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Fiche film : The Palace (2023)

The Palace est le dernier film signé Roman Polanski que personne en France n’a voulu distribuer à l’exception de Swashbuckler Films, structure ultra indépendante spécialisée depuis plus de 20 ans dans la reprise de films de patrimoine. Sensible depuis toujours au cinéma du réalisateur polonais et conquis par son dernier film, elle nous permet donc d’apprécier The Palace au cinéma, son habitat naturel en quelque sorte.

The Palace (2023)

Réalisateur(s) : Roman Polanski
Avec : Fanny Ardant, John Cleese, Oliver Masucci, Mickey Rourke, Milan Peschel
Distributeur : Swashbuckler Films
Durée : 1h41min
Sortie en salles : 15 mai 2024

Résumé : Dans un grand hôtel, le soir du 31 décembre 1999, à l’aube du nouveau millénaire, le destin croisé de plusieurs clients et du personnel de cet établissement situé dans les Alpes suisses.

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  • Notre avis : Qu’il va être de bon ton de cracher sur le dernier film de Roman Polanski. Et de toute façon, The Palace n’aura pas eu besoin d’attendre sa sortie dans les salles françaises pour s’en prendre plein la gueule. Certains pour ne pas dire la majorité lui mettant un taquet avant même sa projection au dernier festival de Venise, les autres pendant et quelques-uns après. À tel point d’ailleurs que le voici distribué par Swashbuckler Films, une société qui depuis plus de 20 ans s’est spécialisée dans la reprise en salle de classiques du cinéma français et américains. Sébastien Tiveyrat, son dirigeant nous précisant de plus par mail : « J’ai ressorti quelques 200 films d’auteurs (dont déjà 3 farces de Pol en ski – Sic – en 2006 – Le Couteau dans l’eau, Cul-de-sac et Le Bal des vampires) qui m’ont fait aimer le cinéma et que j’ai souhaité faire partager aux spectateurs avant tout attachés aux salles de cinéma. » Et de rajouter : « Comme personne ne voulait sortir en France le nouveau film d’un génie du cinéma, rien de plus simple que de faire une proposition de cession de droit au producteur qui l’a acceptée de suite et d’avoir ainsi une occasion unique de sortir son nouveau film inédit. »
    Au moment de cet échange en date du 29 avril dernier, le distributeur nous annonçait que « 82 salles indépendantes (je dis bien indépendantes c’est-à-dire non soumise à une forme de paranoïa ou à un quelconque diktat de quelques-uns) ont fait le choix courageux de le programmer en ne pensant qu’à deux choses qui leurs sont chères : le cinéma et leurs spectateurs. » Quant aux circuits UGC / Pathé CGR, Mégarama et Kinépolis qui ont tous vu le film, il attendait de leurs nouvelles. Et depuis, seuls le Mégarama à Besançon et celui à Saint-Etienne ont accepté de le programmer. Résultat des courses c’est pas bézef mais c’est mieux que rien. D’autant que par les temps qui courent on peut comprendre qu’un grand circuit n’ai pas trop envie d’attirer l’attention sur lui avec le risque de se retrouver avec une armée de néo-féministes devant l’un de ses cinémas en criant « Shame on you » à l’instar des activistes pro-palestiniens s’adressant aux spectateurs du dernier Eurovision à Oslo. De notre côté on a plutôt tendance à saluer ces prises de position qui ne sont pas là pour bafouer ou même d’insulter les paroles des femmes (on le pense sincèrement) mais juste pour donner la possibilité d’apprécier un film au sein de son environnement naturel, la salle de cinéma. Quant à l’éternel débat de la séparation de l’œuvre de son auteur, nous laisserons ça aux autres.
    Nous on veut juste parler du film qui nous a plu. Dans le cas contraire, on aurait en effet passé notre chemin comme avec tous ceux qui n’ont pas nos faveurs. The Palace est une farce oui. Une bonne grosse farce que l’on n’espérait plus de Polanski, lui qui s’était perdu depuis en gros une dizaine d’années en des essais filmiques pour le moins peu convaincants. Ainsi Carnage (2011), malgré son sujet plutôt accrocheur, n’arrivait pas à se départir de sa mise en place par trop théâtrale. On n’a plus beaucoup de souvenirs de La Vénus à la fourrure (2013) sinon le jeu outrancier d’Emmanuelle Seigner qui si elle défend très bien son mari de Polanski joue quand même très mal dans ses films. D’après une Histoire Vraie (2017) était un naufrage à tous les étages. Reste J’Accuse (2019) qui ne méritait peut-être pas son César de meilleur film attribué tel un doigt d’honneur par l’ancienne équipe de l’Académie mais qui permettait de retrouver chez Polanski quelques fulgurances de mise en scène inlassablement rattrapées toutefois par un scénario d’une platitude sans nom. Avec The Palace on refait connaissance avec le Polanski de Pirates (1986), Quoi ? (1972) ou encore Le Bal des vampires (1967), soit cette volonté d’en faire des caisses (pas toujours très subtiles) mais qui touchent bien souvent au but.
    Celui d’au moins faire sourire en se foutant ici de la gueule des ultra riches. Alors oui difficile de passer après Sans filtre (2022) de Ruben Östlund mais The Palace fait quand même mouche quand il dépeint cette société de parvenus, d’escrocs ou de nobles désargentés tous réunis dans un hôtel de luxe niché dans les Alpes suisses la nuit de la Saint-Sylvestre 1999. Polanski s’en donne alors à cœur joie nous rappelant au passage que Poutine venait tout juste d’accéder au pouvoir laissant sur le bas-côté un Boris Eltsine cuvant sa vodka lors de ses vœux de fin d’année à la télévision ou encore l’hystérie mondiale face au bug de l’an 2000 (Y2K en VO). On adore aussi voir un Mickey Rourke plus méconnaissable que jamais affublé d’une perruque couleur paille, Fanny Ardant demander aux grooms de faire chier son caniche malade sur un sol préalablement déneigé parce que sinon son trésor a trop froid aux pattes ou encore John « Monty Python » Cleese offrir un pingouin à sa jeune épouse pour finalement trépasser dans ses bras (oui léger spoiler pardon mais la suite est encore plus drôle). The Palace s’offre ainsi une galerie de personnages aux excentricités assumées que Polanski fait s’entrecroiser pour notre plus grand bonheur. Et ce même si tout cela peut-être aussi vu comme un immense doigt d’honneur à tous ceux qui par avance vont conchier (comme le trésor sur patte de Fanny Ardant) son film.
    Polanski n’a plus rien à prouver en matière de cinéma mais The Palace n’est en rien l’œuvre d’un vieillard qui sucrerait les fraises. Il y a en son sein une vitalité et une énergie que bien des cinéastes au prime de leur « talent » aimerait pouvoir insuffler. On peut s’être fait un avis sans retour sur l’homme mais heureusement son cinéma échappe encore et toujours aux analyses définitives. 3/5
  • Box office : The Palace va donc bénéficier d’un peu plus de 80 copies mais d’aucune publicité ou d’une quelconque campagne marketing. Même pas certain dans ces conditions que les fidèles du cinéaste soient au courant que le film sorte au cinéma. C’est comme ça.
  • La chronique Blu-ray et Blu-ray 4K : Si un Blu-ray existe bien en Italie, il ne propose pas de sous-titres français ce qui pour les réfractaires à la langue de Shakespeare est forcément rédhibitoire même si certains dialogues sont en français notamment avec Fanny Ardant.  Tout ça pour dire qu’en France si un DVD voyait le jour, cela tiendrait déjà du miracle.

The Palace - Affiche

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