Cannes 39 : le festival fantôme

Cannes 39 : le festival fantôme

Festival de Cannes 1947 ©AFP - Inconnu
Festival de Cannes 1947 ©AFP - Inconnu
Festival de Cannes 1947 ©AFP - Inconnu
Publicité

Le 1er septembre 1939, devait s'ouvrir le premier festival de Cannes. Il n'aura cependant jamais lieu, suspendu par la guerre. Olivier Loubes évoque la création de ce festival du monde libre, en réaction à la Mostra de Venise, et rappelle le rôle majeur du ministre Jean Zay.

Avec

L’Histoire a droit à bien des gambades. Et même, pourquoi pas, à traiter d’un événement qui n’a pas eu lieu. Ce sera donc notre audace particulière. Une audace modeste, je l’admets volontiers, mais tout de même… Nous allons parler, dans la perspective du prochain festival de Cannes du 14 au 25 mai 2024, de celui qui devait être le premier et qui n’a jamais vu le jour, celui qui s’est ouvert le 1er septembre 1939, pardon, qui aurait dû s’ouvrir si le malheur des temps n’avait pas fixé, exactement au même moment, selon un étrange carambolage des temporalités, le début de la Seconde Guerre mondiale. Le projet, alors très précisément dessiné, s’en trouva d’un coup naufragé. Ce festival fantôme, tout évanescent que les circonstances l’aient fait, appelle l’attention - comme il a attiré celle d’Olivier Loubes, mon invité, qui y a consacré un précieux ouvrage. Les ombres, grâce à lui, s’y font très concrètes.

Jean Zay à l'origine du Festival de Cannes

Au centre de l'objectif, un personnage hors de pair. Il s’agit de Jean Zay, Jean Zay, le célèbre ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-arts du Front populaire. Il fut le premier acteur d’une aventure qui avorta sur l’instant, mais qui était destinée à repartir en gloire en 1946, après la Libération de la France. Jean Zay, plus tard martyr du régime de Vichy, Jean Zay dont la dépouille est aujourd’hui au Panthéon. D’autres figures, à côté de lui, ressurgissent au cœur de cet épisode. De grands créateurs et des administrateurs inventifs témoignent, au fil de l’entreprise, sous les auspices de Louis Lumière, de la vitalité du cinéma, cet art qui était alors, en somme, neuf encore. Avec, en fond de tableau, entre les dictatures provisoirement triomphantes et les démocraties assaillies, les tâtonnements d’une diplomatie culturelle qui cherchait sa place parmi la barbarie des affrontements militaires qui s’annonçaient et qui allaient bientôt occuper, pour un temps, l’entièreté du paysage.

Publicité

ARCHIVES

Interview de Jean Zay, ministre de l'Éducation nationale et président du festival international du film à Cannes, 1er juin 1939.

Philippe Erlanger raconte son idée d’un festival à Cannes, non daté.

L’invention de l’avance sur recettes racontée Jean Renoir en 1938.

Georges Bonnet se félicite de la signature de la Déclaration franco-allemande (accord diplomatique signé le 6 décembre 1938, à Paris, par les ministres des Affaires étrangères allemand, Joachim von Ribbentrop, et français, Georges Bonnet).

Extrait de La France est un empire, documentaire de Jean d'Agraives, 1939.

Over the Rainbow, chanson interprétée par Judy Garland et écrite par Harold Arlen pour le film Le Magicien d'Oz de Victor Fleming, 1939.

Concordance des temps

BIBLIOGRAPHIE

Olivier Loubes, Cannes 1939, le festival qui n'a pas eu lieu, Dunod, 2024 (Colin, 2016).

Jean Zay. Jeunesse de la République, édité par Pierre Allorant et Olivier Loubes, préface de Pascal Ory
Bouquins, 2024.

Olivier Loubes, Jean Zay - La République au Panthéon, Dunod, 2021 (Colin, 2012).

Antoine Prost et Pascal Ory, Le Ministre assassiné, 1940-1944, Tallandier, 2015.

Jean Zay, Lettres de la drôle de guerre, 1939-1940, Belin, 2015.

Jean Zay, Écrits de prison, 1940-1944, Belin, 2015.

À écouter : Le fonds Jean Zay
Ballade des Archives Nationales
6 min

L'équipe