénétrante autoroutière.

Ali Aoun à propos du grand port du centre : « Je n’y crois pas ! »

Que s’est-il passé ? Pourquoi tant de retard ? Pour le ministre de l’Industrie, le projet était « mal parti dès le départ ». « On l’a confié aux Chinois et on leur a imposé un opérateur qui n’a rien à voir avec les travaux portuaires, et vous savez qui c’est », a-t-il répondu au forum d’El Moudjahid, dimanche.

Ali Aoun ne l’a pas nommée, mais l’entreprise algérienne en question, c’est l’ETRHB d’Ali Haddad. En 2018, des bruits avaient circulé sur son remplacement par le groupe Kouninef, l’autre entité privée réputée proche du cercle présidentiel de l’époque.

Près de dix ans après son lancement officiel, le chantier n’a pas bougé. Ali Aoun a assuré ne plus croire à ce port. « Vous y croyez, vous ? Moi, personnellement, je n’y crois pas », a-t-il lancé à un journaliste qui l’a interpellé sur le sujet.

« Ça doit être un port en eaux profondes, donc il y a des travaux de dévasement qui doivent être faits, mais jusqu’à maintenant les travaux sont à l’arrêt », a-t-il constaté. Pour lui, il est temps de se poser certaines questions sur ce méga-port.

« Est-ce qu’on retiendra encore ce port ou pas, quelle est l’utilité de ce port, est-ce qu’il va vraiment servir l’économie nationale ? Toutes ces questions, il faut qu’on se les pose, parce que ce sont des décisions qui ont été prises à un moment où il y avait une non-gestion du pays », a-t-il dit.

Enfonçant le clou, Ali Aoun a déploré que « la manière dont les travaux devaient être lancés a servi, comme dans tous les autres secteurs, à transférer des devises à l’étranger ». « Et je m’arrête là », a-t-il dit, comme pour signifier qu’il y a encore plein de choses à dire sur le projet.

Cela dit, le ministre de l’Industrie a tenu à préciser que ces propos ne signifient pas l’abandon définitif du projet de construire un grand port dans le centre du pays dont l’Algérie a besoin pour développer son économie, et donner une prolongation maritime à la Route nationale n°1 (RN 1), cette route ancestrale qui relie sa profondeur stratégique qui est l’Afrique subsaharienne.

Grand port du centre : un projet gigantesque

« Je n’ai pas dit que le projet est annulé. Les études sont en train de se faire et le président de la République a donné certaines instructions aux uns et aux autres », a-t-il clarifié.

Selon un décret exécutif paru au Journal officiel en février 2018, le grand port du centre est projeté à El Hamdania dans la wilaya de Tipaza sur une superficie de 3.123 hectares, avec la réalisation d’une pénétrante autoroutière de 38,5 km pour le relier à l’autoroute est-ouest ainsi qu’une ligne ferroviaire de 38,6 km pour le connecter au réseau ferré du pays.

Le projet du grand port du centre prévoit le déclassement de 500 hectares de forêts, des quais sur 6,32 kilomètres, et un plan d’eau portuaire d’une superficie de 400 hectares.

L’Algérie dispose de plusieurs ports sur la Méditerranée, mais aucun ne possède un tirant d’eau important pour recevoir les grands porte-conteneurs.

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